Étiquette : Harold Pinter

Au festival d’Almada, L’ Anniversaire, ou Pinter mis en scène par Peter Stein

Un des moments du festival les plus attendus : la soirée d’un duo gagnant, Pinter / Stein

– Par Janine Bailly –

Réunir au festival d’Almada deux “monstres sacrés”, deux “figures de proue” du théâtre actuel,  c’est l’un des petits miracles auxquels nous convie le directeur, Rodrigo Francisco.

Harold Pinter, dramaturge britannique disparu à Londres en 2008, nous reste proche par la grâce des pièces qu’il a écrites, et qui régulièrement sont portées à la scène : ainsi ai-je pu voir en juin le diptyque proposé à Paris, au Théâtre de l’Atelier, par Ludovic Lagarde, à savoir L’Amant et La Collection, œuvres complémentaires, qui autopsient de façon acidulée, tranchante et drôle, la vie du couple, l’amour, le désir, et le quotidien le plus banal où se glissent peu à peu l’ambiguïté, le mensonge, et les faux-semblants. Où l’on finit par accepter de vivre dans l’étrange et l’inconfort. 

Peter Stein, lui bien vivant, que par bonheur nous pouvons voir et entendre lors d’une “Conversa na esplanada”, une conversation en plein air en fin d’après-midi, est celui qui dans les années soixante-dix redonna vigueur à un théâtre allemand embourgeoisé et encalminé, dirigeant un temps Die Berliner Schaubühne, le célèbre théâtre de Berlin.

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Pinter : l’important n’est pas ce qui se dit, mais ce qui n’est pas dit.

À propos de « Sept pièces courtes », par la Cie des « Buv’Art »

— Par Roland Sabra —

C’est un choix courageux qu’a fait la Compagnie des « Buv’Art » en présentant sept (+1?) courtes pièces de Pinter dans le cadre du Festival de Th éâtre Amateur 2019. Comme le souligne Janine Bailly dans Madinin’Art, dans l’univers de Pinter l’important n’est pas ce qui est dit mais ce qui est tu et plus précisément dans l’écart entre ce qui est dit d’ un locuteur et ce qui est entendu d’un destinataire. Encore une fois : le Réel toujours est chape. L’impossible à dire de la jouissance. De part et d’autre. A naître dans un «bain de langage»(Lacan) structuré, organisé et déjà là le sujet ne peut que s’y inscrire que divisé. Quelque chose de sa Vérité (celle de son désir, d’être un sujet désirant) lui échappera toujours. Et le silence est un dire, en témoigne leur importance dans le théâtre de Pinter· Ses personnages ne refusent pas de communiquer, ne se réfugient pas dans des dialogues de sourds pour éviter de regarder la réalité, celle du registre de l’Imaginaire, en face.

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« Les Buv’Art » présentent Sept pièces courtes d’Harold Pinter

Les 9, 10 et 11 mai à 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel —

Si Harold Pinter est l’un des auteurs contemporains les plus joués dans le monde, c’est d’abord parce qu’il s’est toujours engagé contre toute forme de tyrannie et d’oppression et à toujours pris parti pour la défense de la liberté. Mais c’est aussi pour la finesse du regard qu’il porte sur les difficultés des rapports humains. A travers ces courtes pièces et des textes Pinteriens qui ne livrent jamais directement leurs intentions, le spectateur plonge au milieu de tranches de vie où s’enchainent et se déchainent des portraits corrosifs et sans concession du monde du travail, du couple, de l’amitié et du pouvoir . Un mélange savoureux de styles et de couleurs pour rire, s’émouvoir et s’interroger sur le devenir de notre société, voilà la caractéristique essentielle de son œuvre qualifiée de «  théâtre de la menace. » L’incursion d’une agressivité latente dans la banalité du quotidien, traduite par des dialogues anodins qui l’apparentent au théâtre de l’absurde, crée une tension déstabilisante. Tout est drôle, le plus grand sérieux est drôle ; la tragédie même est drôle.

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« Sept pièces courtes » d’Harold Pinter

Les 9, 10 et 11 mai à 19h 30 au T.A.C.

Association L’art Gonds Tout

Mise en scène Laurence Aury

Le dernier à partir, Le jour et la nuit, Voilà tout, Arrêt facultatif, Crise à l’usine, Monologue, Victoria Station

Harold Pinter (né en 1930 et mort à Londres en 2008), acteur, auteur, écrivain, scénariste, prix Nobel de littérature en 2005, prix Europe pour le théâtre en 2006 et Chevalier de la Légion d’Honneur en 2007, fait partie des grandes plumes « classiques modernes » de la littérature et du théâtre du XXe siècle. Proche du théâtre de l’absurde de Samuel Beckett, dont il sera très ami, il fait partie, au milieu des années 50, de la génération des « Jeunes gens en colère », comme ses collègues auteurs dramatiques et romanciers britanniques, tels que John Osborne ou encore Edward Bond.

Harold Pinter, très marqué par les souffrances de la Seconde Guerre mondiale, « l’expérience des bombardements ne m’a jamais lâché », sympathisant du parti politique de gauche britannique « Respect The Unity Coalition » et fervent militant de l’arrêt des violences militaires au Kosovo, à Cuba, en Turquie, en Palestine, en Afghanistan et en Irak, propose dans ses écrits et pièces de théâtre, une vision politique, sociale et humaniste de la société.

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Avignon 2018 (7) Pinter, Kazantzakis – OFF

— Par Selim Lander —

Trahisons

Sans doute la pièce la plus célèbre d’Harold Pinter. En tout cas la plus souvent représentée en Avignon. Et l’on ne se lasse pas de la revoir, tant elle met en évidence le génie quasi diabolique de Pinter lorsqu’il s’agit de bâtir une intrigue. Il faut ajouter, ce qui est tout aussi essentiel, que les comédiens s’y montrent en général inspirés. C’est incontestablement le cas dans la version mise en scène par Christophe Gand au théâtre Buffon. Les trois comédiens principaux qu’il serait dommage de ne pas citer – Gaëlle Billaut-Danno, François Feroleto et Yannick Laurent – sont parfaitement à l’aise dans des personnages complexes qui se trahissent à qui mieux mieux – comme le titre l’indique suffisamment – non sans garder toujours un flegme et une élégance très british. Il ne faut surtout pas dévoiler les méandres de cette histoire tant le spectateur prend de plaisir à les découvrir.

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« L’Amant » Mise en scène de Yoshvani Médina. Au jeu de la vérité, les dés sont pipés

— Par Roland Sabra —

 Harold Pinter: «Il n’y a pas de distinctions tranchées entre ce qui est réel et ce qui est irréel, entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Une chose n’est pas nécessairement vraie ou fausse ; elle peut être tout à la fois vraie et fausse.». C’est du théâtre dont il s’agit, seulement du théâtre et celui-ci peut s’ingénier à détourner les conventions théâtrales en l’occurrence dans « L’Amant »: un trio mari-femme-amant, une anglaise oisive et lascive qui s’encanaille avec l’amant de longs après-midi, puis prend le thé, tandis que le mari s’attarde au bureau. On part d’une situation vaudevillesque traditionnelle, et on aboutit par déstructuration au fin fond de l’enferment du couple dans les demi-vérités, les mensonges à mi-mots, les faux-semblants, la suspicion et les affres de l’implicite noyé dans les brumes de la dérision. Un couple et son infidélité en partage, comme ciment d’une fissure à creuser au détour des regards fuyants et de la vie qui s’en va ne n’avoir jamais été là. Elle a donc un amant et il le sait.

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« L’Amant », un schizo-drame de Harold Pinter, le maître du théâtre de la fragmentation

— Par Roland Sabra —

 

 

Pour Michel Louis.

« Le prix Nobel de littérature pour l’année 2005 est attribué à l’écrivain anglais Harold Pinter « qui dans ses drames découvre l’abîme sous les bavardages et se force un passage dans la pièce close de l’oppression ». C’est ainsi qu’a été annoncée très officiellement la chose. Deux caractéristiques donc dans l’oeuvre de l’écrivain, une exploration des abîmes de l’être humain et un combat permanent contre l’oppression. Qui est donc Harold Pinter? Qu’est-ce qu’un schizo-drame? Pourquoi la pièce « L’amant » que monte Médina relève-t-elle d’un théâtre de la fragmentation?

Le combattant de la liberté contre toutes les oppressions et les injustices.

Né en 1930, de parents juifs d’origine russe Pinter, est né dans l’East End de Londres, il y passe son enfance avant d’être éloigné en 1939 pour cause de bombardements. Il y reviendra en 1942 et gardera pour le reste de ses jours le souvenir de ces nuits pendant lesquelles les murs tremblaient sous les effets des bombes. A quinze ans il fait le coup de poings contre les sympathisants fascistes qui s’en prennent aux enfants juifs de l’Eastside.

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