Que peut-on produire avec nos déchets ?

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A. —
Dans l’économie circulaire, il y a une matière première que nous négligeons durablement. Le modèle économique linéaire « extraire-fabriquer-jeter » utilisé essentiellement à ce jour, montre ses limites. Le concept d’économie circulaire est utilisé dans le langage régulièrement par certains, lors de leurs très nombreuses interventions publiques.
Cependant, au-delà du discours, nous observons sur le terrain des pratiques inadaptées à la construction de notre Martinique. Les technocrates pondent des marchés selon les normes. On y met de l’insertion sans réfléchir, parce que c’est dans les textes et la morale politique, pas d’analyse de provenances des matériaux par exemple, car c’est au libre choix de l’entreprise qui doit respecter un faisceau de normes et de contraintes du Cahier de Clauses Administratives Particulières (CCAP) et Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP). Puis d’une procédure d’agrément du Maître d’Ouvrage, qui se borne à un contrôle, plus juridique que technique « proprio sensu » si l’on ne note pas de défaillances par rapport aux exigences… Sauf si des emmerdeurs s’en mêlent et qu’on ne peut balayer leurs observations d’un revers de main. Et alors le politique ou la symbolique de communication prédominent, foin de l’économie et de la technique sincère et pointue!
Prenons le cas de nos déchets, ménagés et industriels, nous produisons en Martinique, environs plus de 375 000 tonnes an. Pour gérer cet important volume, nous avons l’enfouissement en décharge, l’incinération, et pour les différents pollueurs la mise en décharge sauvage dans le milieu naturel.
S’agissant de tout ce qui filière, nous sommes au stade du bricolage et quand enfin une bonne décision est prise, nos non à tout sous couverts écologie, s’érigent en défenseur le la population. Armées du discours de la peur, ces organisations tentent à faire croire que notre santé est mise à mal et nos dirigeants par peur de perdre des électeurs, enterrent ces projets.
La culture de la bétise durable
Nous pensons que le moment est venu pour faire respecter la LOI n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, où il est inscrit :
« Art. L. 100-1.-La politique énergétique :
« 1° Favorise l’émergence d’une économie compétitive et riche en emplois grâce à la mobilisation de toutes les filières industrielles, notamment celles de la croissance verte « 2° Assure la sécurité d’approvisionnement et réduit la dépendance aux importations ;
« 3° Maintient un prix de l’énergie compétitif et attractif au plan international et permet de maîtriser les dépenses en énergie des consommateurs ;
Aussi la ressource, nous l’avons! 375 000 tonnes an de déchets, sans oublier l’important tonnage des décharges actuellement fermées. Aussi, pour réduire notre dépense aux importations de combustible fossile pour produire de l’énergie électrique, nous devons impérativement utiliser cette matière première, qui viendra renforcer les différentes unités tout en participant à la structuration des filières industrielles de la croissance verte à l’instar de l’unité d’ALBIOMA, actuellement en cours de construction, pour une production d’environ 15%. À ce propos, n’oublions pas que sur ce même site il existe une centrale du même groupe qui produit environ 7%, soit au total 22% du besoin d’EDF Martinique. Expérimentons une autre usine pouvant traiter 100 000 tonnes de dèches qui subiront de nombreuses étapes permettant de séparer et valoriser au mieux :
* Les matières recyclables (métaux/inertes),
* Les matières organiques qui seront méthanisées pour produire du bio-méthane réinjecté dans le réseau de transport, du parc automobile et dans nos foyers.
* Les matières combustibles qui seront transformées en Combustibles Solides de Récupération (CSR) utilisables par les cimenteries en substitution d’énergies fossiles. Ce concept de Tri Valorisation Matière et Énergie existe, est évalué régulièrement ce qui a attiré notre attention. Nous pensons que nos donneurs d’ordres devront avoir la fibre écologique, la pratique de l’économie circulaire, pour réfléchir à l’installation de cet important outil.
Précisons qu’à la décharge de la Trompeuse il est installé une unité de valorisation de traitement du méthane que nous jugeons insuffisant. Concernant au Poteau à Basse-Pointe, actuellement fermé ce gaz est brulé dans une torchère. Qui l’eu cru ? Ne maintenons pas la Culture de la bêtise durable.
Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A.