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Daniely Francisque : « Je me considère depuis quelques années comme un metteur en scène « en chantier »

 Daniely Francisque, auteure, metteure en scène, comédienne, danseuse… :

Daniely Francisque, portrait (photo : Carlotta Forsberg)

 Engagée! Dans toutes les acceptions les plus nobles du terme. D’abord dans son métier dont elle explore systématiquement, avec méthode et détermination toutes les palettes, ensuite dans chaque le mode d’expression retenu, sur scène elle impose avec force une présence dont l’évidence n’est pas à questionner. Les arts de la scène sont pour elle les espaces d’une construction identitaire, artistique et culturelle, qu’elle s’approprie avec un professionnalisme, pas si courant en Martinique. Elle a voulu maîtriser les modalités de l’interview qu’elle nous  à accordé et qu’elle considère comme une des dimensions de son métier. Quand elle est interrogée sur son intérêt ou son désintérêt pour ce que tout un chacun connait comme les « auteurs du répertoire », à savoir les Tchékhov, Shakespeare, Brecht, Molière, etc. elle fait semblant de ne pas comprendre la question, quand celle-ci se précise elle cite des auteurs contemporains dont la plupart ont une aura limitée, il faut bien le constater, au champ culturel caribéen. Comme si la recherche identitaire qui la porte était confondue, absorbée par une recherche illusoire des racines ou la quête mythique des origines ( cf.

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Un poète politique : Aimé Césaire

MAGAZINE LITTÉRAIRE n° 34. Mensuel. La littérature et la drogue. Novembre 1969. 59 p.



aime_cesaire-9_300Il est député de la Martinique depuis la Libération, il a été avec Senghor, reconnu comme le plus grand poète noir d’expression française. Comment s’accordent, en lui, la négritude, la poésie et la politique ?


Le Magasine Littéraire. — Quels ont été vos sentiments, quelle a été votre impression quand vous avez quitté la Martinique pour venir terminer, en tant que boursier, vos études à Paris ?

Aimé Césaire. — Je n’ai pas du tout quitté la Martinique avec regret, j’étais très content de partir. Incontestablement, c’était une joie de secouer la poussière de mes sandales sur cette île où j’avais l’impression d’étouffer. Je ne me plaisais pas dans cette société étroite, mesquine ; et, aller en France, c’était pour moi un acte de libération.

— Est-ce qu’alors vous vous sentiez colonisé ?

— C’était confus ; je ne savais pas grand chose de ça. Existentiellement, je me sentais mal à l’aise ; j’étouffais dans cette île, dans cette société qui ne m’apportait rien et dont, très tôt, j’ai mesuré le vide.

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De Césaire à Glissant, état de l’insurrection poétique

  –— Par Hubert Artus —

 Il y a un an, à l’occasion des Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, un manifeste faisait du bruit: « Pour une littérature-monde » [1] contrait le concept un peu colonialiste de « francophonie ». La disparition d’Aimé Césaire nous oblige à un état des lieux de l’insurrection poétique. A commencer par l’indispensable « Mondialité » d’Edouard Glissant.

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« Les mémoires de la faim », par Edouard Glissant

 

« DES IMAGINAIRES NOUVEAUX… »

Le scandale de la faim dans le monde, et de l’irresponsabilité affichée par ceux qui en sont la cause directe, les producteurs mondiaux et leurs systèmes impitoyables de rentabilité, nous oppose la double difficulté du rassemblement des opinions éparses dans l’espace international, et des mémoires des peuples, qui se dissipent rapidement dans les exaspérations de l’actualité.

Ce qu’on a appelé les émeutes de la faim, dans les pays les plus pauvres du monde, émeutes déclenchées par les augmentations brutales des produits de consommation de base, le riz principalement, et dont une des explications les plus scandaleuses, avancée par ces mêmes producteurs, a été que « le marché donne ainsi le signal que la production agricole est insuffisante », explication outrageuse et indigne de l’humanité même la plus basse, nous devons nous avouer, quelques jours à peine après leur explosion, que l’écho s’en dissipe déjà dans les autres torrents de ce qui inlassablement court dans le monde, et que ces émeutes ne sont désormais commentées que dans les pays qui n’ont pas eu (encore) à souffrir de telles famines.

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La Mort du Colibri Madère, de Claude-Michel PRIVAT

—Par Fernand Tiburce FORTUNE

 Roman

L’Harmattan

 

 

  par Fernand Tiburce FORTUNE, écrivain

 Le premier contact avec Claude-Michel Privat eut lieu sur les hauteurs du Carbet, au lieu-dit Morne aux boeufs, chez un ami commun en vacances au Pays, et qui m’avait déjà présenté l’ouvrage dans son appartement parisien. Il est toujours agréable de mettre un visage sur celui qui a été habité par l’écriture, de la première idée à la conclusion d’un livre, de celui qui a été tourmenté par la première page qui n’en finit pas d’aboutir, qui a été désespéré par le stylo qui n’avance plus, alors qu’il y a tant à dire, mais comment ? Car ce jour-là, rien ne va, les mots ne s’emboîtent pas les uns aux autres pour faire apparaître le miracle attendu du lecteur. Il est agréable de rencontrer celui qui a maintenant peur de cette œuvre qui ne lui appartient plus et qui va être l’objet de toutes les attentions favorables, comme défavorables, l’objet de critiques, d’approbation, d’émerveillement. Ou alors qui subira une indifférence courtoise ou agacée.

 Le problème de la première œuvre est celui aussi de l’anonymat.

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Le tambour dans la peau

Une voix, du rythme et beaucoup d’énergie : les ingrédients du bèlè sont simples. Longtemps méprisée, cette musique héritée des esclaves martiniquais reprend vie. Enfin.

Avec son tambour, il fait corps, il le chevauche, un pied à l’air, l’autre chaussé de cuir. Ce talon nu est ­essentiel à son jeu. Il glisse sur la peau de chèvre tendue pour en moduler les sonorités, tandis que les mains tambourinent frénétiquement. Par sa frappe précise, en rafales subites, en syncopes acrobatiques, Félix ­Casérus, 74 ans, un petit air de Paul Meurisse mâtiné de Cary Grant, ­dirige le pas des danseurs qui tournoient et sautillent, jambes écartées, buste en avant. Le bèlè (le « bel air »), revigorant chant au tambour martiniquais hérité du temps de l’esclavage, allie la jubilation des rythmes à la mélancolie des voix éraillées. Une musique qui soigne les plaies de l’âme et donne de l’énergie.

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« Africa solo », mise-en-scène à vau-l’eau de José Exélis

— Par Roland Sabra —

1999, Ernest Pépin, poète et romancier guadeloupéen effectue un « pèlerinage » selon ses propres termes sur la terre d’Afrique. Rencontre envoûtée par les passions africanistes militantes du père de l’auteur, par les rêves de retour au berceau des origines, par les décombres de la négritude assaillis de créolité, espoir giflé d’une unité qui se brise sur le réel d’une altérité irrémédiable et tout aussitôt déniée. Le retour aux Antilles donnera naissance à un recueil de poèmes Africa Solo que Michel Dural a tenté d’adapter pour une mise-en-scène de José Exélis. Sur scène donc il y a Filosof, Ernest Pépin peut-être, qui s’en est allé là-bas en Afrique et qui «… revenu du pays des ancêtres Les mains mouillées par la rosée des retrouvailles Le pas plus riche des récoltes accueillies » déplore gémit, crie à qui veut l’entendre «  Pey la ka foukan, Nou tou ka foukan… » Pour cet autre cahier d’un autre retour au pays génital , il lui fallait partir là-bas. Là-bas, il le fallait. Ne serait-ce que pour se découvrir étranger au pays matriciel : « Pas facile de se parler avec les Africains.

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L’aventure ambiguë d’une certaine Créolité

— par  Rafael Lucas —

« La boulimie de reconnaissance littéraire a transformé les majors créoles en apprentis sorciers, ou en apprentis quimboiseurs. Et c’est dommage. On peut regretter que les réels talents littéraires des écrivains créolistes aient été pervertis par les liaisons dangereuses avec l’idéologie. »


Le mouvement de la Créolité, popularisé en France métropolitaine par un manifeste de trois auteurs martiniquais publié en 1989 (Éloge de la Créolité) (1) et par un large succès éditorial, prétend redéfinir l’identité créole et codifier une nouvelle démarche littéraire. Or, qu’il s’agisse du contenu du manifeste ou de la stratégie pratiquée, il est facile d’observer chez les défenseurs de ce courant un ensemble confus de contradictions et de simplifications, qui est dû à au moins trois facteurs : l’obsession de la reconnaissance littéraire de la métropole française dont ils dénoncent la politique d’assimilation coloniale, l’attitude totalitaire parfaitement visible derrière le discours culturel, et une manipulation hâtive du concept de métissage, phénomène dont les Antilles représenteraient le modèle idéal… Notre propos ici n’est pas de mettre en question l’énorme travail de création et de novation de ce mouvement, mais de montrer comment la créativité des écrivains et l’élaboration de leurs œuvres ont été perverties par les diktats idéologiques et par un certain galimatias, ou « manger-cochon », théorique.

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« Africa solo » : mise-en-scène à vau-l’eau

— Par Roland Sabra

1999, Ernest Pépin, poète et romancier guadeloupéen effectue un « pèlerinage » selon ses propres termes sur la terre d’Afrique. Rencontre envoûtée par les passions africanistes militantes du père de l’auteur, par les rêves de retour au berceau des origines, par les décombres de la négritude assaillis de créolité, espoir giflé d’une unité qui se brise sur le réel d’une altérité irrémédiable et tout aussitôt déniée. Le retour aux Antilles donnera naissance à un recueil de poèmes Africa Solo que Michel Dural a tenté d’adapter pour une mise-en-scène de José Exélis. Sur scène donc il y a Filosof, Ernest Pépin peut-être, qui s’en est allé là-bas en Afrique et qui «… revenu du pays des ancêtres Les mains mouillées par la rosée des retrouvailles Le pas plus riche des récoltes accueillies » déplore gémit, crie à qui veut l’entendre «  Pey la ka foukan, Nou tou ka foukan… » Pour cet autre cahier d’un autre retour au pays génital , il lui fallait partir là-bas. Là-bas, il le fallait. Ne serait-ce que pour se découvrir étranger au pays matriciel : « Pas facile de se parler avec les Africains.

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L’Éthique selon Edgar Morin

 

Edgar Morin, La Méthode 6 – Éthique, Paris : Seuil, 2004.

 par Michel Herland

 

On ne présente pas Edgar Morin, personnalité éminente de l’intelligentsia française, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages parmi lesquels quelques essais sociologiques qui ont fait date (Les Stars, 1957, La Rumeur d’Orléans, 1969) et surtout une somme, La Méthode (1981-2004) dont le projet, fort ambitieux, ne vise pas moins qu’à changer notre regard sur le monde, sans rien dissimuler de sa complexité, grâce à une démarche systémique. En passant, malgré tout, peut-être un peu vite sur l’objection d’ordre épistémologique qui se présente d’emblée : Comment une telle méthode considère-t-elle la distinction qui existe inévitablement entre l’objet réel, éminemment complexe en effet, et l’objet de la connaissance, le « modèle », nécessairement simplificateur (1) ?  La reconnaissance de « la différence entre la réalité empirique et la forme théorique » (2) étant le point de départ de la démarche scientifique, toute tentative pour la tirer du côté du concret comporte donc un risque du point de vue de sa pertinence.

 Dans le 6ème et dernier volume de la Méthode (3), Edgar Morin (E.M.)

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« Histoire pour toi » d’Arlette Rosa-Lameynardie

par Pierre PINALIE —

Embarquement pour Cythère


« Histoire pour toi » d’Arlette Rosa-Lameynardie (Hatier – Monde Noir)


Il est très étonnant que ce livre, publié en 2002, n’ait pas vraiment bénéficié d’un accueil très positif dans le monde de la créolité. Et pourtant, l’ouvrage écrit par une judéo-droit-de-l’Hommiste est profondément créole, tant dans l’esprit que dans la forme. L’auteur qui est, en effet, ancrée sur la terre martiniquaise depuis 45 ans, ne semble pas penser à partir d’autres racines, et baigne au contraire dans le monde du conte vers lequel glisse en permanence le scénario qu’elle développe dans un style clair et simple à la manière de Marguerite Duras.

Le réel et le conte

Le héros de l’histoire est un petit garçon qui porte le nom très local de « Ti Boug », et ce n’est qu’une introduction à une belle onomastique traditionnelle, alors qu’on a sombré aujourd’hui dans une anglo-américanisation des prénoms. Il est préférable, par ailleurs, de connaître l’âme et les réactions d’un enfant pour accompagner le petit personnage dans ses actes, ses rêves et ses réactions.

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« Pour en finir avec la repentance coloniale » de Daniel Lefeuvre,

De la repentance à l’Apartheid ?

par Olivier Pétré-Grenouilleau

29/09/06

 

Veut-on vraiment une France de l’Apartheid ? Si tel n’est pas le cas, alors cessons d’opposer les Français en fonction de leurs origines par l’intermédiaire d’un passé déformé. Rompons avec une repentance coloniale qui ressasse et divise au lieu de guérir. Tel est le diagnostic formulé par Daniel Lefeuvre dans son bel essai. Celui d’un historien ayant décidé de se jeter dans l’arène, non pas pour satisfaire à quelque sensationnalisme, mais afin de montrer, tout simplement, que les choses sont souvent plus complexes qu’on ne l’imagine, et cela en puisant dans son domaine de spécialité : l’étude des relations franco-algériennes.

Nullement  » nostalgique  » d’une période coloniale dont il ne connaît que trop les excès, Lefeuvre prend d’emblée pour cible les  » Repentants «  qui mènent  » combat sur les plateaux de télévision et dans la presse politiquement correcte « . Substituant les mots au réel, le juste au vrai, écrit-il, ils tendent à fonder l’idée d’un continuum colonial et raciste entre une France d’hier et celle d’aujourd’hui. Le tout afin de  » justifier une créance de la société «  à l’égard des anciens colonisés et de  » leurs descendants réels ou imaginaires « .

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acte en retour : Jean-François Boclé

 


Tout doit disparaître! 2004 Installation, 15 000 sacs plastiques, dimensions variables. Ekotechnické Museum Prague, République Tchèque

Mémoire anti-mémoire

pour une traversée dans l’oeuvre de l’artiste Jean-François Boclé

Est-ce que ce que je vois c’est quelque chose d’autre…

On nous a lâchés dans le monde et on nous a dit qu’il fallait trouver quelque chose. Nous ne savons pas où ? Nous ignorons quoi chercher. Nous demandons la réponse à ceux qui sont passés avant(1)

… C’est l’anti-mémoire…(2)

Si on considère l’artiste comme un être éminemment subversif, capable d’interroger ce qu’il est pour mieux s’en défaire et inventer de nouveau possible, il faut considérer que l’artiste Jean-François Boclé se positionne en tant qu’anthropologue capable de faire l’étude de l’espèce humaine de notre temps des points de vue anatomique, physiologique, phylogénique ; de faire l’étude des cultures des différentes collectivités humaines. Il se transforme alors en observateur des maux du monde. S’il tutoie le passé c’est pour mieux s’inscrire dans le présent. Il en sort des signes. Le déplacement peut commencer. Il réalise une synthèse du temps par possibilité de retour et de re-parcours, en même temps il instaure un désir de rencontre avec l’autre, notre ancêtre ou celui que l’on ne veut pas connaître ou reconnaître…

L’artiste donne à voir une installation complexe.

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Rapport d’information sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides aux Antilles

pesticides

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N° 2430

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ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

DOUZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 30 juin 2005.

RAPPORT D’INFORMATION

DÉPOSÉ

en application de l’article 145 du Règlement

PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TERRITOIRE

sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides dans l’agriculture martiniquaise et guadeloupéenne,

ET PRÉSENTÉ

PAR M. Joël BEAUGENDRE,

Rapporteur

en conclusion des travaux d’une mission d’information présidée par

PAR M. Philippe Edmond-Mariette,

et composée en outre de

MM. Jacques Le Guen, Louis-Joseph Manscour,

François Sauvadet, Jean-Sébastien Vialatte,

Députés.

INTRODUCTION 9

PREMIÈRE PARTIE : UTILISÉ ENTRE 1981 ET 1993, LE CHLORDÉCONE NE POURRAIT PLUS ÊTRE HOMOLOGUÉ AUJOURD’HUI 15

I.- UN ORGANOCHLORÉ UTILISÉ AU DÉBUT DES ANNÉES 1980 AFIN DE FAIRE FACE À DES CONDITIONS CLIMATIQUES EXCEPTIONNELLES 15

A.- LA LÉGISLATION ENTOURANT L’UTILISATION DES PESTICIDES DATE, DANS SES PRINCIPES ESSENTIELS, DE PLUS DE CINQUANTE ANS 15

1. La définition des pesticides 15

2. Le cadre juridique en vigueur lors de l’homologation du chlordécone : un cadre exclusivement national et reposant sur des principes datant de 1943 16

B.- L’HOMOLOGATION DU CURLONE 19

1. Un

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Mon enfant, mon royaume : ballet-théâtre mis en scène par Frédéric Salard

— Par Christian Antourel —

danseuseChorégraphié et interprété par Laurence Couzinet et Thierry Sirou

Une production Compagnie Car-Av-An

Un Ballet-théâtre aux accents métissés de l’un à l’autre où s’opposent, se complètent dans leur forme, se haïssent et s’harmonisent les ressentiments contrariés de parents dont l’enfant est partie gagner de quoi les sauver de la misère… mais n’est jamais revenue.

Durant 15 ans, ils portent en eux ce désespoir. On peut imaginer quel bouleversement se produit dans le tumulte, dans les nuits de l’angoisse, des croyances, de l’imaginaire et de la solitude, quand l’espérance ou la détresse rivales, complémentaires à la fois, comme le sont la danse et le théâtre, font le spectacle uni où le sentiment humain perceptible aux nuances et aux extrêmes, verse sa fragilité nue dans l’opposabilité et l’alliance de ces deux brûlures que rythme le spectacle.

« L’humour, c’est la politesse du désespoir »

Tout le remue-ménage de la pièce, n’est rien d’autre que le remue-méninges exalté d’un conflit psychologique vécu par ces parents en proie à une tentation de fuite hors la réalité, dans l’expression d’un amour devenu fou agité.

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Antilles : silence, on empoisonne !

 

La Lettre de S-EAU-S Février 2006

 

Les nouvelles que nous recevons de Guadeloupe et de Martinique sont véritablement effarantes. Avec la bénédiction de l’AFSSA (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), l’Etat Français, sous la signature du ministre de l’économie des finances et de l’industrie, du ministre de l’agriculture et de la pêche, du ministre de l’outre-mer, du ministre de la santé et des solidarités, vient d’autoriser la consommation de denrées alimentaires d’origine animale et végétales contaminées à des taux élevés par le chlordécone, un pesticide particulièrement redoutable utilisé sur les bananes.

Rappel des faits :

Octobre 2002 : une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique sont saisies par la répression des fraudes sur le port de Dunkerque. Elles présentent une forte contamination par le Chlordécone, un insecticide puissant utilisé sur les exploitations de bananes et interdit depuis 1993.

Juillet 2001 : un rapport est remis à Dominique Voynet, ministre de l’environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d’état à la santé. Rédigé par deux inspecteurs généraux des affaires sociales et de l’environnement, il décrit un état de pollution « difficilement admissible » ainsi que les risques sanitaires courus par la population (cancers, troubles neurologiques et de la reproduction).

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L’avalasse créolité et brouillard diglottique : les déchoucailles des éloges

par Robert Fournier—

 

Robert Fournier est “Associate Professor of French Linguistics” à Carleton University, Ottawa.

 

 

« Parmi les stéréotypes les plus courants au sujet de l’époque coloniale persiste celui qui veut qu’on trouvait dans les îles deux catégories bien distinctes d’individus : des maîtres et des esclaves. »

Paru dans « Robert Fournier & Henri Wittmann (dirs), Le français des Amériques, Presses universitaires de Trois-Rivières (Québec), 1995, pp. 199-230 »

 

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Dans une brochure touristique vantant comme il se doit les beautés de « ce coin de France Tropicale« , distribuée par l’Office Départemental du Tourisme de la Martinique aux congressistes venus échanger sur les études francophones dans le monde (CIEF 1990), on pouvait lire à la page 3 « Informations générales » sous la rubrique Langue,

Le français est parlé et compris par toute la population mais on y entend beaucoup ce rapide patois créole qui comporte autant de mimiques que de mots empruntés au français, à l’anglais, à l’espagnol et parfois influencé par les langues africaines. Bien entendu l’anglais est généralement compris [c’est moi qui souligne].

Le contenu de ce passage, très commode pour démarrer un séminaire de Langue et Société au cours duquel on souhaite déchouquer quelques vieux mythes et préjugés tenaces entretenus sur la dynamique des langues notamment créoles, et des gens qui les causent, est parfaitement dérisoire au plan sociolinguistique.

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La pensée du rhizome chez Édouard Glissant

— Par Roland Sabra —

Conférence de Fonds Saint-Jacques, le 25 juin 2005

« L’étant souverain est le rhizome où osera l’être, dont il multiplie l’en deçà »

E. Glissant. « La choée du Lamentin » p. 232 Gallimard, 2005

Il est des livres qu’il faudrait peut-être n’avoir jamais lu. Ils ne vous laissent pas indemnes. Il y a déjà trente trois ans de cela, en 1972 paraissait un OVNI littéraire, comète incandescente dont les cendres allaient irradier la pensée de la fin du XXème siècle. Cette année là, la première version de l’Anti-œdipe était publiée aux Éditions de Minuit. Les auteurs étaient au moins deux, Gilles Deleuze et Félix Guattari, mais comme chacun d’eux « était plusieurs , ça faisait … beaucoup de monde. » Si le sous titre « Capitalisme et schizophrénie » était déroutant que dire alors du contenu?. Il y était question de « machines désirantes, » de « branchement machinique » de détérritorialisation, d’encodage et de décodage généralisé des flux, de schizo-analyse etc. Cette mobilisation conceptuelle foisonnante autour de la notion de pensée-rhizome, pensée rhizomatique en opposition à la pensée-racine, à la pensée-radicelle, est une machine de guerre contre trois adversaires clairement désignés par Michel Foucault dans la préface américaine de l’ouvrage :

« 1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l’ordre pur de la politique et du discours politique.

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Premiers instituts d’apprentissage de la tyrannie en Haïti ?

Jean-Durosier Desrivières vous ouvre ses archives
N° 5 : Réflexions de Jean-Durosier Desrivières

Note : Article principal N° 2 du supplément mensuel Relire Haïti qui a été publié avec le soutien de France-Antilles de la Martinique ; paru pour la première fois en février 2004 sous le titre : « Qui parle d’abus de mémoire en Haïti ? » le texte a été revu, modifié, augmenté et actualisé.

L’histoire d’Haïti est truffée d’ambiguïtés : le devoir de mémoire serait à la fois pris dans les filets du silence, de l’excès et de la manipulation.

« Même quand mon ombre est penchée
je garde la tête droite
Il ne faut jamais laisser aux morts
l’initiative de la lumière
Debout partisans ! » (Georges Castera)1

Interroger, en Haïti comme ailleurs, la mémoire et les différentes attitudes à afficher vis-à-vis d’elle, c’est aussi poser la question de la connaissance ou de l’ignorance de l’Histoire, de son enseignement et des enjeux idéologiques qui en résultent. Depuis 1847 et 1848, dates de la parution des trois tomes de l’Histoire d’Haïti de Thomas Madiou, comblant une évidente lacune dans le domaine, instruire l’haïtien de son passé est devenu une préoccupation décisive.

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« Les Césaire », La mémoire d’un peuple

— par Marianne Payot —

«Vous ferez un jour de la politique?» «Ah non, ça, jamais! Papa Aimé a assez donné.» La réponse claque, sans hésitation aucune, de la part d’Ina et de Michèle. Il est vrai qu’avec cinquante-six ans de mandat à la mairie de Fort-de-France et quarante-sept (de 1946 à 1993) à l’Assemblée nationale, Aimé Césaire a largement acquitté la quote-part républicaine de la famille. En revanche, le tribut césairien aux lettres et aux arts ne s’est pas interrompu avec le patriarche. Au contraire. Les six enfants d’Aimé et de Suzanne, dite «maman Suzy», ont tous choisi d’œuvrer dans le monde de l’esprit.

Le véritable gène familial est bien là, dans la création et non dans la politique. Et on accréditera volontiers la version selon laquelle Aimé est entré au Parti communiste par hasard, et est devenu, par surprise, maire de Fort-de-France en 1945. En fait, le credo absolu, chez les Césaire, est avant tout l’instruction. C’est maman Nini, la grand-mère d’Aimé, maîtresse femme du Lorrain, qui apprend à lire au futur poète. C’est papa Fernand, l’un des 12 enfants de Nini, arpenteur puis simple petit fonctionnaire, qui, avec sa femme Eléonore, couturière de son état, se serre la ceinture pour envoyer sa progéniture à l’école.

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