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« Les gens de l’or », ouvrage de Baj-Michèle Strobel

Une véritable « pépite » !

— Par Scarlett Jésus —

J’ai rencontré Baj en 1994 et fut l’une des toutes premières à lire les Gens de l’or, publié alors, en 1998, par les éditions Ibis Rouge. Cette lecture m’avait laissé perplexe : avais-je affaire à un ouvrage d’ethnologie ou à un journal de voyage ?

Quelques vingt ans plus tard, à la relecture de l’ouvrage paru aujourd’hui aux éditions Plon, dans la collection « Terre humaine », c’est paradoxalement ce questionnement relatif au genre qui me séduit. L’auteure, une ethnologue se dit « libre de toute attache académique », refusant « les codes convenus de l’académisme néo ou ancien ». Et c’est cette liberté prise à l’égard d’une démarche scientifique qui lui fait préférer une approche poétique pour parvenir à la connaissance de ces « gens ». Consciente de ce marronnage hors des sentiers battus et répondant aux critiques qui ont pu lui être faites, elle cite à l’appui de l’Avant-Propos de 1998, une phrase d’Edouard Glissant, tirée de L’intention poétique, dans laquelle ce dernier dit haïr l’ethnographie « chaque fois que s’achevant ailleurs, elle ne fertilise pas le vœu dramatique de la relation ».

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L’adaptation théâtrale de « Désirada », ou les destins croisés de trois femmes insoumises.

Samedi 1er février 20h – salle Frantz Fanon Tropiques-Atrium

— Par Scarlett Jesus —

Samedi 25 janvier, L’Artchipel scène nationale Guadeloupe présentait, à l’issue d’une résidence d’artiste dont bénéficia Nathaly Coualy, la première de « Désirada », une adaptation théâtrale du roman de Maryse Condé paru en 1997. Il s’agit là de l’aboutissement d’un projet s’inscrivant dans le cadre d’une co-diffusion avec Tropiques Atrium, scène nationale de Fort-de-France.
Une adaptation, en réalité, que Maryse Condé désirait réaliser avec cette actrice depuis très longtemps. Contrarié à plusieurs reprises, puis longtemps en attente, le projet finit heureusement par trouver le soutien de l’actuel directeur de L’Artchipel, Gérard Poumaroux. Portée par la compagnie « Ah ! » d’Antoine Herbez, la mise en scène de ce dernier a pu bénéficier d’une équipe de professionnels de renommée, avec Charlotte Villermet, issue du TNS (Théâtre National de Strasbourg) à la scénographie, Fouad Souaker responsable (après « Africa Mandela ») des lumières et le conteur martiniquais et artiste polyvalent, Igo Drané aux musiques.
Laissant de côté tout un pan du roman évoquant la vie de son personnage à Savigny-sur-Orge, Maryse Condé a fait le choix de resserrer l’histoire autour de Marie-Noëlle et de la lignée de femmes dont elle est issue -sa mère Raynalda et sa grand-mère Nina-, et qui la dote d’un héritage de malheurs très lourd à porter.

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« La beauté devant moi fasse que je marche », par Michèle Cazanove

— Par Scarlett Jesus —
« La beauté devant moi fasse que je marche », ne voilà-t-il pas un titre bien long, pour un roman si court, un roman d’à peine 119 pages !
Mais le paradoxe ne s’arrête pas là puisque le roman prétend vouloir rendre compte de « l’immanente beauté du drame ». Réunissant deux termes qui s’opposent, la formule relève de l’oxymore.
Un vrai « roman », nous certifie l’auteur, affirmant que « les personnages sont fictifs ». Doit-on accorder du crédit à une soi-disant fiction alors que celle-ci adopte la forme d’un journal intime à la première personne ? N’avons-nous pas plutôt affaire à un « mentir vrai » qui, comme le disait Aragon, utiliserait un matériel autobiographique pour dire le vrai ?
Le matériel en question se présente sous la forme de fragments, ou « pensées » ou sens large, que l’auteur va organiser comme la toile de fond d’une action construite autour de deux personnages : un homme, Jérôme, et une femme, la narratrice, dont on ignorera jusqu’au bout le nom. En dépit de nombreux indices, le pacte de lecture imposé nous interdit d’affirmer formellement que le JE du personnage est bien celui de l’auteur.

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« Une de perdue…Une de perdue ? », Quand la danse contemporaine questionne la notion de perte.

— Par Scarlett Jesus —

Dans le cadre d’une tournée organisée par le CEDAC (Collectif des Espaces de Diffusion Artistique et Culturelle) du 12 au 17 novembre 2019, les Guadeloupéens étaient invités à découvrir, au Mémorial Acte ce dimanche 17 novembre, ce que la Martinique propose en matière de danse contemporaine.
« Une de perdue… Une de perdue ? » est d’abord un duo qu’interprète un couple de danseurs : David Milôme et Chantal Thine. Directeur, depuis 1995, d’une compagnie de danse hip-hop reconnue, la MD Compagny, David Milôme vient tout juste d’intégrer le Conseil International de la Danse, le CID, où sont représentés 155 pays. La réputation de Chantal Thine qui, après avoir exercé au Canada, enseigne désormais les danses afro-brésiliennes en Martinique, n’est plus à faire.
Le projet de réunir ces deux danseurs est le fait d’une chorégraphe martiniquaise de renom, elle-même danseuse, Josiane Anturel. Après avoir enseigné la moderne et l’afro-jazz au Centre de danse du Quebec, Josiane Antourel exerce au sein de la compagnie T.R.A.C.K. qui fait dialoguer écriture corporelle et théâtrale. Elle se réclame d’une « esthétique ethnique contemporaine » qui revisite les gestes de la danse traditionnelle.

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Pour sa 7ème édition, Cap Excellence en Théâtre a pris son envol.

— Par Scarlett Jesus —

Sans se départir véritablement des orientations qui furent celles, il y a près de vingt ans, de Téyat Zabym, il semble bien que cette 7ème édition de Cap excellence en Théâtre affiche son ambition. Celle de se positionner sur le plan international, tout en maintenant le cap d’une thématique inchangée : creuser, afficher et défendre « nos identités théâtrales ». Un « envol » que suggère l’oiseau multicolore choisi pour figurer sur l’affiche, et qui déploie ses ailes.

Mais quelles sont-elles ces « identités théâtrales » ? Une lecture attentive du programme permet-elle d’en saisir la spécificité ?

Deux spectacles, respectivement à l’ouverture et à la clôture du festival, donnés tous deux gratuitement dans ce tout nouveau complexe socio-culturel Félix Proto des Abymes (pas encore inauguré officiellement), en dessinent les contours. D’un côté, un « Chaltouné a lespwa », que propose Textes en Paroles, avec le concours d’Esther Myrtil (deux figures majeures du théâtre en Guadeloupe), mêle la poésie des mots à la gestuelle des corps. De l’autre, un panel de cinq humoristes est proposé aux familles et à un public populaire, moins familiarisé avec le « théâtre d’auteur ».

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« Alienation(s) », au MACT’e, en avant-goût du Festival Théâtre Cap Excellence.

— Par Scralett Jesus —

Ce jeudi 9 mai, deux représentations de la pièce écrite, mise en scène et interprétée par Françoise Dô sont programmées, l’une étant destinée en matinée aux scolaires. Il revient donc à la Martinique d’annoncer l’ouverture du Festival Théâtre Cap Excellence prévue pour le lendemain. La salle est pleine. Dans le cadre de la tournée CEDAC de Tropiques-Atrium, la pièce, qui avait déjà été à l’affiche de L’Artchipel scène nationale, à Basse-Terre, le 18 novembre 2018, a été programmée conjointement le 7 mai, au Moule et le 10 mai, à Baie-Mahault.

La photo d’illustration est de Blind Larcher 

Est-ce la raison pour laquelle le jeu de la comédienne nous donne l’impression d’une certaine lassitude ? Françoise Dô consacre son énergie à une nouvelle pièce dont elle est également l’auteur(e) « A Parté ». « Aliénation(s) » est déjà, en quelque sorte, de l’histoire ancienne. A partir d’une nouvelle, intitulée « Aliénation noire », Françoise Dô, lauréate du concours d’émergence jeunes artistes « En avant la création », avait bénéficié à Fort-de-France d’une résidence d’artiste à Tropique Atrium scène nationale de décembre 2016 à janvier 2017.

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« Nouveaux Regards Film Festival  2019»,

Quand les femmes font leur cinéma en Guadeloupe

—Par Scarlett Jesus —
Décembre vient de faire la démonstration, avec le Prix Nobel alternatif attribué à Maryse Condé, qu’en Guadeloupe la femme peut désormais investir le champ littéraire et y occuper une place de premier rang.
Dans le domaine cinématographique, les femmes sont tout aussi combattantes en Guadeloupe, et plus particulièrement dans celui de l’organisation de festivals de cinéma. En témoigne le FEMI, créé en 1996 à l’initiative d’une association « Images et cultures du monde » par deux femmes, et dont on a pu voir la 24éme édition en 2018. En témoigne aussi le « Terra Festival », festival de films documentaires sur l’environnement et le développement durable, qu’une équipe féminine porte courageusement à bout de bras et qui fêtera prochainement sa 15ème édition. Deux autres festivals ont, ont vu plus récemment le jour, une fois de plus à l’initiative de femmes. Ce fut, en octobre dernier avec « Mondes en vues », la 3ème édition du Festival des Droits de l’Homme (FIFDH) consacré à des documentaires. Enfin, en ce mois de mars symboliquement consacré à la femme, vient de se dérouler sur 5 jours, du 13 au 17 mars, le festival « Nouveaux regard », lui aussi à sa 3ème édition.

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L’impossible procès

—Par Scarlett Jesus —
Février est, pour certains une période où, par l’intermédiaire du Carnaval, l’on se doit de tout oublier.
Mais d’autres, au contraire, ont choisi de faire de février est un mois de recueillement, consacré à la mémoire des événements tragiques de 1967 et au procès des 18 Guadeloupéens qui s’ensuivit, en février-mars 1968, pour « atteinte à l’intégrité du territoire français ».
Car de février 1968 à février 2009, date à laquelle la population de la Guadeloupe se trouvera à nouveau engagée dans un mouvement social de 44 jours, ce mois marque la résistance d’un peuple qui n’a de cesse de se battre pour sa liberté.
« L’Impossible procès », est une pièce de théâtre écrite par Guy Lafages. Le texte emprunte de larges extraits aux audiences du procès rapportées par l’ouvrage de référence « Le procès des Guadeloupéens ». Initialement écrite en vue de réaliser un film documenté, la compagnie du Théâtre de l’air nouveau a demandé à Luc Saint-Eloy de mettre en scène cette pièce. De fait, les spectateurs se voient plongés dans un huis clos reproduisant la Cour de sureté de l’État, au sein de laquelle une quinzaine d’acteurs vont interpréter près de 60 personnages différents.

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Les jaunes lumineux des âmes perdues de Jérôme Sainte-Luce

Cave-galerie le Vin, l’Art et Vous à Ducos jusqu’au 31 octobre 2018.

— Par Michèle Arretche —

Jérôme Sainte-Luce est né en 1981, il a étudié les Arts appliqués et les arts plastiques en Guadeloupe et en Europe. Originaire de Trois Rivières, haut lieu archéologique, réputé pour ses roches gravées, on retrouve dans ses œuvres un mélange d’art abstrait et de symboles pré colombiens.
Sur son site il nous dit qu’il s’inspire de la thématique Amérindienne pour nourrir son monde imaginaire, il peint des « esprits », « des morts qui ne sont pas partis encore… », « des âmes errants à la recherche de lumière » sur des bouts de tissus récupérés, tissus coupés, déchirés et recousus ou bien des papiers arrachés.
L’artiste scrute inlassablement les parois de l’au-delà, parsemant ses toiles de signes, de questionnements…
Comment faire passer une entité de l’ombre à la lumière? Comment ressentir l’invisible?
Autant de questions que ce plasticien aborde dans ses séries de peinture et de dessins. Tout comme les Amérindiens qui imitaient dans leurs danses différents animaux pour entrer en contact avec le monde des esprits, Jérôme Sainte-Luce s’abandonne aux flots des couleurs et des signes pour entrer en contact avec eux.»

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Recherches en Esthétique, numéro 23, « Art et action »

— Présentation par Anne-Catherine Berry —

Le 23e numéro de la revue Recherches en Esthétique est consacré à la relation qui se joue entre les notions « art » et « action ». Vingt-trois auteurs, géographiquement éloignés et culturellement différents, interviennent ici : artistes, critiques d’art, littéraires, philosophes, esthéticiens, historiens de l’art, doctorants. Ils s’intéressent à des problématiques spécifiques et relatives à cette thématique, surtout, ils relèvent les différentes acceptions du terme action, dans son rapport à l’art. Les réflexions, exposées dans ce numéro, mettent en lumière les niveaux et les modalités d’implication, voire d’engagement de l’action dans l’art. Elles abordent le processus de création de l’œuvre, sa monstration, sa diffusion, sa réception, également sa conceptualisation.

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L’action va de pair avec la création artistique. Elle est intrinsèque à toute création, nous parlons d’ailleurs de « l’acte de création ». Le philosophe Marc Jimenez, lors de l’entretien mené par Dominique Berthet, ouvre la réflexion sur le sujet. L’entretien qui porte comme intitulé : « L’art-action : entre praxis et performatif », pose les enjeux fondamentaux de ce couple de notions. Ils soulignent ainsi les différentes modalités et appréhensions de l’action dans ses rapports à l’art.

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Michèle Arretche, Saint-John Perse et les Ratières : habiter poétiquement le monde.

— Par Scarlett Jésus —

Qu’a à voir le prosaïsme des « ratières » avec la poésie de Saint-John Perse ?

Toutefois le crabe, au même titre que les blattes (les « ravets »), se faufile parfois dans l’univers poétique de Saint-John Perse. Comme une réminiscence du vert paradis de son enfance et comme un intrus. Connoté négativement, il est présenté comme un assaillant dévastateur de l’« habitation ». En témoigne cet extrait de Vents (II, 4) : « Les migrations de crabes sur la terre, l’écume aux lèvres et la clé haute, prennent par travers des vieilles Plantations côtières enclouées pour l’hiver comme des batteries de Fédéraux ».

La chair de ce crabe de terre, très appréciée en Guadeloupe tout autant qu’en Martinique, a donné lieu à une pratique de capture qui s’opère à l’aide d’une boite en bois, munie d’une porte amovible. Un mécanisme très simple, actionné par une ficelle et une grosse pierre, permet à la porte de se refermer sur le crabe, qui se retrouve alors pris comme un rat. D’où le nom de « ratières » que les Martiniquais donnent à ce piège.

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Ouverture de Cap Excellence Théâtre en Guadeloupe

ou quand la scène théâtrale tend un miroir à la société.

— Par Scarlett Jesus —
Succédant à ce qui fut le Festival des Abymes, la 6ème édition de Cap Excellence théâtre, organisée à l’initiative de la communauté des trois communes Abymes, Baie-Mahaut et Pointe-à-Pitre, propose du 09 au 14 mai 2017 un programme autour du thème « La quête du mieux-être ».
L’observation de la programmation semble révélatrice de certains choix.
On constate, en premier lieu, une diversité liée à l’origine différente des compagnies (de Guadeloupe, de Martinique, de France et de Côte d’Ivoire). Une autre diversité est celle des lieux de représentations, situés dans différentes salles et établissements scolaires des trois communes. Ajoutons à cela une diversité évidente de formes, le festival proposant des représentations, des lectures, une déambulation et de nombreux ateliers pédagogiques.
Parallèlement à cette diversité symbolisant une volonté d’ouverture, un autre choix est manifeste : celui de la transmission et d’un ancrage. Ce n’est pas un hasard si le parrain de cette 6ème édition est cette année Harry Kancel, auquel Cap Excellence Théâtre a voulu rendre hommage.

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« L’Enfance retrouvée ». Exposition de Ronald Cyrille.

A Pointe-à-Pitre du 10 au 31 mars 2017.

— par Sarlett Jesus —

Il expose une production d’œuvres d’une grande diversité qui va de 2012 pour l’une, à 2016 et même 2017 pour beaucoup. Des acryliques de très grand format aux couleurs très vives, des collages de papiers Canson découpés, associant les trois couleurs que sont le rouge, le noir et le blanc, des dessins au feutre et crayon de couleur, des œuvres utilisant au besoin le bombage sur papier photo Ilford

Ronald Cyrille ne s’interdit aucun domaine, aucune expérimentation. Il est un créateur touche-à-tout, un enragé d’activité, un poète qui inlassablement aborde le même sujet sous des angles et éclairages différents. Celui d’un monde imaginaire peuplé d’êtres étranges. Un univers fantastique qui emprunte ses personnages et symboles aux contes de l’enfance. Un univers fantastique dans lequel le bizarre est roi. Ronald Cyrille nous transmet sa nostalgie des « verts paradis » de l’enfance.

Ses œuvres nous racontent des histoires fabuleuses renvoyant à un univers hybride qui fait exploser les frontières entre l’humain, le monde animal et le végétal. L’homme devient un lycanthrope, ou c’est le chien-loup qui est hominisé.

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« Erzuli Dahomey, déssse de l’amour » : le théâtre antillais sur la bonne voie

— Par Roland Sabra —

Le fantôme d’un mort apparaît dans une maison frappée par le deuil sans être celui qui doit être enterré dans le caveau familial. Fantôme d’un autre, celui d’un autre monde, proche et éloigné, étrange et familier, manifeste et refoulé il est celui d’un fils. Cela suppose une mère. L’un ne va pas sans l’autre. En tout lieu et en tout temps. Afrique, Europe et Caraïbes. Blancs, noirs et métisses confondus. Là est l’essentiel, tout le reste est secondaire. La filiation voilà la grande affaire. Tel semble être une des thématiques récurrentes des œuvres de Jean-René Lemoine. Il en est d’autres corrélatives comme la demande infinie et toujours croissante d’un amour dont le sol se dérobe avec le temps. Éloignement inéluctable. Nostalgie d’un temps qui n’est plus, et qui sans doute n’a jamais été. La première pièce qu’il n’aura pas écrite et que va monter Jean-René Lemoine est La Cerisaie de Tchekhov⋅ Dans Erzuli Dahomey l’ancrage des personnages n’est pas à un passé révolu il est est à des préjugés, des dénégations⋅

Lire : « Face à la mère » entretien avec Jean-René Lemoine

Victoire Maison, ex-comédienne, la cinquantaine mène une vie retirée avec ses deux enfants jumeaux, Sissi et Frantz, seize ans d’âge, leur précepteur, le Père Denis, frère de son mari décédé.

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Avec « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » et après « Médée-Kali », le M’Acte démontre sa volonté de rapprocher les différentes cultures.

— Par Scarlett Jesus —

Avant la Martinique -où la pièce sera jouée au Théâtre Aimé Césaire du 16 au 18 février prochain, dans le cadre d’une programmation mettant à l’honneur Karine Pedurand, le Mémorial Acte a donné une unique représentation d’« Erzuli Dahomey, déesse de l’amour ». Le texte de cette pièce, écrite par Jean-René Lemoine il y a une dizaine d’années dans le cadre d’une résidence d’auteur à La Chartreuse d’Avignon et publié aux éditions des Solitaires intempestifs, a reçu plusieurs récompenses : le Prix SACD de la dramaturgie française en 2009, suivi en 2013 du Prix « Théâtre 13 Jeunes metteurs en scène ».

La pièce avait fait l’objet d’une programmation à la Comédie Française (salle du Vieux Colombier) du 12 mars au 15 avril 2012, avec une mise en scène d’Eric Génovèse. La mise en scène, pour la Guadeloupe et comme pour la Martinique, a été réalisée à l’initiative de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons. Elle a pu être vue en Île de France, les 17 et 18 juin derniers, dans le cadre de la structure Arcadi (Plateaux Solidaires).

Erzuli ?

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Erzuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine, m.e.s. Nelson-Rafaell Madel

Les 16, 17 & 18 février 2017 à 19 H 30 au T.A.C.

La pièce
Victoire Maison, la cinquantaine, mène une vie décente et retirée de veuve dans la petite commune de Villeneuve en Europe. Fanta, sa bonne antillaise, est bouleversée par la mort de Lady Di. Frantz et Sissi, ses jumeaux de seize ans, le sont aussi, ils admirent le destin tragique de la princesse. Victoire apprend la mort de son fils aîné, Tristan, dans un crash d’avion.

Lire : Avec « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » et après « Médée-Kali », le M’Acte démontre sa volonté de rapprocher les différentes cultures. — Par Scarlett Jesus —

Peu après l’enterrement de ce dernier, surgit brusquement Félicité Ndiogomaye Thiongane, une femme sénégalaise venue réclamer le corps de son fils West.

Voir la vidéo ci-après

Si West est ce fantôme qui trouble les nuits agitées du Père Denis – le précepteur des jumeaux –, n’est-ce pas lui qui repose aussi dans le caveau familial ? Mais dans ce cas où est Tristan ? Tout a désormais changé de face dans cette maison.

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Quand Médée-Kali trouve place au Memorial Acte

— Par Scarlett Jesus —
La pièce de Laurent Gaudé, « Médé-Kali » est, à l’évidence, d’actualité. La preuve en est qu’elle a été mise en scène presque simultanément, en février 2016, au Théâtre de la mer (Joliette Minoterie), à Marseille, ainsi que dans le 93, à Montreuil-sous-Bois. Montée par la Cie Kamma crée par Karine Pédurand, elle a été jouée en Guyane, début novembre, puis à L’Archipel de Basse-Terre, en Guadeloupe les 20 et 21 janvier 2017, avant d’être présentée au public martiniquais le 24 janvier, dans le cadre du Festival des Petites formes, à L’Atrium. La voici revenue en Guadeloupe, ce vendredi 27 janvier, mais dans un lieu hautement emblématique cette fois, le Mémorial Acte. Nul doute que la réception d’une telle pièce dans ce « Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage », ne peut que se charger d’une coloration particulière. « Médée-Kali » peut-elle apporter une quelconque contribution à un vivre-ensemble harmonieux, permettant que s’opère, à travers l’horreur que suscite cette histoire tragique, la catharsis des sentiments de haine et de vengeance engendrés par l’histoire douloureuse de l’esclavage ?

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« Art et hasard » 21e colloque du CEREAP

 26 & 27 novembre 2016 au Mémorial ACTe

art__hasard-2Programme ci-dessous.

Hasard et aléatoire, Dada et art génératif

— Par Augustin Manaranche —

Le hasard a toujours fasciné les artistes.
Conscient du formidable potentiel qu’il recèle, les artistes ont tenté à plusieurs reprise de le convoquer au cœur même de leur démarche afin de pouvoir jouir de ses bienfaits créatifs.
Au travers de l’exemple du mouvement Dada et de l’art génératif nous chercherons à découvrir la signification de leurs rapports au hasard.

Introduction au hasard et à l’aléa dans le champ de l’art
Le hasard reste avant tout une notion difficilement définissable. Néanmoins deux catégories de hasard peuvent être distinguées comme l’a établi avec justesse le biologiste et biochimiste Jacques Monod, dans la mesure où un hasard peut effectivement être soit subi, soit provoqué. Le premier répondant à « une incertitude essentielle » et le second à une « incertitude opérationnelle(1).

Dans le premier cas le hasard peut se donner à voir comme un accident et un événement fortuit, inexplicable et inattendu, pouvant s’inviter à tout instant dans l’acte créatif, aussi bien avant que pendant ou aussi après.

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À deux encablures du M’ACTe, la Guadeloupe met l’Art à la portée du Peuple…

— Par Scarlett Jesus (*) —

Terminal de Croisières, Quai Foulon, Pointe-à-Pitre

les 17, 18 et 19 juin 2016.

La Pool Art Fair Guadeloupe :

un big Baz’Art à deux encablures du M’ACTe,

la Guadeloupe met l’Art à la portée du Peuple..

 

Après Bouillante (2011), Gosier (2012, 2013) et désormais Pointe-à-Pitre, s’est tenu pour la 7ème année consécutive un événement désormais inscrit dans le calendrier culturel des manifestations qui font date en Guadeloupe. Un rituel de juin, convivial, faisant suite à un mois de mai généralement agité, et qui se situe entre les R.V. aux Jardins et la Fête de la Musique. Instaurant, à travers une Fête populaire dédiée à l’Art, un « Pool » qui permet à « Frères Indépendants » de tisser des liens entre la Guadeloupe, la Martinique, New-York et Miami.

Il a fallu, pour Thierry Alet, concevoir un dispositif architectural complexe, de façon à répartir les 1200 m2 du Terminal de croisière. L’objectif était d’accueillir au mieux les 63 « stands » ayant vocation à abriter plus d’une centaine d’exposants qui, par leur présence, vont témoigner de la vitalité de l’art en Guadeloupe.

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Denis Ninine , quésaco « ECHO » ?

Exposition à la médiathèque du Lamentin, Guadeloupe, du 13 au 28 mai 2016.

—Par Scarlett Jesus —
Le contexte artistique :
Ils sont artistes et jeunes. Ils sont passés par une Ecole d’Art, sont bourrés de talent et s’inscrivent, au sein de la jeune génération de plasticiens de Guadeloupe, dans un courant qualifié d’urban pop.
« Ils » ? Ce sont Ronald Cyrille, Samuel Gelas et Denis Ninine, lequel expose pour la première fois à la médiathèque du Lamentin, en ce joli mois de mai, alors que la rue se fait l’écho de revendications sociales. Tous trois vivent résolument dans un présent qu’ils jugent chaotique, rêvant d’un futur qui reste à inventer.
Publié sur le site d’AICA Caraïbe du Sud le 5 mai 2015, Dominique Brebion, depuis la Martinique, écrivait, dans un article intitulé « La Caraïbe à l’heure du digital » : « La création plastique emprunte désormais deux voies inédites, celle du Street art et celle de l’art digital. » Matilde dos Santos ne disait d’ailleurs pas autre chose, deux mois auparavant, lors d’une conférence du CEREAP donnée le 17 mars 2015, même si elle privilégiait les seuls arts de la rue : « Le graffiti et le street art sont les deux versants majeurs d’un art urbain en pleine expansion ».

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François Piquet : possibles réparations

— Par Scarlett JESUS —

La pratique d’un artiste est forcément ancrée sur le lieu dans lequel il vit et travaille. François Piquet a fait sienne la culture de la Guadeloupe dont il nourrit ses œuvres, creusant, au fil des ans, une approche dont témoignent les titres de séries, telles que  « Les Archipels du moi » ou encore « Jean de souche ». Une immersion au sein de laquelle il conserve une posture originale, à la fois distancée et critique par rapport à l’illustration convenue de revendications identitaires.

Ainsi les œuvres de François Piquet que nous avons eu l’occasion de pouvoir admirer, s’interrogent et nous interrogent sur les mentalités de ses concitoyens pour en pointer -avec compassion- les blessures, tout autant qu’il en expose -avec humour- les contradictions et les failles. S’il s’engage, loin de tout dogmatisme sectaire, dans la défense de causes communes, il pense que l’art doit permettre de surmonter les drames du passé en laissant entrevoir les contours d’une utopie qu’il veut croire possible.

Dans « les Archipels du moi », en 2012, François Piquet soumettait au questionnement le processus de créolisation qui structure les mentalités fragmentées du Guadeloupéen, comme celles de tout Caribéen.

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Michel Gogny-Goubert, un adepte du « réalisme poétique » en photogtaphie

EXPOSITION Galerie Michèle CAZANOVE, GOSIER, des 7 et 8 Avril 2016.

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— Par Scarlett Jesus* —

« Il paraît qu’en latin « photographie » se disait « imago lucis opera expressa »,
c’est-à-dire image révélée, « sortie », « montrée »,
« exprimée […] par l’action de la lumière ».
Roland BARTHES, La Chambre claire. Note sur la photographie,
Paris, Gallimard, coll. « Cahiers du cinéma », 1980, p. 127.

 

Si Michel Gogny-Goubert ne dévoile qu’aujourd’hui une partie de ses œuvres, son intérêt pour la photographie est très, très ancien. Pourquoi ce « scientifique », libéré de ses contraintes professionnelles, ne pourrait-il aujourd’hui s’inventer une autre identité et se rêver « artiste » ?

Désormais Michel Gogny-Goubert a opté pour le numérique. Mais reste attaché à une pratique photographique de type artisanale, celle du « tout main », depuis les prises de vues jusqu’aux agrandissements et encadrements, en passant par les impressions sur papier. Michel Gogny-Goubert est un perfectionniste qui ne s’interdit pas d’avoir recours aux possibilités offertes par la technologie moderne, tout en refusant délibérément les trucages. Esprit scientifique, il aime la précision quasi chirurgicale.

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Recherches en Esthétique n° 21, « La Réception de l’art ». Présentation.

— Par Olivia Berthon —

recherche_en_esthetique_n°21Le mardi 14 mars 2016, ESPE Martinique

Considérer l’art dans sa dimension sociale, s’interroger sur ce que l’art représente pour nous, pour moi, pour eux, pour les autres, voilà une des acceptions de la réception de l’art.

L’éditorial de ce 21e volume de la revue Recherches en Esthétique nous le précise : ce sont les évènements tragiques, survenus en janvier 2015, les tristement célèbres attentats de Charlie Hebdo qui ont incité Dominique Berthet et son équipe de chercheurs, contributeurs et collaborateurs, à s’interroger sur cette notion, celle de la réception de l’art, qui aujourd’hui, à l’ère d’Internet et des nouveaux médias de communication, se pose en de nouveaux termes.

En s’appuyant, sur la réception d’un dessin qui aurait pu porter la mention « ceci n’est pas le Prophète », pour faire référence à une des trahisons les plus célèbres, celle des images de René Magritte, la question posée se concentre, entre autres, sur la manière dont seront reçus différents « objets » qui tendent à se déployer dans un contexte donné. Contexte qui, à l’heure actuelle ne cesse de se développer, de s’étendre, grâce, comme je le disais à l’instant, à Internet, qui permet une diffusion massive et instantanée d’images flux, au-delà des cultures et des frontières.

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« Valeska and You »

Une performance de Tanztheater par Annabel Guérédrat

—Par Scarlett Jesus —
gueredrat_vlaeska-1«Quand je faisais du théâtre, je regrettais la danse, et quand je dansais, le théâtre me manquait. Le conflit a duré jusqu’à ce que l’idée me vienne de réunir les deux.
Je voulais danser des personnages ».
Valeska GERT, Je suis une sorcière, kaléidoscope d’une vie dansée, 1968,. CND, 2004.

« Valeska and You » est une performance, présentée presque simultanément en novembre 2015, à L’Atrium en Martinique le 17, et à l’Artchipel en Guadeloupe le 28 comme relevant de la « danse contemporaine ». Un spectacle choc où l’engagement d’une danseuse allemande juive des « années folles », rejoint celui d’une performeuse martiniquaise. Mais aussi un spectacle provocant qui interpelle frontalement le public, « You », le soumettant ensuite, pendant plus d’une heure, à la question lancinante  « Quelqu’un a-t-il quelque chose à dire ?». Question que l’on finit par comprendre : « Quelqu’un a-t-il quelque chose à redire? ».

Dans cette performance Annabel GUEREDRAT est une chorégraphe qui explore les rencontres possibles entre différentes disciplines artistiques. S’octroyant une totale liberté dans une démarche artistique mettant en scène des catégories sociales discriminées,  femmes noires, prostituées, stripteaseuses, voyous, femmes folles ou « sorcières », ainsi que se présentait celle dont elle emprunte l’identité, Valeska GERT.

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Jérémie Paul, « Opaline et Väyou »

Galerie Maëlle, Paris, du 8 janvier au 6 février 2016

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— Par Scralett Jesus —

«Une errance enracinée »
«Le monde est grand mais en nous il est profond comme la mer».
Rainer Maria RILKE.
« L’imagination crée à l’homme des Indes toujours suscitées »1
Édouard GLISSANT

 

Les origines guadeloupéennes, et donc multiples comme tout Créole, de Jérémie PAUL peuvent-elles expliquer la singularité d’une démarche artistique prenant appui sur les notions d’hybridité et de métissage ? Comme le faisaient les Surréalistes, il tend à provoquer des rencontres fortuites entre des lieux, des cultures et des mouvements artistiques très éloignés les uns des autres. Pour que, de ce choc surgisse l’imprévu et, avec lui, une ouverture possible sur l’opacité du monde.

C’est, visiblement, à partir d’une recréation poétique de l’Espace que l’exposition s’organise. D’un espace clos et urbain, limité à ses 23 m2, situé dans le quartier multiracial de Belleville, la Galerie Maëlle, Jérémie PAUL va donner une représentation du Tout-Monde. Un Tout-Monde qui se réclame d’Edouard GLISSANT et qu’il place délibérément sous le signe de la Relation.

Le Tout-Monde qu’il s’agit de recréer renvoie à une géopolitique « archipelique » figurant un continent morcelé et comme démembré, celui d’une Caraïbe qu’entoure de toute part la mer.

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