Étiquette : Bernard Maris

« Français, cessez de vous sentir coupables ! », crie Bernard Maris dans un essai posthume

—Par Sylvain Attal —

maris_aimer_la_francePeu de temps avant son assassinat au siège de « Charlie Hebdo », le journaliste et économiste Bernard Maris avait envoyé son dernier manuscrit à son éditeur. Une déclaration d’amour lucide et inquiète à la France.

Bernard Maris, assassiné avec ses amis de « Charlie Hebdo » le 7 janvier 2015, manque déjà à ceux qui l’ont connu et, forcément, aimé. Son dernier essai « Et si on aimait la France » (Grasset) – sans point d’interrogation, il y tenait – nous vient d’outre-tombe. Il est terriblement émouvant, poignant même, par son côté prémonitoire.

Maris, économiste et journaliste, s’y montre tel qu’il était : un homme de gauche, écologiste, humaniste et iconoclaste, mais surtout profondément libre de toute attache partisane, et hermétique à tous les prêt-à-penser de l’époque.

Le texte du manuscrit (inachevé) est parvenu à son éditeur quelques jours avant la fatale conférence de rédaction de « Charlie ». Maris, qui en était satisfait, avait choisi le titre.

Car il s’agit bien d’une déclaration d’amour à la France, exempte de tout chauvinisme. La France éternelle qui « n’est rien sans la grandeur » (de Gaulle).

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Bernard Maris, l’économie à la rapière

— Par Alain Nicolas —

bernard_marisFerraillant avec humour et rigueur avec les tenants de la pensée unique, c’était un universitaire de pointe, un éducateur généreux, un militant pugnace. Et aussi un romancier subtil et attachant.
L’objectif que se donnait Bernard Maris, c’est avant tout de libérer les consciences.

«Pleurons sur les patrons », titrait sa chronique de Noël, où il étrillait Patrick Kron, d’Alstom, Bouy-gues, Gattaz et Kessler, avant de conclure. Un titre qui rend un son bizarre, aujourd’hui que disparaît l’Oncle Bernard, dont le rendez-vous hebdomadaire était devenu incontournable. Bernard Maris était en effet un des piliers de Charlie Hebdo, dont il avait été en 1992 un des refondateurs. Rien ne prédisposait pourtant ce jeune Toulousain brillant, diplômé de Sciences-Po en 1968, docteur en économie en 1975, promis aux plus hauts sommets académiques, à devenir un des trublions de la pensée unique en économie. Il se déclarait keynésien, et, avant la vague libérale et les « reaganomics », « les keynésiens n’étaient pas de gauche », rappelait plaisamment Guy Sorman. Au moment où la doxa néolibérale ne supporte pas la moindre discordance, conserver ces convictions vous fait classer à gauche, pas extrême mais presque.

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