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« Nègre marron itinéraire d’un enfant du ghetto » un roman de Jessi Americain

americain_negre_marronAntoine descend d’une grande famille de guerriers boni, ces Marrons du Surinam qui ont fui les plantations et ont ensuite résisté aux troupes coloniales hollandaises pour s’établir définitivement en Guyane française durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Le petit garçon grandit dans un environnement où prédominent la culture et l’imaginaire marrons et s’efforce de résister aux tentations diverses des ghettos amazoniens de Soholang, Saint-Laurent-du-Maroni en bushinenguetongo.

Cette quête de soi, de connaissances et de réussite, dont il a soif, le transporte de son ghetto de Soholang à la capitale française Paris quand il intègre Sciences Po, la célèbre école de la rue Saint Guillaume. Il sera également, durant ce parcours initiatique, confronté à la belle et terrible réalité des rues de Colombie, avant de revenir au point de départ… changé.

MOTS DE LECTEUR :

« Le roman de ce jeune auteur bushinengue lève le pan d’un voile sur une culture riche mais encore trop méconnue de Guyane. À la manière de Zobel dans La Rue Cases-nègres, il propose la vision, innoncente mais pas naïve, d’un narrateur enfant aux prises avec un environnement pauvre, par moments hostiles, révélateur du fonctionnement de cette société.

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Largement, elle fut un exemple !

— Par Gilbert Pago —

Yvette Guitteaud-Mauvois est décédée à 93 ans. Il faudra certainement écrire l’histoire de la vie de cette militante en dehors des lieux communs ou des généralités mais on peut d’ores et déjà en dire quelques traits. De mon témoignage, je voudrais souligner trois points qui me paraissent essentiels.
D’abord la caractéristique de son engament féministe dès ses débuts, puis la force de ses convictions de libre penseuse, ensuite la tonicité et la longévité de sa combativité.

Dans l’entre-deux –guerres, la famille Guitteaud vit aux Terres Sainville dans un nouveau faubourg qui se construit sur les marécages du « Quartier des Misérables ». Le père Guitteaud est commerçant de petite quincaillerie à l’actuelle rue Yves Goussard ex rue de la république prolongée. Il est aussi éleveur de coqs de combat ( coq game – prononcez djemm), il en vend à Eugène Aubéry, ce baron du sucre et du rhum. Son épouse, épicière et tenancenière d’un « débit de la régie » s’établira plus tard à Ravine Bouillée où elle subit une à deux fois l’an, les rudes inondations de ce bouillant ruisseau en temps de pluie.

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« La vie pure » explorateur ou aventurier?

A Madiana en avant-première!

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— Par Roland Sabra —

Synopsis : En 1949, Raymond Maufrais, un jeune explorateur français de 23 ans, part en expédition solitaire dans la forêt amazonienne à la recherche d’un territoire encore inexploré peuplé de tribus inconnues. Il disparaît en laissant derrière lui un carnet de voyages qui retrace son parcours, ses rencontres et sa recherche de la Vie Pure. Son père le chercha pendant 12 ans, monta 22 expéditions et parcourut 12.000 km. Sa disparition reste aujourd’hui encore inexpliquée…

Le film a remporté l’Orchidée de Bronze et le Prix du Jury Jeune au Festival de la Réunion 2014, ainsi que le Prix du jury lycéen au Festival Adaptations de Cholet en 2015.

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« Je hais les voyages et les explorateurs… » ainsi commence « Tristes tropiques » Peu de chance que l’épopée de Raymond Maufrais telle qu’elle nous est narrée dans le film de Jérémy Banster nous réconcilie avec les premiers et encore moins avec les seconds. Quand Raymond Maufrais s’embarque pour la Guyane en 1949 il n’a que 23 ans et un passé d’aventurier déjà conséquent.

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Tjenbé larel, un festival foyalais qui chante son identité : premier acte

— par Janine Bailly –

Si le festival de Fort-de-France fut, pour cette quarante-quatrième édition, fort pauvre en théâtre, si la promesse n’a guère été tenue d’investir d’autres lieux, tel le Parc Naturel de Tivoli, où l’on avait pu voir l’an passé « Folie », superbe lecture-spectacle offerte par une Ina Boulanger aux prises avec le vent fripon qui soulevait ses feuillets autant que ses jupons et ses rideaux de scène improvisée, il nous fut pourtant donné de connaître cette année de beaux moments de grâce et d’émotion, loisible de vivre des instants privilégiés de partage sous un ciel qui ne fut, hélas ! pas toujours clément. Et s’il arriva que parfois les festivaliers durent déplier leurs parapluies en une symphonie colorée, qu’il fut bon d’écouter, dans la douceur des nuits tropicales, les musiciens sous les frondaisons tutélaires des jardins du Parc Culturel Aimé Césaire, autant que les conférenciers du désormais rituel Cénacle en bord de baie !

Le festival, c’est un peu la vitrine du Sermac, qui présentait, dans les salles du centre Camille Darsières, les travaux réalisés dans les différents ateliers : j’ai été personnellement bluffée par la beauté de certaines poteries, l’esthétique parfaite des calebasses faites lampes, l’originalité des masques et photographies exposés.

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Un atelier dans la jungle : Ernest Breleur

— Par Selim Lander —

Ernest Breleur (le Christ rouge)Sous les tropiques, la conjonction du soleil et de la pluie produit facilement une végétation luxuriante ; un bout de terre suffit pour faire pousser un rideau de verdure impénétrable. La villa du plasticien martiniquais Ernest Breleur[1] a beau être située dans un lotissement assez récent à la périphérie de Fort-de-France, pour qui a le privilège de partager un moment avec lui dans sa véranda, l’écoutant s’exprimer sur sa démarche artistique, sa maison cernée par les plantes en rangs serrés nommées oiseaux de paradis, semble perdue dans une jungle[2].

L’œuvre d’Ernest Breleur mérite qu’on s’y intéresse. J’ai souligné ailleurs la fécondité des arts plastiques en Martinique, seulement comparable à sa fécondité littéraire[3]. Ce n’est pas un hasard si je mettais alors Breleur en premier. Il est à coup sûr le plus « chercheur » de tous les plasticiens martiniquais, celui qui a le plus su (et voulu) se renouveler au fil des années. Une visite dans son atelier le confirme : aucun des lecteurs de l’ouvrage – par ailleurs remarquable mais qui date déjà de 2008[4] – qui lui a été consacré ne pourrait anticiper l’état actuel de ses recherches, au vu de son œuvre telle qu’elle se présentait il y a une dizaine d’années.

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Discours de réception de Dany Laferrière à l’Académie française

— Par Dany Laferrière —

M. Dany LAFERRIÈRE, ayant été élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Hector BIANCIOTTI, y est venu prendre séance le jeudi 28 mai 2015, et a prononcé le discours suivant :

Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Permettez que je vous relate mon unique rencontre avec Hector Bianciotti, celui auquel je succède au fauteuil numéro 2 de l’Académie française. D’abord une longue digression – il y en aura d’autres durant ce discours en forme de récit, mais ne vous inquiétez pas trop de cette vieille ruse de conteur, on se retrouvera à chaque clairière. C’est Legba qui m’a permis de retracer Hector Bianciotti disparu sous nos yeux ahuris durant l’été 2012. Legba, ce dieu du panthéon vaudou dont on voit la silhouette dans la plupart de mes romans. Sur l’épée que je porte aujourd’hui il est présent par son Vèvè, un dessin qui lui est associé⋅ Ce Legba permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible⋅ C’est donc le dieu des écrivains⋅
Ce 12 décembre 2013 j’ai voulu être en Haïti, sur cette terre blessée, pour apprendre la nouvelle de mon élection à la plus prestigieuse institution littéraire du monde⋅ J’ai voulu être dans ce pays où après une effroyable guerre coloniale on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en gardant sa langue.

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Anderson Dovilas : un poète aux métaphores infinies

— Par Dana Shishmanian —
anderson_dovilasNé à Port-au-Prince (Haïti), Anderson Dovilas a publié en France, au Canada, et aux Etats-Unis. Il est poète, auteur dramatique et comédien. Il a fait des études de linguistique à la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’Etat d’Haïti. Et des études de psychologies inachevées à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti. Passionné du devenir des mots et militant politique ; Il possède la force et la tendresse de son âge. Le courage et la volonté sont ses armes, auxquelles s’ajoute le charme pimenté d’un goût de vivre qui lui attire toutes les sympathies (…) Il est sans doute l’un des plus grands poètes de sa génération avec des métaphores infinies a déclaré Denise Bernhardt poétesse Française.
Maniant un langage poétique fait de ruptures de plans, d’images disparates, de glissades ludiques, de trouvailles provocatrices, le poète jongle en fait au-dessus d’un abime bouillonnant de lave : c’est le sang de son peuple, qui s’élève soudainement au détour des vers, tel une lame de fond, rasante et bouleversante, projetée par un océan en feu. Son programme littéraire est étroitement lié à un projet de société.

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« Cannibales » de José Pliya

Mise en scène de l’auteur au Théâtre 71 de Malakoff

canibales— Par Martine Silber —

Premier choc, une ouverture visuelle et sonore. Lumière rasante sous un ciel bas qui scintille comme des réverbères aperçus entre les feuilles des arbres par grand vent, bruit de pluie qui tombe dru, quelques cris d’oiseau.

Deuxième choc, la beauté de la langue. La femme qui apparaît sous la lumière, long manteau rouge sur une robe noire courte, entame un long monologue et dès les premiers mots, on sait qu’on ne la quittera plus. Elle s’adresse à une autre femme qui assise sur un banc lui tourne le dos. Un dos qui se dresse comme un mur, un dos qui dit non et refuse toute communication. Mais la femme en manteau rouge, Christine, insiste. Sa fille a disparu. Sa fille, Christine, comme elle.Elle s’est assoupie un court moment et à son réveil plus d’enfant. Elle plaide, supplie, sait qu’elle dérange mais sa fille a disparu, qu’on veuille bien lui pardonner.

La femme de dos, qu’on appelera plus tard Nicole, ne veut rien entendre, littéralement. Son dos immobile le fait savoir.

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Une géographie humaine racontée par celles et ceux qui l’habitent

romain_cruseRomain Cruse

Une géographie populaire de la Caraïbe, adaptation d’Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn, rompt avec le regard enchanteur et fantastique des clichés touristiques. La Caraïbe est enfin une terre habitée. Romain Cruse mise ainsi sur une géographie humaine : la terre racontée par celles et ceux qui l’habitent. La caméra est braquée sur les villages de pêcheurs de Trinidad et de la Dominique, les quartiers surpeuplés d’Haïti, les Nègres marrons du Suriname, les communautés rasta de la Jamaïque, etc. L’auteur adopte le regard des classes populaires, inspiré d’observations sur le terrain et fondé sur un travail de recherche minutieux. La Caraïbe n’est donc ni un éden, ni un modèle de libre-échange, encore moins une région à forte croissance économique. On y découvre plutôt des sociétés profondément divisées selon des clivages ethniques et sociaux hérités du colonialisme, des bidonvilles dissimulés derrière des décors de carte postale, la manipulation des masses par les élites locales et les investisseurs étrangers⋅ Le géographe Romain Cruse donne à voir et à comprendre la condition caribéenne contemporaine, condition qui se nourrit de cultures et d’histoires singulières.

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Ferguson : un blessé grave par balle et sept arrestations dans la nuit de samedi à dimanche

— Eugénie Barbezat avec AFP —

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Les habitants de Ferguson, aux États-Unis manifestent après la mort de Michael Brown, tué par un policier. Crédit: AFP
Le nouveau drame s’est produit alors que des heurts avaient éclatés, opposant la police à des manifestants qui bravaient le couvre-feu instauré une semaine après la mort d’un adolescent noir, tué par un officier de police.
De nombreux manifestants étaient encore dans la rue malgré ce couvre-feu décrété de minuit à 05h00 (05h00 à 10h00 GMT) par le gouverneur Jay Nixon après une semaine de vives tensions liées à la mort de l’adolescent, qui n’était pas armé. Le policier qui a tué Michael Brown est blanc.
« La personne blessée par balle se trouve dans un état grave, a précisé le capitaine de la police des autoroutes, Ron Johnson, nommé cette semaine par le gouverneur pour assurer la sécurité dans la communauté urbaine de St Louis et apaiser les esprits.

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« Les chiens errants » : la tranquille beauté de la mort

Un film immense aux limites de l'insoutenable.

— Par Roland Sabra —

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Immobile… L’immobilité, ça dérange le siècle.
C’est un peu le sourire de la vitesse, et ça sourit pas lerche, la vitesse, en ces temps.
Léo Ferré « Il n’y a plus rien »

Il est des films comme des rencontres improbables. Ce soir là, dans la salle n°3 de Madiana, il y avait, au début de la séance, une douzaine de personnes tout au plus. A la fin de la projection les effectifs avaient fondu de moitié. Et pourtant !
Rares sont les moments de cinéma d’une telle intensité. Un long film, sans dialogue, avec une succession de plans fixes, avec pour seuls mouvements les battements de cils d’un homme perdu sous la pluie, le tremblement d’un panneau publicitaire tenu à bout de bras dans la violence du vent, un geste de la main, maintes fois répétées pour remettre en place une chevelure, la contemplation fascinée d’un paysage de ruines illuminées par un soleil nocturne…
Et le spectateur figé dans l’éternité de l’instant, à son cœur défendant, voit convoquer ses monologues intérieurs, ses pensées intimes, ses combats sans cesse oubliés et sans cesse devant lui.

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« Les chiens errants » : la beauté du désespoir

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 Il est le cinéaste des limbes, de la solitude urbaine, du désespoir moderne. Né en 1957, héritier revendiqué de la Nouvelle Vague française, petit frère des grands maîtres taïwanais Hou Hsiao-hsien et Edward Yang, qui ont placé, au milieu des années 1980, la petite île rebelle au cœur de la planète cinéphile, Tsai Ming-liang a pensé que ce nouveau long-métrage serait peut-être son dernier.

Gravement malade quand il en conçut le projet, au point qu’il pensait ses jours en danger, il avait rompu avec le cinéma, découragé par l’énergie démesurée que demande, aujourd’hui, la continuation d’une œuvre comme la sienne, mue par la seule croyance dans les puissances de son art. Cette condition n’a pas contribué à donner aux Chiens errants une tonalité riante, mais elle éclaire l’ambition de ce film sublime, qui organise la circulation entre le monde des vivants et celui des morts, entre espace physique et espace mental, entre rêve et réalité.

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Agenda des actions africaines en région parisienne. Juin 2014

— Par J-P Vanhoove—

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

le 4 juin : Journée internationale des enfants victimes innocentes d’agression.
le 5 juin : Journée mondiale de l’environnement.
le 12 juin : Journée mondiale contre le travail des enfants.
le 16 juin : International Day of the Africa Child / Journée internationale de l’enfant africain.
le 17 juin : Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.
le 18 juin : Fête de la Constitution des Seychelles.
le 20 juin : Journée internationale des réfugiés.
le 21 juin : Fête de la musique.
le 25 juin : Anniversaire de l’indépendance du Mozambique (1975).
le 26 juin : Fête de l’indépendance de Madacascar.
le 26 juin : Journée internationale des Nations Unies pour le soutien des victimes de la torture.
le 26 juin : Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues.
le 26 juin : Signature en 1945 de la charte des Nations unies.
le 27 juin : Fête nationale de Djibouti.
le 30 juin : Fête de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC).

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Le respect de l’amour (4)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

Suite de l’épisode 3 djebaba

LE RESPECT DE L’AMOUR, Ch.1 «  Le tourbillon » ,

 Le narrateur :

 Les paroles de Djenaba entrent en moi depuis trois semaines, c’est un flux rapide émaillé de tournures percutantes dont j’essaie de restituer quelques unes : «  je gère le mal », «  il faut faire un bisou au lion » ( parlant de la seconde épouse) , «  Les mères déglutissent sur les enfants ce qu’elles ont sur le cœur » ( parlant de sa mère), «  les hommes sont des chasseurs », «  Je peux avoir de la colère, mais je n’ai pas de haine car je comprends chaque être humain et la colère devient pitié » (évoquant les hommes). J’aurais pu enregistrer tout simplement les paroles de Djenaba et en conserver toute la fraicheur.

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Agenda des actions africaines en région parisienne d’Avril 2014 –

— Par J-P Vanhoove—

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

 le 4 avril : Fête de l’indépendance du Sénégal

 le 4 avril : Journée internationale de la lutte contre les mines antipersonnelles

 le 7 avril : journée mémoire du génocide Rwandais

 le 8 avril : journée mondiale des Roms

 le 11 avril : Intervention des forces coloniales françaises en Côte d’Ivoire

 le 15 avril : en mémoire des victimes (pour la plupart africaines) des incendies dans les hôtels (rue de Provence) et /ou taudis parisiens de l’été 2005 … Ne les oublions pas … pour pouvoir dire « plus jamais ça ». Se renseigner à Association des Victimes de l’Incendie de l’hôtel Paris Opéra (AVIPO), 5 impasse Pétin – Paris 19ème 06 82 97 42 73 asso.paris.opera@gmail.com pour connaître la date horaire et lieu de la manifestation

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Albin et Serena

À Monchoachi, mon ami du Morne, qui m’a soufflé un chant que j’ai écouté, et aimé à ma façon…

— Par Frantz Succab —

boulanger_loverAlbin-boulanger nous procurait notre pain quotidien ; mais si l’on fait la part entre son métier qu’il exerçait avec conscience et le reste, il n’avait montré qu’un seul don dans sa vie, celui de disparaître.

  Il ne disparaissait pas lui-même. En vérité, ou plus exactement, disparaître le prenait de l’en-dedans de son corps, là-même, sans prendre son corps ; au milieu d’une conversation, d’une réunion ou d’un monter-descendre au vu et au su de tout le monde le long de la rue Bord-de-mer. Des vieux y refaisaient sans cesse le chemin du temps, des jeunes par petits-pilots bruyants,  gesticulaient avec ces mots en rafales passés à la râpe des play-list et vendus prêt-à-porter, les flâneurs s’occupaient à ne faire rien d’autre que s’occuper des affaires d’autrui et la plupart des autres gens faisaient aller-venir pour commissions autour du marché. Et Albin faisait partie de ce paysage.

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Des Sons et des Mots

— Par Frantz SUCCAB —
mot_tremblantCe sont les poètes qui font la poésie et non les langues, quelles que soient les langues. La langue créole ne fait pas exception. Ce n’est pas parce qu’elle a été très longtemps reléguée, envoyée se faire parler et entendre ailleurs, qu’elle devrait forcément chercher à faire société conforme pour avoir la poésie fréquentable. Cette langue ne se sera pas émancipée à force d’imagination et de créativité, de déboulements et de détours, pour s’emprisonner dans un quelconque académisme, fût-il « Tan-nou »… national et populaire.
Le piège pour une langue est de s’entêter à démontrer quelle en est une, à exhiber ses attributs intimes dans les foires pour faire admettre qu’elle aussi elle peut. À la longue, ça lui fait perdre le goût de l’aventure des ses propres mots et, par conséquent, amenuise ses chances de s’émerveiller des beautés insoupçonnées qu’elle recèle. Elle se répète, confondant faire œuvre et faire tours de manège. Elle tue sa poésie parce qu’elle rend prudemment casaniers les aventuriers des mots que seront toujours les poètes.
Avec une gamme sonore de base, une infinité de mélodies différentes, possibles depuis que l’homme est l’homme et tant qu’il le sera.

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« Le papillon et la lumière » de Patrick Chamoiseau

 iLivres : le coup de cœur de la semaine de Christian Séranot

 papillon_&_lumierePatrick Chamoiseau

 (Philippe Rey, 109 pages, broché, 14,25€

 Gallimard, Poche, à partir du 02/06/13/, 4,56 €)

 Veritatis splendor ! Di fé pwi !1 Patrick Chamoiseau est de toutes les époques et de tous les âges. Sa parole est d’or et de boue, celle d’un écrivain génétiquement constitué par toutes les dimensions de son être en son histoire, qu’il sait rendre au centuple. Elle court les marigots, les échoppes bricolées des puissants, les ciels d’azur ou d’orages, les mythes revisités, les légendes apprises, les parlers écoutés et fait donner la foudre, ce raccourci de l’éclair. Elle conte aussi, dit l’éloge, clame l’indignité, s’insurge et caresse. Revendique la relation, tend au diversel. Poétique, elle se dérobe à ce qui enclot. L’Histoire est passée par là, dont elle se fait l’écho depuis plus de trente livres publiés. Celle de tous les esclavages, des insurrections, des pays dominés, mais pas seulement. Celle de la nature du monde dont elle dit la créolité et défend les richesses menacées. Tous ces écrits font œuvre.

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Anthlogie Internationale Aimé Césaire en 100 mots. Beautés et splendeurs de la nature

 

Le centenaire de naissance d’Aimé Césaire (26 juin 1913-26 juin 2013), est l’occasion de découvrir sa littérature. Aimé Césaire nous invite et nous incite à aller jusqu’au bout de nous-mêmes pour découvrir les secrets cachés de sa poésie. Cet amoureux de la nature, qu’il connaissait et respectait, puisait en elle force et inspiration.

J’ai puisé 100 mots dans ses différents ouvrages, depuis le « Cahier d’un retour au pays natal », Éditions Présence africaine (1939), jusqu’à son dernier, « Nègre je suis, nègre je resterai, Entretiens avec Françoise Vergès, Albin Michel (2005), nous montrant l’omniprésence de la nature. Bien que la plupart des mots soient écrits au pluriel, j’ai pris la liberté de me les approprier en les mettant au singulier.

Ces 100 mots correspondent à 100 bougies, et 10 mots réunis à 10 thèmes de la nature.

Aussi, je vous invite à faire tout comme je l’ai fait, corps et connaissance avec les mots qui lui étaient devenues familiers, et composer un poème, un haïku, un tanka, une citation, une histoire, ou une nouvelle de votre choix. Les peintres et les photographes sont également sollicités pour  apporter leur pierre à l’illustration de cet ouvrage.

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Les poèmes sont des gros cochons, la poésie est une grosse truie

de Benoist Magnat  

–Haïti février 2013–

 

-La pieuvre sexuelle-

 

Les gros nichons sont octopus – ils attirent le regard – vous ne vous en remettez pas – en dérive totale – les îles de vos yeux s’engloutissent – confiture de baise – les volcans chauffent la cheminée – le magma se rue vers la surface – il n’y a pas moyen d’arrêter tout ça – pour le moment seulement – Une tape sur les doigts ou sur le regard risque de tout bouleverser – on rentre sa « chose » comme les cornes d’un escargot et tout semble redevenir normal.

De fines jambes avec un en-bout de derrière bien potelé réveillent la machine – je crois entendre la mélasse s’étendre sur la crêpe – on sourit d’une envolée ou d’une partie de jambes en l’air – pour le moment c’est seulement dans l’air – on suit des yeux cette excitation mobile – on met allume-cigare en connexion – on se vidange le disque dur par des images rafraîchissantes – un coca pétillant avec une paille – une montée d’escaliers voluptueuse – un raclement de la gorge pour signaler votre existence à l’allumeuse de réverbères.

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Honni soit qui mâle y pense : les hommes lèvent le voile !

par Scarlett JESUS, critique d’art,

 « La virilité […], est une notion éminemment relationnelle, construite devant et pour les autres hommes contre la féminité, dans une sorte de peur du féminin, et d’abord en soi-même. »

 Pierre BOURDIEU,La domination masculine, 1998, p.59.

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  Poster-Tabou

 

Quel printemps se lève au sein des plasticiens de Guadeloupe pour que ceux-ci passent brusquement de la thématique du corps meurtri et souffrant à celui du corps désirant? Verges et vagins fleurissent brusquement à un mois d’intervalle, dans deux expositions presque simultanées.

Fin novembre, Kelly SINNAPAH MARY expose, seule, à la galerie T§T de Basse-Terre… Sous le titre  Vagina, son installation nous dévoile un univers intime et secret, celui de fantasmes spécifiquement féminins. Sous l’apparence fleurie de tissus d’ameublement en rose et bleu, le sexe fort y est parfois mis à mâle. Comme cette chaise, bancale, revêtue d’une veste d’homme métaphore de l’absent qui est comme saisi « au panier » par une main féminine. Programmé par avance au lit matrimonial qui l’attend. Ce sont ces mêmes petites mains qui ont œuvré à la réalisation de ces ouvrages traditionnels de dames que sont dentelles et broderies.

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Le deuil de l’été

 

Philippe PILOTIN

-C’est un 20 septembre que l’été rend toujours l’âme

Et que l’automne nous prive ainsi de sa flamme.

Cette triste nouvelle jette instantanément un froid

Que le temps devient triste et maussade à la fois.

La période de deuil dure environ six mois.

Octobre fait grise mine et se demande pourquoi.

Le thermomètre affiche un moral proche de zéro

Et ne peut cacher son amertume sous un sombréro.

Les feuilles pour manifester toute leur compassion

Errent ça-et-là dans un interminable tourbillon

Sous l’effet d’un vent glacial venu loin d’ailleurs

Pour ne point rater l’heure du sermon salvateur.

Les champignons armés de parapluies multicolores

Composent en maître de l’art le tout nouveau décor

Virant tantôt au jaune tantôt au rouge via le marron

Attirant ainsi l’œil aguerri des ramasseurs en action.

Les six précieux numéros du cadran de l’horloge

Au grand dam du désespoir ne lui font aucun éloge.

En lieu et place de l’habituelle minute de silence,

Ils affichent une heure de moins en signe de doléances.

Le roi soleil n’arbore plus son éclatant sourire de délice

Et dame nature abasourdie se pare du teint de la jaunisse.

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« Puis le choix de l’atome » : Pour une Poétique des Possibles.

 —  par Scarlett JESUS —


Le Gaïac est un bois brun verdâtre très dur. Il est aussi appelé “bois saint” ou “bois de vie” (anglais lignum vitae). On trouve cette essence dans les Amériques tropicales, par exemple dans les Antilles et au Venezuela. Guaiacum officinale et Guaiacum sanctum sont des petit arbres du genre Guaiacum de la famille des Zygophyllacées

 

 

Voici un ouvrage qui mériterait d’être lu par d’autres que les quelques rares privilégiés qui ont eu la faveur d’acquérir ce recueil sorti fin 2010. Un ouvrage qui révèle, à travers une écriture poétique contemporaine originale, un poète guadeloupéen s’inscrivant dans la lignée de MALLARMÉ, le père de la modernité poétique, et de SAINT-JOHN PERSE. Comme lui, ce poète écrit sous un pseudonyme. Il emprunte à MALLARMÉ son prénom, Stéphane, et se dote d’un patronyme quelque peu sibyllin « Od-Ray Gaïac ». Aux prénoms de ses deux parents et au nom d’un arbre des forêts guyanaises, au bois très dur, le gaïac, le poète associe d’autres éléments : un prénom féminin, Audrey, en référence possible avec une muse du 7ème art, Audrey Hepburn ; le nom d’un jazzman, Ray Charles,  précédé d’un curieux Od, peut-être l’abréviation médicale du latin oculus dexter (œil droit).

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« Plantation Massa-Lanmaux », de Yann Garvoz

par MAURICE MOURIER —

 3 mars  2011

 YANN GARVOZ, PLANTATION MASSA-LANMAUX Maurice Nadeau, 312 p., 24 €

–__-

Au XVIIIe siècle, le jeune fils d’un planteur des « colonies », après des études en France qui l’ont mis au contact des idées philanthropiques des Lumières, rentre au pays. La plantation de canne à sucre de son père fonctionne, selon l’ancien système éprouvé, sur la soumission absolue des esclaves au maître. Imprégné d’utopie rousseauiste, Donatien, qui porte le prénom du Divin Marquis, va essayer de moderniser et d’humaniser le domaine. Ce livre étrange, aux deux tiers réussi, raconte son échec.

Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico- sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y attendre, sur le style. Yann Garvoz, qui est clairement perfectionniste, s’est proposé une gageure : travailler la pâte verbale, abondante et riche, de son livre, en imitant, transposant, pastichant à la fois l’oeuvre sadienne et la prose précise de l’Encyclopédie, de La Nouvelle Héloïse ou (parfois) de Bernardin de Saint- Pierre. Mais cela n’est rien.

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Hommage à Gérald Bloncourt, par Widad Amra, poétesse.

Autour de Gérald Bloncourt.
Intervention à la bibliothèque Schoelcher le Jeudi 17 Février 2011.


 

Monsieur Bloncourt

Je connais votre pays. J’aime votre pays dans ce qu’ il offre de créativité dans une grande diversité, dans ce qu’il offre de résistance dans le temps, dans ce qu’il offre de dignité, et dans ce qu’il dit de l’humanité. Et cela, au delà, de tous les Malgré. Passés et présents.

Mais vous, Monsieur Bloncourt, avec tout le respect que je vous dois, je ne vous connaissais pas.
Jusqu’à ce livre…Jusqu’au hasard amical qui a mis ce livre entre mes mains.
Et je dirais comme Jean Claude Charles, qui a écrit votre préface, mon étonnement.
«  A la fin des années 60, en Haïti, je ne connaissais pas l’existence de Gérald Bloncourt.

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