Martinique : alerte rouge sur les AVC

Maladies cardio-neuro-vasculaires : Un défi de santé publique aux inégalités géographiques marquées

Les maladies cardio-neuro-vasculaires, notamment les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les infarctus et les insuffisances cardiaques, continuent d’être une cause majeure de mortalité et d’hospitalisation à travers la France, en particulier dans les territoires d’Outre-mer. Un constat particulièrement inquiétant en Martinique, où les taux de mortalité liés aux AVC restent alarmants.

Une situation inquiétante en Martinique

Une récente étude de Santé Publique France, publiée le 30 juin, souligne les disparités régionales frappantes dans l’impact des maladies cardio-vasculaires. Si ces pathologies représentent la deuxième cause de mortalité en France avec près de 140 000 décès par an, la Martinique se distingue par des taux de mortalité, d’hospitalisation et de prévalence liés aux AVC bien supérieurs à la moyenne nationale.

En effet, le taux d’incidence hospitalière pour les AVC en Martinique atteint 295 hospitalisations pour 100 000 habitants, contre 231 pour l’Hexagone. Cela représente en moyenne 903 hospitalisations par an, un chiffre qui met en lumière l’ampleur du problème. Pourtant, l’île présente des taux plus faibles en ce qui concerne les cardiopathies ischémiques (235 hospitalisations contre 459 en France) et l’insuffisance cardiaque (299 hospitalisations contre 344 en France).

Cependant, la mortalité liée aux AVC reste préoccupante. Avec 87 décès pour 100 000 habitants, la Martinique enregistre un taux bien plus élevé que la moyenne nationale de 58 décès. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les plus de 85 ans, où les taux de mortalité explosent.

Inégalités géographiques au cœur des territoires

Les inégalités ne se limitent pas aux seules comparaisons entre la Martinique et l’Hexagone, elles se retrouvent aussi à l’échelle locale. L’étude révèle des disparités notables entre les différentes régions de l’île, notamment entre le Nord, le Centre et le Sud de la Martinique. Le Centre de l’île, par exemple, affiche des taux de mortalité par AVC plus élevés que le Nord ou le Sud. Les cardiopathies ischémiques et l’insuffisance cardiaque présentent également des taux de mortalité inégaux selon les zones géographiques, avec le Nord de la Martinique étant particulièrement touché par les premières et le Sud par la seconde.

Ces différences témoignent d’un ensemble complexe de facteurs, allant des comportements individuels tels que l’alimentation, la consommation de tabac et d’alcool, à l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge.

Des facteurs de risque bien connus mais omniprésents

L’étude de Santé Publique France met également en lumière les principaux facteurs de risque associés à ces maladies : l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, la sédentarité, le diabète, les troubles du sommeil, la consommation excessive d’alcool et la pollution atmosphérique. En Martinique, comme dans d’autres territoires, ces facteurs demeurent omniprésents et nécessitent des actions de prévention renforcées.

Pour répondre à ce défi de santé publique, le gouvernement prévoit l’évolution du Nutri-Score en 2025 pour mieux identifier les produits alimentaires riches en fibres et pénaliser plus sévèrement ceux qui sont trop sucrés ou salés.

Les territoires d’Outre-mer : une situation préoccupante

Les départements d’Outre-mer, et notamment la Réunion, la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique, connaissent des taux d’hospitalisation pour AVC qui dépassent largement la moyenne nationale. En effet, ces régions affichent des chiffres pouvant atteindre 384 hospitalisations pour 100 000 habitants, contre 231 pour la métropole. La mortalité dans ces territoires est également alarmante, avec un taux de 98 décès pour 100 000 habitants, bien au-dessus de la moyenne nationale de 58.

Les inégalités en matière de santé ne se résument pas uniquement aux comportements individuels. L’accès aux soins, la qualité des infrastructures hospitalières et la prise en charge des patients varient d’un territoire à l’autre, amplifiant les disparités en matière de santé.

Une urgence : la prévention et l’accès aux soins

Les maladies cardio-neuro-vasculaires représentent un fardeau important pour la santé publique, avec plus d’un million d’hospitalisations chaque année en France. Face à cette situation, il est essentiel de renforcer les efforts de prévention, particulièrement dans les zones les plus touchées par ces pathologies, comme la Martinique et les autres territoires ultramarins.

Des actions ciblées doivent être mises en place pour réduire les comportements à risque, promouvoir une alimentation saine et améliorer l’accès aux soins. L’urgence est de garantir une prise en charge équitable et de faire de la prévention une priorité nationale, afin de réduire l’impact de ces maladies sur les populations les plus vulnérables.