Ina Césaire (1942 – 2025)

Ina Césaire, dramaturge, ethnographe et professeure d’université, est décédée le mardi 24 juin 2025, en Martinique, à l’âge de 83 ans.

Née en 1942, elle était la fille d’Aimé Césaire, poète et homme politique, et de Suzanne Roussi Césaire, essayiste. Elle grandit dans un environnement intellectuel marqué par l’engagement littéraire et politique, où les questions de mémoire, de culture et d’identité sont centrales.

Formée en ethnologie, Ina Césaire entame une carrière universitaire en France. Spécialiste des cultures créole et peule, elle enseigne à Paris, à la Sorbonne, mais aussi à Moscou et aux États-Unis. Elle est directrice de recherches au CNRS, où elle mène des travaux sur les cultures caribéennes, avant d’être nommée chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique. Elle réalise également des films ethnographiques, notamment sur les rites du Mercredi des Cendres et de la Toussaint.

Son œuvre littéraire, composée de contes, de pièces de théâtre, de romans, de poésie et d’essais, s’ancre dans une volonté constante de transmission culturelle. Elle recueille et publie des contes traditionnels martiniquais et guadeloupéens, souvent en version bilingue créole-français. Ses ouvrages comme Contes de mort et de vie aux Antilles (1976), Contes de nuits et de jours aux Antilles (1989) ou Zonzon Tête Carrée (1994) rendent compte, à la fois avec humour et acuité, des dynamiques sociales, linguistiques et genrées des sociétés antillaises.

Au théâtre, elle est l’autrice de plusieurs pièces, parmi lesquelles Mémoires d’Isles (1985), Rosanie Soleil (1992), ou encore L’Enfant des passages (1993), qui interrogent la mémoire, le rapport à l’histoire coloniale, et la parole féminine. Elle participe également à la fondation du Théâtre de la Soif Nouvelle, contribuant à l’émergence d’une scène caribéenne contemporaine.

Parolière, elle écrit pour le groupe Malavoi, dont le titre Exil, interprété par Ralph Thamar, est l’un des exemples les plus connus. À travers la chanson, le conte, le théâtre ou la recherche universitaire, Ina Césaire n’a cessé d’explorer les formes multiples de la parole et de la mémoire, convaincue que la culture orale est porteuse de savoirs essentiels à la compréhension du monde caribéen.

En octobre 2020, un hommage lui avait été rendu à l’EHPAD Terreville, où elle résidait. Retirée de la vie publique ces dernières années, elle laisse une œuvre dense et précieuse, au croisement de l’intime et du collectif, qui continue de nourrir la réflexion et l’imaginaire des générations futures.

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Œuvres
Pièces
Mémoires d’Isles : Maman N. et Maman F., Êditions Caribéenes, 1985 .
L’Enfant des passages ou la Geste de Ti-Jean, 1987
La Maison close (éd.). création 1991.
Rosanie Soleil et autres textes dramatiques, Karthala, 2011.
« Mémoires d’île ».
Romans
Zonzon Tête Carrée, Monaco, éd. du Rocher
avec Simonne Henry Valmore, Objet perdu : lettre à Aimé, 2013
Moi Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn. 1888.
Un échange de paroles à Saint-Pierre de la Martinique, Primento Digital Publishi, 2016
Contes
avec Joëlle Laurent, Contes de mort et de vie aux Antilles, Nubia, 1976
Contes de nuits et de jours aux Antilles, Editions caribéennes, 1989