18 Novembre 1803 -18 Novembre 2019

— Par Emmanuel Ménard(*) —
216 ans que, cédant à une de ces pulsions rarissimes de l’histoire universelle, nos ancêtres décidèrent de se créer un drapeau. Expression de l’indispensable compromis entre des groupes foncièrement antagoniques et de la nécessité de présenter un front uni face aux puissances esclavagistes , le nouvel étendard devait galvaniser le 18 novembre 1803 à Vertières les énergies de nos sublimes va­nu-pieds et aboutir triomphalement à l’apothéose du Premier janvier 1804.
L’histoire, telle qu’elle est souvent contée par les hommes, est faite d’affirmations mensongères, de déclarations erronées et parfois d’oublis volontaires et calculés. Aussi, celle qu’on nous a écrite et dont les séquences remontent au 5 décembre 1492, n’est -elle qu’une vision eurocentrique méprisante qui tend à nier l’existence de nos grandes cultures antérieures, fruit d’un mélange incomparable et propre à Haïti. Notre pays appartient donc à une civilisation plus lointaine et plus vieille que celle que lui aura apportée Christophe Colomb qui a,en fait,découvert pour les européens une autre civilisation et une source intarissable de richesse. Au cœur de cette Amérique, Haiti doit fixer son identité en tant que Nation libre et offrir ses Héros comme modèles : Toussaint Louverture, le Précurseur, le génie de la race, créateur de notre premier drapeau (une bande d’étoffe de couleur blanche timbrée d’une tête de nègre), l’Empereur Dessalines , Fondateur de la Patrie, forgeur de liberté, Petion, Père du Panaricanisme et le Roi Christophe, le Grand Bâtisseur.
Mais, «ceux qui sont morts ne sont pas toujours morts ». Jamais mot de poète n’a eu dans l’histoire nationale autant de poids que par ces moments d’intense réflexion qui nous restituent à nous -mêmes au gré d’une métempsycose régressive à deux siècles du troisième millénaire.
J’ose dire qu’Haiti est l’étymon du mot liberté pour des millions d’esclaves émancipés ; son étendard est le fanion-guide des peuples révoltés et ses fils, le lumignon qui aurait dû porter l’espoir jusques aux portes des ténèbres.C’est ce brave peuple, qui aujourd’hui à la croisée des chemins, frappe à toutes les portes et sous tous les toits du monde dit civilisé, menacé dans son existence même par d’impénitents corrompus, rompus dans l’art de la diversion, réclamant légitimement le droit à l’autodétermination et la fin d’un système rétrograde basé sur l’exclusion, l’exploitation, la corruption, la répression et l’impunité. Mais si son cri semble être étouffé par une mauvaise compréhension de son combat, c’est qu’il lui faut,comme à Vertières dans une union indicible,sonner l’hallali et l’olifant et donner la charge première du dernier assaut.
Dans un pays où l’eau, le sucre, le pain sont devenus des produits de luxe à l’heure de la mondialisation ou de la globalisation, les élites de toutes les couches de la société se doivent de monter au créneau avec le peuple pour enlever à la racaille nationale et internationale ce droit d’enlisement acquis par notre passivité coutumière dans la gestion de la RES PUBLICA.
En ce 18 novembre, debout pour le grand coup de balai et dans l’esprit de Vertières et au nom des mânes de ceux qui sont morts pour que d’autres vivent, je dis aux nouveaux soldats de la nouvelle république à naître :BON COMBAT !!!
Emmanuel MÉNARD,Ph.D Grand Maître de l’Ordre Mystique du COSMOS