« Théo, Mohamed » : communiqué de la LDH Guadeloupe

Deux nouvelles affaires de violences policières sur des jeunes Noirs avec insultes racistes et homophobes se sont récemment déroulées à Aulnay-sous-Bois.

Au cours de son interpellation par un groupe de 4 policiers, le 2 février 2017, Théo, 22 ans, a eu une déchirure anale qui lui a « valu » 60 » jours d’Interruption Temporaire de Travail. Le policier mis en cause a déclaré qu’il n’avait pas eu l’intention de le sodomiser avec sa matraque télescopique.

Une semaine auparavant, soit le 26 janvier 2017, dans cette même cité d’Aulnay-sous-bois, le jeune Mohamed, 22 ans lui aussi, a été passé à tabac et insulté par un groupe de policiers. Le visage particulièrement tuméfié, il s’en est sorti avec plusieurs blessures au corps et 5 jours d’ITT.

Mohamed aurait reconnu parmi ses agresseurs l’un des policiers auteur ou complice du viol de Théo.

Nous observons que :

– Même si une grande majorité de policiers continue d’effectuer ses missions dans le respect des lois de la République, en France les violences policières assorties d’insultes racistes et de propos homophobes contre les jeunes Noirs se multiplient et tendent à se banaliser

– Le représentant d’un syndicat de police a déclaré sur les médias que, concernant Théo, la sodomisation était involontaire. A partir de ce postulat, il a donc conclu à l’absence de viol. En outre ce syndicaliste a estimé que les propos racistes n’étaient pas si choquants

– L’Inspection générale de la Police Nationale (IGPN) a elle aussi retenu dans son rapport le caractère involontaire de cet acte

– Curieusement, l’avocat du policier concerné a retenu la même ligne de défense : l’absence de viol découlerait donc non pas de la pénétration à caractère sexuel du corps de la victime sans son consentement, mais de la pénétration sans intention de la faire !

De fait, la situation des Afro-descendants en France s’apparente de plus en plus à celle des Afro-américains aux USA.

C’est pourquoi, à quelques semaines de l’élection présidentielle, nous exigeons que :

– Les contrôles policiers ne se décident plus au faciès.

– Les policiers coupables de violences, voire de barbarie, d’insultes racistes et homophobes soient sanctionnés avec une grande fermeté.

– Le recrutement, ainsi que la formation des membres de la police municipale, de la police nationale et de l’IGPN soient beaucoup plus rigoureux afin que chacun se sente enfin rassuré par la présence des gardiens de la paix.

D’ores et déjà nous apportons notre sympathie à toutes les victimes de violences policières et nous nous déclarons solidaires des manifestants qui, opiniâtrement, questionnent le Gouvernement sur le fonctionnement de ses institutions.

Fait à Pointe-à-Pitre le 22 février 2017