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« 360°, Passeport Caraïbe »

Pratiques artistiques émergentes dans une Caraïbe qui s’inscrit dans la contemporanéité.

— Par Scarlett JESUS * —

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On peut se positionner en défenseur des cultures traditionnelles menacées de disparition.
Parallèlement, on peut, avec autant de conviction, s’engager dans la promotion de créations artistiques contemporaines, délibérément en rupture avec une culture perçue comme étrangère.
Dans les deux cas, ne s’agit-il pas de promouvoir sur le devant de la scène des pratiques témoignant de l’inventivité de catégories sociales marginalisées dont elles expriment les modes de vie et façons de penser ?
Ainsi, les « arts de la rue », en banlieue comme dans les quartiers défavorisés de Guadeloupe, permettent à des jeunes, en rupture  avec une société dans laquelle ils ne se reconnaissent pas, de s’exprimer à travers le hip-hop, la break danse ou encore le slam.
Une façon pour eux de tout chambouler en faisant leur « cirque ».
L’association guadeloupéenne Métis’Gwa collabore avec le Plus petit cirque du monde pour faire se rencontrer dix jeunes artistes, issus d’horizons divers de la Caraïbe, à l’occasion d’un projet en deux volets : un spectacle, en avril, à L’Artchipel, et divers interventions dans des lieux improbables tels que des maisons de quartiers, cours d’immeubles ou rues.

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Recherches en Esthétique n° 20 : « Créations insulaires »

Présentation par Scarlett Jesus

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Je remercie Dominique Berthet de la confiance qu’il me témoigne en me sollicitant, pour la seconde fois, afin de présenter, aujourd’hui, le n° 20 de la revue du CEREAP Recherches en esthétique, consacrée aux « créations insulaires ».
Cette présentation ne s’adresse aujourd’hui ni à un public universitaire, ni à des étudiants. Mais à un public d’amateurs d’art éclairés ou désireux de l’être.
Il ne s’agira pas néanmoins d’un simple compte-rendu journalistique, présentant objectivement les éléments les plus significatifs de cette revue. Mon intention est de vous donner envie de lire cette revue en suggérant le plaisir qui vous attend, sans en déflorer la découverte. Et pour ce faire, je vous dévoilerai ma propre démarche de lecture, démarche qui est le fruit de ce que je suis. Ni une artiste, ni une historienne d’art, mais une critique d’art. Ayant moi-même collaboré à ce numéro ma lecture était précédée d’attentes particulières. Consciente de la part de subjectivité que j’introduirai de la sorte dans ma présentation, j’en assume pleinement la responsabilité.
Révéler son processus de lecture ne constitue-t-il pas un acte impudique ?

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« Le Galet bleu », Une histoire d’aujourd’hui pour des enfants d’Outremer.

—Par Scarlett Jésus —

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Après « Les longues nattes de Poética », sorti fin 2013, les éditions Jasor, en Guadeloupe, viennent de publier un nouvel album de jeunesse, « Le Galet Bleu ». Un livre précieux à feuilleter et raconter aux petits enfants sans modération.

L’ouvrage, qui a d’ailleurs été primé pour la seconde édition du concours « Livre jeunesse en Caraïbe » organisé par le Conseil Général de Guadeloupe, a été réalisé par Laure Cuirassier, pour le texte, et par Viva Cuirassier, sa fille, pour les illustrations. Une maman et sa fille… comme dans l’histoire à découvrir.

Cartonné le livre adopte le format paysage. Son titre, « Le Galet bleu », inscrit en lettres d’or, nous invite à une plongée dans l’univers merveilleux des « contes bleus ». Au Petit Chaperon rouge et à sa galette, l’auteur oppose malicieusement l’histoire d’une fillette et de son galet. Un Gros Chien Méchant remplace le Grand Méchant Loup. Une histoire destinée à aider les enfants à surmonter certaines peurs bleues… Une histoire pour frissonner et pour rêver.

Formes et couleurs :

Les éléments figuratifs de cette couverture, stylisés et aux tonalités chaudes, nous introduisent dans le même temps dans un monde de formes et de couleurs.

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Michel Rovelas, élu artiste de l’année 2014 par Gens de la Caraïbe

— par Scarlett JESUS, critique d’art, membre de l’Aica Caraïbe du Sud—

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Exposition à L’ARTCHIPEL de Basse-Terre, du 15 juin au 6 juillet 2013.(*)

« Un peuple qui ne sait plus interpréter ses propres signes, ses propres
mythes, ses propres symboles, devient étranger à lui-même, perd foi en son destin. »
Jean-Marie Adiaffi, La Carte d’identité, Hatier, Paris, 1980.
Michel Rovelas expose, avec la régularité qu’il s’est lui-même imposée, tous les deux ans.
Sa dernière exposition remonte donc à 2013 et il nous faudra patienter une année de plus pour la prochaine, qui ne manquera pas de nous étonner, comme ce fut le cas pour celle-ci. Et comme l’étaient les précédentes.
« Les anciens toujours existant et bien vivants »… Nous comprenons sans mal que la formule s’applique aux ancêtres des Guadeloupéens, esclaves. Toutefois ce titre ne pourrait-il tout autant s’appliquer à l’artiste lui-même ?
Non pas que les Guadeloupéens oublient Michel Rovelas, toujours sollicité par de jeunes artistes avides de conseils, et attendu par un public d’amateurs d’art qui lui est fidèle. Mais parce que, bien vivant, il continue à être très présent sur la scène artistique où se bouscule la jeune génération, produisant des œuvres à la fois novatrices et cohérentes avec ce qu’a toujours été sa démarche d’artiste, des œuvres qui se situent au-delà des modes.

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Myriam et Marlène, deux drôles d’oiseaux, à L’Artchipel et au Moule, en Guadeloupe,

Principe de précaution rime avec ... action

— par Scarlett JESUS, critique d’art.—

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Photo Fred Lagnau

 

Face à une menace grave pesant sur la santé et l’environnement, et  sans même attendre d’avoir toutes les données scientifiques,  le « principe de précaution »,  exprimé à Rio en 1992, est une incitation à réagir dans l’urgence.
Pour nous en convaincre, deux danseuses ont fait le choix de s’engager physiquement dans un corps à corps avec le sujet. Quitte à y laisser quelques plumes… à terre. Et, sachant que le rire est le meilleur remède pour exorciser nos peurs, elles vont donner à leur  performance un ton décalé, parfaitement ajusté avec leur propos discordant, le burlesque.
Myriam Soulanges, lauréate 2010 du Concours des jeunes chorégraphes « Danse arc-en-ciel », est guadeloupéenne et vient de la culture hip-hop. Marlène Myrtil est martiniquaise et a été formée à la danse contemporaine. Inséparables, elles constituent un duo qui n’est pas sans évoquer, sur le mode féminin, un couple bien connu du cinéma burlesque, Laurel et Hardy. L’une est grande et brune, tandis que l’autre est petite et « chabine dorée », leur deux visages impassibles affichant la même physionomie « ababa ».

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Henri TAULIAUT investit la galerie Arsenec

—Extraits du texte de Scarlett JESUS, critique d’art. —

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« Ce qui fait événement se situe du côté de la visite et non de la représentation : l’événement est interne à la réception et non à la forme même de la production ». Jean DUVALLON, L’Exposition à l’oeuvre, l’Harmattan, 1999.
Ceci n’est pas vraiment une exposition.
Henri TAULIAUT décide d’aménager l’espace, de le reconstruire pour rendre compte de son univers intérieur, mais aussi de son époque. D’emblée s’impose, avec le nécessaire déplacement du public, la notion de mouvement. Dans un espace théâtralisé le public va se voir mis en scène. Il devra effectuer un parcours le conduisant à la Parade amoureuse. Une Carte du Tendre contemporaine en quelque sorte, c’est-à-dire un parcours initiatique conduisant à l’accouplement, selon une scénographie qui se confond avec un rituel d’approche. La dramaturgie plastique ne peut alors échapper à un déroulement en trois actes, correspondant aux trois étapes successives de la conquête amoureuse : l’approche, la rencontre et la jouissance dans laquelle plaisir sensuel et esthétique se confondent.
Le post-modernisme.
Un siècle avant Henri TAULIAUT, PICABIA avait déjà intitulé une de ses toiles « Parade amoureuse ».

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« Imposantes ou Inquiétantes légèretés »

« revivance » des matériaux, EXPOSITION du 15 au 30 novembre 2013
Fort « Fleur d’Epée », GOSIER.

— Par Scarlett Jésus, critique d’art —
revivancePetites mains et des idées à revendre, elles sont quatre « ripppeuses » –Félie Line Lucol la présidente, Laurence Roussas, Ruti Russelli et Christelle Urgin- qui collectent, assemblent et détournent des matériaux au rebut. Au sein d’un collectif : Rip Art.
Mais pourquoi avoir choisi comme titre de leur exposition, « Imposantes légèretés » ?
Une exposition superbe, ludique, drôle au premier abord. A voir absolument. Et à revoir au besoin. De préférence à la tombée du jour. Parce que ce moment est propice à la perception de  cet entre-deux, entre clarté et obscurité, où se niche l’hésitation entre ce qui apparaît comme réel, et ce qui relève de l’imagination. L’exposition devient alors plus « trouble », plus troublante.

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Nou Touttt Fou

—Par Scarlett JESUS, critique d’art—
nou_touttt_fouExposition de Peintures et Film
Christian SABAS et l’Atelier du non faire
Mardi 15 octobre, 19 à 21h, et jusqu’au 22 octobre. Médiathèque du GOSIER

« Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir, en fait, de l’enfer ».
Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société, 1956

Est-ce le fait de vivre en contact avec la folie qui a fait de Christian Sabas un révolté ?
A moins que le fou ne soit que le nom donné par la société à celui qui en refuse les codes ?
Et si les fous, c’étaient nous. Nous qui nous croyons sages, refusant d’admettre que nos certitudes ne sont qu’illusions trompeuses.
Dans une annexe de l’hôpital Maison Blanche, Pavillon 53, Christian Sabas tournant le dos aux soins psychiatriques traditionnels, ouvrit un atelier artistique destiné aux personnes en souffrance.  C’était en 1983.

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« Adagio pour la Da » de Jean Samuel Sahaï

adagio_pou_la_da* Plus qu’un récit et un devoir de mémoire, c’est un éveil à la conscience. Jean S. Sahaï forge la chaîne d’union fraternelle caribéenne et invite chaque maillon à s’insérer, pour autant qu’il se reconnaisse. Avec la retenue, la profondeur et la liberté d’esprit dûs à sa culture spirituelle, il nous pousse vers nous-mêmes, sur des pages qu’il a pris le temps d’écrire, pour nous, avec nous. C’est un cadeau rare, chez nos écrivains ou romanciers… Un « monument » pour ceux qui sont issus de Kala-Pani. – Rosine Maroudy, Cadre commercial IATA du transport aérien en Guyane Française.

* Pourquoi Henri Sidambarom n’est-il pas mentionné dans l’histoire de la Guadeloupe, ni honoré comme Victor Schœlcher dont un musée porte le nom à Pointe-à-Pitre ? Jean S. Sahaï confronte le regard porté sur les Indiens des îles avec les propos d’Aimé Césaire et tout ce que le poète de la Négritude doit au giron de sa Da tamoule. – Scarlett Jésus, Critique d’art, inspectrice honoraire de l’Education Nationale.

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L’Enigme du silence : Béatrice CLERC, peintre de la Figuration poétique

par Scarlett JESUS, critique d’art.—

 beatrice_clerc« Là où tu n’arrives plus à t’exprimer avec la langue commence la peinture. Quand tu peins tu chasses les mots et les concepts. Une fois la peinture achevée, tu l’accroches et tu la regardes longuement. Quand tu en es satisfait tu lui donnes un titre. »

Gao XINGJIAN. Pour une autre esthétique

L’ensemble de toiles réalisées par Béatrice CLERC entre 2009-2011 a de fortes chances de dérouter le spectateur par le caractère insolite d’une démarche plastique apparemment très éloignée des préoccupations et productions contemporaines guadeloupéennes. Chercher la singularité d’un artiste impose au critique de procéder par empathie. Il se doit, pour s’approcher au plus près de l’univers personnel d’un peintre, de chercher à identifier et comprendre la « langue » de l’autre.

  « Trouver une langue » pour exprimer ce que les mots ne peuvent dire, l’indicible, fut la préoccupation majeure de RIMBAUD. Le poète qui se voulait « voyant » tenta d’inventer, avec « Voyelles », un système de correspondances entre les sons et les couleurs.  Le travail plastique de Béatrice CLERC relève d’une démarche similaire, si ce n’est qu’il s’agit plutôt de rendre compte de ses sensations et émotions par des couleurs.

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Recherches en Esthétique n° 18 : « Transgression(s) »

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— Par Sentier—

Chaque numéro de Recherches en Esthétique est une petite victoire dans cette guerre qui n’en finira jamais contre le silence et l’étroitesse de vue, contre la haine de la création, contre la bureaucratie neutralisante. D’ailleurs, le combat continue et le prochain numéro est en préparation. Malgré ses dehors sérieux, avec sa mise en page assez classique, Recherches en Esthétique est en résistance, en transgression des règles qui veulent que ce genre de publication expérimentale et en fait marginale, n’ait pas une durée de vie trop longue, puisqu’elle approche bientôt de ses vingt ans. Aujourd’hui, à l’heure de l’accélération généralisée des modes de vie et des échanges, ce qui ne nous empêche pas de trouver que nous n’avons jamais assez de temps, au moment où il est de bon ton de passer frénétiquement d’un projet à l’autre, d’accumuler les réalisations en prenant le risque de la superficialité, il paraît vieux jeu d’être ainsi constant dans une pratique de longue haleine. Car je comprends que ce qui se passe avec Recherches en Esthétique, dans cette création, c’est une contribution rare, à partir de toutes ces pistes accumulées tout au long de ces années, à ce qu’on pourrait appeler une poïétique de la résistance, promesse de refondations et d’ouvertures.

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Manifeste pour un Art Achipélagique

Une exposition collective qui s’est déroulée du 12 au 23 avril 2013 à l’occasion du Terra Festival.
— par Scarlett Jesus, critique d’art —

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Le Terra Festival est un festival cinématographique consacré aux interactions que l’homme entretient avec son milieu naturel. Ce festival qui se déroule chaque année depuis dix ans en Guadeloupe évoque les nombreuses menaces qui planent sur notre planète, la Terre. Mais il renvoie également à une Terra particulière. A un espace géographique discontinu, fragmenté mais néanmoins en réseau, un espace dont la Guadeloupe fait partie et qui se compose d’un ensemble d’îles. A travers la diversité des langues et des cultures de chacune de ces îles peut se lire, en raison d’une histoire qui leur fut commune, l’appartenance à une même famille, la Caraïbe. Un espace de terres émergées, délimitées par la mer, qui s’oppose à d’autres terres, continentales. Ces territoires, isolés et longtemps sans rapports directs les uns avec les autres, sont restés longtemps un espace flottant dans l’imaginaire de populations qui, en raison des origines de leurs ancêtres, se sont tournés plus spontanément vers l’Europe l’Afrique, ou même l’Asie que vers leurs voisins immédiats.

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Frankito, lauréat du Prix Carbet des Lycéens 2013

— Par Scarlett JESUS, critique d’art —

« L’homme pas Dieu » ou l’homme qui se prenait pour un marron.

 « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».

Gandhi.

 

« De l’assassinat d’un animal à celui d’un homme, il n’y a qu’un pas ».

Léon Tolstoï.

 

 

 

« L’homme pas Dieu », cette formule qui clôt le roman pourrait parfaitement s’appliquer  à celui qui en est en fait le personnage principal, Albert Gouti. Un héros déchu dont la seule grandeur semble liée au prénom royal qu’il porte et dont l’étymologie germanique évoque tout à la fois la noblesse (adal) et la gloire (behrt). Doté d’un tel prénom, le personnage n’était-il pas appelé à un destin hors du commun, faisant de lui, à l’image d’Albert Schweitzer ou d’Albert Einstein,  un surhomme, un « homme-dieu » ? C’était sans compter la malice de l’auteur, Franck Salin, qui nous indique d’emblée sa volonté de le ramener à une dimension plus ordinaire, en l’affublant d’un patronyme dévalorisant renvoyant à l’animalité, « Gouti », lequel par aphérèse désigne l’agouti, petit rongeur des Antilles.

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Alain JOSÉPHINE en quête de beautés hautières.

(Exposition à la Galerie T§T Jarry, du 2 avril au 16 mai 2012).

— par Scarlett JESUS. —

« C’étaient de très grands vents

sur toutes faces de ce monde

De très grands vents en liesse par le monde

qui n’avaient d’aire ni de gîte […]

C’étaient de très grandes forces de travail ».

SAINT-JOHN PERSE, Vents.

Alain JOSEPHINE est à la fois peintre, musicien et poète. Ses toiles sont bruissantes de luminescences comme celles de TUNER, vibrantes et fluides comme la musique de DEBUSSY, animées d’un souffle épique d’une ampleur qui n’a d’égale que celle de la poésie de SAINT JOHN PERSE. Nous nous trouvons donc en présence d’un artiste qui, refusant la séparation des genres, souscrit aux principes d’Errance et de Relation chères à Edouard GLISSANT. De fait, ses toiles de très grandes dimensions et organisées souvent en diptyques, nous invitent à pénétrer dans un espace en extension, un espace ouvert sur l’Infini ; celui dans lequel l’étincelle créatrice en décrétant « Que la lumière soit ! » donna vie à la matière ; mais celui également d’un univers en construction, en devenir.

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KARIM BLEUS : un artiste haïtien en Guadeloupe.

par Scarlett JESUS, critique d’art—

 

Ou pa konèt Karim BLEUS ?

Karim BLEUS est un jeune artiste haïtien qui vient de passer plus de deux mois en résidence d’artiste à l’ARTOCARPE, centre d’art contemporain du Moule (Guadeloupe), du 18/11/ 2011 au 29/01/ 2012.

Karim porte un patronyme, celui d’une couleur, qui le prédestinait à devenir peintre. Couleur du ciel et de l’eau, le bleu symbolise l’infini, le divin, le spirituel. Il invite au rêve et à l’évasion spirituelle. Voilà bien un déterminisme puissant pour un artiste vivant au pays du vaudou.

Si Karim BLEUS est jeune, il est loin d’être « un bleu » dans le domaine artistique. Le très sérieux quotidien Le Nouvelliste, dont le premier numéro remonte à 1898 et qui est depuis peu dirigé par le ministre de la culture Pierre-Raymond DUMAS, allait même jusqu’à affirmer dans son numéro du 7 septembre 2009 qu’il représente « l’un des sculpteurs les plus importants de la scène artistique contemporaine haïtienne ».

Actuellement âgé de 37 ans, il est né le 25 novembre 1975 à Rivière Froide, section communale de Carrefour, bidonville situé dans les faubourgs du sud de Port-au-Prince.

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« Le Printemps de la fée Cassandre » de Michèle CAZANOVE

par Scarlett JESUS

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Après La Geste noire : La Chanson de Dendera (l’Harmattan, 2009), Michèle Cazanove vient de publier un second roman, Le Printemps de la fée Cassandre, sous-titré « Un printemps haïtien » (Edilivre.com). Dans ce roman, Alice, la narratrice, prend en charge un récit rétrospectif qui s’adresse à sa fille Cassandre. Ce récit relate l’enfance de Cassandre jusqu’à ses quinze ans, le printemps de sa vie, les relations qu’elle entretient avec sa mère, ainsi que l’univers dans lequel elles évoluaient toutes deux à Haïti.

S’agit-il pour autant d’un « récit de vie », renvoyant au genre du roman d’apprentissage, centré sur le cheminement de Cassandre, désigné comme étant le personnage principal ? Le titre semblerait  l’indiquer. Toutefois, le personnage de la Mère, ses sentiments, ses émotions et les propos rapportés (ceux qu’elle a tenus, ou ceux qu’elle s’autorise au moment de l’écriture), occupent le devant de la scène. Ne serait-elle pas en réalité le véritable protagoniste d’un récit qui relate davantage son propre « apprentissage » de la réalité (celle, générale, de la vie, mais aussi celle, sociale, d’Haïti) que celui de sa fille?

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« L’éloge de la rencontre », de Dominique Berthet

par Cécile Bertin-Elisabeth

Cette présentation de l’ouvrage de Dominique Berthet,

André Breton, l’éloge de la rencontre. Antilles, Amérique, Océanie,

été lue lors de la soirée littéraire organisée à l’Habitation Clément, le 12 juin 2008

Cécile BERTIN-ELISABETH

Afin de vous présenter l’ouvrage qui nous réunit ce soir, je me permettrais d’embrayer en posant cette question a priori inattendue et ô combien ardue :

– « Qui suis-je ? »

N’ayez crainte, loin de moi l’idée de vous parler de ma propre personne ou de me lancer dans des débats hautement philosophiques même si la philosophie ne saurait être tout à fait absente sous la plume de Dominique Berthet, Docteur en philosophie et en esthétique.

C’est en fait ainsi, tout simplement ou plutôt aussi difficilement, que débute Nadja, célèbre œuvre de Breton comme chacun sait, publiée en 1928. Cette première interrogation est complétée dans l’incipit de Nadja par une seconde question :

– « Qui je « hante » ? »

Pour essayer de répondre, notamment lorsque cela s’avère malaisé, il est fréquent d’éluder la difficulté en posant une autre question.

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André Breton, L’éloge de la rencontre. Antilles, Amérique, Océanie.

 — Par Yves Bernabé—
Ce texte est la traduction écrite, donc nécessairement infidèle, de la présentation orale faite à la Bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France le 25 mai 2008. Cette présentation du récent ouvrage de Dominique Berthet s’intéresse à la signification de sa structure et aux questions qu’il suggère et qui rendent compte de l’intérêt de sa lecture.

 I. Ce que dit la structure.

 Le titre de l’ouvrage de D. Berthet rappelle dans un premier temps l’ « âme errante » qui fait le cœur de Nadja, et l’on s’attend d’emblée à des développements sur cette thématique. De fait, en reliant très fortement la vie de Breton avec son œuvre, D. Berthet montre que la rencontre et le hasard sont pour le poète un art de vivre et que la vie et l’écriture ont partie liée. Ainsi, dès le premier chapitre, D. Berthet évoque et analyse cette disposition de Breton à la rencontre, cette disponibilité qui permet l’éclosion subite d’instants vrais, et l’éclosion de la Beauté convulsive, en laissant libre cours à l’inconscient. La trouvaille, la rencontre, dit D. Berthet, répondent au désir enfoui.

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