Chlordécone : Nou toujou la ! Pa ni moli !

— Le n° 324 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Démarche judiciaire, travail d’information, pérennisation de l’organisation sont à l’ordre du jour.

Simenn Matinik Doubout-Gaoulé kont chlordécone est devenu Matinik Doubout-Gaoulé kont chlordécone ! La nécessité de son renforcement demeure, et l’équipe d’animation ne se laisse pas intimider.

La signature des papiers pour la constitution de partie civile se poursuit. Le samedi 2 décembre, une opération de signature aura lieu près du marché du bourg du Gros-Morne.

Le prochain rendez-vous d’information sera à nouveau sur le campus de Schoelcher (amphi Frantz Fanon) le 5 décembre à 14h. Les exposés introduisant les débats porteront sur les aspects sanitaires et le dossier judiciaire.

Honorer ces rendez-vous, se constituer partie civile, acquérir la plaquette sur les revendications pour en débattre, sont les moyens immédiats de se joindre au mouvement pour la vérité, la justice, les réparations.

Le Moulin S.A. : L direction veut nous rouler dans la farine!

L’entreprise « Le Moulin », transforme le blé en farine. Cette industrie, modeste, fonctionne avec quelques dizaines d’emplois (chiffre déjà réduit à 48 sans doute pour faire passer l’effectif du personnel sous le seuil des 50 (donc avec moins de droits pour le personnel). Prenant prétexte de la concurrence, les patrons ont décidé de licencier 9 salariés. Devant l’opacité régnante et les incohérences constatées, les salariés ont demandé d’être accompagnés par la CDMT dans les réunions du CSE, et d’avoir un expert-comptable aux frais de l’entreprise. Le refus hautain de la direction a entraîné le déclenchement immédiat d’une grève massivement suivie.

Devant la force de cette réaction, la direction a dû s’asseoir à la table de négociation. Celle-ci commence par un travail sur l’organigramme de l’entreprise qui se révèle indispensable, tellement la direction connaît mal la situation. La grève est suspendue, le plan étant retiré pour permettre la négociation.

Les travailleur/se·s ont déjà tiré une première leçon : le respect dépend de la combativité. Il s’agit, dans la négociation qui s’ouvre, de ne pas l’oublier.

Palestine : La mobilisation continue

À nouveau 300 personnes environ ont manifesté dans les rues de Fort-de-France contre les massacres en Palestine, pour un cessez le feu immédiat, pour le respect des droits des Palestinien·ne·s. Cette fois, la forme a été celle d’une retraite aux flambeaux, toujours aussi dynamique, précédée d’une section du mouvement « Marronage ».

Après une heure trente dans les rues, le kiosque Guédon, prêté et sonorisé par la municipalité, une riche panoplie de témoignages, de poèmes, de textes inspirants, de musique de circonstance, a gardé la population (manifestants et curieux) rassemblée et attentive jusqu’à une heure avancée. Nous nous sommes séparés, convaincu·e·s de la nécessité de nouveaux rendez-vous qui devront être plus fournis, vu l’urgence et la gravité de la situation à Gaza, mais aussi en Cisjordanie.

 

Un billet d’humeur sur la Palestine

Rédigée comme une rapide réflexion personnelle de notre camarade Philippe Pierre-Charles, sur le contexte martiniquais de la mobilisation pour les droits palestiniens, les notes ci-dessous ont circulé, et provoqué des réactions incitant à les publier.

FÊTER NOEL

« Fêter Noël à l’heure des bombardements sur la Palestine…
Comme tout le monde, ou presque, j’ai sacrifié et je sacrifierai encore probablement au rite joyeux des « chanté nwel ». Comme un certain nombre, je me suis interrogé et je le ferai sans doute encore, sur le rapport entre la fête, assez païenne finalement dans le réel, et la signification religieuse de l’événement. Comme un tout petit nombre, je me suis amusé à blasphémer sans méchanceté, en remplaçant le traditionnel « peuple à genoux, attends ta délivrance » par « peuple debout ! conquiers ta délivrance ! »

J’arrête là, les anecdotes ou réflexions « frivoles ». La question qui me taraude aujourd’hui, pour être sincère, est d’une toute autre gravité : comment chanter, répéter, « gloryer » la Palestine, si souvent nommée dans les cantiques, et rester si tiède, si insuffisant, si modeste dans l’opposition au crime abominable qui se déroule sous nos yeux en terre de Palestine ?

Comment rester calme et serein devant celles et ceux qui murmurent, mais parfois clament que cela ne nous regarde guère ou, ce qui en réalité revient au même, occupons nous d’abord de nos propres problèmes ou de ceux d’autres peuples martyrisés. Comme si quelqu’un empêchait quiconque le veut, ou le peut de se mobiliser sur toutes les causes qui lui semblent justes…

Les ritournelles de 2023 auront un goût étrange. Je ne veux gâcher la fête de personne. Les épanchements mielleux, les bons sentiments, les promesses d’amour infini pour son « prochain », inspiré du sacrifice suprême « pour nous tirer des fers », sacrifice si lointain dans l’espace et dans le temps, ne sauront empêcher cette question simple et lancinante : sur la terre que les cantiques chanteront au milieu des « alléluia ! alléluia ! », on tue des enfants, des vieillards, des malades hospitalisés, des passants, des enterrés vivants, en s’excusant de ce que les criminels osent appeler des « dommages collatéraux ».

Et pendant qu’on élève des louanges au pardon universel, on couvre le vacarme d’une punition collective, d’une vengeance odieuse et sans limites. Je reste convaincu que le premier impératif de toute personne qui s’apprête à entonner les chants d’amour à la « bonne nouvelle qu’on vient nous annoncer », cette année comme toujours, c’est de se mobiliser comme on peut, tout de suite et de toutes nos forces, contre le génocide implacable du peuple palestinien par un État arrogant et voyou, tombé aux mains des pires fanatiques.