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Une soirée théâtrale pas comme les autres

Les Trois Grâces, Une bataille navale

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— Par Selim Lander —

Ce n’est pas d’hier que les comédiens excursionnent en dehors des salles de théâtre pour aller à la rencontre du public qui n’est justement pas habitué aux dites salles. Il est plus rare que les critiques se hasardent à les suivre. Mais la Martinique n’est pas Paris, on n’est pas sans cesse sollicité par des dizaines de spectacles nouveaux à voir. Aussi, lorsque la création mondiale des Trois Grâces (même incomplète car amputée du dernier acte) d’Appoline Steward, pièce primée à l’avant-dernier concours d’ETC-Caraïbe, est annoncée, on se précipite, fût-ce à la salle des fêtes de Rivière-Salée, lieu que l’on devine pourtant peu propice au théâtre. Et, de fait, la scène bien que surélevée ne l’est pas suffisamment pour que les spectateurs aient une vue confortable sur y-celle (la scène) en dehors des tout-premier rangs. Mais ne faisons pas de façons. Nous étions, en ce qui nous concerne, bien placé. Et la salle avait été aménagée aussi bien qu’elle pouvait l’être, profitant de deux poteaux pour distinguer l’espace de la scène de celui des coulisses improvisées.

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Je suis l’auteur de «L’insurrection qui vient»

— Par collectif —
insurrection_qui_vient-3Pour motiver son renvoi en correctionnel du groupe de Tarnac pour terrorisme, la justice s’appuie sur ce pamphlet anticapitaliste dont elle attribue l’écriture à Julien Coupat. Des intellectuels et des écrivains, dont François Bégaudeau ou Frédéric Lordon, s’inquiètent qu’un livre devienne pièce centrale d’un procès, et rappellent la liberté de critiquer la société capitaliste.
Le parquet du tribunal de grande instance de Paris vient de demander le renvoi en correctionnelle de huit personnes, dont trois pour actes de terrorisme, dans l’affaire dite «de Tarnac». Une affaire lancée, voilà sept ans, par une opération à grand spectacle qui avait vu les forces de l’ordre cagoulées se déployer autour d’une «épicerie tapie dans l’ombre». La défense pugnace des mis en cause et quelques enquêtes sérieuses ont permis depuis longtemps à tout un chacun de comprendre qu’il s’agissait d’une opération de communication du pouvoir sarkozyste de l’époque. Une opération que, par esprit de corps, la police et la magistrature, avec l’appui du personnel politique au pouvoir aujourd’hui, n’ont pas voulu démentir⋅ Et quel pouvoir peut-il, de nos jours, se passer de l’antiterrorisme, ne fût-ce que pour remonter brièvement dans les sondages ?

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La légende du Super Mama Djombo

— Par Sophie Joubert —
les_grands_s-prudhomme« Les Grands », de Sylvain Prudhomme, un roman qui raconte l’histoire 
de la Guinée-Bissau à travers 
un groupe de musiciens mythique, vient de recevoir le Prix de la porte dorée*.

Le Super Mama Djombo est né peu après l’indépendance de la Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest, frontalier du Sénégal et de la Guinée Conakry, qui s’est libéré en 1974 de la domination portugaise. La formation a connu son âge d’or entre 1977 et 1981, portant la fierté nationale lors de mémorables tournées à l’étranger où elle a notamment chanté la gloire d’Amilcar Cabral, le Commandante, figure de la libération du pays. Le Super Mama Djombo existe toujours, certains membres ont disparu, d’autres se sont exilés en France ou au Portugal. Mélangeant réalité et fiction, Sylvain Prudhomme s’est approprié les noms des musiciens pour en faire des héros de roman. Seul le personnage principal, Couto, grand patron de la guitare, « mélange d’ancienne gloire grisonnante et de branleur impénitent », est inventé. Les Grands commence aujourd’hui, en avril 2012, à la veille d’un coup d’État bien réel qui a secoué le pays.

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Discours de réception de Dany Laferrière à l’Académie française

— Par Dany Laferrière —

M. Dany LAFERRIÈRE, ayant été élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Hector BIANCIOTTI, y est venu prendre séance le jeudi 28 mai 2015, et a prononcé le discours suivant :

Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Permettez que je vous relate mon unique rencontre avec Hector Bianciotti, celui auquel je succède au fauteuil numéro 2 de l’Académie française. D’abord une longue digression – il y en aura d’autres durant ce discours en forme de récit, mais ne vous inquiétez pas trop de cette vieille ruse de conteur, on se retrouvera à chaque clairière. C’est Legba qui m’a permis de retracer Hector Bianciotti disparu sous nos yeux ahuris durant l’été 2012. Legba, ce dieu du panthéon vaudou dont on voit la silhouette dans la plupart de mes romans. Sur l’épée que je porte aujourd’hui il est présent par son Vèvè, un dessin qui lui est associé⋅ Ce Legba permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible⋅ C’est donc le dieu des écrivains⋅
Ce 12 décembre 2013 j’ai voulu être en Haïti, sur cette terre blessée, pour apprendre la nouvelle de mon élection à la plus prestigieuse institution littéraire du monde⋅ J’ai voulu être dans ce pays où après une effroyable guerre coloniale on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en gardant sa langue.

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Contre l’élitisme, faisons vivre la culture populaire des Haïtiens!

— Par Lyonel Trouillot (Ecrivain haïtien)—
lyonel_trouillotLe président français était le 12 mai en Haïti. Nous n’étions pas nombreux à l’écouter. Déjà qu’il existe un vieil adage en créole, « ay, tou sa se Lafrans » (« ah, tout ça c’est la France »), qui sert à exprimer le scepticisme après un discours que l’on croit sans suite. Et puis, le président s’exprime dans une langue étrangère pour la majorité des Haïtiens, une belle langue que des élites indifférentes au sort de cette majorité utilisent comme outil d’exclusion et de domination.

Il est temps de mettre fin à ce partage inégal des langues en Haïti. La France pourrait aider à faire que le français ne soit plus le bien de quelques-uns, mais la langue de tous, si elle intégrait ce vœu dans les priorités de sa politique de coopération. La situation linguistique haïtienne fait du français une arme au service de l’injustice et de l’inégalité.

Et puis, comment convaincre cette majorité que la France sait faire autre chose que parler, que sa politique de coopération avec Haïti aidera à des changements structurels vers plus de bien-être pour l’ensemble et l’établissement enfin de cette sphère commune de citoyenneté qui manque tant à la société haïtienne ?

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Pour un monde meilleur : un cinéma documentaire engagé

— Par Janine Bailly —
regars_sur_caraibes-1Pour clore en beauté la programmation à l’Atrium de « Regards sur la Caraïbe », Steve Zébina nous a fait cadeau, ce mardi 28 avril, d’un film trinidadien : « Art Connect », superbe documentaire de Miquel Galofré, réalisateur de talent né à Barcelone en 1970, déjà plusieurs fois primé, qui a mené en parallèle la réalisation de cette œuvre sur un groupe de jeunes trinidadiens et un reportage sur une prison à sécurité maximale de la Jamaïque. Il justifie le lien qui unit ces deux projets : « Il est apparu que tous les “criminels” ont été victimes quand ils étaient enfants ».
Récompensé au festival de Trinidad et Tobago 2014, « Art Connect » vient d’être à juste titre sacré meilleur documentaire au 21ème FEMI de la Guadeloupe.
Nous sommes à Port of Spain, dans le quartier sensible de Laventille, là où progressent trop vite la pauvreté et ses corollaires, violence et criminalité, présence de la drogue et du viol. Une école secondaire décide de parrainer un programme éducatif original afin de rendre aux adolescents de ce quartier la possibilité de vivre autre chose qu’un quotidien à haut risque, dominé par la peur, le manque de confiance en soi, la perte de tout espoir quand l’horizon vous est fermé.

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Toute tragédie produit ses héros et chaque continent, chaque pays, chaque île a ses héros !

— Par Jean Crusol —

herosEn tant que Représentant de la Martinique, la terre natale d’Aimé CESAIRE et de Frantz FANON qui ont consacré leur vie à la lutte contre le racisme, la discrimination, le colonialisme, et pour l’émancipation des noirs, des afro-descendants, la délégation que j’ai l’honneur conduire à cette cérémonie de « levée du voile » du Mémorial Permanent honorant les Victimes de l’Esclavage et de la Traite Transatlantique des esclaves, vous apporte le salut fraternel du Président Serge LETCHIMY.

Nous vivons aujourd’hui un événement historique!

Nous remercions Son Excellence, Monsieur Sam Kahamba Kutesa, Président de l’Assemblée Générale, et son Excellence Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général pour leur vision et leur leadership ! Nous félicitons la Jamaïque, le CARICOM et l’Union Africaine pour le rôle de premier plan qu’ils ont joué dans la conduite et la réalisation de ce magnifique projet !

Nous sommes ici pour rappeler que la plus grande tragédie humaine, plus grande par sa durée, (près de 400 ans), par sa dimension géographique, (trois des cinq continents sont concernés : l’Afrique, les Amériques et l’Europe), par son ampleur numérique, (entre 10 et 20 millions de victimes), ne peut pas, ne doit pas être ensevelie sous le linceul de l’oubli.

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« Le Comte », de Joseph Conrad : Vedi Napoli e poi mori!

— Par Roland Sabra —

le_comte_de_j-conrad1905. Joseph Conrad ( 1857- 1924) a quarante huit ans. Marié depuis moins de dix ans, par commodité, «  il perd ses dents, souffre de la goutte, a des névralgies faciales et broie souvent du noir», il a plus besoin d’une gouvernante ou d’une nounou que d’une femme. Cette année là, le goût du voyage, qui ne l’a jamais quitté, ( il fut marin) le conduit à Naples. il y rencontre un aristocrate polonais, un comte (le « Il conde » du titre original) dans un hôtel dont le comportement fait d’une élégance et d’un raffinement quelque peu surannés l’intrigue. Il s’absente dix jours sans cesser de penser à ce personnage d’un autre temps, puis revient et constate que le Comte a changé : ce n’est plus le même homme. Que s’est-il passé ? Il lui «est arrivé une aventure excessivement, excessivement – comment dire ? – désagréable.» ( p.22). C’est le récit du trouble causé par cette aventure qui ne laisse pas l’auteur indifférent que Joseph Conrad publiera en 1908. Les faits réels en eux-mêmes ont moins d’importance que leurs incidences.

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La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres

Mise au point de l’Académie française

feminisation_des_nomsUn incident récent opposant à l’Assemblée nationale un député à la « présidente de séance » a attiré l’attention du public sur la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres. L’Académie française, fidèle à la mission que lui assignent ses statuts depuis 1635, tient à rappeler les règles qui s’imposent dans notre langue pour la formation et l’emploi de ces termes :

1. L’Académie française n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions, qui découle de l’usage même : c’est ainsi qu’elle a fait accueil dans la 8e édition de son Dictionnaire (1935) à artisane et à postière, à aviatrice et à pharmacienne, à avocate, bûcheronne, factrice, compositrice, éditrice et exploratrice. Dans la 9e édition, en cours de publication, figurent par dizaines des formes féminines correspondant à des noms de métiers. Ces mots sont entrés naturellement dans l’usage, sans qu’ils aient été prescrits par décret : l’Académie les a enregistrés pourvu qu’ils soient de formation correcte et que leur emploi se soit imposé.

Mais, conformément à sa mission, défendant l’esprit de la langue et les règles qui président à l’enrichissement du vocabulaire, elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc.,

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En hommage à Marc Mavouzi !

Mercredi 15 octobre à 18h à la Maison des Syndicats.

marc_mavouzi-1Le 28 septembre notre camarade et ami s’en est allé…

Au militant qu’il fut, au travailleur engagé au service des plus humbles, à l’ami si plein de tendresse, d’humour, de courage et de sensibilité et d’espièglerie, nous souhaitons rendre hommage comme il le mérite…

Au nom de tous les combats que nous avons menés ensemble… Des défaites et des victoires partagées… Des fous rires et des larmes conjugués… De l’espérance rebelle en des lendemains plus doux et plus lumineux…

Vous êtes invités à partager ce moment avec nous, à travers votre simple présence, un témoignage, une offrande artistique, une anecdote de la manière simple et sans chichis qui était celle de Marc Mavouzi…

 

CDMT – GRS – Les amies, amis, camarades, proches de Marc.

En mémoire de Marc Mavouzi

— Par Philippe Pierre-Charles —

Pourquoi cette affluence aux cérémonies d’adieu à Marc Mavouzi ? Il n’était la vedette de rien, l’élu politique d’aucune collectivité, le grand directeur ou PDG de quoi que ce soit. Sa grande (et vaillante) famille ne suffit pas à expliquer cette foule émue.

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Défaite de la pensée en Israël.

— Par Jacky Dahomay —

choixAlors que les faits sont là, dans leur aveuglante nudité (Plus de mille personnes tuées à Gaza, notamment des femmes et des enfants, contre une cinquantaine de morts chez les Israéliens, essentiellement des militaires), les dirigeants de l’Etat d’Israël continuent de maintenir leur même argumentation : la faute en incombe au Hamas qui se sert des civils comme boucliers. Cet argument est repris par Roger Cukierman, président du CRIF, dans un article publié dans Le Monde du 22 juillet. S’il n’y a pas, selon lui, plus de morts du côté israélien, c’est qu’Israël protège sa population quand le Hamas utilise les civils palestiniens comme bouclier. Finkielkraut, dans une interview accordée au Figaro, déclare : « Si la civilisation de l’image n’était pas en train de détruire l’intelligence de la guerre, personne ne soutiendrait que les bombardements israéliens visent les civils (…) les souterrains de Gaza auraient dû être faits pour eux (les civils de Gaza) ».
Ces arguments peuvent avoir une certaine portée surtout lorsque le Hamas et plus largement les politiques palestiniens comme les dirigeants des pays arabes d’ailleurs, souvent travaillés par des extrémismes de toutes sortes, ne provoquent pas en nous de l’enthousiasme politique.

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ElokAnS de LaRose : n°56 Aktialité – parution du 2 septembre 2013

— Par Véronique LaRose —

elokans-360Ce 56ème numéro clôture l’aventure d’ELOKANS.

Cette newsletter aura été rédigée bénévolement de novembre 2006 à novembre 2008, puis d’octobre 2010 à septembre 2013. Avec ce support, j’ai tenté de relayer des informations socio-culturelles liées à l’Outre mer, particulièrement de la Caraïbe et de l’Océan indien.

J’espère qu’ELOKANS aura participé à la diffusion d’initiatives légitimes, portées par des personnes de

convictions. Je souhaite que ces actions continuent à être transmises via des vecteurs de communication décidés à soutenir cette émergence kréyol.

Je remercie ceux qui ont permis à ELOKANS d’exister par leurs encouragements, leur bienveillance. Véronique Larose – espwa@hotmail.fr

ASSOCIATIONS – INITIATIVES

L’association MEMOIRE D’OUTRE MER à NANTES propose un programme dense –contacts : 89 Quai de la Fosse 44100 NANTES – tél 02 40 71 76 57 / 02 40 69 07 50 –memoire@outremer44.org

memoireoutremer@wanadoo.fr Programme complet en ligne : http://www.outremer44.com

samedi 7 et dimanche 8 septembre : MEMOIRE D’OUTRE MER tiendra un stand sur le Festival « La Folie des Plantes »
vendredi 13 septembre à 19h : vernissage de l’exposition « Paroles en voyage » de Lahcen OUJDDI
vendredi 20 septembre à 20h : rencontre littéraire avec Louis-Philippe Dalembert
samedi 21 septembre de 15h à 16h30 : atelier de découverte et d’initiation à la calligraphie animé par Lahcen OUJDDI

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ElokAnS n°55 : Aktialité -parution du 5 août 2013

elokans-360ASSOCIATIONS – INITIATIVES

L’association MEMOIRE D’OUTRE MER à NANTES
propose un programme dense –
contacts
89 Quai de la Fosse 44100 NANTES – tél 02 40 71
76 57 / 02 40 69 07 50 –
memoire@outremer44.org
memoireoutremer@wanadoo.fr


Programme complet en ligne :
http://www.outremer44.com

fermeture jusqu’au 19 août
du 30 août au 1erseptembre : tenue d’un stand au 27ème Festival « les Rendez-vous de l’ERDRE »présentation :« un rassemblement entre le patrimoine maritime fluvial et les expressions du jazzrégional, national, international. Tout en déambulant parmi les villages associatifs e tculturels. » Informations : http://www.rendezvouserdre.com

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« Le papillon et la lumière » de Patrick Chamoiseau

 iLivres : le coup de cœur de la semaine de Christian Séranot

 papillon_&_lumierePatrick Chamoiseau

 (Philippe Rey, 109 pages, broché, 14,25€

 Gallimard, Poche, à partir du 02/06/13/, 4,56 €)

 Veritatis splendor ! Di fé pwi !1 Patrick Chamoiseau est de toutes les époques et de tous les âges. Sa parole est d’or et de boue, celle d’un écrivain génétiquement constitué par toutes les dimensions de son être en son histoire, qu’il sait rendre au centuple. Elle court les marigots, les échoppes bricolées des puissants, les ciels d’azur ou d’orages, les mythes revisités, les légendes apprises, les parlers écoutés et fait donner la foudre, ce raccourci de l’éclair. Elle conte aussi, dit l’éloge, clame l’indignité, s’insurge et caresse. Revendique la relation, tend au diversel. Poétique, elle se dérobe à ce qui enclot. L’Histoire est passée par là, dont elle se fait l’écho depuis plus de trente livres publiés. Celle de tous les esclavages, des insurrections, des pays dominés, mais pas seulement. Celle de la nature du monde dont elle dit la créolité et défend les richesses menacées. Tous ces écrits font œuvre.

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Nos responsabilités face à ces monstres chimiques de nos pays devenus

— Par Jacky Dahomay —

Nous profitons de ce premier mai 2013 pour rédiger cette réflexion que nous livrons au débat.  Le grave problème que nous posons est celui-ci : comment nous, Antillais, avons-nous pu laisser ainsi se produire une telle catastrophe écologique et sanitaire sur des territoires légués par nos aïeux ? Les pratiques culturales à base de pesticides, notamment dans la banane, mais pas  seulement, ont donné la  situation dramatique d’aujourd’hui. Qui en est responsable ?

Les pêcheurs accusent l’Etat, et ils ont raison. L’Etat  savait que la chlordécone  était  un produit dangereux qui se mélangeait à d’autres produits nocifs déjà utilisés auparavant. Comment expliquer qu’il ait pu autoriser l’usage de ce produit  alors qu’il l’avait interdit, même tardivement,  sur le territoire français ? Il est clair que cela présuppose de la part de l’Etat une vision des peuples d’Outre-mer.

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Un bilan de la création contemporaine en Guyane

— Par Selim Lander —

Une exposition consacrée à l’art contemporain guyanais est installée jusqu’au 12 mai sur les cimaises de la Fondation Clément en Martinique. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le lieu vaut à lui seul la visite. L’habitation Clément est sans doute le plus bel exemple de l’architecture coloniale martiniquaise. La maison des maîtres, parfaitement entretenue, est montrée dans son jus, avec les salles de réception au rez-de-chaussée et les chambres à l’étage. Des dîners sont encore parfois servis dans la salle-à-manger. Ce fut en particulier le cas lorsque le président Mitterrand et le président Bush (père) décidèrent de se retrouver en Martinique. Les communs (cuisine, …) situés conformément à la tradition dans des bâtiments à part, sont également ouvert à la visite.

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Le rôle des Jésuites dans les débuts des « bagnes » coloniaux de Guyane

  — par Danielle Donet-Vincent —

L’Ancien Régime avait ponctuellement eu recours à l’exil afin de débarrasser le territoire d’individus jugés encombrants : condamnés de droit commun, opposants politiques, prostituées avaient ainsi été mis à la disposition d’entrepreneurs chargés de développer certains territoires coloniaux français ; ils avaient été dirigés essentiellement vers le Canada et la Louisiane. La première de nos Républiques inscrivit ce processus dans l’arsenal législatif ; elle envoya en Guyane ses contingents d’indésirables, parmi lesquels les prêtres réfractaires. Le taux de mortalité fut dramatiquement élevé. Supprimée en 1801, la déportation fut rétablie par le code pénal de 1810. Faute de destination établie, la peine a été commuée en détention en forteresse en 1815. Le premier Empire puis les Restaurations étudièrent longuement le moyen de reprendre le processus interrompu pour des raisons essentiellement politiques. En 1816, un Comité fut mis sur pied afin de trouver une solution à cette situation ; il étudia avec attention les mesures prises par les Anglais en Australie. Dès cette époque, la Guyane est pressentie pour recevoir les exilés. L’Angleterre donnait un exemple magistral avec sa colonie pénale d’Australie, et la Deuxième République, déjà en marche vers le Second Empire, s’en inspira pour instaurer ce que nous appelons improprement les « bagnes » coloniaux.

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Alain Garcès Un maître du feu

par Kélian Deriau —

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 Pour la dernière exposition de ses tableaux de pyrogravure, présentée au Calebasse café au Marin, Alain Garcés a confirmé que la pyrogravure empreinte du feu sur le bois, procédé millénaire, art brut de l’humanité, suscite louanges et sarcasmes. Mais les sommités en ce domaine a travers le monde, inconditionnelles de René Spetz, François Peeters, Emile Duc, François Prudhomme, considèrent toujours ces artistes comme d’authentiques géants d’un art de notre temps. Les pyrogravures originales, n’échappent pas aux collectionneurs d’œuvres d’art, ni aux yeux des connaisseurs du bel art. Ils voient d’un œil plutôt heureux le travail de nouveaux talents qui s’imposent sans conteste, dans l’univers des arts et de la culture. En outre, bien des collectionneurs branchés ou des amateurs chineurs avérés, achètent de la pyrogravure par simple précaution : Ils craignent de rater le train de la modernité. Cette situation du marché de l’art avec une approche précieuse et presque ridicule , pour tout ce qui ne s’affiche pas tout de go dans les galeries, loin de voiler , voire de stigmatiser la pyrogravure, génère et entretient le mystère d’avant les jours fastes.

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« Sizwe Banzi est mort » d’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona

— par Laurence Aurry —

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Peter Brook

 Les 14 et 15 mai derniers, le CMAC nous a permis de découvrir, dans la salle Frantz Fanon de l’Atrium, Sizwe Banzi est mort, une pièce d’Afrique du Sud qui nous introduit dans l’univers des townships de l’apartheid. On s’attend avec un sujet grave comme celui-ci à une pièce sombre et tragique. Au lieu de quoi, sans effacer la réalité avec ses injustices, ses brimades, une surexploitation des ouvriers noirs et une sous rémunération, l’absence des libertés et un contrôle permanent de tout et de tous, les auteurs traitent avec beaucoup de tendresse et de dérision la situation délicate de leurs personnages. Sizwe Banzi qui est fiché par la police parce qu’il a eu la malchance de se trouver au mauvais endroit lors d’une descente de la police ne peut plus trouver de travail décent pour nourrir sa femme et ses quatre enfants. Il sera obligé d’usurper l’identité d’un mort pour pouvoir continuer à exister. Bien sûr, cela ne se fera pas sans problème de conscience pour ce pauvre Sizwe. Mais Buntu qui l’a recueilli arrive à le convaincre et lui redonne goût à la vie.

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Les Martiniquaises à travers les âges

Compte-rendu par Michel Herland

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Femmes de la Martinique : quelle histoire ? Archives départementales, Fort-de-France, 2009, 98 p., 14 €. Alexandre Cadet-Petit, La Femme – un roman de plus de 69 pages, Desnel, Fort-de-France, 2008, 287 p., 20 €.

La femme est-elle vraiment l’avenir de l’homme ? La confrontation des deux ouvrages consacrés récemment à la femme martiniquaise ne permet pas d’aboutir là-dessus à une réponse bien tranchée.

Modestement présenté comme un « dossier pédagogique », le livret publié à l’initiative du service éducatif des Archives départementales rassemble et commente de nombreux documents écrits, accompagnés d’une riche iconographie. Il en ressort un panorama très varié qui commence par les Indiennes caraïbes portraiturées par le père Labat (« plus petites que les hommes, assez bien faites et grasses, elles ont les yeux et les cheveux noirs, le tour du visage rond, la bouche petite, les dents fort blanches, l’air plus gai, plus ouvert et plus riant que les hommes ; avec tout cela elles sont réservées et fort modestes… ») ; puis les esclaves, « amarreuses » ou servantes-maîtresses (c’est selon), bien différentes des blanches créoles si « indolentes » ; les « schœlchéristes », après 1848, qui prêchaient « l’ordre et le travail », tout en s’efforçant de pratiquer elles-mêmes « l’amour de dieu et des choses honnêtes » ; les charbonnières, un peu plus tard, qui ont créé le premier syndicat martiniquais ; les maîtresses d’école et leurs jeunes élèves ; les militantes de la négritude avant la dernière guerre ; jusqu’à l’actuelle présidente de l’Union des femmes de la Martinique.

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L’aventure ambiguë d’une certaine Créolité

— par  Rafael Lucas —

« La boulimie de reconnaissance littéraire a transformé les majors créoles en apprentis sorciers, ou en apprentis quimboiseurs. Et c’est dommage. On peut regretter que les réels talents littéraires des écrivains créolistes aient été pervertis par les liaisons dangereuses avec l’idéologie. »


Le mouvement de la Créolité, popularisé en France métropolitaine par un manifeste de trois auteurs martiniquais publié en 1989 (Éloge de la Créolité) (1) et par un large succès éditorial, prétend redéfinir l’identité créole et codifier une nouvelle démarche littéraire. Or, qu’il s’agisse du contenu du manifeste ou de la stratégie pratiquée, il est facile d’observer chez les défenseurs de ce courant un ensemble confus de contradictions et de simplifications, qui est dû à au moins trois facteurs : l’obsession de la reconnaissance littéraire de la métropole française dont ils dénoncent la politique d’assimilation coloniale, l’attitude totalitaire parfaitement visible derrière le discours culturel, et une manipulation hâtive du concept de métissage, phénomène dont les Antilles représenteraient le modèle idéal… Notre propos ici n’est pas de mettre en question l’énorme travail de création et de novation de ce mouvement, mais de montrer comment la créativité des écrivains et l’élaboration de leurs œuvres ont été perverties par les diktats idéologiques et par un certain galimatias, ou « manger-cochon », théorique.

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Une tête qui ne revient pas

Un entretien de A. Jacquard et J-B Pontalis

 

Albert Jacquard – Pour moi c’était évident, au moment où nous préparions le premier numéro du Genre humain, il fallait le consacrer à La science face au racisme. On y admettait, a priori, que le racisme est une tare. A l’époque, il me semblait clair que, pour lutter contre le racisme, comme contre n’importe quoi, contre le diable en général, la meilleure arme, c’est la science. Pourquoi? Parce que la science est ce merveilleux effort de l’homme pour se mettre en accord avec l’univers, pour voir clair en lui, pour être cohérent, rigoureux, lucide… Et puis, grâce à la biologie, on apportait avec le constat de l’impossibilité d’une définition de races humaines, un argument décisif. C’était sans doute prétentieux. En fait, grâce à la biologie, moi le généticien, je croyais permettre aux gens de voir plus clair en leur disant: «Une race, vous en parlez, mais de quoi s’agit-il?» Et je leur montrais qu’on ne peut pas la définir sans arbitraire ni sans ambiguïté. Cette démarche s’apparente aux théorèmes les plus fondamentaux, ceux qui démontrent qu’une question est mal posée, que telle affirmation est indécidable.

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La bicyclette créole ou la voiture française


Un entretien avec l’écrivain antillais Raphaël Confiant, qui définit son paradoxe de romancier : vouloir faire vivre une langue et en écrire une autre

confiant_raphL’  » extrême Europe « , c’est aussi, pour la littérature française, ce qui vient d’autres horizons et, en particulier, des romanciers antillais. Depuis quelques années, deux noms se sont imposés en France, originaires de Martinique : ceux de Patrick Chamoiseau et de Raphaël Confiant, qui, outre leurs romans respectifs, ont signé ensemble deux essais sur la créolité (1). Raphaël Confiant, auteur de cinq romans en langue créole et de deux autres en français, dont Eau de café (2), paru l’an dernier, a bien voulu nous accorder un entretien lors de son passage à Paris, avant son intervention au Carrefour des littératures européennes.


René de Ceccatty : Pourquoi avez-vous commencé par publier en créole ?

Raphaël Confiant :_ Les créoles, en général, ont un rapport traumatique avec la langue française. Nous sommes des descendants de personnes qui ont été privées de leurs langues originelles (africaines) et qui ont été sommées d’inventer une nouvelle langue dans l’enfer esclavagiste.

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« Fin de partie » de Samuel Beckett . Mise en scène de Alain Timar.

Fin de partie*... l'auto-analyse continue

— Par Roland Sabra —

1934, Samuel Beckett entame à la Tavistok Clinic de Londres, une analyse avec Wilfed Ruprecht Bion qui deviendra célèbre un peu plus tard pour son travail sur les petits groupes. L’année suivante Beckett déserte le divan et décide de poursuivre son analyse à travers ses œuvres dont l’adresse sera dés lors la place vide du fauteuil, éludant par là-même le travail d’interprétation réducteur, forcément réducteur.  « Je n’ai rien à dire, mais je veux simplement dire jusqu’à quel point je n’ai rien à dire » déclare Beckett à Roger Blin. Telle est la thèse alléchante et brillamment soutenue par Didier Anzieu dans son « Beckett ». Et en effet, dans les textes de Beckett, «  ça » parle, le « ça » cause. Bien avant Lacan, Beckett avait posé que l’homme est « être de langage » et qu’il naît dans un monde ou préexiste « lalangue » (en un seul mot).

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Fonctions et enjeux de la parole dans Texaco (Patrick Chamoiseau)

 

— Par Luce Czyba —

 

Résumé

 

C’est de mémoire collective et d’affirmation, par l’écriture littéraire, d’une créolité qui n’est pas que langage mais promeut une esthétique, que procède le projet de Texaco. La présentation par L. Czyba du roman et de la perspective dans laquelle il s’inscrit privilégie la dialectique de l’écriture et de la parole. Le « marqueur de paroles », relais et témoin de la narratrice principale qui le nomme « oiseau de Cham », accomplit en quelque sorte le rêve d’« oraliture » de son auteur Chamoiseau.

 

Texte intégral

 

Dans l’Éloge de la créolité1, Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant se proclament créoles, ce qui, pour eux, ne signifie pas seulement être né et avoir été élevé aux Amériques, sans en être originaire comme les Amérindiens, mais surtout être « en quête », et souvent de façon douloureuse, « d’une pensée plus fertile, d’une expression plus juste et d’une esthétique plus vraie ». Ils refusent en effet de continuer à voir le monde à travers le filtre des valeurs occidentales, à se percevoir eux-mêmes « exotisés » par la vision française qu’ils ont dû adopter, autrement dit à se regarder eux-mêmes avec le regard de l’Autre.

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