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L’Académie du créole haïtien : autopsie d’un échec banalisé (2014 – 2022)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’accession toute récente à la présidence de l’Académie du créole haïtien (Akademi kreyòl ayisyen, AKA) du pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil ne semble pas annoncer la fin de ce qui est perçu par certains observateurs en Haïti comme étant une relative emprise du facteur magico-religieux au creux de cette microstructure auparavant dirigée par un pasteur protestant, Pauris Jean-Baptiste, puis par un évêque catholique, Monseigneur Pierre André Pierre. Le pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil dirige une église évangélique, l’Église chrétienne de l’unité à Fort-Jacques/Fermathe et, à Pétion-Ville, un Institut de théologie évangélique. Présumé spécialiste en ethnolinguistique, on ne lui connaît toutefois aucune étude majeure sur le créole haïtien ces trente dernières années, aucun article scientifique sur le créole publié dans une revue de linguistique, aucun livre dédié à l’aménagement du créole dans le système éducatif national…

L’arrivée d’un pasteur-linguiste à la présidence de l’Académie du créole haïtien, qui ne compte que quatre linguistes en son sein, est l’occasion d’actualiser le bilan de l’action de cette microstructure prématurément créée par la Loi du 7 avril 2014. L’idée d’actualiser le bilan de l’action de l’AKA procède, à l’aune du principe de la reddition des comptes dans l’Administration publique, du souci de soumettre à l’analyse critique toute entreprise en lien avec l’aménagement des deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français.

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« Le droit d’emmerder Dieu », de Richard Malka

« C’est à nous, et à nous seuls, qu’il revient de réfléchir, d’analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d’être ce que nous voulons. C’est à nous, et à personne d’autre, qu’il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d’aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration – en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. »

Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l’auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre.

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Courrier de la communauté des médecins aux collègues de la communauté hospitalière du CHU de Martinique

Ensemble

Chers collègues,

Notre communauté hospitalière vient de traverser une crise terrifiante. Quelles qu’aient été les tensions, nous, médecins, tenons à remercier les plus jeunes d’entre nous, nos internes mais aussi tous les autres soignants, brancardiers, ASH, AS, IDE, IBODE, IADE, kinésithérapeutes, sages-femmes, puéricultrices, diététiciennes, psychologues, manipulateurs radio, cadres et bien d’autres encore, bref tous ceux qui ont été au chevet de nos patients. Sans vous rien n’aurait été possible. Nous avons aussi une pensée pour ceux qui dans l’ombre, dans les secrétariats, les laboratoires, à la pharmacie, en santé publique et hygiène, au service de santé au travail, dans les services techniques, logistiques, dans l’équipe de direction autour de son Directeur Général, bref pour tous ceux qui, dans ces 2èmes lignes du front, font que les guerres se gagnent.

Malgré cette solidarité, nous partageons tous un sentiment de tristesse. Ce deuil, nous devons le transformer en détermination, celle de tout faire pour que ce que nous avons vécu ne se reproduise jamais. Dans un monde où les fake news distordent la réalité, les martiniquais restent hésitants.

Nous, qui avons été au combat, devons nous déterminer sur ce que nous avons vécu.

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Contribution du CNCP : questions et réponses sur la crise du Covid

(Editorial et Billet de Jik An Bout N° 187)

Les mesures annoncées par le gouvernement français et son Préfet ont résonné comme une insulte à l’égard du Peuple Martiniquais. Balayant d’un revers de main les revendications portées par des milliers de manifestants, en particulier par les personnels de santé, méprisant superbement la motion votée par l’Assemblée Territoriale de Martinique qui exigeait légitimement d’être associée à la gestion de la crise, les autorités françaises entendent rappeler qu’elles sont les seules à décider dans la colonie. Mais nous le savions déjà, comme nous savons aussi que c’est sur nous-mêmes que nous devons compter pour résoudre nos problèmes. Ainsi, en ce qui concerne l’actuelle crise sanitaire liée au Covid, nous devons poser les bonnes questions et y porter, nous-mêmes, des réponses réfléchies et responsables.

* Faut-il sous-estimer la gravité de la situation ou se laisser aveugler par la panique?

Il serait aussi irresponsable de sous-estimer la situation que de paniquer. La situation est extrêmement grave parce que, comme tous les scientifiques le savent, l’humanité sera de plus en plus confrontée à des milliers de virus mutants et que, s’engager dans une course à la découverte de vaccins ne suffira jamais à résoudre ce problème crucial.

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Théâtres parisiens : La cruelle alternative de mai 2021.

Manifeste de Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de la Colline, à Paris – 20 Mai 2021

À celles et ceux qui, / Innombrablement innombrables, /  Ne comprennent pas grand-chose, /  Ni à la non-ouverture de certains théâtres, / Ni aux mouvements de contestation qui les occupent, / Ni à ce qui les oppose, /  Ni à ce qui les relie.

Dans la famille des streptocoques, il en est un, fasciite nécrosante¹, mieux connu sous l’appellation de bactérie mangeuse de chair, qui correspond assez bien à la situation. Une dévoration née du piège dans lequel nous, directions des théâtres et occupants, sommes tombés, piège dont nous sommes en grande partie responsables, celui de devoir sacrifier soit le théâtre soit la révolte. Reprendre les activités de l’un, c’est diminuer la nécessité de l’autre, privilégier la force de l’autre, c’est empêcher l’un.

À croire que c’est une faiblesse de l’orgueil humain, sa démesure, dont les auteurs grecs n’ont eu de cesse de nous mettre en garde, qui nous conduit à retomber sur cette idée christique du sacrifice, ce streptocoque de la destruction qui exige que pour que quelque chose puisse exister, il faille nécessairement égorger quelque chose d’autre.

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Au terme de 2020…

— Par Léonce Lebrun  —

Bonjour à toutes et tous

Nous voilà au terme d’une année dévastatrice au terme de laquelle une connaissance proche me dit je cite…

… «   Léonce tu devrais t’arrêter et te reposer tu n’as plus rien à démontrer ; et tu resteras le plus fort pendant de longues générations … »

Des propos qui tombent souvent dans ma boîte, comme par exemple ce compatriote me disant..

…Bonjour à toutes et tous

Nous voilà au terme d’une année dévastatrice au terme de laquelle une connaissance proche me dit je cite…

… «   Léonce tu devrais t’arrêter et te reposer tu n’as plus rien à démontrer ; et tu resteras le plus fort pendant de longues générations … »

Des propos qui tombent souvent dans ma boîte, comme par exemple ce compatriote me disant..

…Bonjour à toutes et tous

Nous voilà au terme d’une année dévastatrice au terme de laquelle une connaissance proche me dit je cite…

… «   Léonce tu devrais t’arrêter et te reposer tu n’as plus rien à démontrer ; et tu resteras le plus fort pendant de longues générations … »

Des propos qui tombent souvent dans ma boîte, comme par exemple ce compatriote me disant..

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« Dans un couple, il est extrêmement important de laisser l’autre respirer »

— Par Nicolas Truong —

Parce que le couple a pris une place centrale dans la vie affective, le philosophe Pierre Zaoui analyse, dans un entretien au « Monde », la puissance d’un lien qui ne peut subsister que si l’on peut s’en échapper.

Pierre Zaoui, né en 1968, enseigne la philosophie à l’université Paris-VII-Denis-Diderot. Auteur de La Traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire (Seuil, 2010), il a publié en juillet « Théorie du couple » dans la Revue du crieur (160 pages, 15 €), analyse philosophique de la relation à deux qu’il prolonge dans un entretien au Monde.

Pourquoi l’homme est-il, selon vous, « cet animal qui vit en couple et ne rêve que d’y échapper » ?

Je ne parle évidemment que de l’homme et de la femme modernes. Car, pendant très longtemps, l’homme fut un animal d’un tout autre type – et il l’est encore dans maintes régions du monde, même en France : un animal qui vit en clan ou en famille, un animal politique qui vit dans une cité, voire un animal solitaire dans les périodes de haute spiritualité. Mais pour ce qui est d’aujourd’hui, il est curieux de constater combien le couple est presque devenu l’horizon transcendantal ou l’axe de structuration fondamental du désir humain.

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Radicalités identitaires : La démocratie face à la radicalisation islamiste, indigéniste et nationaliste

Ces dernières années, des extrémistes identitaires percutent les valeurs républicaines de la société française. Voyant l’avenir de l’humanité comme un « choc des civilisations » et une « guerre de races », ces mixophobes ethno-différencialistes partagent la théorie du « grand remplacement » en Occident : les identitaires nationalistes et anti-cosmopolites, de même que les identitaristes décoloniaux et islamistes. Les crispations identitaires ont ainsi fait couler beaucoup d’encre : les uns dénoncent le « défaut d’assimilation » des populations immigrées, tandis que les autres accusent la « panique identitaire ». Cet ouvrage ne se situe dans aucun de ces camps idéologiques mais décrit ces radicalités identitaires et les enjeux pour la cohésion sociale au sein des sociétés démocratiques.

  • Date de publication : 29 mai 2020
  • Broché – format : 15,5 x 24 cm • 406 pages
  • ISBN : 978-2-343-20323-2
  • EAN13 : 9782343203232
  • EAN PDF : 9782140150531
  • EAN ePUB : 9782336901282
  • Lire l’interview de Manuel Boucher=>

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Réflexion libre sur le colonialisme, la Mémoire et l’Histoire

— Par  Philipe Vestris —

J’ai du mal à comprendre les gens qui disent qu’on leur a imposé l’image d’un « Schœlcher unique libérateur des esclaves ». C’est comme si ils n’avaient pas ou ils avaient perdu leur propre capacité de jugement. Peut-être « à l’insu de leur plein gré » ainsi que l’aurait prétendument dit un célèbre cycliste.
Voilà mon point de vue (naïf peut-être mais documenté). C’est le point de vue d’un citoyen qui, tout au long de sa vie, a toujours fait l’effort de s’informer pour ne pas être « un jouet sombre au carnaval des autres » :
Je pense que jusqu’au début du XXème siècle, les nègres de ce pays avaient le souvenir de la réalité de 1848 et savaient apprécier distinctement la portée de l’action de  Schœlcher d’une part et de la déterminante révolte des 21 et 22 mai d’autre part (et des nombreuses autres qui ont précédé pendant toute la durée de l’esclavage).
Ils savaient, nos aïeux, ce que leurs parents avaient fait et ils mesuraient aussi la portée de l’action de Victor Schœlcher qui, à lui seul, avait réussi à imposer à la commission d’abolition, dont il avait pris la présidence en cours, la proclamation d’un texte accordant non seulement la liberté mais aussi (au moins sur le papier) la pleine citoyenneté, ce qui, nous devons en être conscients, n’aurait pas été automatique à partir de la seule révolte.

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L’être, l’avoir et le pouvoir dans la crise

Article de Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l’Économie et des Finances, Ancien directeur-général du FMI

Le 5 avril
 Une exclusivité Politique Internationale : voici, en avant-première, l’article que Dominique Strauss-Kahn vient de consacrer à la crise actuelle et à ses conséquences. Article qui paraîtra dans le numéro de printemps de Politique Internationale.

La crise sanitaire que nous vivons est différente de toutes celles que les générations précédentes ont pu connaître. Les convocations de la grande peste noire de 1348 ou de la grippe espagnole de 1918-1919 sont intéressantes en ce qu’elles nous permettent de repenser les conséquences des pandémies. Mais elles ne disent rien, pour autant, de la capacité de résilience d’une société dont l’économie est mondialement intégrée, et qui avait perdu presque toute mémoire du risque infectieux.

Si la crise actuelle est de prime abord différente, ce serait par la vitesse de propagation de cette maladie. Trois mois après le début de la crise sanitaire, près de la moitié de la population de la planète est appelée au confinement. Même si la contagiosité du virus a vraisemblablement joué un rôle dans ce basculement, du stade épidémique à celui de pandémie, la mondialisation marquée par l’accélération de la circulation des personnes est au cœur du processus de propagation (1).

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Le coronavirus précipite la crise, il ne la cause pas !

— Par Frédéric Boccara et Alain Tournebise —

Le Covid-19 (ex-coronavirus) va-t-il engendrer une crise économique mondiale ? C’est ce que prétendent certains commentateurs économiques. Il est fort possible qu’il accélère l’arrivée d’une récession et même qu’éclate une crise financière. Mais il faut distinguer facteur accélérant ou précipitant (le virus) et cause (la suraccumulation financière). Car le ralentissement dans l’OCDE était déjà engagé depuis au moins début 2019. Et pourtant nos dominants, les représentants de l’oligarchie financière, se pressent déjà pour dire : « la cause de nos difficultés est exogène, c’est un virus imprévu. La finance, et ce que nous faisons avec, n’est pas en cause ». C’est à voir… La poudre financière est là, n’importe quelle étincelle peut la fAperçu (ouvre un nouvel onglet)aire sauter. Ainsi la capitalisation boursière des entreprises avait-elle plus que doublé depuis la crise financière, alors que le PIB mondial n’avait augmenté que trois fois moins vite sur la même période (+35% contre +113%, en dollars courants1).

C’est la conjonction de suraccumulation de poudre financière et d’hyper connexion entre les économies mondiales, dont des flux surtendus et des stocks qui tendent vers zéro, qui est responsable de l’épisode de crise violente qui peut à présent se déclencher.

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En 1959, le Goncourt au «  Dernier des justes » faisait resurgir les zones d’ombres de notre histoire collective

— Par Malka Marcovich, historienne —

Il y a soixante ans, le prestigieux prix littéraire couronnait le roman « Le Dernier des Justes ». Salué comme une œuvre importante de la mémoire de la Shoah, il suscitera alors une « curée inouïe », dans un contexte de rapprochement franco-allemand et de résurgence de l’antisémitisme, souligne l’historienne Malka Marcovich dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Le 16 novembre 1959, le prix Goncourt est décerné à André Schwarz-Bart (1928-2006), écrivain apparu soudainement sur la scène médiatique pour son roman Le Dernier des Justes (Seuil). Cette épopée, que d’aucuns compareront à La Légende des siècles, de Victor Hugo (1859), retrace les errances et persécutions d’une lignée de « Justes » [thème puisé dans la légende talmudique] depuis le XIIe siècle jusqu’à 1943, au seuil de la chambre à gaz. Véritable bombe dans le paysage médiatique de l’époque, ce fut aussi un moment de curée inouï, qui n’a rien à envier aux violences que l’on connaît aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Cette fulgurance littéraire cristallise un ensemble d’événements dont nous sommes aujourd’hui les héritiers. Dans cette période de bascule des « trente glorieuses » se sont structurées des lignes de force identitaires et idéologiques qui n’ont jamais cessé de faire débat jusqu’à nos jours.

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Les Buv’Art et Simone Veil :  une proposition de choix pour un 8 mars !

— Par Janine Bailly —

Simone Veil, ministre de la Santé, icône en 1974 de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, ne se revendiquait pas du mouvement féministe, mais prouvait plutôt que l’on peut être féministe sans être militante. Si la loi promulguée alors permettait « l’avortement après une autorisation d’un expert et une autorisation obligatoire des parents pour les mineures », elle parut à certains, parce qu’assortie de ces restrictions, insuffisante. La loi IVG, telle que présentée, instaurait l’avortement comme « une solution ultime, d’urgence, loin de la libération du corps des femmes ». (Rokhaya Diallo, journaliste). Il n’en reste pas moins que Simone Veil, par son combat acharné au sein de cet antre de fauves qu’était — que reste encore ? — l’Assemblée Nationale, a fait progresser considérablement la condition des femmes, à une époque où il devenait urgent de faire cesser le drame des avortements clandestins. Si l’on n’est plus aujourd’hui condamnée en raison d’un engagement féministe, à l’exemple d’Olympe de Gouges, guillotinée en 1793 pour avoir rédigé le pastiche dénommé « Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne », si Simone Veil est aujourd’hui entrée au Panthéon, il n’en demeure pas moins vrai que dans ce domaine, et comme on a pu le constater récemment, beaucoup reste encore à faire…

C’est pourquoi, alors que “le premier prix Simone-Veil pour l’égalité hommes-femmes” vient d’être remis à la Camerounaise Aissa Doumara Ngatansou, militante dans son pays contre les violences faites aux femmes, viols ou mariages forcés, il était judicieux de voir la troupe des Buv’Art reprendre ce 8 mars, sur la scène du Théâtre Aimé Césaire, la pièce d’actualité « Et pendant ce temps Simone Veille ».

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Mémoire de l’esclavage et antiracisme : un débat, un combat et ses enjeux

Deux textes mis en ligne ces deux derniers jours sur Mediapart, et qui sont en train de provoquer le débat, en matière de mémoire de l’esclavage. Ils font suite à la mise en ligne sur le site du CNMHE, d’un texte  auquel a répliqué une tribune de Myriam Cottias, directrice du CIRESC au CNRS et ancienne présidente du CNMHE. On trouvera donc ci-après un lien vers le texte initial, la réponse de Myriam Cottias, un texte de Loïc Céry de l’Institut du Tout Monde qui précise les enjeux du débat et la plainte déposée par Frédéric Régent.


L’anti-esclavagisme peut-il exclure l’antiracisme?

—Par Myriam Cottias—

Exclure les combats anti-esclavagistes, des combats antiracistes n’est-ce pas une nouvelle tentative pour construire une identité particulariste qui oublie la violence de la relation esclavagiste et de la «race» et pour nier l’universalité des combats pour l’égalité du genre humain?

Les nombreux actes, écrits et injures antisémites et racistes montrent bien, une fois encore, que la période est au brouillage politique et à la révision de la connaissance historique par des discours guidés par une idéologie récurrente sur la minoration des facteurs qui ont soutenu l’histoire des génocides et des processus génocidaires de l’Histoire.

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Cinéma – « Cold War », « Ultra rêve »

 — Par Selim Lander —

Cold War de Pawel Pawlikowski : magistral.

Au premier plan, une route et un grand arbre, le tronc nu presque jusqu’à mi-hauteur avant les branches qui forment comme une boule touffue ; derrière un champ de maïs avec un ciel gris, une pâle lumière d’hiver, même si l’absence de neige, les feuilles de l’arbre et le maïs appartiennent plutôt à la fin de l’été ; du vent dans les feuilles : cette image en noir et blanc résume à elle seule un premier aspect du film, son esthétique sobre et sombre à la fois : nous sommes en effet après-guerre, en Pologne, il fait froid, on porte des longs manteaux.

Autre image, un cœur de jeunes filles qui chantent a capella sur une musique traditionnelle ; la beauté de la mélodie, la fraîcheur des interprètes, leurs sourires mêmes ne parviennent pas à dissiper l’atmosphère pesante des pays de l’Est avant la perestroïka.

Une dernière image, une boite de jazz à Paris, une femme qui chante en polonais accompagnée au piano par son amoureux, polonais lui aussi.

Ces deux-là sont les personnages principaux du film de Pawlikowski – partiellement inspiré de l’histoire de ses propres parents – reparti avec le prix de la mise en scène lors du dernier festival de Cannes.

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1917-1967-2017 : un retour vivifiant et critique sur l’histoire des luttes révolutionnaires !

— Par Gilbert Pago, militant du GRS —

Le Groupe Révolution Socialiste (G.R.S) a organisé une série de quatre conférences- débats sur le centenaire de la révolution russe de 1917 et le cinquantenaire de l’assassinat de Ché Guévara en 1967. Dès le début nous avions dit que cette double commémoration ne serait pas le prétexte à réciter des messes surannées mais l’occasion d’un échange militant critique, éclairé par toute l’expérience accumulée depuis et par les nouveaux travaux de recherche effectués sur ces sujets par des intellectuels obstinés, minutieux et tatillons.
Nous avions retenu une relecture des évènements russes de 1917 à 1924 à partir des structures de base et du peuple qui vivait, faisait la révolution, y souffrait et modifiait ses comportements et réactions. Si la guerre civile, le communisme de guerre, la famine sont des conditions terribles comment se sont aussi greffés le bureaucratisme, la régression, la mainmise des arrivistes et du stalinisme qui démantèlent les cadres de la révolution et en modifie les objectifs. Nous avions aussi voulu voir le Ché dans sa pratique d’une révolution cubaine s’ouvrant à l’Amérique latine puis au monde et qui ne devait être que socialiste pour qu’elle ne soit pas une caricature de révolution.

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Hugo, Dean, Matthew, Irma, Maria : de l’opportunité d’une réflexion et de choix courageux

Dans l’œil du cyclone

Par Yves Untel Pastel, ethnologue, poète et auteur-compositeur —

Le 5 et 6 septembre 2017, dans la triste continuité des épisodes cycloniques, l’ouragan Irma s’abat sur la Caraïbe. Après avoir quasiment effacé l’île de Barbuda, il rase Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Encore une fois toute la zone caraïbe solidaire dans l’inquiétude est plongée dans une extrême désolation. Mais rappelons-nous de tristes mémoires, que le 4 octobre 2016 l’Ouragan Matthew dévastait Haïti, Cuba le 4 octobre puis les Bahamas, avec un bilan humain catastrophique pour Haïti. La reconstruction annoncée à Haïti qui a mobilisé un vaste appel de fond à l’échelle internationale demeure anecdotique en regard des moyens effectivement collectés. En août 2007, en Martinique, la rude épreuve de Dean détruit l’économie bananière et montre une fois de plus la fragilité de nos assises économiques structurelles. Nous nous souvenons encore avec sidération que le 16 et 17 septembre 1989, le cyclone Hugo avait lui aussi principalement terrassé la Guadeloupe pour ce qui est des îles sous législation française. Dernier en date, sur les pas d’Irma, moins traumatisant peut-être, puisque les populations étaient restées sur le qui-vive, Maria nous laisse aussi son cortège de dégâts.

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Élire Donald Trump ou défier le récit des puissants

 — Par Lyonel Icart —

Elire Donal Trump
ou

Défier le récit des puissants1 :

 
C’est le titre du livre du cinéaste engagé Ken Loach, palme d’or au festival du film de Cannes en 2016. Jamais titre ne fut plus approprié pour décrire ce qui se passe dans le monde occidental ces jours-ci. Après les référendums2 danois, irlandais, français, néerlandais rejetés par les peuples mais fourgués à ce vulgum pecus par voie parlementaire ou en les faisant revoter, c’est comme si les peuples avaient décidé de s’attaquer au cœur de l’Empire. Si la surprise du Brexit s’apparentait au rat qui quitte le navire, la commotion de l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis donne peut-être l’impression que c’est le capitaine lui-même qui abandonne le navire. Qu’en est-il réellement ?

Quand la classe moyenne arrive sur la scène politique pour faire valoir son point de vue, cela s’appelle une révolution. On l’a vu au Québec en novembre 1976 lorsque le Parti Québécois a pris le pouvoir. Le visage du Québec s’en est trouvé profondément, et à jamais, modifié.

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La Révolution cubaine à ses débuts et l’opinion publique en Martinique

— Par Gilbert Pago —
cuba_revolutionEn 1958, quelques enjeux politiques tant intérieurs (autonomisme, indépendance, construction fédéraliste) que caribéens (émergence politique d’afro-descendants à la direction d’états en pleine décolonisation), se font jour.
Tant le le Parti Communiste Martiniquais (P.C.M), que le Parti Progressiste Martiniquais (P.P.M) de Césaire rejettent la politique de départementalisation et revendiquent leur anticolonialisme. C’est aussi le cas du Groupe de la Gauche Socialiste (futur P.S.U).
Les autres membres des élites politiques et administratives de l’île pour des raisons différentes et contradictoires ont un œil ouvert sur ce qui se passe dans le bassin Caribéen et ses abords continentaux. Ce milieu restreint suit depuis longtemps les travaux de la Commission des Caraïbes. L’Information, deux à trois fois par semaine, suit quelques actualités des îles mais surtout argumente avec permanence sur la construction de la Fédération des Antilles Anglaises, prélude à l’indépendance de cette nouvelle nation avec des dirigeants comme Grantley Adams, Norman Manley et Eric Williams.
Les planteurs martiniquais vont piocher dans les petites îles voisines, la main d’œuvre agricole à très bon marché pour leurs champs de canne à sucre.

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Laissez nous vieillir !

— Lucien Cidalise Montaise —

equilibre« Nos sincères condoléances aux familles martiniquaises endeuillées ».
Les déchirants et sanguinaires événements de ces derniers temps en Europe et surtout en France, nous ont abasourdis par leur cruauté. Existe-il d’autres termes pour qualifier pour l’Histoire, ces dramatiques moments ? Même les présentateurs télé pourtant habitués à présenter les laideurs qui ensanglantent quotidiennement le monde étaient désemparés. Ne sachant que dire, mais surtout comment dire ! L’on assiste accablé, confondu de questionnement à un drame qui rapidement s’avérera monstrueux.
On tue, on assassine ! La terreur s’empare de tout ! Et se met en marche, la technologie de l’information, esclave de l’audimat. Français le chauffeur ? Non ! Étranger ? Oui ! Enfin un peu. Franco-Tunisien !!! NON Tunisien… ON souffle ! Les terroristes ne sont jamais des Français à part entière type F.N. La salissure communautariste étouffe tout.
Malgré leur immense douleur, les Français interrogés se sont montrés dignes. Ni allusion tendancieuse à l’origine du tueur, ni condamnation d’une quelconque appartenance à une communauté qui souvent a donné la preuve qu’elle appartenait à la France.

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Femmes en terre d’islam : « Dégradé » et « Fatima »

— Par Selim Lander —

Dégradé

Dégradé d’Arab et Tarzan Nasser

Un film palestinien : rien que cela justifie de se précipiter pour voir à quoi cela peut bien ressembler. Et cela vaut effectivement le déplacement. Réunir une petite dizaine de femmes dans un salon de coiffure n’est pas absolument original mais quand il s’agit, pour ces femmes, d’à peu près le seul endroit où elles peuvent se retrouver entre elles, donc sans voiles, loin des hommes, cela devient très intéressant. A-t-on remarqué que le cinéma est devenu aujourd’hui, pour qui n’est pas « grand reporteur »,  l’un des rares moyens, le seul peut-être de découvrir des sociétés qui nous sont en général inaccessibles. Parmi ces sociétés, les terres d’islam nous intéressent particulièrement, compte tenu de la propension à l’expansionnisme de cette religion, sans parler de la violence qui se déchaîne en son nom, jusque chez nous.

A Gaza, la violence est omniprésente, et constante, s’il faut en croire le film, et elle ne vient pas seulement d’Israël, elle semble ancrée chez les hommes comme un chancre dont ils n’ont aucun moyen de se défaire.

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Et voilà Laurence Rossignol !

— Par Gilbert Pago —

laurence_rossignol-2Laurence Rossignol ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes juge utile de répondre à une interview sur les vêtements de mode islamique mis en vente par des grandes marques européennes. Nous n’avons pas à redire de son droit de s’exprimer encore qu’il existe en ce temps de crise sociale et de matraquage du droit du travail, des thèmes bien plus immédiats à aborder dans les atteintes aux droits des femmes.

Elle monte en première ligne contre les longues robes, le voile, les foulards, le burkini, en justifiant cela par le refus « du contrôle social sur les corps des femmes » et la dénonciation de « l’enfermement du corps des femmes ». Elle veut nous faire accroire que ce sont dans leurs habits que les « franco-musulmanes » (sic !) font le plus de mal à la cause féministe dans ce monde qu’elle et son gouvernement livrent à la sujétion du capitalisme mais aussi dans bien des aspects au patriarcat.

L’interviewer l’interroge alors sur les femmes qui choisissent seule de porter le voile, Laurence Rossignol s’insurge : « Il y avait aussi des nègres afric… et des nègres américains qui étaient pour l’esclavage… ».

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Les gens ordinaires, les vulgaires et les voyous, les extraordinaires ou les inaccoutumés

— Par Pierre Pastel —

gens_extra« Quand le luscinia et des millions,
voire des milliards de prétentieux comme lui,
à travers le monde, dérapent par réflexes conditionnés,
leurs trilles ne sauraient être des calmants antidouleur. »

 

Les gens ordinaires

L’écrasante majorité de nos contemporains sont des gens ordinaires.

Ils pensent pour eux-mêmes, pour leurs intérêts. Ils boivent, mangent, rient, pleurent. Ils disent la vérité, ils sont sincères, ils mentent. Ils cherchent à vivre, à bien vivre. Ils savent qu’ils ne sont pas seuls sur l’échiquier de la vie, ils essaient de faire attention aux autres, ni plus ni moins. Autant que faire se peut, ils évitent de ne pas trop incommoder le monde autour d’eux, ils respectent ou ne respectent pas les lois. Ils se marient, divorcent, restent d’éternels célibataires. Ils sont bons ici, méchants là, égoïstes par ici, altruistes par-là. Ils sont courageux, lâches, volontaires. Ils couvrent une vie affective équilibrée, débridée, ou terne. Ils sont cultivés, incultes, glandeurs, resquilleurs, fainéants, travailleurs, voleurs, protecteurs, consciencieux. Respectueux, impertinents, honnêtes, riches, moins riches, pauvres ils le sont aussi. Ils sont aigris, ils s’amusent, ils sont dépressifs, joyeux, sereins, discrets, taquins, jaloux, manipulateurs, ils le sont encore… Bref, il faudrait toute une vie pour décrire les gens ordinaires, disons qu’ils sont comme nous, vous et moi, des êtres communs.

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Attentats parisiens : de nouvelles réactions

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Paris, 1983

Dany Laferrière à Paris – Première journée

Je marche
de jour comme de nuit
dans Paris
depuis si longtemps déjà
que je me demande
qui habite l’autre
toujours ému de savoir
qu’un poète nommé Villon
l’a fait avant moi
qu’un libérateur comme Bolivar
y a séjourné en dandy
que mon jeune voisin Jean de la rue Masson
a fêté son vingtième anniversaire jusqu’à l’aube
dans un bistro situé en face
d’une petite place faiblement éclairée.

J’aime savoir qu’il existe une ville
où les femmes aiment marcher de nuit
sans s’inquiéter des ombres et aussi parce qu’on y
trouve une station de métro avant la fatigue.
J’aime flâner dans une ville où les quartiers contrastés
fleurissent au bout de nos rêves.

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Le manifeste des mères sociales

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Émergence, autonomisation des femmes et panafricanisme : faux et vrais défis
« L’impérialisme, c’est cette volonté de domination qui fait qu’on ne croit valable d’autre civilisation que la sienne, d’autre régime politique et économique que le sien, c’est la mise en marche du processus de leur imposition à d’autres pays par la corruption, la subversion et la guerre. » (Modibo Keita)
« …pour gagner un combat qui est commun à la femme et à l’homme, il importe de connaitre tous les contours de la question féminine tant à l’échelle nationale qu’universelle et de comprendre comment, aujourd’hui, le combat de la femme, burkinabé rejoint le combat universel de toutes les femmes, et au-delà, le combat pour la réhabilitation totale de notre continent ». (Thomas Sankara)

Le temps des femmes? Pour quel avenir ?
« A quand l’Afrique ? » est l’incontournable question de feu Joseph Ki Zerbo qui vient à l’esprit lorsqu’à bout de souffle le système capitaliste, qui puise dans nos richesses, de l’esclavage à ce jour, va toujours plus loin dans le mépris, l’humiliation et le racisme?

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