Étiquette : Ruddy Sylaire

José Exélis donne chair au « Jacques 1er » de Faubert Bolivar

— Par Roland Sabra —

Un rituel est en gestation. José Exélis accueil son public dans le hall. Un musicien l’accompagne. Le metteur en scène cadre la lecture puis entraîne son auditoire dans le méandre des couloirs de la bâtisse. Sur le chemin un fil conducteur parsemé de feuilles mortes et de bougies mène vers la salle attenante à la terrasse ou doit se dérouler la lecture mise en espace. Dans la semi-pénombre sur fauteuils et tabourets, six personnages, deux femmes et quatre hommes attendent immobiles, figés en un temps d’un autre temps. Devant les musiciens en fond de scène et face aux autres comédiens, trône, imposante, une momie, le haut du corps et le visage couverts d’une longue écharpe, blanche et sang. A la fermeture des portes, le voile sera défait, comme un retour vers le passé pour tenter d’éclairer le chemin d’un présent qui bégaie dans la souffrance et la douleur.
 Faubert Bolivar nous conte les premières années de l’indépendance d’Haïti proclamée le 1er janvier 1804 par le Gouverneur général à vie Dessalines. Ce n’est que le 6 octobre 1804 qu’il se fera nommé Empereurr, pour brûler la politesse à son rival Napoléon Bonaparte couronné, lui ,le 2 décembre de la même année.

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« Le courageux petit Pépito » de Lucette Salibur

Vendredi 22 avril à 18h 30. Espace A’zwel

courageux_pepito-2Mise en lecture par Rita Ravier
avec Alex Donote, Rita Ravier, Ruddy Sylaire
CENTRE DE RECHERCHE
création et de diffusion théâtrale
Enfance et petite enfance
Une mise en lecture qui nous conte l’histoire d’un pays où aucune fleur ne pousse, où aucun oiseau ne vient chanter. Dame la pluie est retenue prisonnière dans un pays lointain. Que peut faire le courageux petit Pépito…
Centre commercial Lafontaine, Terreville, Schoelcher – Direction artistique : Lucette Salibur
Réservation : 0596 66 25 81 ou 0696 28 57 58 ou lazwel@gmail.com
L’espace A’zwel est conventionné avec la ville de Schoelcher, la Dac Martinique et est soutenu par la CTM
à l’espace A’ZWEL* des 2ans
18h30
Vendredi 22 avril

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Pull : deux truands sur le retour

pullPar Selim Lander – « Pull » : pull the trigger, appuie sur la détente. De fait, les deux personnages qui occupent la scène ont la gâchette facile. Les sens en alerte, ils dégainent plus vite que leur ombre. Avec Pull, comme on le comprend tout de suite, Hervé Deluge (auteur et metteur en scène)nous projette dans un univers de films noirs aux truands sympathiques. Pas mauvais bougres, tuer pour eux n’est qu’un métier, avec ses bons et ses mauvais côtés. Il n’empêche : ces deux-là sont rendus à un stade de leur (médiocre) existence où l’on commence à se poser des questions existentielles.  Leur philosophie ne va pas bien loin mais elle est dépourvue de prétention et l’on se laisse facilement charmer par des discours où l’humour côtoie la déraison. Il ne se passe rien : les tueurs (le mot « assassin » ne conviendrait pas ici) attendent qu’on leur désigne une cible, et comme la distribution est réduite à deux comédiens, on se doute bien qu’il ne se passera pas grand-chose d’autre. Pourtant, on a envie de savoir la suite.  

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« Petits crimes conjugaux » : de l’usure du couple au théâtre

— Par Roland Sabra —

« Petits crimes conjugaux »
à l’Atrium, à Fort-de-France, les 18 et 19 mai 2012

 

–__-  Léa Galva et Ruddy Sylaire dans « Petits Crimes conjugaux », une pièce de  Eric-Emmanuel Schmitt( photo F-A)

    Ecrite en 2003 par Eric-Emmanuel Smit, « Petits crimes conjugaux » a déjà fait l’objet de nombreuses mises en scène, de la plus célèbre, la toute première,  Charlotte Rampling, et Bernard Giraudeau, mis en scène par Bernard Murat,  à la plus récente celle d’Aurélie Dalmat, aidée d’Hervé Deluge et José Exélis, avec Ruddy Sylaire et Léa Galva à l’Atrium les 18 et 19 mai 2012. Plus que jamais comparaison n’est pas raison. Les moyens des uns ne sont pas les moyens des autres. Alors qu’a-t-on vu à Fort-de-France?

  Au départ il y a une thématique qui pouvait être intéressante, celle des rapports conjugaux après quinze ans de mariage. Gilles, écrivain, est  frappé d’amnésie, à la suite d’un mauvais coup. Il se souvient de ses tables de multiplication, de ses déclinaisons latines mais il ne sait plus quel genre d’homme il est ou était.

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« Lazare et sa bien-aimée » dans une mise en scène José Alpha

— Roland Sabra —

 

–__-  

Ressuscité  pour les besoins de la cause!

    Marthe et Marie attendent le retour de Lazare. La veille, le Christ est mort sur la croix. La mère de Lazare, ses sœurs Marthe «et Marie pleurent, non pas la mort du Maitre, de celui qui a ressuscité leur fils et frère, non elles pleurent l’absence de Lazare qui passe désormais ses journées dans les collines et qui ne rentre que fort tard à la nuit tombée. Dés les premiers mots de la pièce de Khalil Gibran «  Lazare et sa bien-aimée » tout est dit de l’égoïsme forcené qui nous fait verser des larmes sur la disparition d’un des nôtres et de l’indifférence murée face aux malheurs des « autres ».

Si Lazare préfère la solitude des mornes à la présence des siens, c’est qu’il a rencontré dans la mort l’illumination, l’accomplissement sous la forme d’un amour infini, immortel et céleste, sa houriya, sa muse,« son cœur jumeau ». On retrouve là le thème du double lié à la mort, vécue non comme une perte mais comme une retrouvaille, comme une plénitude.

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« La carte » de Bernard Lagier

par Roland Sabra —

Une lecture  mise en espace salle Aimé Césaire au lycée Schoelcher


   Dine Alougbine, le metteur en scène béninois en résidence en Martinique présentait le vendredi 03 février une lecture et une mise en espace d’un fragment de la pièce de Bernard Lagier « La carte » dans la salle de théâtre Aimé Césaire du lycée Schoelcher. Les précédentes mises en scènes des œuvres de Lagier étaient des adaptations de textes par forcément écrit pour le théâtre. Ce n’est pas le cas pour « La carte » et la différence est immédiate, dès les premières phrases on perçoit que l’adresse du texte était clairement présente lors de sa création. Il en résulte une clarté et une limpidité dans l’exposition de la situation, qu’on ne retrouvait pas toujours dans le foisonnement, la luxuriance et quelques fois la démesure de « Moi, chien créole », ou de « L’orchidée violée ». Il est possible que la lecture de Dine Alougbine ait aussi participé à cette épure.

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« Les Sauveurs » de Ricardo Prieto : le mieux est l’ennemi du bien

—Par Roland Sabra —

Mise en scène de Ruddy Sylaire

 

 

Ricardo Priéto

 

« Dans le décor spectaculaire, le regard ne rencontre que les choses et leur prix. « 

 

Graffiti de Mai 68

 

 

 

 

Une rencontre miraculeuse, en pleine rue, va transformer, bouleverser et finalement détruire une famille en proie aux difficultés ordinaires de la vie. Problèmes d’argent récurrents, des difficultés relationnelles entre parents et enfants, bref le pain quotidien de beaucoup. Croyant faire le bonheur de tous le Père  de la famille Florès,  de sous-louer à M. Fergodlivio  une chambre dans la maison familiale, à des conditions pécuniaires qui défient tout entendement : 20 000 euros par mois. Trop beau pour être vrai! Le locataire va très vite se révéler être un tyran, exigeant, pour commencer que disparaissent de la maison, les petits riens , les petits plus qui rendaient acceptables ce qui ne l’était pas. Doivent donc disparaitre plantes, fleurs, oiseaux, alimentation locale et d’une façon plus générale tout ce qui renvoyait aux coutumes de la maisonnée. Le fils, Jorge Florés, en rébellion contre le père, rien d’extraordinaire à cela, sera le premier à partir, avant que le despote n’oblige le père  à punir, en la frappant, la mère accusée d’avoir désobéi aux ordres du locataire, étape  dans une descente aux enfers qui se conclura par l’élimination physique de la gêneuse!

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« EIA » : les noces blanches du théâtre et du slam

— par Roland Sabra —

Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.

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« Comme deux frères » : un travail perfectible sur un texte un peu faible

— Par Roland Sabra —

L’argument est d’une grande simplicité. Deux hommes, qui se connaissent depuis l’enfance, auteurs de mauvais coups sont en prison pour meurtre. Est-ce toujours le même qui comme d’habitude va endosser la responsabilité du crime? Et si oui à quel prix? Quand un malfrat a tout perdu que lui reste-t-il à offrir en échange pour échapper à l’enfer de la prison? Sa virilité?. Le texte de Maryse Condé ne le dit pas clairement mais le suggère avec insistance. Sur un fond de critique sociale sans concession l’auteure récite son credo, à savoir qu’il faut rompre avec l’idéologie victimaire à laquelle les victimes elles-mêmes font semblant de croire. Elle appelle à la responsabilité des individus pour les sortir de leur condition de sujet et pour qu’ils adviennent à la position d’acteur de leur propre destin. Si l’intention est louable son mode d’expression, le texte théâtral l’est beaucoup moins. Il faudra bien que Maryse Condé y consente, n’est pas auteure de théâtre qui veut et le travail d’élagage de José Plya, de coupe dans un texte à l’origine injouable parce bien trop « littéraire » allège le propos au risque de le vider de sens.

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« Le Collier d’Hélène » : lorsque le Québec et la Martinique se croisent.

 — Par Alvina Ruprecht —

 
La Compagnie du Flamboyant à la Chapelle du verbe incarné – Avignon 2009

Mise en scène : Lucette Salibur, une production du Théâtre du Flamboyant
Musique : Alfred Fantone
Scénographie, accessoires, costumes, graphisme; Ludwin Lopez
Distribution :
Hélène : Daniely Francisque
Nabil : Patrice Le Namouric
Ruddy Sylaire : plusieurs personnages dans la ville
Lucette Salibur : la femme qui cherche son fils
Le Collier d’Hélène (de Carole Fréchette) a été traduit dans de nombreuses langues et joué à travers le monde. Créée par Nabil El Azan et sa compagnie la Barraca en 2002 puis au Théâtre du Rond-point en 2003, la pièce vient d’être reprise par El Azan avec une distribution palestinienne (voir la critique de Philippe Duvignal). Maintenant, à Avignon, nous pouvons voir une nouvelle mise en scène du Collier créée en 2007 à Fort-de-France par la metteuse en scène martiniquaise Lucette Salibur.
Une réalisation extrêmement intéressante car elle resitue le texte québécois, dans une dynamique nouvelle. Le travail très dépouillé d’El Azan a recours à des films de fond évoquant une ville (peut-être Beyrouth) détruite par la guerre, mais mettant en valeur le personnage principal, Hélène une française de passage dans le pays pour un colloque.

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« POUSSIERE DE BAMBOU » : arts de la scène caribéens cherchent auteur désespérément

— Par Roland Sabra —

« Entre les autres et moi le silence s’amplifie » dit il. Alors face à ce vide tétanisant il dévide de sa bouche la bobine interminable du ruban de la langue. Blanc ruban comme les blancs du discours que celui-ci souligne à vouloir masquer ceux-là. Hildevert Lorsold aussi seul en scène qu’il l’est face aux mots, comme nous tous qui avons toujours ce vieux rêve adamique d’un isomorphisme parfait entre les mots et les choses. Retour fusionnel dans le giron de « lalangue », vers un temps sans temps morts, en un lieu sans coupure. Il est donc seul en scène et tout commence par ce « bonjour » délesté d’épaisseur, déraciné de toute glaise, aussi consistant que les bulles de savon qui envahissent le plateau. La langue n’est pas un nomenclature. Les animaux et les choses ne sont pas présentés devant Adam pour être nommées tout uniment. Apprendre par cœur un dictionnaire franco-anglais ne fait pas accéder à la maîtrise écrite ni parlée de la langue de Shakespeare.

Les mots sont énigmatiques. Alors on joue avec pour les mieux connaître.

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