Omicron, « preuve ultime » du danger des inégalités vaccinales, dénonce la Croix Rouge

Moscou – L’émergence du variant Omicron du coronavirus est la « preuve ultime » du danger des inégalités face à la vaccination dans le monde, a estimé vendredi le président de la Croix-Rouge.

Dans un entretien à l’AFP à l’occasion d’une visite à Moscou, Francesco Rocca, président de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), s’est également inquiété de la politisation des questions migratoires et de la situation critique des civils afghans à l’approche de l’hiver.

Interrogé sur l’approche globale à adopter quant à la vaccination, le directeur de l’un des plus grands réseaux humanitaires au monde a indiqué que des efforts devaient être déployés pour faire face à l’inégalité entre les populations dans ce domaine.

« Les scientifiques ont mis en garde la communauté internationale à plusieurs reprises contre les risques de variants très nouveaux dans des endroits où le taux de vaccination est très faible« , a déclaré Francesco Rocca.

Selon les statistiques de l’ONU, environ 65% des habitants des pays les plus développés ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19, contre seulement 7% dans les pays les moins développés.

Les pays occidentaux ont été accusés de faire des stocks de vaccins et l’OMS les a exhortés à ne pas se précipiter pour faire des troisièmes doses alors que des millions de personnes dans le monde n’ont pas encore reçu la première.

– Les migrants, une « arme » –

« C’est une approche égoïste de la part de la communauté occidentale et une approche vraiment aveugle« , a fustigé Francesco Rocca, ancien avocat italien et bénévole de longue date de la Croix Rouge, élu à la tête de la FICR en 2017.

« C’est incroyable que nous ne réalisions toujours pas à quel point nous sommes interconnectés. C’est pourquoi je qualifie le variant Omicron de preuve ultime » des inégalités face à la vaccination, a-t-il poursuivi.

L’Omicron, une version à forte mutation du coronavirus, a été signalé pour la première fois en Afrique du Sud le 24 novembre et est désormais présent dans plusieurs dizaines de pays.

Ce variant a déclenché une nouvelle vague de restrictions aux voyages et remis en question la reprise économique mondiale. Il pourrait être à l’origine de plus de la moitié des cas de Covid-19 en Europe au cours des prochains mois.

« Il est essentiel et vital d’identifier de nouvelles solutions, de trouver une fin à la pandémie, et le seul moyen est la vaccination, donc son accès pour tous et partout« , a déclaré M. Rocca.

Après un voyage le mois dernier au Bélarus, où des milliers de migrants tentant de pénétrer dans l’UE sont restés bloqués à la frontière polonaise, M. Rocca a expliqué être inquiet sur l’utilisation à des fins politiques de ces gens fuyant leur pays.

« Bien sûr, ce n’est pas nouveau, mais désormais, il est sûrement plus évident qu’ils sont utilisés comme un outil politique, une arme« , a déclaré M. Rocca.

– « Tragédie » afghane –

Selon M. Rocca, les gouvernements occidentaux devraient faire davantage « non seulement en termes d’accueil ou de non-accueil » des migrants, mais aussi pour s’attaquer aux raisons qui les poussent à quitter leur pays.

« Ceux qui ont plus de pouvoir ont la responsabilité de résoudre les crises (…) et pas seulement en allouant quelques ressources de temps en temps sans stratégie politique« , a-t-il dit.

M. Rocca a rappelé que les ONG comme la Croix-Rouge sont très inquiètes d’une « potentielle tragédie humanitaire » en Afghanistan, avec l’hiver qui approche.

« Nous parlons d’enfants, de personnes âgées. Ce n’est pas de la politique, il s’agit de la vie de millions de personnes« , a-t-il déclaré.

Les Nations unies ont averti qu’environ 22 millions d’Afghans seraient confrontés à des pénuries alimentaires au cours des mois hivernaux, le pays étant confronté à une crise économique aggravée par la prise du pouvoir des talibans en août.

Si M. Rocca a reconnu qu’il n’appartenait pas à la Croix-Rouge de discuter du bien-fondé des sanctions contre les talibans, il a insisté sur le fait qu’elles ne devaient pas « punir les civils« .

« Nous avons affaire à des êtres humains, et l’absence de dialogue politique rend leur vie encore plus insupportable« , a-t-il déclaré.

Source : AFP / Free