— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
De manière générale, quelles doivent être les modalités de mise en oeuvre par l’État de l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti ? Poser la question des modalités de l’aménagement des langues officielles d’Haïti revient à poser, en amont, celle de la politique linguistique de l’État. La prise en compte de la nécessité d’une politique linguistique d’État s’avère d’autant plus essentielle qu’en Haïti l’État est démissionnaire dans le domaine linguistique.
Dans sa remarquable étude, « É́laboration et mise en œuvre des politiques linguistiques », le linguiste québécois Louis-Jean Rousseau, spécialiste de l’aménagement linguistique, nous enseigne avec hauteur de vue qu’ « (…) on entend par « politique linguistique » toute forme de décision prise par un É́tat, par un gouvernement ou par un acteur social reconnu ou faisant autorité, destinée à orienter l’utilisation d’une ou de plusieurs langues sur un « territoire » ( réel ou virtuel ) donné ou à en régler l’usage. La politique linguistique se situe au niveau de la détermination des objectifs généraux visés et elle peut couvrir toutes les catégories d’activité ou de situations de communication existant dans une société.

Il faut le dire sans détour. Ce ne sont point les trois inspecteurs dépêchés en Martinique par l’actuelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui régleront quoi que ce soit, non pas en matière de santé tout court, mais en matière de santé donnant satisfaction à l’immense majorité de la population, grâce à un véritable service public de santé et de soins pour tous et toutes.