Une seconde vie pour les classiques du 7e art

 

Les producteurs restaurent leur catalogue de films afin de s’adapter à un nouveau public et aux salles de cinéma qui s’équipent en numérique.

Ils reviennent. Dans les salles de cinéma, en DVD, en Blu-ray, dans des manifestations de prestige… La Cinémathèque française, à Paris, vient ainsi d’inaugurer la première édition du festival international du film restauré, Toute la mémoire du monde (jusqu’au 2 décembre) à l’initiative de son directeur général, Serge Toubiana. Au même moment Serge Bromberg, dirigeant de Lobster, société de restauration de films anciens, fête, au cinéma Le Balzac, à Paris, les vingt ans de ses Ciné-concerts.

Au programme: trésors perdus et miraculés du 7e art (jusqu’au 16 décembre). En octobre, Thierry Frémaux faisait salle comble avec son Festival Lumière à Lyon qui met également à l’honneur les grands classiques du cinéma. Pathé et Gaumont, qui sont à l’origine du cinéma français, se sont aussi attaqués à la restauration de leur catalogue, soit près de 1500 films sonores (et plusieurs milliers de muets) comme La Roue d’Abel Gance (1932), Le Guépard de Visconti ou encore Borsalino de Jacques Deray.

«C’est la mémoire du cinéma qui se joue, estime Jérôme Soulé, directeur vidéo, télévision et nouveaux médias chez Gaumont. Si on veut que les nouvelles générations continuent à regarder le répertoire, sans parler des films muets, il faut que les nouvelles copies aient une qualité d’image numérique.» Difficile, pour les jeunes nés avec Internet, d’apprécier un film flou, zébré de rayures, au son chuintant et dont la couleur dominante est un «verdâtre maronné».

Investissement d’avenir

Mais sauver un film, lui redonner une seconde vie sous forme de coffrets, de DVD ou à l’exportation, a un prix. Les budgets de restauration oscillent en général entre 50.000 et 250.000 euros. Avec des exceptions. En 2008, Lola Montès, de Max Ophuls, restauré avec l’aide de la Fondation Technicolor, de la Cinémathèque française et du Fonds culturel franco-américain avait coûté 400.000 euros. Il fallait, entre autres difficultés, retrouver les couleurs du Technicolor. En 2011, Le Voyage dans la Lune , le chef-d’œuvre de Georges Méliès, reprenait ses couleurs de 1902 grâce à Serge Bromberg et aux fondations Groupama Gan pour le cinéma et Technicolor. Quinze minutes de ravissement pour dix années de travail et un demi-million d’euros de budget!

«C’est une politique au long cours, sur plusieurs années» note Marc Lacan, directeur général de Pathé, qui vient de ressortir en salles une version restaurée des Enfants du paradis de Marcel Carné et de Tess de Roman Polanski. Le Centre national du cinéma (CNC) a ouvert une aide à la numérisation et à la restauration des œuvres du patrimoine. Une commission présidée par Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, est chargée d’attribuer cette aide sélective, soit sous la forme de subvention, soit sous la forme d’aide remboursable en fonction de la capacité des films numérisés à générer des ressources. En juillet, Gaumont a signé un accord avec la Caisse des dépôts dans le cadre du programme d’investissement d’avenir, afin de numériser 270 films d’ici à 2016. LaPassion de Jeanne d’Arc de Carl-Theodor Dreyer, L’Atalante de Jean Vigo ou L’assassin habite au 21d’Henri-Georges Clouzot vont pouvoir être conservés et valorisés.

Le Figaro.fr

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