Werenoi (1994-2025)

Jérémy Bana Owona, plus connu sous son nom de scène Werenoi, est mort le 17 mai 2025 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, à l’âge de 31 ans. La cause de son décès, confirmée par ses proches, est une défaillance cardiaque. Il devait se produire en concert le soir même à Lyon.

Originaire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Werenoi était né le 30 janvier 1994 à Melun, de parents camerounais. Il avait toujours choisi de préserver sa vie personnelle, refusant de se conformer aux codes de l’exposition permanente sur les réseaux sociaux. Une pudeur assumée : « Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes », disait-il au Parisien en 2024.

Révélé en 2021 avec le titre Guadalajara, il avait très rapidement marqué les esprits par un style singulier mêlant voix autotunée, récits rugueux et mélodies sombres. Après avoir brièvement collaboré avec le label AWA, il avait fondé sa propre structure, PLR Music, distribuant ses œuvres de manière indépendante.

Son ascension a été rapide. Son premier EP Telegram paraît en 2022, suivi de trois albums — Carré (2023), Pyramide (2024) et Diamant noir (2025) — tous classés numéro un à leur sortie. Il est sacré « Révélation masculine de l’année » en 2023, puis son album Pyramide est désigné « Album rap de l’année » en 2024 aux Flammes. À sa mort, il était l’artiste ayant vendu le plus d’albums en France deux années consécutives, selon le SNEP.

Le succès de Werenoi ne tenait pas seulement à ses chiffres. Il incarnait une forme de contre-modèle dans le rap : discret, peu enclin aux interviews ou aux clashs, mais très présent musicalement, publiant presque un projet par an et multipliant les collaborations avec des artistes aussi variés que Maes, Tiakola, Damso, Aya Nakamura ou Gims.

Sa musique, sombre et introspective, évoquait souvent les réalités sociales de son entourage, qu’il appelait La League, sans jamais tomber dans l’apitoiement ni la glorification. Son dernier album Diamant noir avait à peine un mois au moment de sa disparition. Le titre Poney, qui l’ouvre, résonne désormais autrement : « On n’a pas évité l’pire / Parce qu’on ne l’a pas vu venir. »

Werenoi laisse derrière lui une œuvre dense et un public fidèle, marqué par la sincérité d’un artiste qui, loin de se mettre en scène, avait choisi de laisser parler sa musique.