Jour : 17 janvier 2018

Mumia Abu-Jamal. Le juge fait pression sur le bureau du procureur

– Par Gaël De Santis —

L’audience judiciaire cruciale, qui a eu lieu ce mercredi, ouvre des perspectives pour exiger la révision du procès du journaliste afro-américain. Un petit progrès a été accompli ce mercredi, en vue de la révision du procès de Mumia Abu-Jamal. En 2016, la défense du journaliste afro-américain, condamné à mort en 1982 pour le meurtre d’un policier, dont la peine a été commuée en prison à vie en 2011 et qui clame son innocence, avait déposée un recours. Elle s’appuie sur une nouvelle jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis, qui stipule qu’un même justiciable ne peut avoir à faire à un même magistrat à plusieurs niveaux judiciaires.

En avril 2017, le juge Leon Tucker avait exigé du bureau du procureur de Philadelphie qu’il lui fournisse sous trente jours les documents montrant que Ronald Castille avait été impliqué, comme procureur puis juge à la Cour suprême, dans plusieurs étapes du parcours judiciaires de Mumia Abu-Jamal. Le juge attend toujours…

C’est la raison pour laquelle une audience cruciale avait été convoquée ce mercredi. « Nous étions une soixantaine de soutiens dans la salle », relate Jacky Hortaut, coanimateur du collectif français Libérons Mumia, qui avait fait le déplacement à Philadelphie.

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Existe-t-il un génocide martiniquais ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

C’est la question qu’on peut se poser après le retentissement provoqué par la déclaration du député Aimé Césaire, un jour de novembre 1975, à l’assemblée nationale. Celui-ci craignait que la venue des H’mongs en Guyane, projetée par le gouvernement français, ne conduise à une manière de génocide qu’il a appelé « génocide par substitution ». Etrangement, il opposait un génocide qui n’en est pas un à des gens qui fuyaient ce qu’on peut considérer comme un vrai génocide, au Laos. Finalement, Césaire s’était trompé, mais il avait des circonstances atténuantes. En effet, alors que la population guyanaise était inférieure à 60 000 habitants, le nombre de migrants faisant l’objet du débat à l’assemblée avait été bien supérieur à celui qui a été finalement retenu (2 000 individus environ), et pouvait paraître exorbitant au député.

Comme je l’indiquais dans une tribune, le 24 novembre 2013, La Martinique, ce directeur de conscience, « en novembre 1975, le visionnaire Aimé Césaire s’était prononcé à l’assemblée nationale contre la venue des H’mongs en Guyane. C’est à cette occasion – et à cette seule occasion – qu’il avait prononcé officiellement sa fameuse expression « génocide par substitution ».

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L’indivision successorale, ce  » fléau  » pour le logement dans les outre-mer

Une proposition de loi prévoit d’assouplir cette règle de droit commun pour libérer du foncier

— Par Patrick Roger —
Quatre petits articles, mais qui pourraient apporter un véritable bol d’oxygène pour les départements et collectivités d’outre-mer, asphyxiés par la pénurie de logements due, notamment, à l’indisponibilité de foncier constructible. La proposition de loi examinée jeudi 18 janvier en séance à l’Assemblée nationale, présentée par Serge Letchimy, député de la Martinique apparenté au groupe Nouvelle Gauche, lève une partie des freins à la mobilisation du foncier en facilitant la sortie du principe de l’indivision successorale. Elle a été approuvée de manière consensuelle en commission des lois mercredi 10 janvier et a reçu, mardi, le soutien unanime de la délégation aux outre-mer.

Lorsqu’une personne meurt, en attendant le partage de ses biens entre les héritiers, ceux-ci sont placés sous le régime de l’indivision. Tout  » acte de disposition  » nécessite l’unanimité des  » indivisaires « , qui exercent collectivement les droits de propriété sur les biens. Ce régime, qui en principe n’a pas vocation à se prolonger, est destiné à protéger les droits de chacun tant que le partage n’est pas devenu effectif.

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La déshumanisation d’Haïti

La vocation populiste de Trump s’alimente à la grande frayeur nataliste des Blancs

— Par Joël Des Rosiers —

« Le voici maintenant cet habitant des frontières,
sans identité,sans désir ni lieu propres,
errant, égaré,douleur et rire mélangés,
rôdeur écoeuré dans un monde immonde.
C’est le sujet de l’abjection. »
— Julia Kristeva

Le président des États-Unis est un raciste comme il en existe, hobos tapis au fond des tavernes miteuses du Nebraska ou à la Maison-Blanche ou encore au Congrès même.

« They all have AIDS, why do we need them ? They come from a shithole country. Take them out ! » Hyper symptomatiques, ces saillies de Donald Trump résonnent avec leur cortège d’images de latrines, de fèces, de fluides biologiques, de maladies sexuelles et de contamination. Le langage utilisé par Trump est pré-symbolique, avant toute acculturation, avant toute représentation. Connu pour souffrir d’une phobie de la contamination et de l’empoisonnement, traqué par l’enquête du procureur spécial qui se referme inexorablement sur lui, Trump laisse échapper son angoisse de la destitution, sa toute-puissance et ses pulsions de destruction qui ne se laissent pas soumettre à l’ordre symbolique : lieu, fonction présidentielle, décorum, rencontre avec des sénateurs.

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