Scandale du chlordécone aux Antilles : Qui, et pourquoi?

— Par Patrick Jean-Élie —

Vous aussi, vous avez dégusté les délicieuses écrevisses de S……., au Lorrain, Martinique?

C’est vrai que  200 fois le taux de chlordecone toléré, ça doit donner du goût…

L’affaire est grave, et loin d’être terminée. La rémanence, c’est à dire la durée d’activité de ce pesticide, varie de soixante ans à sept siècles selon les sols!

Qui, et pourquoi?

D’abord, cette molécule de chlordécone est brevetée aux USA  et commercialisée sous le nom de Kepone en 1952.  En 1976, les Etats-Unis interdisent ce produit. Ce pays, qui ne connaît pas une patate sur le principe de précaution, et à peine celui de réparation , qui fourgue ses OGM en phase bêta-tests à la moitié de la planète, qui n’a instauré aucune traçabilité obligatoire des produits alimentaires, en arrive à considérer ce pesticide comme trop dangereux.

Mais ici, non. 

Ils ont sacrifié la population pour quelques bananes, et des  subventions

Laurent de Laguarigue, béké martiniquais,  rachète en 1981 à vil prix, puisqu’interdit depuis 5 ans, les stocks et le brevet du chlordécone aux Ricains, à Allied Chemical.

Oui, vous avez bien lu: Monsieur Laurent de Laguarigue  RACHETE en 1981 le brevet d’un produit INTERDIT, pour nous le balancer sur la figure pendant 12 ans EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE, et sans que ce Monsieur soit inquiété jusqu’à ce jour. 

Avec l’aide de ses potes békés qui sirotent le JM avec le Ministre, il le fait homologuer, le fabrique au Brésil,  et le vend sous le nom de Curlone dans les magasins du même nom  ( Laguarigue, pas Curlone, faut suivre ) . Il en déverse des tonnes, de sa saloperie,  sur  la Martinique jusqu’en 1993, pendant plus de 10 ans…  L’épandage aérien sur les zones habitées, rien n’est épargné.  Les témoignages de petits planteurs, ignorants de la nocivité, victimes et souvent esclaves économiques du colon sont  accablants: l’épandage par seaux, à mains nues, sans protections,  sous le soleil. Les saignements de nez , l’odeur infecte des produits.  Et puis ensuite les cancers…

Henri Nallet, Ministre de l’Agriculture: 
en 1990, le Curlone est interdit de  vente en France. Ce Sinistre Ministre  signe une dérogation pour que l’on continue à balancer des pesticides INTERDITS sur la population de ce pays pendant encore 2 ans.
Et qui est ce Monsieur Nallet?  Il a été  Conseiller aux Affaires Internationales du Groupe Servier…
Vous avez dit Servier? Bon sûr mais c’est bien sang! L’affaire du Médiator!  Ce Mr Nallet a défendu les intérêts d’un laboratoire criminel, condamné pour tel… Je vous l’avais dit: Sinistre Triste Ministre…

Jean-Pierre Soisson: autre Sinistre de l’Agriculture, qui nous en a remis une couche, et n’a pas dérogé à la règle: une p’tite dérogation pour ses copains en 1991, et encore 2 ans de tartinage de pesticides sur notre île, où, comme vous le savez, l’air a des senteurs de sucre et de vanille… surtout dans les champ de bananes de Vivé après le passage de l’épandage aérien… Il a fallu attendre quand même Septembre 2014 pour que l’épandage aérien soit enfin interdit, après moults dérogations préfectorales. Il s’en fout, le Préfet, Didier pa ni banann…

Ensuite viennent certains politiques locaux, macoutes de pacotille,  avides de pouvoir, et autres kok-jemm du pitt local , krab ka véyé dan barik , mortiférés tournant dans la calebasse césairienne,  dont le silence sur ces questions relèvent à la fois d’un fatalisme prudent, et d’une myopie caractérisée: leur horizon intellectuel s’est, depuis plusieurs années, arrêté à Décembre 2015, c’est à dire aux élections pour la CTM. 
Les Guadeloupéens se sont montrés plus combatifs: en 2006, une plainte contre X a été déposée par l’Union des Consommateurs de Guadeloupe, et l’avocat écologiste député Verts Harry Durimel. Cette plainte a été plusieurs fois ajournée pour « vice de procédure », et est toujours en cours…

Nos politiques sont, jusqu’à présent, beaucoup plus forts pour s’invectiver que pour travailler ensemble. Ils n’ont eu sur ce sujet aucune position commune, alors qu’il s’agit là d’un problème de santé publique.
Ils ont peut-être pris goût aux touchers rectaux… en tout cas ils se reconnaîtront eux-mêmes.  Je vous laisse juges de leur détermination.

La banane intensive: une agriculture du tiers-monde.

Les colons locaux utilisent depuis des siècles  des techniques de culture intensives sur un territoire qui n’en a absolument pas la capacité. Au lieu de laisser cette agriculture  à des pays qui en ont vraiment besoin, et développer d’autres secteurs qui auraient un peu élevé le QI de la masse ouvrière concernée, ils ont préféré continuer cette culture coloniale pour une excellente raison: 

La culture de la banane n’est qu’un prétexte pour toucher des subventions, de l’argent public. 

Un bananier par terre est un bananier qui rapporte

Le bananier  n’est pas un arbre, mais une plante herbacée, de l’herbe, quoi… Et donc  au moindre coup de vent, il se couche plus vite qu’une péripatéticienne des Terres-Sainvilles. L’analogie ne s’arrête pas là, puisqu’après un cyclone, ces messieurs se dépêchent de prendre un hélico, et d’aller « relever les compteurs »  pour dénombrer leurs « pertes » et calculer leurs indemnités.  Jackpot!    

Inconséquences et conséquences

Leur cupidité a entraîné  toute la filière banane dans un marasme sans manman, laissant sur le carreau tous les petits planteurs. Les champs de bananes sont de plus en plus remplacés par des supermarchés ( oui, oui, ils se sont reconvertis…)  ou des lotissements, alors qu’on aurait pu, comme à la Dominique, développer une banane bio, diversifier les variétés, planter d’autres espèces  etc…  Non, ce qui intéresse ces capitalistes voyous, c’est le profit à court terme.

Alors ils nous disent que c’est fini, plus de chlordecone, promis juré. Sauf que ces produits n’étaient pas tous seuls: des tonnes d’insecticides ( TEMIK, etc..) ont été également déversés pendant des décennies, et traînent encore dans les hangars désaffectés des planteurs. Ils continuent aujourd’hui avec des produits soit-disant moins rémanents, des désherbants comme le RoundUp, le BastaF1… que nous retrouvons dans nos mangroves et nos nappes phréatiques.

</spanAujourd’hui, nul ne peut dépolluer un sol contaminé par le chlordecone</span. Aucun produit, aucune technique ne peut venir à bout de ce poison.  On en a juste pour quelques siècles…

Aucun suivi sanitaire n’a été mise en place. ll faut dire que la détection du chlordecone dans le sang coûte entre 500 et 1000 euros par analyse, non remboursés, et que peu de labos en sont capables.

En guise d’étude épidémiologique, on se contentera des avis d’obsèques…

Le Mediator des Laboratoires Servier serait à l’origine de 500 à 2000 morts, depuis 1976. On connaît le battage « médiatorique », et le procès retentissant.

Quand verra-t-on Messieurs Laurent de Laguarigue, Henri Nallet,  Jean-Pierre Soisson, et leur copains,  devant un tribunal pour répondre de leurs actes?</span

Est-il normal que ces gens n’aient à répondre de rien?

Pas responsables, pas coupables ?

Patrick JEAN-ELIE
31/10/2015
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Sources:  Eliane Patriarca   – Santé & Travail n° 068 – octobre 2009
Contamination aux Antilles …+annexes et rapport – Ministère de l’écologie </a
Chlordecone in France and the Antilles- Formofcouncil.org</span
L’auteur:Patrick JEAN-ELIE

 Publié il y a 31st October 2015 par Patrick JEAN-ELIE

https://patrickjeanelie.blogspot.fr/2015/10/chlordecone-qui-et-pourquoi.html?m=1