Au Kenya, le vaccin contre le paludisme commence à faire ses preuves

Le RTS,S (Mosquirix), recommandé en octobre par l’Organisation mondiale de la santé, est testé depuis 2019 dans le pays, dans le cadre d’un programme pilote.

Par Chloé Alramamneh(Yala (Kenya) —

Les cris résonnent entre les murs vétustes du service pédiatrique de l’hôpital de Yala, dans l’ouest du Kenya. La piqûre du vaccin contre le paludisme fait pleurer les enfants. Un moindre mal pour lutter contre cette maladie, issue de parasites transmis par les moustiques, qui fait 409 000 morts par an dans le monde, dont 260 000 enfants de moins de 5 ans en Afrique. « Une fois, j’ai vraiment eu peur de perdre l’un de mes garçons. Il avait 3 ans et ses symptômes étaient très forts », raconte Maureen Atieno, assise à l’arrière de la salle de consultation.

En ce jour de décembre, cette mère de huit enfants s’est rendue à l’hôpital pour faire vacciner ses deux petits derniers, des jumeaux de 9 mois. Dans cette région voisine du lac Victoria, où les moustiques trouvent de nombreux espaces de reproduction, le paludisme est endémique. Pour les plus jeunes, il peut devenir mortel en vingt-quatre heures.

C’est la raison pour laquelle ils sont la cible du premier vaccin préconisé contre la maladie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis 2019, le RTS,S (commercialisé par le laboratoire GlaxoSmithKline sous le nom de Mosquirix) fait l’objet d’un essai à grande échelle dans trois pays – le Malawi, le Ghana et le Kenya – où 800 000 enfants ont déjà reçu une première dose. Le 6 octobre, l’OMS l’a recommandé pour une utilisation à grande échelle dans toutes les zones fortement touchées.

« Le paludisme est l’une des trois principales causes de décès chez l’enfant au Kenya, avec la pneumonie et la diarrhée », révèle le docteur Simon Kariuki, qui dirige les recherches sur le paludisme au Centre de recherche en santé mondiale (CRHG) de Kisumu, l’un des huit comtés où est menée l’évaluation. Ce programme pilote censé se conclure en 2023 vise à estimer la facilité d’administration des quatre doses requises, le potentiel de réduction de la mortalité infantile et le caractère bénin de son utilisation sur un large échantillon de population.

« Peu de refus »

Vincent Omwenga, l’infirmier responsable du centre de santé maternelle et infantile de l’hôpital de Yala, récupère les doses dans une glacière, mélange le principe actif et l’adjuvant, secoue le tout et l’injecte à l’aide d’une seringue. La vaccination se déroule le matin tandis que le mercure frôle déjà les 30 °C. Dorcas Anyango Juma, 26 ans, attend son tour dans le hall de l’établissement. C’est par hasard qu’elle s’est vu proposer le RTS,S, elle venait à la clinique pour contrôler l’évolution de croissance de son bébé de 6 mois. Elle a accepté sans hésiter : « J’ai confiance car j’ai étudié la biologie moléculaire à l’université, je sais comment sont préparés les vaccins et comment ils fonctionnent. »

« Le consentement des parents est intimement lié à leur niveau de connaissance sur les questions de santé

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