Soweto Gospel Choir : émotion et professionnalisme !

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Le 18 juilet à 19h 30 et le 19 juillet à 16h 30

— Par Roland Sabra —

Ils sont vingt sept sur scène. Dix femmes et dix-sept hommes. Une femme égale presque deux hommes. L’équité est préservée 😀 . Le spectacle est composé de deux parties d’une durée d’une heure environ et séparées par un entracte d’un quart d’heure. Au début l’unité vestimentaire des hommes et des femmes est respectée, au détriment de celles-ci par des tenues un peu trop moulantes qui soulignent leurs formes plantureuses. Après la pause les femmes arrivent sur scène avec des tenues plus amples qui les avantagent, les hommes portent des tuniques trois-quart ornementées d’une sorte de large cravate sur toute la hauteur du vêtement. Vivacité et chatoiement de couleurs qui explosent au visage du spectateur⋅ Mais bon, si mod sé gou, fantézi sé lidé, il ne s’agit pas d’un défilé de mode mais d’un tour de chant⋅ Le répertoire est composé de gospels classiques (« Amazing Grace », etc.), de chants traditionnels issus des profondeurs de l’Afrique du Sud comme le maskandi ou le tonique mbaqanga et de standards internationaux (Asimbonanga, l’hymne de Johnny Clegg, ou encore le fédérateur Oh, Happy Day, composé par Phillip Doddridge, Edward F⋅ Rimbault et Edwin Hawkins, en 1967). Il s’agit de s’adresser au public le plus large ⋅ Cela étant on n’ aura pas eu droit cette fois à la reprise de Mbube composée en 1939 par Solomon Linda et les Evening Birdset et popularisée en France par Henri Salvador (Le lion est mort ce soir)⋅ On se souvient de tout le mal que cet artiste avait déclaré penser, au Lamentin, des paroles de cette chanson, qui pourtant lui avait assuré un véritable succès commercial⋅  Comme quoi…
soweto_gospel_homL’art vocal du pays est restitué dans sa plénitude, son énergie, sa force vitale et son désir de surmonter et de vaincre dans un hymne à la joie, les adversités de la vie, qu’elles soient de l’ordre du quotidien ou du politique, de la vie amoureuse ou de la lutte contre l’apartheid. A capella ou soutenu par une petite formation musicale composée d’un piano électrique, une batterie réduite au minimum, une guitare, et un tambour la chorale, embarque le spectateur avec un professionnalisme de haut vol, un art vocal et un sens du spectacle à nul autre pareil dans un voyage fait de proximités et d’éloignements, de fausses reconnaissances et véritables étrangetés. Troupe internationale, sa prestation est réglée comme sur du papier à musique (!). Enchainement des passages chantés, dansés, stimulations de la salle, fausses sorties, interpellation du public, tout est prévu, décidé avant le passage sur scène. Une dimension du talent consiste à le faire oublier, de sorte que chaque spectateur ait le sentiment d’assister à un évènement unique.

Si la première partie est apparue un peu pépère, ronronnante, la seconde qui s’ouvre avec l’incontournable chant de mineurs bottés de caoutchouc a su provoquer le déclic qui a déclenché l’enthousiasme de la foule, un peu bon enfant et toujours accueillante à l’égard des productions venues du pays de Mandela. Certes ce n’était pas « Sarafina » des années 90, ni « Umoja » des années 2000,  on peut le regretter, c’était « Soweto Gospel Choir« , une prestation plus populaire, et moins élitiste peut-être, que le superbe opéra comique « L’île de Merlin ou le monde renversé« . Les deux prestations ont su séduire, à leur manière les publics martiniquais.  Chak tet, chak lespri. N’est-il pas?

Fort-de-France, le 18/0/2014

R.S.