Étiquette : Edouard Delépine

Février 1974 à Chalvet

L’histoire choisie et l’histoire « oubliée » 

— Par Yves-Léopold Monthieux 
« Pawol an bouch pa chaj », cet adage de la langue créole pourrait traduire la maxime judiciaire « La plume est serve mais la parole est libre ». Sauf que la liberté de parole ne semble pas avoir de limites en Martinique et que la plume est toujours invitée à s’y plier. Sinon, gare !

Ainsi donc, après l’abolition de l’esclavage signée par le gouvernement provisoire français le 27 avril 1848, mais réputée remportée le 22 mai 1848 par les seuls moyens des esclaves ; après la transformation, par un autre gouvernement provisoire, des « dernières colonies » en départements d’outre-mer pour mettre fin aux visées des USA sur les Antilles françaises ; après le désaveu par la Commission Stora d’historiens et autres intellectuels à propos de décembre 1959 ; nous célébrerons bientôtle cinquantième anniversaire des événements tragiques du 14 février 1974 à Basse-Pointe, encore expurgés d’éléments essentiels de l’histoire.

Or, sans la lutte entre le parti indépendantiste trotskyste, Groupe Révolution Socialiste (GRS) et le Parti communiste martiniquais, commencée lors des précédentes élections municipales de la commune d’Ajoupa-Bouillon ;(.

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Édouard Delépine : une intelligence et un caractère

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La rigueur et la recherche permanente de la vérité conduisaient souvent Edouard Delépine à l’insatisfaction et l’autocritique. On pourrait lui appliquer le mot de Benjamin Constant : « constant dans l’inconstance ». Les anticolonialistes qui n’ont jamais voulu remettre en question les vérités de leur jeune âge n’ont pas compris l’évolution politique d’Edouard Delépine. Ils ne se sont pas aperçus qu’en gardant les utopies des années soixante, ils n’avaient pas cessé d’être eux-mêmes de parfaits assimilationnistes. Cette évolution rappelle la décision de Christiane Taubira, en 1983, de tourner le dos à l’indépendance. La future garde des Sceaux prenait acte de l’évolution de la société, des échecs de la décolonisation en Afrique et de l’avènement de la décentralisation en outre-mer.

Un cluster au Lycée Schoelcher : amoureux d’histoire et militants politiques

Homme politique, Edouard l’était jusqu’au bout des ongles et ne s’était pas privé de l’être déjà lorsque, jeune professeur, il forçait l’admiration de ses élèves par la qualité de son enseignement, certes, mais aussi par la force de ses convictions qu’il savait communiquer. On ne parlait pas encore de fan, mais il en est résulté un véritable cluster au Lycée Schoelcher où vit le jour une génération de jeunes amoureux d’histoire et de politique.

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Lettre à Édouard

— Par Dominique Taffin, Ancienne directrice des Archives de Martinique —
Quelques mots, quelques touches de souvenirs, qui s’accrocheront peutêtre à la mémoire que tant de Martiniquais qui t’ont bien mieux connu que moi garderont, je l’espère, longtemps. Bizarrement, c’est un tutoiement qui me vient, alors que nous nous sommes dit vous tout au long des quelque trente années qui mesurent l’écart entre notre première rencontre et la dernière, début 2018. Pardonnez-moi d’abandonner la neutralité professionnelle de l’archiviste et de naviguer entre les deux ! C’était, je crois, à la fin des années 1980, aux Archives d’outre-mer où, jeune conservatrice, je rencontrais un petit homme, à l’œil clair et au ton sans réplique qui exigeait d’avoir accès sans délai et sans restriction à toutes les archives concernant Césaire. Il aura fallu que je vienne travailler en Martinique pour que je comprenne les tenants et aboutissants de ce comportement péremptoire qui m’avait tant indisposée à l’époque : au-delà d’un trait de caractère forgé par ton parcours individuel et par la haute idée de ta mission, c’était aussi une posture d’attaque face à la culture du secret qui pesait sur tout ce qui relevait de l’histoire contemporaine de la Martinique.

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Le bel hommage à Édouard Delépine

Parmi tous les hommages rendus à Édouard Delépine, l’un des plus émouvants est sans doute celui que Raphaël Confiant publie sur son « Bloc-notes », dans Montray Kreyol, ce mercredi 12 août.

« Édouard Delépine, l’empêcheur de penser en rond

Il fut le professeur d’histoire de bon nombre d’entre nous au lycée Schoelcher dans les années 1960-80.

Tant de vitalité et d’acuité d’esprit, de culture surtout, dans un si petit corps nous enchantait tout comme nous étonnait le bleu de son regard. Il essayait d’inculquer à nous autres, fils de la petite-bourgeoisie (l’établissement n’était pas encore mixte à cette époque), des rudiments d’analyse marxiste, cela sans dogmatisme ni bourrage de crâne. Son humour décapant, féroce même par moments, clouait le bec aux petits prétentieux qui, comme c’était mon cas, osaient émettre quelques doutes. Sans dévier du programme car nous avions le bac à présenter, il trouvait toujours une occasion d’élargir son propos aux grandes causes qui le passionnaient : la révolution prolétarienne et le bloc soviétique, la décolonisation en Afrique noire, dans le monde arabe et en Asie, dans la Caraïbe mais aussi et surtout dans notre Martinique.

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Corinne Mencé-Caster est une femme d’honneur et de courage, une démocrate

Écœurant article d’Édouard Delépine contre Corinne Mencé-Caster

mence_caster— Par Maurice Belrose —

L’article de 8 pages publié récemment par Mediapart sur l’affaire CEREGMIA et dont « Justice » a fait une présentation commentée dans son numéro du 30 avril, a provoqué l’ire d’Edouard Delépine, lequel a publié le 29 avril, dans « France-Antilles » [et Madinin’Art] un article écœurant mettant en cause la présidente de l’université des Antilles et de la Guyane, Corinne Mencé-Caster.

L’article est intitulé « Crise à l’université, Médiapart manipulé? » Ce qui frappe d’emblée dans ce titre, c’est le point d’interrogation, signe du manque de courage du cher Edouard, qui n’ose pas affirmer catégoriquement que Mediapart a été manipulé tout en laissant entendre subtilement qu’il y a eu manipulation. Notre historien et dirigeant PPM révèle qu’il a connu Edwy Plénel, le directeur de Médiapart, alors que celui-ci « avait 7-8 ans », et il évoque l’époque lointaine où ils vendaient à la criée le « journal trotskiste Rouge », dans lequel, lui Delépine, publiait des articles signés Andrès Lerouge. Il dit évidemment le plus grand bien d’Edwy Plénel en tant journaliste et en tant qu’homme, affirmant qu’il le tient pour « le digne fils de son père, Alain Plénel ».

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Le centenaire de la naisssance d’Aimé Césaire à l’Habitation Clément

—Par Edouard Delépine—

aime_cesaire-325J’ai beau essayé de me convaincre qu’il n’y a pas lieu d’être surpris ni autrement inquiet des commentaires parus ici et là sur le discours de Serge Letchimy pour la commémoration du 12e anniversaire de la plantation du Courbaril par Aimé Césaire à l’Habitation Clément le 17 décembre 2001, je suis tout de même parfois abasourdi par les réactions à chaud de gens qui ne sont pas tous des analphabètes même si, de toute évidence, il y en a beaucoup parmi ces commentateurs désœuvrés.

Parce que nous n’avons guère été habitué depuis un siècle et demi à une grande rigueur dans l’analyse des faits sociaux, en un temps et dans un domaine, celui de la formation de l’esprit public, où la responsabilité de la média-sphère est au moins aussi grande et, à mon avis, très au-dessus de celle des politiques, nous sommes de ceux qui attendions et qui continuons d’attendre de la nouvelle presse, qui dispose aujourd’hui de moyens sans commune mesure avec ceux dont pouvait rêver la presse d’antan, des comptes rendus plus pertinents et en tout cas plus utiles à la compréhension des grands événements de notre vie publique.

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