L’ONU fustige un « retour de bâton » contre les droits des femmes et des minorités dans le monde

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a indiqué que « l’héritage brutal du colonialisme persiste. Le racisme reste un fléau ».

Les droits des femmes et des minorités dans le monde souffrent d’un « retour de bâton » et sont devenus des « boucs émissaires », a dénoncé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

« Le monde d’aujourd’hui est plus égalitaire pour les femmes et les filles qu’il ne l’a jamais été auparavant, mais les progrès sont encore trop lents, trop fragiles et trop inégaux. Toutes les 10 minutes, une femme est assassinée par un membre de sa propre famille. La représentation des femmes dans la population active est restée inchangée depuis des décennies. Les femmes et les filles contribuent le moins au changement climatique et, elles en subissent pourtant les pires conséquences. À ce rythme, une fille née aujourd’hui aura 40 ans le jour où les femmes occuperont autant de sièges que les hommes au sein des parlements », a déclaré l’ONU Femmes.

Les programmes de diversité ont fait beaucoup parler d’eux depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, notamment pour la suppression des budgets qui leurs sont alloués.

Ces dernières années, ces programmes américains de « Diversité, Équité et Inclusion » (DEI) sont devenus la cible des conservateurs, et les critiques se sont amplifiées depuis le début du deuxième mandat de Donald Trump. Ce dernier les a d’ailleurs déclarés illégaux au sein de l’État fédéral et menace de poursuivre les entreprises qui les mettent en œuvre.

Il s’agit là d’un rétropédalage et les attaques contre les droits des femmes et des minorités ne se limitent pas aux États-Unis. « Lorsque nous examinons le retour de bâton contre ces politiques, nous les voyons pour ce qu’elles sont : une fausse représentation fondamentale révélant une décision stratégique de faire des groupes vulnérables des boucs émissaires », a affirmé Volker Türk.

Il s’est exprimé lors de la session de juin-juillet du Conseil des droits de l’homme, traditionnellement consacrée aux questions de genre.

« L’héritage brutal du colonialisme persiste. Le racisme reste un fléau », a-t-il dénoncé, affirmant que « les personnes d’ascendance africaine continuent de souffrir de manière disproportionnée de l’usage excessif de la force, y compris de décès causés par les forces de l’ordre, au Brésil, aux États-Unis et ailleurs ».

Le Haut-Commissaire de l’ONU a déploré la multiplication par deux des discriminations dont souffrent les femmes, et plaide en faveur de quotas de représentation politique pour les femmes.

« Dans certaines régions de la Fédération de Russie et des États-Unis, les droits reproductifs des femmes et leur accès aux soins de santé font l’objet de graves restrictions », a-t-il assuré.

Le Haut-Commissaire de l’ONU a aussi dénoncé les lois et pratiques limitant les droits des femmes et des filles en Iran et en Afghanistan.

Il a également dénoncé les « restrictions légales, discours de haine et même violences » visant les personnes LGBT+. « En Afrique de l’Ouest, des lois draconiennes menacent de criminaliser les relations homosexuelles consenties et de restreindre le travail des défenseurs des droits humains soutenant les personnes LGBTIQ+ », a-t-il donné en exemple.

« En Argentine et aux États-Unis, des responsables gouvernementaux ont tenu des propos diffamatoires envers les personnes transgenres et non-binaires, tout en restreignant leurs droits », a-t-il également souligné. Volker Türk s’inquiète aussi des attaques contre les droits des migrants.

« Alors que les peuples protestent contre ces développements, j’exhorte les autorités à respecter le droit de réunion pacifique et à défendre les droits humains dans l’application des lois, y compris en s’abstenant de tout recours à la force militaire lorsque les autorités civiles sont capables de maintenir l’ordre public », a-t-il demandé.

Dans le cadre d’une enquête mondiale menée par ONU Femmes, 90% des 411 organisations de femmes actives dans 44 pays touchés par des crises ont déclaré souffrir de la baisse de l’aide étrangère.

En effet, en 2024, 44,79 milliards de dollars étaient nécessaires pour répondre à l’escalade des conflits et aux catastrophes, mais seulement 7% de cet objectif a été atteint. Dans le même temps, les principaux pays donateurs ont annoncé des réductions importantes de leur aide étrangère.

De fait, plus de 60% des 411 organisations de femmes actives ont déjà réduit leurs interventions, ce qui perturbe l’apport d’un soutien vital allant des soins de santé d’urgence et des services de lutte contre la violence fondée sur le genre à l’aide économique et aux solutions d’hébergement.