« Lumières de la forêt » – Michèle Arretche au Créole Art Café

— Par Selim Lander —

Nouvelle exposition de Michèle Arretche dans ce qui est un peu son lieu, le Créole Art Café de Saint-Pierre, un ancien hôtel d’avant 1902, dûment restauré et décoré avec des objets d’antan lontan, devenu désormais à la fois un lieu où l’on peut se restaurer, acquérir des produits du terroir et admirer des œuvres d’art, puisque les expositions s’y succèdent à l’étage, à l’emplacement des anciennes chambres.

Michèle Arretche est bien connue des amateurs d’art martiniquais parmi lesquels elle compte nombre de fidèles collectionneurs. Ils seront curieux de découvrir dans l’exposition qui vient d’ouvrir des tableaux différents des peintures auxquelles ils sont habitués, même si la nature martiniquaise sublimée par l’artiste y est toujours présente. La nature ou plutôt la forêt mystérieuse et profonde avec, ici ou là, une case perdue dans la végétation, la silhouette d’un homme seul dans l’immensité, une bicyclette, mais tout cela en miniature, comme écrasé par un monde d’arbres, de plantes devant lequel les humains se font tout petits… Images d’un paradis perdu, celui de la Genèse. C’est sans doute cela, cette réminiscence d’une nature sauvage dont nous pouvons encore trouver la trace ici ou là mais qui est partout ailleurs polluée, massacrée, qui fait la qualité principale et la beauté des tableaux de Michèle Arretche.

Rain Forest

Si cette nature (à-demi) sauvage est encore présente dans les nouveaux tableaux, à côté de ceux auxquels nous sommes accoutumés, la peintre s’affranchit désormais de tout réalisme. Que dire en effet de ces peintures où le bleu domine ou le rouge ? A-t-on vu des forêts bleus, des forêts rouges ? Et d’où sortent ces cascades jaunes ? Des coulées de soleil ? Mais quand Hélios répand-il ainsi sa lumière ? Et que dire de ces volutes, ces tourbillons que l’on n’avait jamais vus jusqu’ici – sauf erreur – chez ce peintre sur la toile Les Gardiens du rivage (la première photo) ?

Michèle Arretche se risque aussi – pour la première fois ? – aux marges de l’art abstrait dans le tableau intitulé Rain Forest où subsistent néanmoins des éléments réalistes. La forêt est encore là, puisque le titre l’indique, mais l’on peut tout aussi bien y voir autre chose. À ce propos, il faut absolument lire les cartels où l’artiste confesse de manière détaillée sa propre lecture de l’œuvre. Au regardeur de se faire sa propre opinion, mais gageons que les indications de la peintre ne lui seront pas inutiles.

Que dire de plus, sinon que tous les amis, admirateurs, clients de Michèle Arretche (et tous les autres) doivent se précipiter à Saint-Pierre pour découvrir ces nouvelles facettes d’une artiste en plein renouvellement ?

Lumières de la forêt, une exposition de Michèle Arretche, Créole Art Café, Saint-Pierre, 16 mai, 30 juin 2025.