Catégorie : Cinéma

RCM 2015 – Celle qui ne voulait pas

Hong Sang Soo : La Vierge mise à nu par ses prétendants

la_vierge_qui_voulait_pas-2—- Par Selim Lander —

Plus de deux heures d’horloge avant que la vierge ne consente à renoncer à son pucelage !  Dans la vraie vie, ça ne serait pas bien long, et même pas long du tout. On dirait d’une qui exigerait si peu avant de succomber qu’elle est une fille facile. Cependant, au cinéma, le temps est arbitraire. Un film de deux heures peut raconter minute par minute une action qui prend précisément 120 minutes. Il peut aussi bien raconter – condenser en l’occurrence – une histoire qui s’étire sur plusieurs siècles. Dans le film d’Hong Sang Soo (HSS), la vierge effarouchée dit non pendant des jours et des semaines et même des mois avant de se décider. Entretemps, elle aura néanmoins couché, ou plutôt nous l’aurons aperçue couchée dans le même lit qu’un homme, sans qu’elle veuille ailler au-delà d’un flirt dont on ne dira pas qu’il était aussi frustrant pour elle que pour lui, même s’il le fut, sans nul doute, pour le mâle considéré.

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R.C.M. 2015 : impressions fragmentaires avant clôture!

— Par Roland Sabra —

Impressions est le mot qui vient à l’esprit après une semaine intense en projections de films divers et variés.

Impressions tout d’abord et avant toute autre chose pour la belle rétrospective Hong Sang-soo, qui lentement a su mobiliser un public que rien de prédisposait à la découverte d’un cinéaste coréen, plus connu en France que dans son propre pays et totalement ignoré en Martinique, à l’exception de la poignée de spectateurs qui avaient eu la chance de voir  « Haewon et les hommes » il y a deux ans de cela. Impressions donc parce que, c’est devenu un truisme que de l’écrire, Hong Sang-soo s’inscrit dans la veine du cinéma impressionniste. Il est de ceux à l’identité suffisamment charpentée qui peuvent accueillir l’autre. Il reconnait volontiers la dette qu’il a vis à vis d’auteurs occidentaux qu’il s’agisse de Robert Bresson, d’Éric Rohmer, de Luis Buñuel, de Jean Vigo, de Friedrich Wilhelm Murnau, de peintre comme Cézanne, d’écrivain comme André Gide. Son troisième film qu’il réalise en 2000 s’intitule  « La vierge mise à nu par ses prétendants », comme un clin d’œil à l’œuvre de Marcel Duchamp « La mariée mise à nu par ses célibataires, même » .

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R.C.M. 2015 : « Hill of freedom », une petite merveille!

— Par Roland Sabra —

hill_of_freedomUn film épistolaire en rupture avec le mouvement du temps. Won, une femme de Séoul reçoit par la poste un paquet de lettres que Mori, un japonais lui a écrit lors d’une retour sur les lieux de leur rencontre deux ans auparavant. Elle avait repousser ses avance. Émue par ce qu’elle découvre elle laisse tomber dans un escalier les lettres qu’elle ramasse sans pouvoir les reclasser car elles ne comportent ni date ni pagination. Elle se pose dans un café et poursuit dans le désordre sa lecture des lettres de Mori dans lesquelles il lui décrit les personnages qu’il rencontre dans la guest-house ou il loge, y compris sa liaison avec la tenancière du restaurant « Hill of Freedom » où elle et lui se retrouvaient en ce temps où il était amoureux d’elle. Avec le temps va, tout s’en va. L’écriture des lettres a un effet cathartique sur la passion amoureuse de Mori qui va aller s’étiolant. Mais tout comme le fil chronologique des lettres s’est rompu le désinvestissement amoureux va connaître des avancées et des retours en arrière.

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R.C.M. 2015 : le programme

rcm_2015

Vendredi 19 juin 2015

19 h – Les Choix d’EdaAtrium

20h 30 – Réalité – Madiana

Lire ci-dessous une présentation des films.

Les Choix d’Eda
Un film de Jil Servant -2014 – 68’ produit par Palaviré Productions

Christiane Eda-Pierre (née le 24 mars 1932 à Fort-de-France) est une soprano française, originaire de la Martinique. Elle est la nièce de la femme de lettres et journaliste Paulette Nardal.

Elle étudie au Conservatoire de Paris avec Charles Panzéra et Susanne Decrais. Elle fait ses débuts à Nice en 1958, dans le rôle de Leïla dans Les Pêcheurs de perles. L’année suivante, elle paraît au Festival d’Aix-en-Provence, dans le rôle de Papagena dans La Flûte enchantée.

Elle fait ses débuts à l’Opéra-Comique en 1960, elle y chante Olympia, Lakmé, Rosine, Violetta, etc, et à l’Opéra de Paris en 1962, où elle s’impose en Lucia, Gilda, etc. À partir de 1966, elle entreprend une carrière internationale, chantant à Londres, Wexford, Lisbonne, Vienne, Salzbourg, Chicago, New York, etc.

Elle défend un vaste répertoire, allant de la musique baroque aux œuvres contemporaines, mais demeure une interprète d’élection de Mozart, notamment le rôle de Constanze dans L’Enlèvement au sérail, qu’elle chante dans le monde entier, mais également Donna Anna, Donna Elvira, Vittelia, Elettra.

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RCM 2015 : « Turning gate » une porte ni ouverte, ni fermée !

— Par Roland Sabra —

turning_gate-400Le quatrième film de Hong Sang-soo que l’on a pu voir en France mais deuxième dans l’ordre de programmation des RCM 2015 est sans doute un des plus réussis du réalisateur coréen. On y retrouve des thématiques déjà déclinées qui sont celles d’un refus de la classification et de ce qu’elle implique comme catégorisation, hiérarchisation pour ne pas dire simplification réductrice. Hong Sang-soo cultive l’art de la disjonction inclusive avec pour conséquence de mettre ses personnages dans l’impossibilité de prendre une décision.
Gyung-soo est comédien dans la trentaine à qui l’on vient de refuser un rôle à Séoul. Désoeuvré il répond favorablement à l’invitation téléphonique quelque peu avinée d’une vieille connaissance lui proposant de venir le voir en province. Il lui présentera une amie proche, une danseuse qui dit-il l’apprécie beaucoup. Apprécier est un mot bien faible. La belle Myung-sook se révèle être raide dingue de Gyung-soo qui en retour n’éprouve pour elle qu’un désir vite déclinant⋅ Quand il découvre que son ami est lui véritablement amoureux de cette femme il décide de fuir par le train chez ses parents et c’est au cours de cet autre voyage qu’il rencontre une autre femme qui connait sur le bout des doigts sa carrière, les films qu’il a tourné, les pièces de théâtre qu’il a jouées.

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Les Rencontres Cinéma de Martinique (édition 2015) – Premières impressions

Ma Manman D’lo, Los Hongos.

— Par Selim Lander —

rcm_2015Prenant les « RCM », en marche, nous avons par définition raté beaucoup de choses. Quelques impressions néanmoins sur les premiers films visionnés. Parmi les courts métrages récompensés par le Prix de Court, seul le film couronné, Ma Manman D’lo, retient l’attention. Cette histoire d’un jeune garçon perturbé depuis la mort de sa maman, navigue avec bonheur entre réalisme et fantastique, entre jeux d’enfants et chagrin inguérissable. Les personnages sont émouvants, pas seulement celui du petit garçon, mais encore celui du père, veuf, impuissant à toucher le cœur de son fils. Et tant d’autres : ainsi cet homme qui vient de perdre son frère. Il y a des scènes relevant de l’ethnologie, comme la veillée mortuaire, ou chaque fois qu’intervient le quimboiseur (?), prêtre autoproclamé d’un culte improbable, acharné à rappeler la morte – ou plutôt son esprit – afin qu’elle revienne apaiser son fils. Ce film de Julien Silloray, tourné à Vieux Port, en Guadeloupe (?), est une plongée dans l’univers magico-religieux. Et le spectateur de s’interroger sur l’authenticité de ce qui lui est montré : ces rituels ont-ils toujours cour, ces croyances en les esprits sont-elles encore vivaces ?

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R.C.M. 2015 : « Under the skin » ou la mort à fleur de peau

— Par Roland Sabra —
under_the_skinElle parle peu. Elle vient d’un ailleurs incertain. Lointain. Très loin, d’une autre galaxie. Elle tue sans effusion de mots ou de sang. Dans le froid brouillard d’une banlieue de Glasgow elle cherche. Elle cherche à comprendre cette espèce qu’elle découvre, des êtres masculins, seuls, sans famille, qu’elle attire dans ses filets pour leur faire la peau. A bord d’une camionnette elle en repère un de cette espèce, le fait monter à bord, s’assure qu’il est bien seul, l’emmène dans une maison isolée et délabrée, à l’intérieur de laquelle se trouve un piège d’une beauté sublime. Elle se dépouille lentement de ses vêtements en reculant. Elle l’attire, l’appelle du regard. Elle marche sur une surface noire, liquide qui progressivement engloutit sa victime et finit par dissoudre l’intérieur du corps qu’il vient d’absorber. Ne reste que la peau comme un voile que la mer emporte. Et elle recommence⋅ Elle recommence jusqu’à se laisser contaminer par l’objet de sa quête.

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R.C.M. 2015 : musique ET cinéma dites-vous?

A propos de Yo soy la salsa  & de Conte de cinéma mais aussi de Ram-Leela

conte&salsa— Par Roland Sabra —

L’intitulé de la 10ème édition des Rencontres Cinémas Martinique illustre assez bien les centres d’intérêts des spectateurs martiniquais : Musique et Cinéma et non pas Cinéma et Musique. L’ordre d’énumération est symptomatique. La Musique est première, le cinéma ne venant qu’en illustration de la vénérable dame. La soirée du 13 juin à l’Atrium en a été la caricature. Deux films programmés dans la salle Frantz Fanon. Conte de cinéma dans le cadre de la rétrospective consacrée au cinéaste coréen Hong Sang-soo et Yo soy la salsa un documentaire de Manuel Villalona. Moins de dix personnes pour le film coréen, une salle aux trois-quarts pleine pour le documentaire dominicain. Et pourtant ! L’intérêt cinématographique des deux prestations est inversement proportionnel au nombre de spectateurs mobilisés. Deux mots sur l’hagiographie musicale consacrée au pape de la Salsa, Johnny Pacheco, musicien, compositeur, arrangeur, producteur et directeur musical né en 1935 à Santiago de los Caballeros, en République dominicaine. Le titre du documentaire en lui même est porteur d’une béatification simplificatrice.

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R.C.M 2015 : rétrospective Hong Sang-soo

Mercredi 17 juin 2015 19h 15Hill of Freedom – Atrium

hong_sang-soo

Hong Sang-soo, né le 25 octobre 1960 à Séoul, est un réalisateur et scénariste sud-coréen.

Fils d’un officier de l’armée sud-coréenne et d’une employée de maison de production cinématographique, Hong Sang-soo découvre le cinéma en regardant des films hollywoodiens à la télévision. Au cours d’une conversation bien arrosée, un homme de théâtre suggère à ce garçon désœuvré de se lancer dans la mise en scène. Hong Sang-soo s’inscrit alors à l’université de Chungang, à Séoul, dans le département « Théâtre et cinéma ». Il part vivre ensuite aux États-Unis, étudiant au College of Arts and Crafts de Californie et à l’Art Institute de Chicago, où il réalise plusieurs courts métrages expérimentaux.

Cet amoureux de Rohmer et de Cézanne, qui a vécu un an en France, connaît un choc esthétique en découvrant à 27 ans Le Journal d’un curé de campagne de Robert Bresson, un film qui le convainc de se tourner vers un cinéma plus narratif. Il réalise en 1996 son premier long métrage, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits suivi deux ans plus tard par Le Pouvoir de la province de Kangwon (tourné en noir et blanc).

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Le cinéma français ne peut plus rester un ghetto

La diversité, au cinéma comme ailleurs, doit devenir autre chose qu’un slogan fumeux.

mille_visages— Par Mille Visages —

Aujourd’hui, nous ne cessons de parler d’une crise de modèles dans notre société. Ajoutez à cela, des systèmes d’actions et de représentations complètement à côté de la plaque. Au niveau politique d’abord, lorsque l’on note le poids de l’abstention, toujours plus fort que n’importe quel parti politique, tellement à la hauteur des désillusions citoyennes. Mais dans le secteur culturel également, car c’est aussi là que les ségrégations sont les plus vivaces.
Un cinéma monochrome

Aujourd’hui, la crise est l’excuse qui ne suffit pas, car les échecs sont en place depuis trop longtemps. Il suffit d’ouvrir les yeux pour se mettre d’accord sur ce constat. Et ensuite, daigner réfléchir aux solutions qui s’imposent. Le grand pays que nous sommes doit pouvoir être capable de se regarder en face. Et notre cinéma, fort de son exception culturelle, envié dans le monde entier autant que notre sécurité sociale, souffre de son uniformité. Il ne peut plus continuer comme ça. Il n’a plus à se refermer ainsi.

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Ciné Lam’ : les films en juin 2015

cine_lamDans le cadre des rencontres cinéma, en partenariat avec EPCC Atrium Martinique, Ciné Lam’ propose les projections suivantes (Centre culturel Petit Bambou) Le Lamentin (Martinique) : Malavoi, Rue Cases-Nègres, Rise Up.

La rue Case Nègre : Le 12 juin à 19h

Rue Case-Nègres, (1983), chef-d’œuvre d’Euzhan Palcy, avec Garry Cadenat, Douta Seck, Darling Legitimus, Joseph René Corail… d’après un roman de Joseph Zobel La Rue Cases-Nègres (1950).

Malavoi : le 17 juin, 19h :

Malavoi, une histoire Martiniquaise. Un documentaire sur le plus grand groupe martiniquais de musique traditionnelle orchestrée. Malavoi est un nom mythique, évocateur du plus grand groupe des Antilles. Mais que sait-on réellement d’eux ?
Comment ont-ils commencé, qu’est-ce qui les a inspirés, quel malaise ont-ils traversé, comment se sont-ils renouvelés et comment ont-ils persisté sur l’échiquier musical international? Qu’évoquent-ils pour le public ? Malavoi de A à Z, Malavoi à nu après 40 ans de chanson à travers le monde.

Rise Up : le 18 juin, 19h :

Rise up : Il existe un endroit ou la musique ne sert pas seulement à divertir. C’est un mode de vie.

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Ciné Bokay Sen Piè : samedi 13 juin 2015 à 18h30, sur la place Bertin, à Saint-Pierre

http://www.madinin-art.net/wp-content/uploads/2014/10/samba.jpgLa Région Martinique dans le cadre du Grand Saint Pierre et la Municipalité de Saint Pierre invitent les pierrotins à assister à la projection du film SAMBA. Une belle comédie dramatique interprétée par Omar Sy et Charlotte Gainsbourg.

Lire la critique sur Madinin’Art

Une fois par mois à Saint PIERRE, dans les premiers jours des mois Juillet et Août, le rendez-vous Ciné Bokay Sen Piè (CBSP) est pris avec l’association Ciné Woulé qui assure la programmation et les projections gratuites.

Samba est un sénégalais qui vit en France depuis 10 ans ; il collectionne les petits boulots. Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn-out. Lui essaye par tous les moyens d’obtenir ses papiers, alors qu’elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu’au jour où leurs destins se croisent… Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d’imagination qu’eux ?

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En prison dans son couple?

lempriseJournée martiniquaise de lutte contre les violences dans le couple.

Projection de « L’emprise » suivie d’un débat salle de la Mutualité, 46 bd du Gal de Gaulle ( FdF) à 18 h avec Nathalie Driguez avocate, Fred Galva psychologue, Louis Jehel psychiâtre, Cinthya Petit psychologue

L’EMPRISE fait le récit d’un terrible drame, adapté du bouleversant livre-témoignage Acquittée d’Alexandra Lange, paru aux Editions Michel Lafon.

Malgré de nombreuses campagnes de prévention, malgré des faits divers tragiques relayés presque quotidiennement par les médias, malgré des témoignages, malgré des articles ou livres, malgré le travail d’associations, de la justice ou de spécialistes, le fléau de la violence conjugales ou des violences commises sur les femmes en général n’est pas engagé sur une pente décroissante notable, bien au contraire. Au pire, il stagne, au mieux, il baisse dans des proportions anecdotiques. On estime aujourd’hui que près d’une femme tous les trois jours, succombe à des actes de violences conjugales. 146 en 2013. C’est trop. Beaucoup trop. Un bilan révoltant qui s’est retrouvé mis en lumière pour la énième fois en mars 2012, avec le procès d’Alexandra Lange, une mère de quatre enfants qui a comparu dans le box des accusés aux assises de Douai pou le meurtre de son mari.

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Les 10èmes Rencontres Cinémas Martinique du 12 au 19 Juin 2015

rcm_2015Présentation et programme

Le festival « RENCONTRES CINEMAS MARTINIQUE », actuellement à sa 10ème édition, est un rendez-vous majeur de l’année cinématographique de notre région.
Cet événement a des contours bien définis : une programmation de qualité, un intérêt pour la Caraïbe, une action envers des publics variés. Cette philosophie globale se décline au fil des éditions en tentant de suivre l’actualité ou plutôt les résonances du monde d’aujourd’hui.

2015 est une année importante : c’est la première de notre nouvelle structure : l’EPCC ATRIUM MARTINIQUE. Cette 10ème édition des RENCONTRES CINEMAS sera l’occasion de décliner les axes majeurs de notre action tout en offrant au public Martiniquais un vrai moment festif.

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Costa-Gavras en visite à Cuba : Il y a des principes que je ne veux pas changer

costa-gravras_cubaPour la presse qui offre régulièrement une couverture au Festival du Cinéma Français, la rencontre avec la délégation de cinéastes français présente à La Havane avait un attrait particulier cette année : parmi ses membres se trouvait Costa-Gavras, une légende de la cinématographie contemporaine.

Dès qu’il est entré dans la salle il a été entouré par certains de ses collègues de la Cinémathèque de Cuba et par des journalistes afin de soutenir, même de manière collective, un dialogue avec l’admiré metteur en scène de Z, d’État de siège ou de Music Box, parmi de nombreux autres films dans lesquels il montre avec une maestria artistique ses préoccupations sociales et politiques.

Grâce à Nouredine Essadi, fondateur du Festival avec Christophe Barratier, nous avons obtenu un bref échange avant le début de la conférence de presse avec ceux qui sont venus à La Havane pour présenter leurs films.

Dans un espagnol précaire, non dénuée de sens de l’humour, Costa-Gavras a commencé le dialogue, entouré de microphones :

~Pour moi c’est toujours un plaisir et une fierté d’être à Cuba où je suis venu quatre ou cinq fois.

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Cannes. Partition en mode mineur pour un Festival majeur

— Par Dominique Widemann —

palmares_cannes_2015_retourBilan. Une sélection officielle qui laissait à désirer, un palmarès qui voit les productions françaises emporter 
la mise dans un univers cinématographique autrement plus vaste.

Un sentiment d’insatisfaction s’est levé sur la Croisette dès les premiers jours du Festival au vu des films de la compétition officielle. Sentiment rituel quand les goûts de chacun, qui ne sont pas à débattre, peinent quoi qu’il arrive à s’arrimer à un véritable enthousiasme. D’ordinaire, seuls quelques grincheux chroniques conservent cette disposition, parfois accolée à la pensée magique d’un passé idéal dont les exemples s’avèrent souvent introuvables. Ce sont les grands films qui rejaillissent. Ceux qui nous ont émus, enchantés, bouleversés, bousculés, sans mettre tout le monde d’accord. On peut même s’écharper à défendre « les siens », « son réalisateur », « sa palme », compte tenu de la souveraineté des jurys et des points de vue à l’emporte-pièce de la critique à chaud. Qui n’a pas, avec le recul du temps, mangé son chapeau, jette la première ligne⋅ L’effet déceptif persiste⋅ À une exception, celle du film le Fils de Saul, premier long métrage du cinéaste hongrois Laszlo Nemez.

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Palme d’Or : Un tigre dans la jungle des banlieues

— Par Dominique Widemann —

dheepanProtéger les siens : la guerre entre gangs fera renaitre chez Dheepan fureur et ferveur de combattant.
Photo : Why Productions
« Dheepan », de Jacques Audiard. France, 1 h 50. Le nouveau film de Jacques Audiard s’enracine au Sri Lanka et met en scène des Tamouls dans le chaos d’une cité française. Une sorte d’épopée qui laisse sur sa fin.

Existerait-il en Europe un eldorado pour les migrants ? Une île au trésor, un paradis de paix que l’on atteindrait à partir du Havre ? Le film de Jacques Audiard installe son prologue en territoire de guerre. Au Sri Lanka, les Tamouls viennent d’être défaits par les forces gouvernementales. Dheepan (Jesuthasan Antonythasan) est l’un de ces combattants tamouls, un tigre. Entouré des rares rescapés de sa section, il ajoute son uniforme à la dernière jonchée d’un bûcher funéraire.
Traqué par la police, 
trimballé de foyer en foyer

Au camp de réfugiés d’où s’entament les exils, on privilégie les familles. Yalini (Kalieaswari Srinivasan), une femme seule, emprunte une fillette qui a perdu les siens. Au rythme de l’urgence, dans la frénésie du passage, Dheepan, Yalini et la petite Illayaal (Claudine Vinasithamby) se transformeront à vue en famille de crise prête à larguer les amarres.

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Cannes 2015 : le palmarès

cannes_palme_dorLe jury du Festival de Cannes, présidé parJoel et Ethan Coen, a décerné…

Palme d’or : Dheepan, de Jacques Audiard. 

Grand prix : le Fils de Saul, du Hongrois Laszlo Nemes. 

Prix du Jury au Grec Yórgos Lánthimos, pour The Lobster.

Prix de la mise en scène : Hou Hsiao-Hsien, pour The Assassin.

Double prix d’interprétation féminine : Rooney Mara dans Carol, et Emmanuelle Bercot dans Mon Roi.

Prix de l’interprétation masculine : Vincent Lindon pour La Loi du marché.

La palme d’honneur est atribuée à la cinéaste Agnès Varda

*****

Voir des extraits des films récompensés.

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«La loi du marché» ou comment échapper à la réification?

— ParCorine Peluchon —

la_loi_du_marcheL’homme a refusé de mener un combat contre l’entreprise qui l’a licencié pour préserver sa «santé mentale». Contraint de se vendre comme une chose il veut, encore une fois, sauver sa dignité.

Le film de Stéphane Brizé, La Loi du marché, est un grand film dont on ne sort pas indemne. Cela n’est pas seulement dû à l’empathie que l’on éprouve pour le personnage principal incarné par Vincent Lindon, Thierry Taugourdeau, un chômeur de plus de cinquante ans qui a du mal à retrouver du travail après un licenciement. La force et l’originalité de ce film consistent à montrer l’impact de l’organisation du travail sur la subjectivité et sur nos rapports avec les autres. Nous sommes en présence d’un système que nous pouvons, faute de mieux, appeler «capitalisme», à condition d’ajouter qu’il ne se caractérise pas exclusivement par le fait que le profit ou la loi du marché règnent en maîtres, mais par l’existence de dispositifs qui fabriquent la réification, c’est-à-dire que les individus développent la tendance à éprouver leurs désirs et leurs buts selon le modèle de choses manipulables.

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Titli : la sombre beauté d’une chronique indienne

— Par Roland Sabra —

titliTroisième élément d’une fratrie qui fricote avec le crime, Titli tente d’échapper au déterminisme familial en prenant la poudre d’escampette avec les maigres économies du clan qu’il se fait voler par des flics corrompus. Contraint de retourner au bercail, les frangins après lui avoir administré une bonne raclée, décident de le marier de force, espérant par là le tenir. Las, l’épouse amoureuse d’un autre et plutôt dégourdie va lui proposer un arrangement boiteux et Titli va reproduire le comportement et les manières violentes qu’il cherchait à fuir. Ce n’est pas tant la reproduction sociale à l’intérieur de la cellule familiale qui est traitée que l’omniprésence de la violence incorporée et intériorisée de la société indienne. La violence de la ville, celle des frères braqueurs d’automobilistes, celle de l’aîné sur ses puînés, celle des hommes à l’égard des femmes, celle du patriarche sur la famille n’est dans Titli que la plaque projective d’une violence qui traversant les individus de part en part surgit presque toujours de façon inattendue à la suite de moments lourds d’un silence chargé d’oppression.

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Pour un monde meilleur : un cinéma documentaire engagé

— Par Janine Bailly —
regars_sur_caraibes-1Pour clore en beauté la programmation à l’Atrium de « Regards sur la Caraïbe », Steve Zébina nous a fait cadeau, ce mardi 28 avril, d’un film trinidadien : « Art Connect », superbe documentaire de Miquel Galofré, réalisateur de talent né à Barcelone en 1970, déjà plusieurs fois primé, qui a mené en parallèle la réalisation de cette œuvre sur un groupe de jeunes trinidadiens et un reportage sur une prison à sécurité maximale de la Jamaïque. Il justifie le lien qui unit ces deux projets : « Il est apparu que tous les “criminels” ont été victimes quand ils étaient enfants ».
Récompensé au festival de Trinidad et Tobago 2014, « Art Connect » vient d’être à juste titre sacré meilleur documentaire au 21ème FEMI de la Guadeloupe.
Nous sommes à Port of Spain, dans le quartier sensible de Laventille, là où progressent trop vite la pauvreté et ses corollaires, violence et criminalité, présence de la drogue et du viol. Une école secondaire décide de parrainer un programme éducatif original afin de rendre aux adolescents de ce quartier la possibilité de vivre autre chose qu’un quotidien à haut risque, dominé par la peur, le manque de confiance en soi, la perte de tout espoir quand l’horizon vous est fermé.

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Costa-Gavras sera présent dans le 18e Festival du Cinéma Français à Cuba

—Par Susana Méndez Muñoz —

costa_gavrasCeux qui ont grandi avec l’empreinte profonde de Z, État de siège, Missing ou Music Box, pour ne mentionner que certaines de ses oeuvres, ont appris à tant admirer son metteur en scène Costa-Gavras qu’ils ne peuvent pas éviter l’émotion de savoir qu’il fera partie de la délégation française qui sera à Cuba pour participer à la 18e édition du Festival du Cinéma Français qui sera inaugurée le 30 avril à La Havane et qui aura lieu durant tout le mois de mai dans le pays.

Mentionner sa vingtaine de films, tous des succès, deux Oscars, un Globe d’Or, un BAFTA, trois prix à Cannes, un César et un Ours d’Or, ne suffit pas pour affirmer l’importance humaine, sociale et artistique de son immense oeuvre cinématographique..

Ce metteur en scène a aussi toujours eu la sagesse de choisir de grands acteurs et des grandes actrices pour ses rôles principaux, parmi lesquels Simone Signoret, Yves Montand, Jean-Louis Trintignant, Romy Schneider, Jack Lemmon, Sissy Spacek, Dustin Hoffman ou Jessica Lange, pour n’en citer que quelques-uns.

Costa-Gavras présentera son dernier film à Cuba, Le Capital, interprété par Gabriel Byrne et Gad Elmaleh, dans le cinéma 23 y 12, le 1er mai à 20 heures et le dimanche 3 à 17 heures.

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La « blaxploitation » à la sud-africaine, un pan du cinéma redécouvert

— Par Emmanuelle Jardonnet —

joe_bulletDans les années 1970, le courant alternatif de la « blaxploitation » avait permis de donner le beau rôle et de beaux rôles à la communauté afro-américaine : Shaft, Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, Blacula… Tous les genres, films policiers, westerns, cinéma d’horreur ou péplums, ont été réinvestis par ces productions reflétant les aspirations, la vie ou les codes d’une communauté jusque-là quasiment invisible dans les productions hollywoodiennes. Or, au même moment en Afrique du Sud, en plein apartheid, des films étaient également réalisés à destination d’une audience noire, mais dans des conditions plus complexes, vient rappeler le Guardian.

En juillet 2014, Tonie van der Merwe, 74 ans, était récompensé parmi quatre « héros et légendes » du cinéma national lors du festival de cinéma de Durban. Une reconnaissance tardive et inattendue pour ce cinéaste afrikaner. Car, contrairement aux films de la « blaxploitation » américains, qui ont marqué une émancipation artistique et sociale de la communauté afro-américaine – même si, le plus souvent, la production était assurée par des Blancs –, les films à destination de la majorité noire d’Afrique du Sud sous l’apartheid étaient sous le contrôle total des Blancs.

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Les séances en VO en avril 2015 à Madiana

 mardi 28 / mercredi 29
LA PROMESSE D’UNE VIE
Synopsis
La Promesse d’une vie est une épopée d’aventures se déroulant en 1919, 4 ans après la terrible bataille des Dardanelles, dans la péninsule de Gallipoli. Après la mort de sa femme, Joshua Connor, un paysan australien, embarque pour la Turquie sur un bateau. Son but ? Rejoindre ses trois fils et les convaincre de revenir chez eux. En arrivant à Constantinople, le paysan est subjugué et envoûté par la grandeur de la cité, une splendeur qu’il n’imaginait pas, un tourbillon d’animation et de vie, bien loin de sa vie rurale. Pourtant c’est une terre hostile qui a englouti ses enfants. Il est aidé dans ses recherches par un jeune garçon, Orhan, et sa mère, Ayshe. Joshua doit parlementer et convaincre les troupes britanniques d’accéder au champ de bataille pour trouver ses fils parmi des milliers de cadavres. Une quête dont l’aboutissement est le deuil .
Cinéman
La Promesse d’une vie se regarde comme une grande et belle carte postale, dans le format et les couleurs du cinéma américain populaire. Au menu donc : de beaux paysages australiens et turcs, un héros en creux qui a renié Dieu, un bambin pour l’humaniser, un climax spectaculaire pour redynamiser la chose, sans oublier la mention « histoire vraie » en ouverture et une amourette poussive pour le happy end.

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70ème anniversaire de la Résistance, la Victoire et de la Libération des camps nazis à Madiana

Vendredi 24 avril 2015 à 9h : Le Métis de la République

raphael_elize400Exceptionnel documentaire sur le destin incroyable et tragique du premier maire noir de France, à Sablé-sur-Sarthe, Raphaël Elizé, (1891, La Martinique – 1945, † Buchenwald), héros de la Seconde Guerre Mondiale.

Dans le cadre de la commémoration du 70ème anniversaire de la Résistance, la Victoire et de la Libération des camps nazis en 1945, un film consacré à Raphaël Élizé, Le Métis de la République, sera présenté à un public composé de collégiens, de lycéen, d’étudiants, d’enseignants et d’anciens combattants, vendredi 24 avril 2015 de 9 h à 13 h au Palais des congrès Madiana à Schoelcher.
Le Métis de la République revient sur le parcours exemplaire, fascinant et tragique de Raphaël Elizé. Né au Lamentin en Martinique en 1891, il entre à l’école vétérinaire de Lyon et obtient son diplôme en juillet 1914 avant d’être mobilisé comme vétérinaire au 36e régiment d’infanterie coloniale. Après la Première Guerre Mondiale il s’installe comme vétérinaire à Sablé-sur-Sarthe. Très vite, cet érudit mélomane socialiste est estimé des nombreux éleveurs de la région et gagne leur confiance.

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