Étiquette : Jacky Dahomay

Ce que les Français doivent à Napoléon

— Par Jacky Dahomay —

Si commémorer, c’est se souvenir ensemble, il y a toujours un risque qu’une commémoration prenne la tournure d’une célébration. Fidèle à sa dialectique du « en même temps », c’est ce risque qu’a pris le président de la République, Emmanuel Macron, en allant déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du célèbre empereur. C’est à l’évidence une célébration, ce qu’avait refusé de faire – mis à  part Georges Pompidou- les différents présidents  de la V° République, Nicolas Sarkozy y compris. Napoléon Bonaparte mérite-t-il une célébration ?

Répondre à une telle question, c’est d’abord s’interroger sur le sens du poids que constitue l’épisode napoléonien dans la constitution de l’identité nationale française. Avec Emmanuel Macron, comme président de la République, c’est la République qui vient de célébrer un empereur, Napoléon Bonaparte. Incontestablement, Napoléon est la figure la plus importante de l’histoire de France, avec Louis XIV et Colbert. La monarchie absolutiste, dans sa lutte contre l’empereur et le Pape, a joué un rôle indéniable dans la formation de la nation française. Comprendrait-on pour autant que la République puisse célébrer la monarchie ?

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Non ! Pas en notre nom !

— Par Jacky Dahomay—

Ainsi, le Préfet de Guadeloupe a décidé d’affréter un avion spécial pour expulser un certain nombre d’Haïtiens de notre territoire. Quelle est l’urgence ? Quel est le danger ?
En vérité, il ne fait qu’appliquer le durcissement de la politique macroniste concernant l’immigration. Si on peut admettre que tout État doit pouvoir contrôler ses frontières notamment concernant le banditisme et le terrorisme, tous les immigrés ne sont pas des délinquants en puissance. Le durcissement du gouvernement macron concernant l’immigration est l’option politique de se rapprocher des idées d’exxtrême droite, tendant à dominer en France. En effet, le vocabulaire de l’extrême droite et du RN en particulier, a envahi l’ensemble du champ médiatique et politique français. On utilise comme allant de soi les expressions telles que « identité nationale » (qui apparaît pour la première fois avec Jean-Marie Le Pen). Ou encore le « communautarisme », l’ensauvagement », le « séparatisme ».
La problématique de l’identité propre à l’extrême droite n’est pas du tout celle d’une tradition authentiquement républicaine. Pour cette dernière, la nation est volonté, la nation est contrat et ne peut se réduire à l’identité culturelle, fût-elle majoritaire.

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Ce que masque le voile.

— Par Jacky Dahomay —

Une nouvelle polémique, dont la France a obscurément le secret, oppose ceux qui défendent le droit qu’ont les mères de confession musulmane d’accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires en restant voilées et ceux, à l’inverse, qui considèrent que c’est manifester une appartenance religieuse dans un cadre qui demeure scolaire, ce qui contredit en quelque sorte la laïcité. Le plus surprenant est que cette affaire a provoqué des réactions politiques et médiatiques d’une ampleur telle que cela a consterné les autres pays démocratiques et nous convoque inévitablement à penser le surgissement d’un tel événement et à saisir son sens véritable. Chose difficile, il va sans dire.

Il faut tout de même reconnaître que le système capitaliste néolibéral traverse une crise sans précédent, aussi bien sociale, économique que politique et culturelle. Ce déboulé des colères qui saisit les peuples de bien des régions du monde, déroute aussi bien les partis politiques que les syndicats ce qui rend leur lecture problématique. Des chefs d’Etat attisent les crispations identitaires pour voiler le phénomène. Tout se passe comme si nous étions bombardés de signes ce qui produit une déroute de la pensée dans un monde qui commence à sentir le brûlé.

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L’ultime errance d’Emmanuel Macron.

— Par Jacky Dahomay —

En cette journée du 17 novembre, il me semble important de revenir sur la semaine précédente, celle de cette marche du Président Macron sur les traces de la guerre 1914-1918. Il me semble que ce long périple, s’inscrivant dans ce qu’il a défini lui-même comme une « itinérance mémorielle » mérite d’être analysée. Comment expliquer que, rompant avec les « commémorations » officielles habituelles du 11 novembre, le président Macron ait voulu effectuer une « itinérance mémorielle » se déroulant sur plusieurs jours ? Tout se passe comme si Emmanuel Macron avait commencé une sorte d’errance de son pouvoir dont les manifestations d’aujourd’hui ne sont que le prolongement. Mais il se pourrait que ce surprenant périple s’inscrive dans une sorte d’errance ultime caractérisant le fondement politique de son pouvoir néolibéral. Si tel était le cas, la crise actuelle que connait la France, pourrait être son ultime errance dont la fin nous échappe encore.
Pour commencer, demandons-nous ce qu’a voulu signifier Macron avec l’expression étrange de « itinérance mémorielle » ? Notons que ce mot vient de la téléphonie, c’est la traduction de « roaming » : possibilité d’utiliser un téléphone mobile sur un autre réseau que celui d’origine.

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Grève : l’essence doit-elle précéder l’existence ?

— Par Jacky Dahomay —

essence_existenceComment comprendre, lors de cette grève déclenchée par la CGT dans les raffineries, que le manque d’essence puisse provoquer une telle angoisse chez les consommateurs ? Certains psychologues expliquent que cela relève d’un complexe appelé à tort ou à raison syndrome de Diogène qui consiste en une syllogomanie, pathologie caractérisée par une obsession d’accumulation d’objets. Nous voudrions montrer ici que cela éclaire plutôt le type de subjectivité produite par la domination néolibérale.

Car ce qui interpelle, c’est que tout se passe chez certains automobilistes comme si, au-delà même de tous ces inconvénients bien réels créés par cette grève, on portait atteinte à leur être même, comme si toute leur subjectivité était dépendante de ce produit de consommation, comme si, au fond, l’automobile était le prolongement de leur être et que l’essence déterminait en grande partie leur existence. Un tel comportement nous montre là le type réussi de l’ « homme consommateur » de ce nouveau sujet individuel produit par le néolibéralisme dans sa logique biopolitique et dont le désir se rabat en une quête de jouissance effrénée s’assouvissant dans la multiplication des objets de consommation.

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Les travaux sur le Code noir ne doivent pas se plier aux dogmes

— Par Jean-Louis Harouel, Jacky Dahomay et Marcel Dorigny —

code_noir-400Tout un courant d’opinion prétend interdire l’étude scientifique de l’édit de mars 1685, dit Code noir. Maître de conférences d’histoire du droit à l’université des Antilles, Jean-François Niort vient d’en faire l’expérience à ses dépens. Cet universitaire unanimement reconnu par ses pairs vient de subir des attaques diffamantes et des menaces intolérables de la part de groupuscules guadeloupéens le traitant de « révisionniste et négationniste » et le sommant de « s’en aller ». Faute de pouvoir faire entendre raison à cet obscurantisme haineux, il s’est adressé au MIR France (Mouvement international pour les réparations), où il lui a été opposé une fin de non-recevoir, au prétexte qu’il procéderait à une « reconstruction de l’Histoire ».

Cela veut dire en clair que Jean-François Niort a commis la faute impardonnable d’utiliser son impeccable rigueur scientifique pour étudier le texte de l’édit de mars 1685 dans son contexte historique et de lui consacrer deux livres récents.
Identifié au mal absolu

Le MIR France voudrait croire que l’histoire du Code noir a été écrite une fois pour toutes par le philosophe Louis Sala Molins dans un ouvrage publié en 1987, Le Code noir ou le calvaire de Canaan.

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Les tontons macoutes de la culture

totons_macoutes_cultureLes ayatollahs de la mémoire.

Par Jacky Dahomay

Je n’ai jamais autant entendu parler en Guadeloupe de Nègres, de Blancs, de racisme, d’esclavage, de mémoire ! Que se passe-t-il ? Est-on passé de la lutte de classes à la lutte de races ? Parce qu’un jeune blanc majeur et écervelé, qui porte le nom de Chaulet, dans une dispute avec un jeune noir prononce selon certains témoins des propos racistes –chose que nous avons fermement condamnée- et voilà qu’on fait monter la pression, que déferlent sur le net des propos tout à fait insensés. La famille Chaulet est sommée de se justifier. On oublie cependant que Philippe Chaulet –qui n’est pas du tout de ma famille politique- est le seul homme politique de droite ayant accepté de signer un tract exigeant la libération de Luc Reinette quand il était emprisonné, suite à des attentats ayant fait beaucoup de bruit à l’époque. Une amie, professeure de philosophie et mulâtresse, m’informe qu’hier, attendant dans le cabinet d’un médecin je ne sais plus quel papier, s’est faite agresser verbalement par une patiente incriminant la couleur de sa peau.

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Appel à la vigilance citoyenne.

— Par Jacky Dahomay —
appelNous traversons une crise grave. Celle-ci est mondiale, européenne, française et, inévitablement, a et aura encore plus des répercussions en Guadeloupe. Cette crise n’est pas seulement économique : elle est aussi politique, sociétale, culturelle, sociale.
La république française, à laquelle nous appartenons jusqu’à nouvel ordre, connaît aujourd’hui un délitement incontestable. La crise économique s’aggrave et la croissance est nulle. Les effets désastreux au plan social se font déjà sentir. Le nombre de chômeurs et de laissés-pour- compte augmente. La désespérance sociale devient une manifestation de la vie quotidienne. L’avenir semble bouché. La crise politique est la plus grave que connaît la V° république. Les partis dits de gouvernement perdent toute crédibilité. Le parti d’extrême droite, le FN, est donné premier dans les sondages pour les prochaines élections. La fonction présidentielle a perdu toute sa dimension symbolique. A la crise des partis s’ajoute la crise de l’Etat. Le chef de l’Etat, tout comme le roi, est totalement nu. Certains parlent même de l’urgence d’une sixième république.
Ce qui interpelle le plus, c’est qu’au-delà de la crise des partis et de la représentation politique, c’est la politique en tant que telle qui peine à faire sens pour la communauté des citoyens.

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Défaite de la pensée en Israël.

— Par Jacky Dahomay —

choixAlors que les faits sont là, dans leur aveuglante nudité (Plus de mille personnes tuées à Gaza, notamment des femmes et des enfants, contre une cinquantaine de morts chez les Israéliens, essentiellement des militaires), les dirigeants de l’Etat d’Israël continuent de maintenir leur même argumentation : la faute en incombe au Hamas qui se sert des civils comme boucliers. Cet argument est repris par Roger Cukierman, président du CRIF, dans un article publié dans Le Monde du 22 juillet. S’il n’y a pas, selon lui, plus de morts du côté israélien, c’est qu’Israël protège sa population quand le Hamas utilise les civils palestiniens comme bouclier. Finkielkraut, dans une interview accordée au Figaro, déclare : « Si la civilisation de l’image n’était pas en train de détruire l’intelligence de la guerre, personne ne soutiendrait que les bombardements israéliens visent les civils (…) les souterrains de Gaza auraient dû être faits pour eux (les civils de Gaza) ».
Ces arguments peuvent avoir une certaine portée surtout lorsque le Hamas et plus largement les politiques palestiniens comme les dirigeants des pays arabes d’ailleurs, souvent travaillés par des extrémismes de toutes sortes, ne provoquent pas en nous de l’enthousiasme politique.

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L’esclavage : crime contre l’Humanité Quelle réparation pour l’irréparable ?

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CAFÉ DÉBAT SOCIAL CLUB

Nous vous invitons à notre prochain café-débat qui aura lieu le jeudi 19 juin 2014 à 19 heures à la Casa del tango, 651 rue Alfred Lumière à Jarry.

Thème :

L’esclavage : crime contre l’Humanité
Quelle réparation pour l’irréparable ?

Par Alex Lollia
(Professeur de philosophie, syndicaliste).
Parce que nous aurons célébré, une fois l’an, la journée de l’abolition, nous ne serons  pas quittes, pour autant, avec ceux  qui ont subi : «  le collectif ravalement à la bête ».
Si l’esclavage, à n’en pas douter, s’avère un crime conte l’humanité, sa réparation s’impose du même coup comme un impératif moral et politique catégorique. Comme le soulignait Condorcet :
« Il est juste de condamner celui qui enlève à un semblable l’usage de la liberté à réparer son tort ».

Mais 166 ans après l’abolition de l’esclavage, à qui demander réparation et au bénéfice de qui ? Et, quelle réparation ?
Ces questions restent un sujet de dissension. Car, c’est la notion même de « réparation »   qui est problématique.
Aimé Césaire, par exemple, réfute cette terminologie parce qu’elle fausse le débat.

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Sur la biodiversité.

—  Par Jacky Dahomay —

biodiversite
Vous trouverez [ ci-après] un tract signé par plusieurs associations sur le problème de notre biodiversité. Du 24 au 26 juin prochain sera examinée à l’Assemblée Nationale une loi visant à limiter l’accès à notre biodiversité. Il y a là le risque qu’une telle loi et surtout les politiques de l’Etat qui s’en suivront soient néfastes pour les petits entrepreneurs guadeloupéens face aux lobbies multinationaux notamment dans le domaine pharmaceutique. Mais plus globalement, il faut comprendre les dangers qui pèsent sur notre patrimoine commun face à la puissance du capitalisme globalisé. Ceci est d’autant plus inquiétant que 80% de la richesse en biodiversité de la France se trouve dans les Outre-Mer.
En effet, depuis les années 80, le redéploiement du capitalisme avec ce qu’il est convenu d’appeler le néolibéralisme s’accompagne d’une sorte de sauvagerie : le pillage, mené par certains États occidentaux et les puissants oligopoles privés, de ce qui appartenait jusques là à l’Etat social et au domaine public ou encore était encore sous le contrôle de communautés locales. En ce sens, comme l’ont montré Pierre Dardot et Christian Laval dans un ouvrage récent, Commun (la Découverte), il s’agirait comme d’un nouveau mouvement des enclosures : « Le développement du capitalisme contemporain apparait comme la répétition historique du grand mouvement de dépossession commencé à la fin du Moyen Age dans les campagnes européennes ».

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Sur les pesticides

— Par Jacky Dahomay —

Le Conseil d’Etat n’a pas admis le  recours du ministre Le Foll contre l’ordonnance de référé du Tribunal adminisstratif de Basse-Terre qui a suspendu l’arrêté préfectoral du 29 avril 2013 donnant autorisation à l’épandage aérien. C’est une grande victoire pour nos associations ayant lutté contre la pratique de l’épandage aérien.
Par ailleurs, le dernier rapport publié par un organisme indépendant, l’Eceri, affirme que trois des cinq pesticides utilisés dans les plantations de bananes en Guadeloupe et en Martinique sont jugés très toxiques: le propiconazole et difénoconazole sont potentiellement cancérigènes et neurotoxiques. Ils peuvent toucher le système nerveux. Quant au Gardian, il altère la fertilité et présente des risques pour le foetus.

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Café-débat social club : « L’identité en procès »

Par Jenner Benmister (professeur de philosophie) le 27/02/2014 à La Casa del tango

debatsNous vous invitons à notre prochain café-débat qui se tiendra le jeudi 27 février 2014 à  19 h à la Casa del tango, 651 rue Alfred Lumière à Jarry. Notre thème choisi est celui de l’identité. En effet, les questions identitaires ne cessent de travailler les consciences antillaises mais aussi celles de citoyens du monde entier. Mais que cachent-elles en réalité ? Ne faudrait-il pas les interroger en profondeur ? En pièce jointe un article de Michel Giraud sur la créolité paru dans  la  revue L’homme, qui nous paraît fondamental pour notre réflexion.
Dans un tout autre registre en pièce jointe aussi, la décision de la Cour d’appel  de Port-au-Prince d’inculper jean-claude Duvalier pour crimes  économiques et crimes contre l’humanité. C’es une victoire pour des défenseurs des droits de l’homme et de ceux qui luttent contre l’impunité en Haïti.
PS. Ceux qui ne reçoivent plus notre newsletter doivent consulter leur liste de courrier indésirable. Informez vos amis.

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Le retour de Duvalier.

— Par Jacky Dahomay—
la_faucheuse-3Ce texte, sans doute noir, est l’expression d’une expérience personnelle, mais il  se veut un hommage à tous ceux qui sont morts sous les dictatures en Haïti

Je suis en train de déjeuner tranquillement, sous le regard envieux de mon chat, quand je reçois d’Haïti, un coup de fil de Sylvie Bajeux m’annonçant  la triste nouvelle : le premier janvier, date d’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le président Martely est venu à la célébration officielle aux Gonaïves accompagné de Jean-Claude Duvalier. Il y avait aussi un ancien  dictateur comme Prosper Avril ! Le président Martely a fait un appel solennel aux autres anciens dictateurs pour l’aider à consolider son pouvoir. Symboliquement, c’est lourd, trop lourd !
 De rage, j’envoie promener mon assiette de court-bouillon.  Mon chat bondit hors de la cuisine puis revient, sans doute attiré par les éclaboussures de poisson, mais suspend son geste félin en une interrogation muette en me fixant du regard, comme si son étonnement d’animal interrogeait ma propre humanité. Veut-il me signifier que la rage, en politique, est toujours impuissante ? Je reste donc debout mais ma tête vacille.

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La citoyenneté en Guadeloupe.

— Par Jacky Dahomay —

citoyenneteINTRODUCTION.
Si la citoyenneté est un processus inscrivant le sujet dans un système juridico-politique de droits et de devoirs défini par la loi et assuré par l’Etat, il est clair que le rapport à la loi, décrit par de nombreux observateurs comme étant chez nous très particulier, comme si l’instance même de la loi était mal  intégrée, rend du même coup la citoyenneté dans nos pays hautement problématique.
De plus, si la citoyenneté –et cela depuis Rousseau- établit une distinction entre le peuple réel (communauté historiquement constituée dans ses caractéristiques anthropologiques ou culturelles) et le peuple politique (communauté de citoyens fondée sur un contrat ou une volonté générale et unie par un système de droits positifs unifiés), il est aussi clair qu’une communauté issue de l’esclavage et de la colonisation connaît sinon un effacement du moins une intégration problématique comme ne cesse de l’exprimer l’insistance d’une quête identitaire et les exigences politiques des nationalistes antillais.
Mais ce qui vient compliquer les choses c’est que l’exercice de la citoyenneté est en crise dans les pays dits démocratiques et cela  pour au moins deux  raisons : 1) Si jusqu’ici la citoyenneté s’exerçait dans un territoire défini, en un cadre national –précisément celui de l’Etat-nation- de nos jours des instances juridiques internationales établissent des  lois qui contraignent les Etats mais aussi les citoyens.

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Réponse à Tony sur l’intégration de la loi.

— Par Jacky Dahomay —

la_loi-2Mon cher Tony,

Dans un mèl très bref tu dis que je n’aurais pas dû avancer l’idée que l’instance de la loi est mal intégrée. Cela signifierait selon toi qu’il y aurait une bonne manière d’intégrer la loi et qu’en Guadeloupe ce serait une mauvaise manière qui dominerait. En ce sens, je ferais une distinction entre bonne intégration et mauvaise intégration qui serait selon toi inacceptable. Il se pourrait que l’expression « intégration de la loi » soit confuse de ma part. J’explicite donc ce que je voudrais désigner par cette appellation.

J’entends par intégration de la loi l’intériorisation par le sujet de l’instance d’interdiction que comporte la loi. On pense inévitablement à Freud et à sa théorie du surmoi comme lieu d’un « tribunal intérieur ». Autrement dit, le sujet, par une série de stades de son évolution psychique, finit par intégrer par exemple l’interdit de l’inceste. Intégrer en ce sens signifie intérioriser ce qui ne venait pas de nous, ce qui comportait donc toute une dimension d’extériorité. C’est toute la complexité de l’éducation. Dans ce registre psychique, il est vrai qu’il est difficile de parler de bonne ou de mauvaise intégration car le résultat est l’existence des névroses.

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La gauche passe le cœur à droite et la France perd son âme républicaine.

— Par Jacky Dahomay —

national_populismeLes faits sont là et on ne peut  que les constater. Selon les derniers sondages, 45% des électeurs de gauche sont pour la suppression du droit du sol. L’écrasante majorité soutient la politique de Valls. Ce qui restait au PS de protestation conte cette droitisation (Harlem Désir en tête) rentre dans les rangs. A Marseille, Patrick Mennucci traite Samia Ghali d’ « Arabe ». A droite, des dirigeants de l’UMP proposent de supprimer le droit du sol, principe fondamental de la république française. Hier sur LCP, un dirigeant de ce parti affirme en toute tranquillité qu’enseigner « nos ancêtres les gaulois » était la meilleure façon d’intégrer les  indigènes. Cela ne choque plus grand monde. Il  faut donc se rendre à l’évidence : s’il  y a toujours  existé en France une opinion xénophobe et raciste, celle-ci était tout de même contrôlée par quelques principes républicains. Aujourd’hui, les  digues ont sauté.  Le national populisme triomphe dans  l’Hexagone. Tout est désormais possible.
Mais c’est toute l’Europe qui est gagnée par le nationalisme populiste. On découvre en Grèce une enfant blonde  aux yeux bleus et on décide qu’en  raison de son phénotype, elle ne peut être enfant de Roms.

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Honte à vous, Monsieur le Ministre.

— Par Jacky Dahomay—

la_honteMonsieur le Ministre Manuel Valls,

Vous mettez ce soir les pieds dans notre île, la Guadeloupe, qui souffre d’une désespérance grave,  qui est en train de perdre le sens même du vivre ensemble et qui connaît le taux le plus élevé de criminalité de France. Vous allez  sans doute –et on ne peut vous le reprocher- annoncer quelques mesures supplémentaires concernant le dispositif policier pour lutter contre la délinquance. Certains  élus  vous demanderont allègrement  de renforcer la lutte contre  l’immigration même  si l’écrasante majorité des  crimes  commis ici sont  le  fait de Guadeloupéens. Vous allez sans doute   repartir, fier de vous et de votre mission –on ne sait trop laquelle- accomplie. Mais une chose est sûre : vous n’aurez pas communiqué l’idée d’une politique pouvant donner sens à l’existence collective ni l’espoir  qu’un autre monde soit possible, plus humain, avec des valeurs véritablement universalistes. Car vous symbolisez une France et une Europe se nourrissant de la haine de l’autre, une France et une Europe qui ont rendu possible la tragédie de Lampedusa, véritable gouffre où ont fait  naufrage les valeurs humanistes les plus élémentaires d’une Europe où ne clignote plus le sémaphore de ses lumières.

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« Démocratie et subjectivité » : débat à La Casa del Tango

cafe_debat_social_clubLe séminaire.
Nous vous rappelons la tenue de notre séminaire du jeudi 10 octobre prochain. Nous avons décidé de travailler sur un texte de Jean-Luc Nancy communiqué en pièce jointe. Tony Albina en fait brièvement la présentation:
DEMOCRATIE ET SUBJECTIVITE
D’après le psychanalyste Charles MELMAN, nous vivons à l’âge de l’homme sans gravité[1].
L’expression est polysémique et en dit long sur la crise de la subjectivité moderne : l’homme sans gravité serait l’homme délesté du poids de toutes les traditions, en apesanteur dans un espace acosmique et a-signifiant. C’est sans aucun doute l’homme pour qui le grave se laisse supplanter par la légèreté d’un monde intégralement dominé par le régime des images aussi illusoires qu’éphémères. Plus encore, la perte de la gravité serait le signe le plus probant d’une dissolution du sens de la responsabilité au profit de la soumission à un nouvel impératif érotique : « jouir à tout prix » !
Ce nouvel impératif produit des effets connus : effondrement des figures de l’autorité, explosion de la violence, suicides des jeunes, pullulement des addictions et multiplication des états dépressifs…
Le fait est que tout cela impacte négativement l’existence collective.

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Le moment populiste de Manuel Valls.

—Par Jacky Dahomay—

populismeQue quelques milliers de Roms présents en France arrivent à produire un tel débat qui secoue les socialistes jusque dans l’instance gouvernementale, voilà ce qui constitue un  fait politique majeur qui ne peut être effacé. On sent bien qu’au-delà des questions de sécurité, d’intégration ou du chômage, toutes réelles et difficiles qu’elles soient, au-delà même  de  la crise  économique et sociale qui s’aggrave,  quelque chose d’autre est en train de se rejouer quant à la question du politique. Mais quoi ? A l’évidence, la rhétorique populiste de Marine Le Pen a triomphé –elle fait tout d’ailleurs pour  que le FN ne soit plus considéré comme un parti d’extrême droite- et ce que nous appelons « le moment  Valls » n’est  rien d’autre que l’infiltration chez les socialistes français de la problématique populiste. C’est par de « petits mots » que s’opère un glissement rhétorique dans l’idéologie populiste et, en ce sens, les propos du ministre de l’intérieur concernant les  Roms  sont effectivement antirépublicains.

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Perplexité !

—Par Jacky Dahomay —

bananeSuite à la publication de cette expertise de l’Inserm et étonné du silence du corps médical concernant le problème de l’épandage aérien, j’ai interrogé trois médecins que je connais. Ce qui est frappant, c’est qu’ils m’ont tous répondu : « et la banane, Jacky, qu’est-ce que tu en fais ? ». J’en déduis que pour eux la banane  est un signifiant fort, qui passe avant  la santé. Comment expliquer cela ? De quoi la banane est-elle  le nom ? Est-ce un signifiant phallique ? Cela renvoie-t-il au  « nom du père » dont parle le psychanalyste Jacques Lacan ? Je ne peux l’affirmer, n’étant ni psychanalyste ni guère versé en lacanisme. Notons tout de même  que c’étaient trois hommes et qu’un seul  élément  de l’expertise de l’Inserm les inquiétait, le risque possible de cancer des testicules !

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Veille ou réveil ?

— Par Jacky Dahomay —

(Compte-rendu de la réunion sur l’épandage aérien et l’avenir de l’agriculture tenue au Conseil Régional le mercredi 12 juin 2013)

bananeEtrange, cette réunion tenue au Conseil Régional à l’initiative de la présidente Mme Borel, idée qui avait été suggérée par un élu, M. Durimel. Si on peut féliciter cette dernière d’avoir voulu  réunir divers acteurs (scientifiques, planteurs, associations de défense de l’environnement) concernant la question de l’épandage aérien et de l’avenir de l’agriculture, le malaise  qui régnait durant cette réunion consiste en ce que tout s’est passé comme si on avait voulu esquiver une question, essentielle pourtant, celle de la nocivité que comporte l’épandage aérien de produits phytosanitaires. Il est significatif de constater que la Présidente de la Région avait prévu de donner la parole  d’abord à M. Lignères, représentant des planteurs, et aux « scientifiques », (CIRAD), et ce n’est qu’après qu’elle a passé la parole  à la salle.

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De l’essence à la violence.

—Par Jacky Dahomay —

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Beaucoup de tapage, ces jours-ci en Guadeloupe, concernant le prix de l’essence ! Il est sans doute légitime de se battre contre la vie chère et de se concentrer sur le prix de l’essence. Cela dit, attention tout de même à ce que pour nous, Antillais, l’essence ne précède l’existence.

En parodiant cette expression célèbre de Sartre, nous voulons rappeler ce que déclaraient Edouard Glissant et d’autres intellectuels antillais, lors des événements de 2009, sur « les biens de haute nécessité ». Nous avons la nette impression que, depuis quelques temps, c’est la hiérarchie même des biens qui se trouve bouleversée sinon mise tête en bas. Quand nous parlons d’ « existence », nous faisons référence à l’existence collective. Celle-ci, comme toute réalité humaine, ne peut avoir une essence définitive, une substance établie une fois pour toutes. Voilà pourquoi Sartre disait que, pour l’homme, « l’existence précède l’essence ». Il n’existe donc ni une « guadeloupéanité » ni une « martinicalité » essentielles ou substantielles, définies une fois pour toutes et pouvant guider notre action, comme pourrait le supposer un nationalisme simpliste.

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Pourquoi faut-il tous manifester samedi 1° juin?

— Par Jacky Dahomay —

Que nous soyons tous différents, selon nos  origines, nos conceptions politiques, religieuses, idéologiques, nos âges ou nos expériences diverses, quoi de plus normal dans toute société démocratique ? Mais il arrive que les démocraties se perdent, dans des expériences négatives. Cela se produit lorsque nous oublions le sens du bien commun, surtout quand l’Etat et les partis politiques n’ont guère le  souci d’un sens plus élevé de la politique. C’est ce qui s’est produit avec la  tragédie de  la chlordécone. Des intérêts particuliers ont  prévalu sur le bien public. Il  appartient donc  aux différentes composantes de la société civile de se révolter et de réaffirmer le sens  du bien public c’est-à-dire de l’intérêt général. Telle la tache de l’heure, celle qui nous dicte de manifester le premier juin contre la reprise de l’épandage aérien. Et nous devons le faire pour plusieurs raisons :

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Nos responsabilités face à ces monstres chimiques de nos pays devenus

— Par Jacky Dahomay —

Nous profitons de ce premier mai 2013 pour rédiger cette réflexion que nous livrons au débat.  Le grave problème que nous posons est celui-ci : comment nous, Antillais, avons-nous pu laisser ainsi se produire une telle catastrophe écologique et sanitaire sur des territoires légués par nos aïeux ? Les pratiques culturales à base de pesticides, notamment dans la banane, mais pas  seulement, ont donné la  situation dramatique d’aujourd’hui. Qui en est responsable ?

Les pêcheurs accusent l’Etat, et ils ont raison. L’Etat  savait que la chlordécone  était  un produit dangereux qui se mélangeait à d’autres produits nocifs déjà utilisés auparavant. Comment expliquer qu’il ait pu autoriser l’usage de ce produit  alors qu’il l’avait interdit, même tardivement,  sur le territoire français ? Il est clair que cela présuppose de la part de l’Etat une vision des peuples d’Outre-mer.

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