Étiquette : jazz

Jazz et franc-maçonnerie, le lien fraternel

— Par Corinne Binesti —

Le jazz, qui a fêté son centenaire en 2017, est devenu patrimoine mondial de l’Unesco. S’il continue d’être joué partout sur la planète, ses créateurs étaient pour la plupart membres de la franc-maçonnerie. Celle-ci joua un rôle majeur dans l’émancipation du peuple noir américain et du jazz en particulier.

Duke Ellington, Louis Armstrong, William Count Basie, Cab Galloway,
Nat « King » Cole, Oscar Peterson, Lionel Hampton … Tous ces grands jazzmen ont été adeptes de la franc-maçonnerie américaine Prince Hall, du nom d’un esclave affranchi.

« Prince Hall et quatorze autres esclaves afro-américains furent initiés à la franc-maçonnerie le 6 mars 1775 par le général Gage, explique Yves Rodde-Migdal, pianiste, franc-maçon au Grand Orient de France et auteur du livre Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée. Le paradoxe est que ce général avait été nommé par la couronne d’Angleterre pour réprimer les révoltes des insurgés américains qui combattaient les forces anglaises ».

Si cette franc-maçonnerie s’élabore dans une société marquée par des siècles d’esclavages et de ségrégation, elle contribue largement à la libération de nombreux esclaves.

→   Lire Plus

Le Martinique Jazz festival 2017

— Par Selim Lander —

Un aperçu limité aux deux soirées qui se sont déroulées dans la grande salle de l’Atrium, aperçu très partiel d’un festival qui aura permis d’écouter en divers endroits de la Martinique une vingtaine d’ensembles plus ou moins étoffés. Les deux soirées de gala dans la salle Aimé Césaire ont permis chacune, comme il est désormais de tradition, de découvrir successivement deux ensembles différents. La chanteuse d’origine guadeloupéenne Tricia Evy a précédé l’Africain Ray Lema le 1er décembre. Le lendemain, le « souffleur » américain Kenny Garrett a succédé à sa compatriote l’organiste Rhoda Scott. Deux soirées éclectiques et de bonne facture. Ray Lema joue du piano et ajoute parfois sa voix chaude et grave. Son quintette rassemble un guitariste (basse), un saxo, un trompettiste, un batteur. Kenny Garrett est un surdoué du saxophone, admirateur de John Coltrane, qui accompagna Miles Davis pendant plusieurs années avant de prendre son envol. Accompagné par un pianiste, un contrebassiste, un batteur, un percussionniste, il se revendique de genres musicaux très variés et séduit particulièrement dans ses solos qui balancent entre virtuosité et lyrisme.

→   Lire Plus

Aperçu sur le Festival de jazz 2016

— Par Selim Lander —

festival-de-jazz-2016Copieuse programmation étalée sur deux semaines avec des concerts dans la grande salle de l’Atrium et d’autres décentralisés à Sainte-Marie, au Prêcheur, à Rivière-Salée, à la Pagerie.

Après le concert d’ouverture au musée Saint-James à Sainte-Marie, la première soirée à l’Atrium, le 25 novembre, a permis de faire connaître les créations de Maher Beauroy, un Martiniquais de trente ans qui parfait actuellement sa formation aux États-Unis au Berklee College of Music (Boston). Il s’est produit avec une formation comprenant quatre autres élèves avec lesquels il a enregistré un disque, An lot solèy, qu’il a donc présenté ce soir-là. Sa formation exprime bien la diversité tant géographique que musicale qui caractérise une grande école de musique comme le Berklee College. En témoigne la présence d’un vibraphone et surtout d’un violon (à côté d’une basse électrique et de la batterie). Maher Beauroy joue fort agréablement au piano de longues compositions caractérisées par un grand éclectisme et le groupe témoigne d’une belle cohésion. Le violoniste (le Français Antoine Beux) a interprété en solo une de ses compositions très modern jazz et l’on aurait aimé entendre davantage le vibraphone, un instrument qu’on ne rencontre plus si souvent dans les formations de jazz.

→   Lire Plus

Créole jazz à l’Atrium

— Par Selim Lander —

pianoEn prélude à la fête de la musique, l’EPCC programmait ce samedi 20 juin 2015 cinq pianistes jazz, martiniquais au moins d’origine. Une nouvelle fois, la preuve était faite de l’engouement du public  pour la musique. La grande salle de l’Atrium était en effet quasi-remplie alors que le Théâtre municipal programmait lui-même, ce soir-là, trois concerts consécutifs et qu’un autre événement musical se déroulait sur la Savane. Laissons de côté ce dernier qui visait son propre public ; la concomitance des concerts de l’Atrium et du Théâtre municipal n’est pas sans laisser quelques regrets, car de nombreux auditeurs de l’un auraient bien voulu écouter les autres (et réciproquement). Sans vouloir offenser personne, on ne peut que déplorer cette concurrence qui n’a pas lieu d’être.

Encore la grande salle de l’Atrium était-elle à peu près pleine ce 20 juin au soir. Il n’en va plus de même lorsque les événements qui se font concurrence à la même date s’adressent à un public potentiellement moins important. Ainsi fut-il, le 30 mai dernier, lorsque trois spectacles de danse se déroulèrent simultanément.

→   Lire Plus

Marc Cary : jazz, électro, hip-hop et musiques du monde

« Rhodes Ahead, Vol 2 » que l’on peut qualifier de « jazz psychédélique » – un jazz initié par Miles Davis avec « A Silent Way », poursuivi de « Bitches Brew », un jazz électronique de feu, avec des éléments électro, drum’n’bass, transe, ambiant, rock et musiques du monde – est particulièrement inspiré par la musique marocaine, qui a profondément influencé Marc Cary ors de son voyage au Gnaoua Festival de 2013.

La colonne vertébrale de sa musique repose sur un axe double : d’une part, la transe rythmique de Marc Cary révélant toute sa magie du clavier grâce à la sensibilité « techno » de sa production et ses compétences à la programmation, et d’autre part le jeu tranchant, presque surhumain, du batteur Terreon Gully, qui impulse à cet album une « drum-machine » inondée de vibrations soul inégalée dans le genre… Sameer Gupta aux tablas et Tarus Mateen à la contrebasse complètent l’équipe en parfaite symbiose avec la transe induite par la complicité du clavier et de la batterie. Igmar Thomas, trompettiste invité, finit d’enflammer l’affaire, faisant clairement entendre sa filiation à Miles, tout en projetant le Rhodes Ahead Trio vers un jazz du futur.

→   Lire Plus

Lisa Simone, attachante chanteuse

Lisa Simone1— Par Selim Lander —

Vie privée et vie publique sont deux choses distinctes. On ignore comment se comporte Lisa Simone avec ses proches mais elle a un don pour établir le contact avec les spectateurs. Toujours souriante, n’affichant aucune prétention de diva mais au contraire une simplicité qui paraît totalement naturelle, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour nous persuader que nous sommes des amis. Tantôt assise au bord de la scène, tantôt parcourant la salle pour serrer les mains des spectateurs sans cesser pour autant de chanter dans son micro baladeur, elle se met, littéralement, de plain-pied avec les spectateurs. L’ambiance dans la grande salle de l’Atrium bien remplie était chaleureuse – comment aurait-elle pu ne pas ? – mais les Martiniquais restent toujours un peu sur un quant-à-soi que la présence (rare) du président de la région a peut-être encore renforcé, ce soir-là. Il serait dommage que la chanteuse ait ressenti que nous ne lui rendions pas autant que ce qu’elle nous donnait.

Ou bien le public n’était-il pas absolument convaincu par la prestation purement vocale de Lisa Simone ?

→   Lire Plus

Jazz, une ode au désir et à la conscience

jazz_manLe coffret de l’anthologie

Avec ses conférences et sa superbe anthologie « Jazz Magazine Jazzman – Les grandes voix Jazz, Blues et Soul », le spécialiste Lionel Eskenazi comble les mélomanes.

La Great Black Music est bien davantage qu’une expression stylistique. Ce grand mouvement musical n’a cessé de porter en lui les graines de la résistance. On le vérifie aisément avec la précieuse anthologie en 5 CD et en 100 titres, « Jazz Magazine Jazzman – Les grandes voix Jazz, Blues et Soul » (1925-2009), disponible pour seulement 23 euros. Plume émérite du mensuel « Jazz Magazine – Jazzman », Lionel Eskenazi, dont nous vous livrons une interview ci-dessous, a veillé à effectuer une sélection représentative de la démarche de l’historique magazine : éclectisme et exigence musicale, science et conscience.

→   Lire Plus

Archie Shepp et Rocé, rencontre au sommet de deux esprits libres

—Entretien réalisé par Fara C.—
shepp_roce-325Dans le sillage de la sortie de leurs albums respectifs, Rocé a invité Archie Shepp au Bataclan, le 10 décembre. Discussion à bâtons rompus avec le légendaire saxophoniste et le franc-tireur du rap.

Qu’est-ce qui vous a interpellé, Rocé, chez Archie Shepp ?
Rocé. J’ai tout de suite perçu, dans sa musique, davantage que de la musique : une conscience politique. J’avais lu des interviews de lui et des passages le concernant dans le livre Free Jazz, Black Power, de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli. Parmi les albums d’Archie qui m’ont secoué, il y a eu Coral Rock et Attica Blues, dont il a récemment sorti une nouvelle version, magnifique.
Archie Shepp. J’ai accepté l’invitation de Rocé, en 2004, sur deux morceaux de son disque, Identité en crescendo, parce que j’appréciais vraiment le mélange stylistique qu’il avait opéré : hip-hop, jazz, musique de danse… Je suis convaincu qu’il existe un continuum entre le blues, le jazz, le funk, le hip-hop, le slam… Certains éléments proviennent de racines africaines communes. Le show-biz a établi des classifications pour des raisons commerciales.

→   Lire Plus

Abstractions jazziques au CMAC

Par Selim Lander.

mario-canonge-et-michel-zenino-duo-jazzLe programme du premier trimestre 2013 s’est clôturé jeudi 21 mars au CMAC de Fort-de-France par une session autour du pianiste Mario Canonge. Ce dernier, qui vit le jour en Martinique en 1960, est un musicien éclectique qui connaît une brillante carrière internationale.

Dans la première partie du concert, Mario Canonge s’était associé seulement un second musicien, le contrebassiste virtuose Michel Zénino. Un duo atypique au cours duquel la contrebasse s’affranchissait constamment du rôle d’accompagnement rythmique dans lequel elle est habituellement cantonnée, pour briguer une place équivalente à celle du piano. Malgré sa taille imposante il n’est pas aisé pour une contrebasse de rivaliser avec le piano, surtout quand il s’agit du grand Steinway du CMAC, qui sonnait encore une fois à merveille. Pour une fois on ne regrettait pas que les instruments fussent amplifiés, d’autant que l’ingénieur du son avait si bien réglé tout son appareillage que l’on pouvait presque douter qu’il fût là. Michel Zénino « pelote la grand-mère » comme peu de ses collègues (ce qu’on a pu constater immédiatement dans la seconde partie où il était remplacé par un autre instrumentiste, dans une formation plus classique) : il a très souvent les deux mains tout à fait en bas de la touche, à moins que sa main droite n’adopte un doigté de harpiste.

→   Lire Plus