Chikungunya : le prix de l’inconsistance

moustic_chikun— Par René Bernard —
Et si on n’avait pas encore bien assimilé la culture de l’environnement sur cette île ? Et si pour certains, le cadre de vie n’avait aucune importance ? Que les problèmes de santé publique étaient relégués au second plan par nos élus locaux ? Que les règles élémentaires d’hygiène étaient méconnues par un certain nombre. Que nos premiers magistrats, c’est-à-dire nos Maires ignoraient les réglementations, ne les faisaient pas ou avaient peur de les faire appliquer ? Il suffit de circuler dans toute la Martinique pour constater l’état désastreux de notre environnement. Entre les carcasses de véhicules, les garagistes sauvages, les carcasses d’appareils électroménagers, les pneus usagés, des réservoirs d’eau sans aucune protection, les feuilles de tôle jetées ici ou là, et la liste est encore longue… Tous ces détritus sont souvent des nids à larves de moustiques.
Les communautés de communes font des efforts pour améliorer notre cadre de vie. L’ONF s’implique dans l’entretien et la préservation de nos forêts. Ces communautés de communes ont mis en place un service permettant de collecter les ordures, les encombrants, les carcasses usagées. Il suffit simplement que l’usager téléphone pour obtenir satisfaction. Malgré cette facilité, cette possibilité, il y a certains qui ont la malpropreté dans les gènes, et sont hostiles à tout effort, toute prise de conscience sur la nécessité de respecter l’environnement qui sera demain celui de leurs enfants et petits enfants.
Après ce constat, on peut se demander si les seuls moustiques sont responsables de cette épidémie de chikungunya. Le laxisme des autorités locales, la négligence, le mépris des règles, la malpropreté de certains individus ne contribuent t’ils pas à ce désastre. Après des décennies de sensibilisation, pourquoi les autorités locales ne verbalisent pas les récalcitrants, ceux qui salissent ? Que fait l’Association des maires ?

Un ministre pour nous montrer quoi faire…

Le code de l’environnement permet aux Maires d’agir dans ce sens. Ils sont officiers de police judiciaire. Ils peuvent à ce titre, dresser procès verbal de constat d’infraction en matière de pollution, d’abandon illégal de déchets ( art. L. 541-3 du code de l’environnement). Seulement il y a la peur des urnes. Les Maires, par leur laxisme, leur clientélisme, encouragent la dégradation de notre environnement. En matière de sécurité routière, le fait de toucher aux porte-monnaie des automobilistes a tout de suite provoqué une remise en question des comportements sur la route. Le nombre d’accidents a diminué.
Pourquoi un ministre doit se déplacer pour nous montrer comment éviter la prolifération des moustiques ? Est-ce normal qu’une délégation de pompiers soit mobilisée pour venir nettoyer les chéneaux ? Quel est le coup financier de ce déplacement qui sera forcément supporté par les contribuables. Comment concevoir que l’état va débloquer des fonds à hauteur des 50% du cout des enlèvements des épaves laissées ici ou là par des malpropres. Ou est la morale dans cette histoire ? Les épaves vont continuer à proliférer puisque l’état s’en charge. L’état c’est nous. C’est une aubaine pour les irresponsables et ceux qui ne respectent pas la nature. Ou sont passés tous nos grands décideurs qui réclament à corps et à cris, l’autonomie, des compétences, des pouvoirs, de la gouvernance. C’était l’occasion ou jamais de montrer leur savoir faire, avant de nous entrainer dans des futures aventures sans lendemains. N’y a-t-il pas des responsables locaux pour taper du point et dénoncer ce comportement d’incivilité chronique, de l’irrespect des autres et de cette belle nature généreuse qui caractérise notre environnement.

le 24/07/2014

René Bernard