Alliance de gestion ou processus de substitution…

Par Roland Tell —

Comment des hommes et des femmes, jusque là antagonistes, ont-ils accepté de sacrifier, par une nuit de décembre 2015, les formes de conscience politique, qui leur correspondaient, les produits de leur pensée idéologique, dans un commerce et un marchandage de mandats, façonnés en allure d’alliance de gestion ? Ainsi la morale, l’idéologie, les valeurs transcendantes, s’y rapportant, s’en sont trouvées éliminées ! Depuis, pour chacun des partis politiques considérés, il n’y a plus d’histoire, plus de développement, plus d »existence même (cf. les deux MIM), mais des illusions, des conceptions de la vie politique, vécues de manière aléatoire.

La superstructure de gouvernance, ainsi montée, n’a toujours pas trouvée de signification réelle, pour le peuple martiniquais, et pour la vie humaine de celui-ci, tant dans ses besoins sociaux de formation et d’évolution, que dans son développement économique, notamment du côté des nécessités les plus urgentes, comme le travail des jeunes à la Martinique. Idéologies de camouflage, conduisant à des formes irrationnelles d’alliance, à la victoire d’un chef de parti indépendantiste, dont la mainmise actuelle sur la Martinique confine à la dictature. Maître absolu de la dite alliance, celui-ci, d’ailleurs de plus en plus isolé, reste seul porteur de la destinée martiniquaise, qu’il tend de plus en plus à soumettre à une autorité ombrageuse, confinant au cynisme, et à un hyperbolisme provoquant. Car ce qui le distingue en propre, c’est de faire dépendre toutes les formes de vie courante de sa seule et unique personne, de son absolu personnel, donc à un processus de substitution, qui le rend à sa vérité de dictateur. Car lui seul est porteur à la fois de progrès, de libération, et d’émancipation ! Les exemples sont nombreux, entre les antagonismes sociaux, engendrés récemment à l’encontre des personnels de la CTM, et le développement de conditions de vie économique, où se manifeste un personnalisme outrancier, à l’égard de l’œuvre commune à accomplir, s’agissant notamment du travail des jeunes.

Au vrai, cette Collectivité Territoriale est une alliance de politiciens, installés dans des présidences et des exécutifs définitifs, nuitamment, le 15 décembre 2015 ! C’est cela qu’il faut rappeler sans cesse, qu’il importe de mettre en lumière, pour éviter qu’à l’avenir une telle alliance ne soit recommencée ! Comme dit Léon Bloy, le peuple martiniquais, qui souffre actuellement du climat politique installé, des tensions engendrées par la CTM, « avoir souffert ne passe pas ! » Demain, dans le futur, tout cela sera passé, vécu, défunt. Il faut donc se référer à l’avenir, à ce qui viendra plus tard, après la gouvernance actuelle.

C’est pourquoi il faut commencer à caractériser l’œuvre commune de demain, selon la loi de l’usage commun, avec les protections sociales attendues, de travail notamment, les avantages économiques, l’incitation au maintien des jeunes à la Martinique, selon des formes nouvelles d’organisation des entreprises, et des structures sociales, ordonnées au bien commun, selon enfin une meilleure organisation communautaire de la production économique dans l’agriculture et dans l’industrie. Certes, il y a ici une œuvre commune à accomplir, par une politique, plus centrée sur la vie martiniquaise, sur l’être martiniquais, à partir d’un minimum doctrinal commun entre les politiques et les dirigeants de l’économie, en vue d’une œuvre pratique commune, où la jeunesse sera pleinement intégrée. Politique de renouvellement, de rénovation, revendiquant des conditions de vie matérielle, meilleures pour tous, dans la prise de conscience de la dignité du travail, dans le contexte martiniquais, selon une action politique à longue portée, moyennant des transformations profondes, des remaniements de structures, s’y rapportant, aux fins d’établir, à plus ou moins longue distance de temps, à la Martinique même, une véritable communauté de travail, d’émancipation, de liberté.

ROLAND TELL