À propos du transfert des 50 pas géométriques en Guadeloupe

Lettre ouverte à la population de Guadeloupe

Depuis quelques semaines, les médias communiquent sur le transfert des 50 pas géométriques à la Collectivité Régionale de la Guadeloupe au 1er janvier 2025.

L’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG) constate une certaine confusion auprès de la population sur la nature de ce transfert et de nombreuses interrogations demeurent sur les conditions dans lesquelles ce transfert s’opère et sur le traitement des dossiers des habitants de la zone.

L’UPLG a interpellé en 2023, toutes les instances publiques, (État et Collectivités) et les parlementaires guadeloupéens sur ce dossier ; Ils sont tous restés muets.

La population doit savoir que seuls des terrains situés dans les 50 pas géométriques urbanisés ou construits seront transférés à la Région soit moins d’un quart des 50 pas géométriques). Ce qui sous-entend que l’État conserve, à travers le Conservatoire du littoral et l’ONF plus des trois quarts des espaces littoraux au motif qu’ils sont naturels.

Pourquoi la Collectivité Guadeloupéenne ne peut-elle pas, ou ne doit-elle pas être propriétaire de ces espaces riches en biodiversité où une économie verte pourrait rapporter aux Guadeloupéens, alors même qu’elle a la compétence en aménagement et en matière d’économie sur tout le territoire ? Que deviendront ensuite ces espaces naturels non maîtrisés par la Collectivité Guadeloupéenne ? L’État les garde-t-il parce qu’ils présentent un intérêt ? Sont-ils destinés à de futurs colons occupants ?

N’est-il pas surprenant que nos élus ne réagissent pas à cette situation qui est imposée par l’État quand on sait comment celui-ci s’est accaparé et a géré ces terres (massacres du peuple Kalina, colonisation, esclavage, distribution aux colons à l’abolition, accaparement du foncier…)

En réalité, ce transfert des secteurs urbanisés répond à deux problématiques essentielles que l’État cherche à éviter :

  • Clore le débat sur la taxe foncière qu’il a fait payer de façon illégale aux guadeloupéens occupants ce littoral, alors même que c’est celui qui est propriétaire (donc l’État lui-même) qui doit la payer. Ce sont des millions d’euros qui ont été volés à ces habitants souvent de conditions sociales modestes. Il n’y a eu aucune réaction de nos élus sur ce sujet.

Contacts presse : Jean-Jacob BICEP 0690138820 ; secretariatgeneraluplg@gmail.com

  • Ensuite avec les aléas climatiques qui se sont accrus, l’État se débarrasse de la responsabilité qui lui incombe face aux menaces qui pèsent et vont augmenter sur les populations de cet espace. L’État sait que le relogement des familles va couter cher et il met la collectivité régionale en première ligne. Que deviendront des espaces libérés par les familles menacées ? Qui procédera à leur déconstruction et leur renaturation ? Qui aménagera les espaces demeurés insalubres sur le littoral ? La Collectivité Régionale est-elle prête à assumer cette responsabilité ? Accepte-t-elle un transfert de compétence sans transferts de moyens ?

Que dire de cette date du 31/12/20023 limite fixée pour la dépose des dossiers de demande de régularisation ? Est-ce la fin de toute régularisation pour les demandes parvenues après cette date ? Si celle-ci continuera avec le nouveau propriétaire qui sera la Région, alors pourquoi ne pas inviter les retardataires à déposer leurs dossiers auprès de cette collectivité ou auprès de l’Agence des 50 pas, qui nous semble-t-il, demeure opérationnelle jusqu’en 2030 ?

Pour l’UPLG, il importe que le patrimoine guadeloupéen, qu’il soit matériel, immatériel, naturel appartienne à la Collectivité Guadeloupéenne. Sans la maîtrise et donc la propriété de nos patrimoines, foncier, maritime, forestier, énergétique, culturel… toute forme d’évolution institutionnelle ou statutaire basée sur des process économiques, sociaux, financiers… ne sera qu’un leurre de plus après, Départementalisation, Décentralisation, loi ADOM… face à un État colonial dont la priorité est de maintenir et renforcer ses acquis et intérêts dans ses colonies compte tenu de ses déboires en Afrique.

Nous devons nous approprier nos patrimoines pour préserver l’avenir de nos générations futures. Notre espace maritime, nos plages, nos forêts, notre foncier, notre sous-sol… nous appartiennent. Ce sont nos richesses, nos ressources, qui assureront notre plein développement pour nous et non au profit des autres.

C’est pourquoi, dans ce dossier sur le transfert des 50 pas géométriques, nous appelons la population à rester vigilante, aux élus à faire preuve de courage et de dignité et exiger le transfert de propriété de la totalité des espaces urbains et naturels détenus par l’État colonial français.

Sainte-Anne, le 20 février 2024

Pour le bureau exécutif de l’UPLG