Étiquette : Thomas Ostermeier

À Almada, « ödipus » sur la grande scène du TMJB 

Quand Ostermeier s’approprie le mythe d’Œdipe 

–– par Janine Bailly ––

Pour avoir vu, en 2016, au Théâtre parisien de l’Odéon, la version de La Mouette, proposée par Thomas Ostermeier, membre de la direction artistique et metteur en scène à la Schaubühne de Berlin, je partage cette idée que, tout en respectant l’esprit des textes, contemporains ou classiques, le metteur en scène sait leur insuffler une modernité bien à lui, se les approprier et les marquer de son sceau. Mais si dans La Mouette, il donnait le texte original, le faisant précéder d’un prologue où les comédiens, rappelant l’attention que Tchekhov portait au monde, évoquaient la Syrie, ou se livraient à la critique des modes et outrances d’un certain théâtre contemporain, pour ödipus – sans majuscule  il ne prétend pas travailler les œuvres ni de Sophocle ni d’Euripide. Il demande à Maja Zade, dramaturge à la Schaubühne, de lui écrire un texte qui placera le mythe au cœur de notre siècle, en le connectant aux problèmes qui sont les nôtres.

Nous voici donc en Grèce, pour des vacances sur cette terre éminemment mythologique, évoquée par une projection d’images qui peignent davantage une terre brûlée qu’un lieu paradisiaque : pressentiment d’un drame et mise en éveil du spectateur ?

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Un « Richard III » d’exception à Avignon à revoir sur Arte

Samedi 18 juillet 2020 à 22 h 15. En rediffusion jusqu’au 24 juillet

— Par Fabienne Darge —
A défaut de Festival, Arte propose de (re)découvrir la pièce de Shakespeare, mise en scène par Thomas Ostermeier
Le roi d’Avignon, c’est lui. Un roi boiteux, contrefait, à la couronne noire comme le fond de son âme.
Richard III, interprété par Lars Eidinger, sous la direction de Thomas Ostermeier, a bien été sacré roi de la cité des Papes lors de la première du spectacle, en juillet 2015, à l’Opéra-Théâtre. Un triomphe comme une évidence, tant ce théâtre-là est à la fois d’une intelligence magistrale et totalement accessible, jouissif et inscrit dans une modernité qui n’a rien de cosmétique.
Comment s’approcher du mystère d’un monstre qui élimine sans états d’âme tous ceux qui pourraient barrer sa route vers la couronne, se demande Shakespeare, en 1593, quand il invente ce personnage fascinant. Le monstre est là en chacun de nous, nous disent Thomas Ostermeier et Lars Eidinger. Par quel mécanisme, par quels chemins tortueux de l’âme un élément de la race humaine fait-il sauter les digues et lâche-t-il en liberté le fauve furieux qui habite en lui ?

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Intense « Retour à Reims », sur les chemins de l’injure et de la honte

— Par Roland Sabra —

Sur scène dans dans un décor qui reproduit fidèlement un un studio d’enregistrement, Catherine ( Irène Jacob), comédienne est d’abords seule occupée à réviser le texte du commentaire OFF qu’elle doit faire pour un documentaire réalisé par Paul (Cédric Eeckhout), cinéaste, à propos du parcours du philosophe Didier Éribon. Peu après l’arrivée du réalisateur en compagnie de Tony (Blade MC AliMbaye) , le propriétaire du studio le travail d’enregistrement commence.

D’une voix superbe, Irène Jacob, lit le début du texte de ­Retour à Reims, tandis qu’est projeté sur grand écran au dessus de la scène un film tourné par Sébastien Dupouey et Thomas ­Ostermeier, qui a convaincu Didier Eribon de faire devant la ­caméra ce qu’il ­raconte dans son livre : retourner à Reims. Défilés de paysage à travers la vitre du train, gros plans sur le visage de Didier Eribon précèdent les retrouvailles avec la mère atour d’une tasse de thé dans le petit pavillon de banlieue où elle demeure. Sur la table des petits gâteaux et une boite de photos sous laquelle le journal régional est déployé.

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Shakespeare à Avignon

Le roi Lear, MES : Olivier Py
Richard III, MES : Thomas Ostermeier

richard-III— Par Michèle Bigot —
Shakespeare a toujours été à l’honneur à Avignon, et certains cadres lui conviennent particulièrement: c’est bien sûr le cas pour la cour d’honneur du Palais des papes, ou encore la carrière de Boulbon, mais cette année aucun spectacle n’est donné dans la carrière en raison de la baisse des subventions. L’opéra grand Avignon est également un lieu propice aux mises en scène de Shakespeare en raison de sa taille, de son histoire et de la profondeur de sa scène. Un certain prestige s’attache à ces mises en scène, qui en général font date et attirent les faveurs du public. Les metteurs en scène sont conscients de ces enjeux, parfois douloureusement : voici ce que dit Olivier Py à propos de la cour d’honneur : « La cour d’honneur propose également son esthétique : il faut jouer la cour. Elle impose un combat avec les éléments , avec le ciel, avec la parole. Si on ne s’adresse pas au ciel on perd les vingt derniers rangs.

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Avignon 2015 (1) : Shakespeare et compagnie

Par Selim Lander

richard3_c_arno_declairPremière journée au festival d’Avignon 2015 avec deux Shakespeare au programme. Le très attendu Richard III de la Schaubühne (Berlin), mis en scène par Thomas Ostermeier, à l’Opéra d’Avignon, et le Roi Lear présenté dans la Cour d’honneur par le directeur du festival, Olivier Py.

Le Richard III de Thomas Ostemeier

Grand succès de Richard III, qui tient essentiellement à l’interprétation de Lars Eidinger dans le rôletitre. Il joue avec un réalisme étonnant l’être contrefait, jaloux du monde entier, dévoré d’ambition et foncièrement maléfique imaginé par Shakespeare. Affublé d’une bosse sur l’épaule gauche et d’un casque de cuir, avec un soulier démesurément allongé qui dissimule une autre malformation congénitale, les jambes torves, vouté, la démarche ondulante, physiquement inquiétant,  il l’est plus encore par son cynisme, ses manipulations constantes, les mensonges grossiers et les clins d’œil destinés à nous rendre complices de ces crimes.

Richard restera toute sa vie avec sa bosse et ses jambes torves[i] mais connaîtra une transformation physique notable au moment de son accession à la royauté, grâce au corset qui fait disparaître son voûtement.

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Anatomie comparée de deux modèles de théâtre

Les metteurs en scène Thomas Ostermeier et Stéphane Braunschweig dialoguent par-dessus le Rhin

Thomas Ostermeier est le plus français des metteurs en scène allemands, Stéphane Braunschweig le plus allemand des metteurs en scène français. Tous les deux ont quasiment l’âge du traité de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963 : l’un est né en 1968 à Soltau, en Bavière, l’autre en 1964, à Paris. Ils appartiennent à la génération qui s’est construite après la chute du Mur et dirigent chacun un théâtre important : le Théâtre national de la Colline à Paris et la Schaubühne de Berlin. Ils se répondent sur la question des relations franco-allemandes, du théâtre, de l’Europe et d’Ibsen.

Parmi les points importants du traité de l’Elysée, il y a la création de l’OFAJ, l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, destiné à faciliter les échanges entre la France et l’Allemagne. Faites-vous partie de ces enfants qui ont découvert le pays voisin grâce à l’OFAJ ?

Stéphane Braunschweig J’ai eu un correspondant allemand, mais c’était dans le cadre du lycée. Il vivait à Lübeck. J’y suis allé deux fois.

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