Victoria

— Par Guy Gabriel —

A Madiana :

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VICTORIA de Justine Triet ; avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaux

Victoria Pick , avocate pénaliste, plutôt brillante est en plein vide sentimental ; le hasard l’amène à rencontrer, lors d’un mariage, son ami Vincent et Sam, un ancien dealer qu’elle a eu l’occasion de défendre et sortir d’affaire. Très rapidement, elle va se retrouver au coeur d’un imbroglio judiciaire et sentimental auquel elle devra bien faire face.

Justine Triet nous fait entrer dans l’univers incroyable d’une mère de famille (mère de deux jumelles) socialement à l’aise, belle, intelligente, avocate pénaliste de haut niveau ; univers incroyable, car sur le plan personnel, c’est plutôt la cata ;elle va tenter, vaille que vaille, de se débrouiller pour élever, seule, ses enfants, étant donné qu’elle est séparée de leur père ; situation qu’elle aura de plus en plus de mal à maîtriser, même si l’arrivée, inopinée dans sa vie d’un ex-client(ex-dealer), semble pouvoir l’aider à démêler l’écheveau que devenue sa vie.

Le film de Justine Triet pose un regard intelligent sur les dégâts psychologique de la société sur les individus, apparemment, les plus intouchables ; pour cela elle utilise, avec une remarquable efficacité les ressorts de la comédie romantique, matinée de drame personnel, tout cela avec un humour souvent décalé. Il faut dire que l’ensemble est servi par un panel d’acteurs qui sait donner du brio à l’ensemble, Virginie Efira (Un homme à la hauteur, Une famille à louer, sans oublier Le goût des merveilles) en tête ; elle sait être belle, fragile, subtile et convaincante et créer un personnage qui sait se montrer créatif dans des situations, en apparence inextricables ; la réplique de Vincent Lacoste(Hippocrate, Les beaux Gosses, Saint Amour) n’est pas moins remarquable. Victoria est un beau divertissement qui se montre, pourtant très sérieux, à travers ce beau portrait de femme, qui n’est pas sans rappeler ceux de la grande époque hollywoodienne, avec les Billy Wilder, Howard Hacks et autre Blake Edwards, utilisant avec intelligence des personnages secondaires, qui ne manquent pas de piments (la voyante, le Psy…).Un film qui se savoure grâce à une délicatesse de jeux et de mise en scène qui donne un reflet particulier à la comédie française et qui nous permet de voir combien il peut être difficile de se sortir d’une spirale émotionnelle torturant quand on est coincé dans des situations de vie complexes et, apparemment désespérées ; un film qui arrive, malgré tout à être jubilatoire ?

Guy Gabriel