« Césaire, Neruda, Tagore » : Pour un univers réconcilié

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint –Auret —

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LE DOCUMENTAIRE INTIMISTE

Grandiose, l’exposition consacrée par l’UNESCO à Tagore, Neruda, et Césaire, et que propose la Ville de Fort-de-France sur le parcours de ces trois figures emblématiques et humanistes. Vaste, chronologique thématique et pédagogique, elle permet de saisir la variété de leurs actions diffusées de part le monde et donc de sortir des a priori. Car si leur œuvre est connue, il fallait faire honneur aux hommes qu’ils ont été et à l’exemplarité des faits d’armes qui ont fait leur glorieuse réputation. Après un rappel de leur identité, qui donne d’emblée le ton, on (re) découvre de panneaux en panneaux la fresque humaniste qui les unit aujourd’hui. Il était très ambitieux, ou plus simplement normal d’établir cette relation, et il ne faut donc pas craindre la saturation ni le survol. C’était le risque de l’exercice, mais l’exposition mérite absolument une petite échappée du côte du Théâtre Aime Césaire. Où que le regard se porte, on se sent pris dans les strates du temps, toujours visibles. C’est ce qui fait l’incomparable charme de cette exposition. Dans l’enchevêtrement des styles et des influences, ces trois la n’ont jamais abandonné leurs convictions. Ils avaient en commun, l’amour des belles lettres, étaient tous trois poètes et partageaient le même idéal de fraternité pour l’humanité, dans leur lutte, qu’il s’agisse de colonialisme, de fascisme ou de racisme. « Contre les logiques de déshumanisation, d’aliénation et d’opposition. »

Des affinités électives

Tagore a écrit de nombreux essais politiques, quand Aimé Césaire et Pablo Neruda se sont lancé dans l’action politique et en ont fait leur fer de lance. Les trois hommes ont su influencer la pensée politique de leur pays respectif, en ne relâchant jamais leur garde. C’est ainsi que Gandhi surnommait Tagore « La sentinelle » Certaine de leurs publications peuvent apparaitre comme une provocation Théâtre, romans, pour Tagore et Césaire, nouvelles et chansons pour Tagore, littérature pour chacun d’entre eux. Tagore a rempoté le prix Nobel en 1913 et Neruda s’est vu décerner le même prix en 1971. Quelques lignes ne suffiraient pas à décrire la richesse de leur démarche qui a évolué et évoluera encore de longues années et s’est exportée bien au-delà de leurs frontières. Mêlant ainsi leurs qualités propres à l’histoire des revendications acquises, cette exposition donne en un seul coup d’œil une idée éclairée de leur infinie culture, qui fascine les chercheurs et nous parvient enveloppée dans du papier de soie. Elle condense en un lieu des années de travail, dans un même axe, constitué selon des affinités électives, alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés. Elle tire le fil d’une œuvre qu’elle fait commune et loin de se résumer en un va et vient entre soi et soi qui propage des égos à grands coup de brosse sur la toile, file les notes ténues d’une biographie multipliée qui consiste «à regarder toujours dehors en cherchant à voir dedans »

CITATIONS EXPRESS :

« Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube…une nouvelle beauté ne cesse de croitre à l’horizon.»
Aimé Césaire (1913-2008)
« Je veux vivre dans un pays où il n’y a pas d’excommuniés. Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains.»
Pablo Neruda (1904-1973)
« Un jour viendra où l’homme, cet insoumis, retracera la marche de conquête, malgré toutes les barrières afin de retrouver son héritage humain égaré.»
Rabindrânâth Tagor (1861-1941).

Pratique :
Dans les jardins du Théâtre Aimé Césaire, jusqu’au 1er septembre 2014.
Informations : 05 96 59 42 39
: 06 96 22 07 27
Tout public. RECOMMANDE AUX SCOLAIRES

Christian Antourel
& Ysa de Saint –Auret.

Texte paru dans France Antilles Magazine