Un « Festival des petites formes » au féminin, premier temps

— par Janine Bailly —

Le festival des petites formes, deuxième du nom, proposé par Tropiques Atrium Scène Nationale, met heureusement en lumière(s) les artistes antillais, que leur voix emprunte, pour se faire entendre, la forme théâtrale, la forme poétique ou la forme musicale. Et les femmes y ont cette année plus que droit de cité, une place de choix !

C’est à l’une d’entre elles que revint, à la salle Frantz Fanon, l’honneur d’ouvrir la manifestation. Et ce fut pour tous une découverte, celle d’une jeune femme, écrivaine et comédienne au talent prometteur, Françoise Dô qui interpréta sur scène le texte grâce auquel elle a été sacrée lauréate du concours En avant la création de Tropiques Atrium. Avec L’Aliénation Noire, elle conquit son public, jouant pour lui, avec élégance et justesse, avec humour aussi, les bonheurs et les affres de l’exil, du pays où l’on naît à celui où, par les vicissitudes de l’existence, l’on est un jour appelé à vivre. Nous disant la dure conquête d’une identité singulière, de celle que l’on prétend nous forger à celle que soi-même on travaille à se bâtir, seule ou avec les autres, dans la douleur ou dans la joie !

Un autre soir, ce fut une escouade de filles, sous l’égide de Aurélie Dalmat et sous le chapiteau installé sur la place Osenat de Schœlcher, qui nous fit découvrir, entre certitudes et hésitations, entre déclamations et timides bégaiements, avec aussi l’intervention de quelques représentants de la gent masculine, un pan de l’œuvre de Vincent Placoly, dans la première partie d’un spectacle venu nous initier à La vie et la mort de Marcel Gonstran, ou à L’eau-de-mort guildive. Si le spectacle, porté par des lectrices-comédiennes-débutantes, ne fut pas parfait, il eut le grand mérite de nous rappeler que, derrière les arbres qui cachent la forêt, il existe aussi à la Martinique des écrivains que l’on aurait bien tort de jeter aux oubliettes de l’histoire !

Un autre soir encore, sous ce même chapiteau, dont on peut regretter qu’il n’ait pas été davantage signalé dans le bourg, et que son acoustique laisse à désirer quand de surcroît d’indiscrètes conversations à l’extérieur viennent parasiter notre écoute, cet autre soir-là donc nous sommes entrés en Poésie, sur les pas de ses deux fidèles servantes venues nous ouvrir le chemin (À suivre : Un Festival des petites Formes au féminin, deuxième temps).

Avec impatience, j’attends à présent la venue de Karine Perdurand, la Médée Kali de Laurent Gaudé, mise en scène par une femme encore, Margherita Bertoli.

Eh, vous ! Qui n’êtes pas encore allés à la rencontre de ces Petites Formes ! Courez-y vite, elles vous attendent !

Janine Bailly, Fort-de-France, le 23 janvier 2017

Photos Paul Chéneau