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La liberté aux temps du coronavirus

— Par Georges Trésor —

En août 2021, avec d’autres, je fus signataire d’un « Appel à signature citoyenne pour la vaccination du plus grand nombre ». A ce moment, la covid frappait mortellement en Guadeloupe dans des proportions effrayantes. Naïvement, je pensais que la conjonction de ces deux événements allait entraîner une prise de conscience collective en faveur de la vaccination. Force est de constater que je me suis trompé. À l’heure où j’écris ces lignes, moins de la moitié de la population guadeloupéenne est vaccinée et la résistance à la vaccination est une réalité bien solide dans notre pays.

Ce texte n’est en rien un ultime appel à la vaccination. Par ailleurs, loin de moi l’idée de stigmatiser celles et ceux qui refusent, pour une raison ou une autre, de se faire vacciner. La capacité à choisir est une liberté absolue échappant à toute détermination. C’est une caractéristique essentielle de l’être humain. Choisir de ne pas se faire vacciner, tout comme choisir de se faire vacciner, définissent un même espace de liberté. A la différence que, dans le réel, c’est l’esprit transgressif du choix de ne pas se faire vacciner et ses implications sociales qui sont facteurs de tensions dans le vivre-ensemble.

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« Un privilège blanc », par Georges Trésor

— Avant propos de Jacky Dahomay —

..Nous ouvrons une réflexion sur un problème qui insiste dans bien des régions du monde et, dans le cas qui nous intéresse, en notre pays de Guadeloupe. En effet, ces dernières décennies ont connu un développement de ce qu’il est convenu d’appeler le néolibéralisme, qui relativise l’action des États, donc l’identité des nations et entraîne un affaiblissement du politique dans sa fonction de fondation de l’être ensemble. D’où un affaiblissement des démocraties, crise qu’il ne faut pas sous-estimer car la menace concerne d’autres démocraties dont la France aussi. On assiste dans les grandes démocraties occidentales à une montée en puissance des idéologies d’extrême droite, donc à des crispations identitaires.
En France, le discours dominant est celui du Front national et c’est le vocabulaire de ce dernier qui domine dans l’opinion, dans la classe politique et la presse dominante. Le FN dit lutter contre le « communautarisme » (en dévoyant le sens que donne à cette expression la philosophie politique) or, il occulte que c’est le parti de Marine Le Pen qui développe un vrai communautarisme cultivant la haine de l’autre (musulmans, émigrés de l’Afrique sud saharienne etc).

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Universalisme ou domination raciale ?

— Par Georges Trésor —

Lors de la conférence-débat organisée par la section Camille Mortenol de la LDH de la Guadeloupe pour le le 71ème anniversaire de la DUDH, Georges Trésor a fait l’intervention dont la contraction est la suivante.

Depuis quelques années, la racialisation de plus en plus marquée des rapports sociaux dans les sociétés libérales, soulignerait l’existence d’une nouvelle ligne de fracture. Cela a pour conséquence d’alimenter des crispations et des tensions identitaires qui trouveraient leur source dans les ratés de la fonction inclusive des idéaux universalistes dans ces sociétés. En France par exemple, les pratiques discriminatoires fondées sur l’origine ou la couleur de la peau, opérées y compris par des agents de l’État, seraient l’illustration la plus achevée du caractère systémique d’un « racisme d’État » en contradiction avec les principes universalistes républicains. S’inspirant de la pensée décoloniale, s’est développé en réaction un courant antiraciste, plus ou moins composite, de plus en plus présent dans l’espace public. Ce courant cherche à s’identifier politiquement en se démarquant notamment des traditionnelles associations antiracistes comme la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), SOS racisme et par extension La ligue des Droits de l’Homme.

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De quoi des statues brisées sont-elles le nom ?

— Par Georges Trésor—

Le 22 mai 2020, date de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique, deux statues de Victor Schoelcher ont été détruites. Parallèlement, les auteurs de cet acte ont fait connaître leurs motivations dans une lettre non signée. A la lecture, Il ressort une volonté de leur part de démontrer que Schoelcher, en prenant la décision de signer le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848, n’a été en rien « le sauveur du peuple noir martiniquais ». C’est sous la pression de la résistance séculaire des esclaves contre l’ordre esclavagiste qu’il aurait été contraint d’abolir l’esclavage. Pour cette raison, il conviendrait selon ces activistes de se montrer en phase avec la vérité historique en honorant dans l’espace public, non pas Schoelcher, mais les figures emblématiques de la résistance chez les esclaves.

La destruction des statues a provoqué des réactions spontanées dans les milieux politiques et intellectuels martiniquais. Dans l’ensemble, les avis convergeaient dans le sens de l’indignation ou au contraire de la compréhension, dans un climat d’échange, il faut le dire, relativement apaisé. Sans doute, parce que les auteurs de ces réactions avaient en partage un sentiment confus, selon lequel déboulonner des statues de Schoelcher, 172 ans après l’abolition de l’esclavage, ne pouvait être simplement interprété comme un acte de pur vandalisme.

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« Violences »

— Par Georges Trésor —
interrogationDepuis deux ou trois décennies, la société guadeloupéenne perd incontestablement en cohésion. Aux yeux d’une population légitimement inquiète, la montée de la violence en est le signe le plus préoccupant. En rapport avec cette réalité se tient dans notre société une sorte de procès public permanent fait en particulier à la famille et à l’école. Dans ce procès, les parents et les enseignants sont les premiers visés. En général, la sentence prononcée à leur égard se veut moralisatrice. Parents et enseignants, souvent accusés de laxisme, sont invités à exercer avec une plus grande rigueur leur responsabilité éducative. Bref, ils sont invités à corriger leurs comportements avec pour référentiel le temps d’avant, le temps où les valeurs traditionnelles servaient de guides à nos conduites.
La Guadeloupe ne découvre pourtant pas la violence, elle est constitutive de toute société humaine. Mais nos concitoyens perçoivent que la forme qui se développe en ce moment chez nous n’est pas tout à fait classique. Elle n’est ni politique, ni sociale et pas directement crapuleuse : elle est sociétale. Il y aurait une relation entre l’émergence de cette forme de violence et le délitement du lien social en Guadeloupe.

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