« Une seconde mère » : une nounou d’enfer made in Brasil

 — Par Barbara Théate —

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Une seconde mère confirme la qualité d’un cinéma latino-américain de plus en plus présent partout dans le monde.

Il y a quinze ans, ils marquaient le renouveau du cinéma sud-américain. Alfonso Cuarón (Y tu mamá también, 2001) et Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes, 2000) lançaient la nouvelle vague mexicaine, emboîtant le pas à leurs confrères brésiliens, Walter Salles (Central do Brasil, 1998) et Fernando Meirelles (La Cité de Dieu, 2002), invités directement en compétition au Festival de Cannes. Les réalisateurs argentins n’étaient pas en reste et on découvrait alors Les Neuf Reines, de Fabián Bielinsky (2000), Bombón el Perro de Carlos Sorín (2004), et Leonera, de Pablo Trapero (2008).

Des films forts, à la mise en scène maîtrisée, qui témoignaient de la capacité de tous ces jeunes cinéastes à traiter des problèmes humains et sociaux de leurs pays aussi bien sur le mode de la comédie à l’ironie grinçante ou à l’humour délirant que du drame au réalisme perturbant et à l’émotion brute. La reconnaissance obtenue, la réussite à Hollywood pour certains, ou la candidature à l’oscar du meilleur film étranger (Dans ses yeux, de l’Argentin Juan José Campanella, lauréat de la statuette en 2010) ont fini de donner une impulsion à l’industrie cinématographique du continent latino-américain.
Des pépites et des aides au cinéma

Si l’Argentine s’impose comme la contrée où il est le plus facile de passer à la réalisation avec de grandes écoles et une vraie politique de soutien du gouvernement (Jauja, de Lisandro Alonso ; Les Nouveaux Sauvages, de Damián Szifron), le Brésil, pourtant vampirisé par les telenovelas, prend sa place grâce au système d’aides publiques (Les Bruits de Recife, de Kleber Mendonça Filho), le Chili (No, de Pablo Larraín) et la Colombie (Gente de bien, de Franco Lolli) commencent à livrer quelques pépites, et le Mexique, malgré les difficultés du pays, continue d’offrir un cinéma coup de poing (Heli, d’Amat Escalante, qui avait marqué l’édition cannoise 2013).

Les distributeurs français ne s’y sont pas trompés et enregistrent de jolis succès au box-office : Les Nouveaux Sauvages, porté par l’acteur argentin Ricardo Darín aussi populaire que Depardieu, a attiré depuis le 14 janvier 326.082 curieux…

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Une seconde mère

D’Anna Muylaert, avec Regina Casé, Camila Márdila. 1h50.

Bonne à tout faire depuis treize ans dans une famille bourgeoise de São Paulo, Val est devenue plus proche du fils de la maison que de sa propre fille, qu’elle a dû laisser dans sa région natale du Nordeste et qui se sent abandonnée. Alors qu’elle doit passer un concours d’entrée dans une école d’architecture, la jeune fille s’installe chez sa mère et prend un peu trop ses aises dans la villa avec piscine des patrons, révoltée par les barrières de classe. Avec finesse, Anna Muylaert dissèque les rapports de domination et met en scène les contradictions d’un Brésil post-Lula en pleine mutation sociale, sur le mode de la comédie à l’humour bon enfant et à l’ironie douce-amère. D’un optimisme forcené, généreuse et chaleureuse malgré les blessures, Regina Casé campe une nounou attachante, à la tendresse tellement débordante qu’on aimerait la mettre en bouteille. B.T.