« Tu peux parler par ma bouche n’aie crainte, je te la prêterai »

Serge Goudin-Thébia aimait répéter cet extrait d’un de ses poèmes. Et, oui, sa bouche, sa voix, ses mains, son corps, sa vie, Serge Goudin-Thébia les a donnés sans compter pour exprimer, dire, crier, chanter, tonner cet éternel enchantement de vivre, cette éternelle boulimie de lecture, cette passion du bleu, des pierres, des bois flottés, cette urgence de la création perpétuelle, cette indispensable « intranquilité ».
La vie et l’œuvre plastique et poétique de Serge Goudin-Thébia ne font qu’un, un élan vital. La voix forte qui résonne, la main qui trace les mots, vite, la main qui griffe, sculpte, déchire, relie, mais sait se faire patiente et douce quand les lézards, par dizaines, viennent y dévorer les miettes déposées à leur intention au creux de la paume.
Et même si la maladie, actuellement, ne lui permet plus de donner sa pleine mesure, la presqu’île de la Caravelle résonne encore des échos de la voix et des pas du poète, arpentant les rivages lors de ses inlassables errances géopoétiques.

 

Là où nous allons tous (extrait)


(à Léon-Gontran DAMAS)

(…)

Ils disent
que j’ai de la chance
de pouvoir acheter ou vendre
tout un tas de mensonges,
qu’en mettant dans le réservoir de ma voiture
des miles et des miles de litres d’essence
je pourrai oublier ce que je suis.

Dur, dur à vivre ce qu’ils pensent.
Dur, dur à croire ce qu’ils disent.
Dur, dur à dire ce qu’ils vivent.
Dur, dur à dire
ce que je dis,
Léon Gontrand !

Finalement, j’ai opté pour la vie,
la vie,
pour l’écriture de la vie,
là où il y a bien plus que la coalescence
du rigide et du froid, là ou se grave l’eau forte
de notre être essentiel.

Finalement, j’ai opté pour le sable et la mer
sur sa plage, une seule étreinte
vaut dix milliards de signes.

(…)

Serge GOUDIN-THEBIA (1999)

Guerriers de l’Absolu

VOIR LE MONDE

Voir le monde

C’est le sentir

à la racine des yeux

là où le regard et le cerveau se touchent

et font écho

Serge GOUDIN-THÉBIA (inédit)