À Mayotte, la difficile aide aux « invisibles », démunis face au Covid-19

À Mayotte, la difficile aide aux « invisibles », démunis face au Covid-19 Pour faire face à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 à Mayotte, plusieurs associations se sont mobilisées pour apporter de l’aide aux habitants les plus démunis de ce département français situé à 8 000 kilomètres de la métropole, et où un confinement impossible a accru les difficulté sociales. 

Avec l’Île-de-France et la Guyane, Mayotte fait partie des départements français classés en orange sur la nouvelle carte du déconfinement présentée jeudi 28 mai par le gouvernement. Selon le Premier ministre Edouard Philippe, dans ces départements le déconfinement sera « un peu plus prudent que dans le reste du territoire », car le « virus y circule un peu plus qu’ailleurs ». Pour faire face à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 à Mayotte, plusieurs associations se sont mobilisées pour apporter de l’aide aux habitants les plus démunis de ce département français situé à 8 000 kilomètres de la métropole, et où un confinement impossible a accru les difficulté sociales. 

La situation dans le 101e département français, où plus de 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté, avait déjà fait l’objet d’inquiétudes. Le 11 mai, alors que les départements français amorçaient leur déconfinement, Mayotte avait vu sa période de confinement prolongée en raison de la circulation élevée de du virus sur le territoire.

« La crise sanitaire du Covid-19 est venue aggraver les difficultés dans certains quartiers et villages »

Face à la crise sanitaire et aux difficultés rencontrées pendant ce confinement, des associations se sont mobilisées pour venir en aide dans les quartiers démunis et les bidonvilles, où une partie des habitants vit de l’économie informelle pour subsister. Bacar Soundi, coordonne les actions de l’association humanitaire Humanity First France à Mayotte :
 
Nous avons commencé à mettre en place des actions à partir du 14 mars, d’abord sous la forme de colis alimentaire livrés par l’association Humanity First France. Il s’agissait de produits de base comme des pâtes, de l’huile, du savon, que nous avons distribué à des familles démunies. Près d’une vingtaine de bénévoles se sont rendus disponibles sur le terrain et nous avons pu aider plus de 400 foyers, soit environ 2 000 personnes.

Nous avons aussi fait de la sensibilisation auprès de personnes qui n’y croyaient pas trop, qui banalisaient la maladie. Nous avons expliqué comment respecter les gestes barrières, comment se protéger, protéger ses proches et les personnes fragiles : en gardant deux pas de distance, en se lavant les mains régulièrement et en portant un masque. De plus, à la demande de la Préfecture et avec d’autres associations locales, nous distribuons des chèques de service. Cela a permis à 3 500 familles de bénéficier d’une aide pendant cette période très compliquée.

« Le coronavirus se superpose avec une épidémie de dengue »

Nos actions se concentrent dans le sud de Mayotte. Chaque fois, nous prenons contact avec les référents locaux des villages et quartiers pour savoir qui sont les personnes se trouvant le plus dans le besoin et pour faire passer au mieux les messages de prévention.

Au début de la crise, certains messages ne sont en effet pas bien passés, notamment dans les quartiers où on ne parle pas bien français. Maintenant c’est mieux, notamment grâce au déploiement des associations et des CCAS (centres communaux d’action sociale). Il y a encore des personnes qui banalisent la maladie parce qu’elle se superpose avec une épidémie de dengue : cela fait parfois dire à certains qu’il n’y a pas de coronavirus mais seulement la dengue. Nous, on essaie de leur dire qu’il y a les deux, et qu’il faut respecter les mesures barrières.

Nous sommes allés dans des quartiers dits difficiles, qui sont déjà difficiles d’accès, sans électricité, sans eau potable. Les quartiers de ceux qu’on appelle « les invisibles ». La crise sanitaire du Covid-19 est venue aggraver leurs difficultés. Certains des habitants de ces quartiers ne sont pas connus de l’État, ne perçoivent ni de prestation sociale, ni d’aide. Nous sommes intervenus sans distinction : auprès de familles seules, isolées, peu importe qu’elles soient en situation régulière ou irrégulière.


Selon la chaîne Mayotte la 1ère, dix associations ont été retenues par la préfecture de Mayotte pour distribuer des colis alimentaires et des chèques alimentaires d’une valeur de 35 euros l’unité.

Pour faire face à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 à Mayotte, plusieurs associations se sont mobilisées pour apporter de l’aide aux habitants les plus démunis de ce département français situé à 8 000 kilomètres de la métropole, et où un confinement impossible a accru les difficulté sociales. 

Avec l’Île-de-France et la Guyane, Mayotte fait partie des départements français classés en orange sur la nouvelle carte du déconfinement présentée jeudi 28 mai par le gouvernement. Selon le Premier ministre Edouard Philippe, dans ces départements le déconfinement sera « un peu plus prudent que dans le reste du territoire », car le « virus y circule un peu plus qu’ailleurs ».


La situation dans le 101e département français, où plus de 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté, avait déjà fait l’objet d’inquiétudes. Le 11 mai, alors que les départements français amorçaient leur déconfinement, Mayotte avait vu sa période de confinement prolongée en raison de la circulation élevée de du virus sur le territoire.

« La crise sanitaire du Covid-19 est venue aggraver les difficultés dans certains quartiers et villages »

Face à la crise sanitaire et aux difficultés rencontrées pendant ce confinement, des associations se sont mobilisées pour venir en aide dans les quartiers démunis et les bidonvilles, où une partie des habitants vit de l’économie informelle pour subsister. Bacar Soundi, coordonne les actions de l’association humanitaire Humanity First France à Mayotte :
 
Nous avons commencé à mettre en place des actions à partir du 14 mars, d’abord sous la forme de colis alimentaire livrés par l’association Humanity First France. Il s’agissait de produits de base comme des pâtes, de l’huile, du savon, que nous avons distribué à des familles démunies. Près d’une vingtaine de bénévoles se sont rendus disponibles sur le terrain et nous avons pu aider plus de 400 foyers, soit environ 2 000 personnes.

Nous avons aussi fait de la sensibilisation auprès de personnes qui n’y croyaient pas trop, qui banalisaient la maladie. Nous avons expliqué comment respecter les gestes barrières, comment se protéger, protéger ses proches et les personnes fragiles : en gardant deux pas de distance, en se lavant les mains régulièrement et en portant un masque. De plus, à la demande de la Préfecture et avec d’autres associations locales, nous distribuons des chèques de service. Cela a permis à 3 500 familles de bénéficier d’une aide pendant cette période très compliquée.
« Le coronavirus se superpose avec une épidémie de dengue »

Nos actions se concentrent dans le sud de Mayotte. Chaque fois, nous prenons contact avec les référents locaux des villages et quartiers pour savoir qui sont les personnes se trouvant le plus dans le besoin et pour faire passer au mieux les messages de prévention.

Au début de la crise, certains messages ne sont en effet pas bien passés, notamment dans les quartiers où on ne parle pas bien français. Maintenant c’est mieux, notamment grâce au déploiement des associations et des CCAS (centres communaux d’action sociale). Il y a encore des personnes qui banalisent la maladie parce qu’elle se superpose avec une épidémie de dengue : cela fait parfois dire à certains qu’il n’y a pas de coronavirus mais seulement la dengue. Nous, on essaie de leur dire qu’il y a les deux, et qu’il faut respecter les mesures barrières.

Nous sommes allés dans des quartiers dits difficiles, qui sont déjà difficiles d’accès, sans électricité, sans eau potable. Les quartiers de ceux qu’on appelle « les invisibles ». La crise sanitaire du Covid-19 est venue aggraver leurs difficultés. Certains des habitants de ces quartiers ne sont pas connus de l’État, ne perçoivent ni de prestation sociale, ni d’aide. Nous sommes intervenus sans distinction : auprès de familles seules, isolées, peu importe qu’elles soient en situation régulière ou irrégulière.


Selon la chaîne Mayotte la 1ère, dix associations ont été retenues par la préfecture de Mayotte pour distribuer des colis alimentaires et des chèques alimentaires d’une valeur de 35 euros l’unité.

Pour Bacar Soundi, cette aide était bienvenue mais il observe également d’autres problématiques, comme l’impossible confinement :
 
L’accès aux soins est compliqué dans ces quartiers et villages : on a vu des enfants malades ou en situation de handicap. Ce sont souvent des personnes en situation irrégulière qui ne se soignent pas correctement, ne vont pas voir de médecins. Nous avons expliqué autant que possible qu’il fallait aller se rendre à l’hôpital en cas de symptômes du coronavirus.

Il est également impossible de faire respecter le confinement : certaines personnes vivent dans des maisons en tôle à plusieurs, sans eau, sous la chaleur et le soleil. Cela m’a marqué de voir des femmes avec plusieurs enfants, sans l’autre parent. Ce sont des familles qui vivent dans des conditions déplorables. Parfois, nous revenons deux fois, trois fois, dans des quartiers où les besoins sont grands.

Un fragile système de santé

Le 28 mai, l’archipel comptait 1 670 cas confirmés et 21 décès depuis le début de la crise du Covid-19. La situation semble s’améliorer avec une baisse du nombre de nouveaux cas quotidien, mais la directrice de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Dominique Voynet, ancienne ministre de l’Environnement, restait toutefois inquiète en début de semaine.

Lundi 25 mai, elle évoquait des foyers de contamination « préoccupant, dans des quartiers précaires » et précisait que le nombre de tests avait baissé ces derniers jours, en raison notamment d’un manque de réactifs (les produits servant dans les tests à révéler la présence du virus) au sein du seul laboratoire privé de l’île. « L’épidémie n’est pas derrière nous », avait-elle prévenue.

Dans son avis rendu en avril, le conseil scientifique avait classé Mayotte dans une « catégorie à part ». Depuis le début de l’année, le département subit une épidémie de dengue qui a provoqué une quinzaine de décès et qui est encore active avec environ 3 000 cas confirmés. Mayotte est également un département fragilisé par une faible offre sanitaire : selon le journal Le Monde, on y compte 18 médecins de ville pour 279 000 habitants officiellement recensés par l’Insee.

Pour soulager le seul hôpital de Mayotte, une quarantaine de patients ont bénéficié d’une évacuation sanitaire depuis le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) vers l’île de la Réunion. Un module militaire de réanimation, composé de dix lits, est également en cours de déploiement. Dans un communiqué le 28 mai, la Préfecture de Mayotte a annoncé l’arrivée de 25 professionnels du service de santé des armées pour renforcer les équipes de réanimation du CHM ainsi que la réception de matériel sanitaire. Le 19 mai, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, s’était déjà rendue à Mayotte avec six tonnes de matériel médical.

Le 25 mai, le préfet de Mayotte a annoncé la réouverture des écoles et des lieux de cultes à Mayotte. Mais ce très progressif déconfinement, ainsi que le passage en zone orange du département, n’empêche pas Bacar Soundi de rester sur ses gardes :
 

Nous poursuivons nos actions sur le terrain et, même si Mayotte est désormais en zone orange et que les restrictions se desserrent, nous restons prudents. Je pense même qu’il faut que les habitants soient plus vigilants qu’avant, pour éviter une possible reprise de l’épidémie.

Source : France4.com