Colloque de l’Association de Psychanalyse  » Forum »

Il était question du...FÉMININ

— Compte-rendu de Benedetta Jumpertz —
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Une partie du public

Cela fait près d’un mois que le colloque de l’association de psychanalyse « FORUM » a réuni un public de professionnels mais aussi de personnes tout simplement curieuses du sujet annoncé : « Le féminin ». Ce colloque a tenu voire dépassé toutes les promesses de foisonnement de pensées que nous nous étions faites. Il s’agissait d’explorer « le féminin » en tant que concept psychanalytique intervenant dans la sexualité aussi bien de l’homme que de la femme.

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Guillaume Suréna et Victor Lina

Par le biais d’exposés de haute volée, de nombreuses voix d’ici et d’ailleurs, féminines pour la plupart, ont tracé des voies de réflexion… en essayant de répondre à la question de Freud qui apostrophait la recherche ainsi « Que veut la femme ? »

La proximité de l’être humain avec le masochisme nous conduirait, d’après Guillaume Suréna, psychanalyste (Martinique) dans son exposé « Freud, les femmes et le concept du féminin », à une position passive donc féminine due à la souffrance causée par le fait que notre incomplétude originelle limite l’aspiration au plaisir.

Victor Lina, psychologue, (Martinique) a montré le caractère souvent univoque du sentiment d’irrespect et a laissé ouverte l’interrogation sur les raisons de l’échange des femmes dans de nombreuses civilisations et pas des hommes…dans son travail intitulé « Ti mâle ou fi mâle… Il n’y a pas de respect pour une femme, alors ?

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Marycéline Lubino,

Marycéline Lubino, psychanalyste, (Guadeloupe), à travers la relation mère/fille a démêlé le « destin de la haine (ou les tours et détours du fiel à l’amour) » non exprimée qui servirait de rempart contre la détresse préœdipienne.

Psychologue scolaire (Martinique), Thérèse Salomon nous a fait part, en s’appuyant sur son expérience, du constat de l’échec scolaire des garçons en lien avec leur relation à la mère. Des chiffres issus d’enquêtes viennent corroborer son propos et ouvrir des pistes de réflexions.

Le cas clinique de Lila, jeune fille en souffrance, évoquée par Clotilde Pérrève, psychanalyste (Paris), qui, « au seuil de la féminité », manifeste un besoin morbide et pathologique à montrer leur corps comme maltraité qui évoque un refus de la féminité là où l’on s’attendrait davantage à une attention particulière pour la séduction à travers l’appropriation de son corps sexué et de son image du corps. Par ce témoignage clinique centré sur la question des préliminaires, elle s’est proposé d’interroger les mises en scènes psychiques qui tentent d’éviter et/ou de faire avec le féminin dans cet accès complexe à la féminité.

Marie-Gina Leconte, psychologue (Guadeloupe) a entrepris de voir « l’homosexualité féminine et l’hétérosexualité addictive comme des ratées de la rencontre avec le féminin à
l’adolescence » s’appuyant sur les théories de Anzieu, Winnicott relatives au regard de la mère qui est réflexif donc constitutif de la pensée… Ainsi, elle interroge les limites du féminin en soi.

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Thérèse Salomon

Souhaitant vivement rallier le public au thème de ses recherches sur « la construction de l’identité de genre et le rôle de genre chez les enfants martiniquais », Nadia Chonville, doctorante en sociologie (Martinique), a d’entrée d’exposé défini les termes : genre comme catégorie, sexe = espèce, rôle de genre = statut. L’objet de la sociologie est présenté en tant que travail sur le sexe donc l’espèce, le genre-culture donc la catégorisation culturelle ou le système de répartition des rôles et des tâches à un moment et dans un lieu donnés. L’identité de genre équivaut à la conscience de soi ce qui amène à penser la « performativité de genre » et là rentrent en ligne de compte les notions de respect en ce qui concerne la femme et de réputation quand il s’agit de l’homme.

Guillaume Suréna a conclu ces journées avec les femmes du « Don Juan » de Vincent Placoly. Il a commencé par rappeler l’importance du clitoris dans la sexualité de toute femme, comme expression de l’envie du pénis. L’idée était de montrer que dans le thème de Don Juan, et singulièrement dans celui de Placoly, l’acte sexuel n’avait aucune importance. Ces femmes s’accrochent à un homme qui les délaisse fatalement parce qu’elles veulent se défendre contre l’envie du pénis. La pièce de Placoly exprime l’aspiration au plaisir et la lutte contre ce plaisir qui est le propre des hommes et des femmes.

A l’issue de ce colloque, des têtes bien faites sont reparties bien pleines avec l’enthousiasme et le désir de revivre l’expérience et de la faire partager plus largement.

Benedetta JUMPERTZ

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Clotilde Pérrève,

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Marie-Gina Leconte

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Nadia Chonville,

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Une partie de la salle