Pour un manifeste de regroupement syndical…

—Par Roland Tell —

Un dignitaire du Conseil Exécutif, certainement victime d’une mystique du despotisme, en son bureau de Plateau Roy, se dit, en son dogmatisme d’esprit fermé et destructeur :  » J’ai choisi le mauvais rôle ! »
Vrai qu’il avait trouvé son modèle d’expansion dans les structures fondamentales d’une direction de parc régional ! La montée à la Martinique du national-droitisme est inscrite en son esprit, tel un souvenir coupable. Mais avide de son pouvoir nouveau, de sa personnalité autoritaire, il a vite choisi de développer son propre système de croyance négatif. L’étroitesse psychologique faisant le reste, tout l’appelle à s’attacher à des instances et convictions d’autoritarisme, de démesure, d’intolérance, vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent pas ses idées ou ses opinions. Plus est fort le talent, qui s’oppose à la structure de son comportement ethnocentrique, plus il recherchera, contre sa cible humaine, tous les motifs irrationnels, toutes les pressions, susceptibles de protéger ses propres intérêts, certes voués à une obéissance servile à son autorité absolue. Un tel profil d’identité, pour un dignitaire du Conseil Exécutif, ne constitue, certes pas, l’attitude attendue d’un élu responsable, ouvert et constructif.
Que font les syndicats martiniquais, d’ordinaire si prompts à réagir et à manifester, à l’occasion des conflits de travail ? Pourtant, quelle dure leçon administrée que le licenciement d’un directeur, unanimement reconnu pour sa conscience professionnelle, et ses compétences particulièrement grandes, s’agissant de sa fonction et de ses prérogatives ! Ces mêmes syndicats, vont-ils le laisser dans l’affreuse détresse, à laquelle le besoin fou de pouvoir l’a désormais réduit, malgré sa résistance obstinée, face à la folle pression d’un Conseiller Exécutif autoritaire et borné, en son besoin féroce de pouvoir ? Les syndicats martiniquais vont-ils eux-mêmes s’isoler, se fermer, dans une confiance rationnelle, prudente, peureuse, devant l’autorité du bourreau ? Plus les syndicats resteront muets et fermés, plus il leur sera difficile par la suite de laisser parler la réalité martiniquaise.
A vrai dire, le licenciement en question nous dévoile une des causes profondes de la désastreuse alliance nationale-droitiste, c’est-à-dire la volonté cachée de briser, une fois pour toutes, le mouvement syndical martiniquais, donc de le mettre au pas, de l’incorporer au besoin à une Collectivité Territoriale autoritaire, afin d’instaurer le corporatisme à la Martinique, mais dans une perspective totalitaire. Les syndicats, organes de la Collectivité Territoriale, et instruments choisis d’asservissement, pourquoi pas ? Avec quels avantages ? Selon quels contrats ? Le guide suprême de Plateau Roy, inspirateur, et chef du national-droitisme, désormais chargé de maintenir la cohérence interprofessionnelle des organisations syndicales ? Pourquoi pas, en effet ? Attention, chers syndicalistes, à cette mystique de l’abandon, à laquelle vous appellent les tenants de l’économie dirigée d’une Collectivité autoritaire, en pleine dérive nationale-droitiste ! Car l’alliance est une sinistre façade, qui finira par tomber en poussière .. tôt ou tard ! N’est-ce pas que les œuvres de la liberté syndicale sont indivisibles, elles ne concernent aucunement les despotes !
ROLAND TELL