Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir.

De Annemarie Jacir
Avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik
Genre Drame
Nationalité palestinien

Synopsis : Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du « wajib ». Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.

De père en fils, les voix multiples de la Palestine

—Par Dominique Widemann —

La réalisatrice palestinienne, donne un troisième long métrage qui prolonge son récit du quotidien de son peuple avec sensibilité. Elle révèle femmes et hommes de chair et aux destinées singulières.

Abu Shadi (Mohammad Bakri) vit à Nazareth. Il prépare le mariage de sa fille. Selon la coutume palestinienne, les invitations doivent être remises de la main à la main par les hommes de la famille. Son fils Shadi (Saleh Bakri) vient l’y aider. Architecte, il habite Rome et on comprend vite que le temps de son séjour n’excédera pas celui de l’événement et de ses préparatifs. Les premières séquences alignent d’emblée les sensibilités fines de l’écriture d’Annemarie Jacir. Seul dans sa voiture, Abu Shadi écoute à la radio la diffusion des avis de décès, la déclinaison des sépultures afférentes selon les cultes, chrétien, musulman, juif. Nazareth s’étend dans le lointain, au-delà de la lunette arrière. Une autre annonce radiophonique se glisse en douce, stipulant que le gouvernement israélien entend supprimer les indications en langue arabe dans les bus.
Abu Shadi n’a jamais quitté Nazareth, se pliant aux compromissions

Un vaste panorama a été ainsi dressé l’air de rien, de l’ancrage séculaire à la dernière pointe empoisonnée de l’injustice. Jamais pourtant, l’intime ne s’est absenté du premier plan, de la force expressive du personnage. Sur fond de cette litanie nécrologique, du léger effet comique que surfile une telle audition, on a pu croire Abu Shadi réduit au veuvage. Il n’est que divorcé. Son épouse, remariée aux États-Unis, l’a quitté il y a bien longtemps. En père affectionné il a pris soin de leurs deux enfants. Une fille qui s’apprête à quitter son foyer pour fonder le sien. Un fils, Shadi, qui a choisi d’exercer au loin son métier d’architecte et partage son existence romaine avec une compagne dont son père oublie obstinément le prénom. Au prix de l’effort consenti, Shadi va contribuer à la distribution des centaines d’invitations qu’il serait inconcevable de poster ou de glisser dans les boîtes. De nombreuses portes seront donc franchies par le duo que forment père et fils, en autant de jaillissements sous la baguette sourcière d’Annemarie Jacir. Les Bakri, père et fils à la ville, grands comédiens l’un et l’autre, excellent au jeu.

La cinéaste nous parle de la Palestine en brassant des atmosphères, fore en profondeur avec le talent de la simplicité. La variété des visites rendues évite l’écueil de l’échantillonnage. À chaque seuil, l’histoire ne cesse de faire son entrée. Elle révèle femmes et hommes de chair et de destinées singulières au prisme d’une identité, morcelée d’être déniée.

À Nazareth, Noël est proche….

Lire la Suite = L’Humanité.fr

 

La presse en parle :

Cahiers du Cinéma par Camille Bui
Passant organiquement d’une perspective à l’autre, la mise en scène évite de solidifier le dialogue père-fils en une opposition sociologique.

Dernières Nouvelles d’Alsace par La Rédaction
Un film drôle et cruel.

Le Parisien par La Rédaction
Ce road-movie urbain de la cinéaste palestinienne Annemarie Jacir suit avec justesse les états d’âme et la complicité de ses deux héros.

Les Fiches du Cinéma par Simon Hoarau
Une flânerie portée par la tendresse de son récit et l’interprétation de ses deux comédiens.

Paris Match par Yannick Vely
Le cinéma permet parfois de comprendre des enjeux humains bien au-delà des considérations géopolitiques. «Wajib» est un de ses films, précieux et rares, qui nous éclaire sur le quotidien des habitants d’une ville et d’une région sans nous obliger à prendre partie sur des questions qui de toute façon nous dépassent.

Télérama par Pierre Murat
D’autres souvenirs, encore plus amers et douloureux, surgissent. C’est dire que la cigarette partagée par les deux hommes, tandis que le soir tombe sur Nazareth, ne résout rien. La réalisatrice semble offrir cet instant suspendu à ses héros (interprétés par deux comédiens formidables, père et fils dans la vie) comme une récréation. Une trêve inattendue. Un petit moment de paix illusoire, insensé et d’autant plus précieux.

La Croix par Corinne Renou-Nativel
Si le film connaît quelques longueurs, il raconte la vie en Palestine et ses difficiles conditions de vie avec tendresse et un brin d’humour. Il touche surtout par son portrait délicat du lien entre le père et son fils, formidablement incarnés par Mohammad et Saleh Bakri, père et fils dans la vie.

Le Journal du Dimanche par Stéphanie Belpêche
Interprétée par Mohammad et Saleh Bakri, réellement père et fils, cette tragi-comédie bouleverse par son humanité et sa simplicité.

le Monde par Jacques Mandelbaum
Les gens et la ville forment tout au plus un décor à cette joute filiale, pas assez creusés pour entrer de plain-pied dans la dramaturgie, mais suffisamment esquissés pour qu’on y devine l’arrière-plan du duel affectueux qui tient la vedette.