Que l’espérance demeure

de Wébert Charles et Denise Bernhardt

Poèmes à quatre mains, publiés aux Editions du Vert-Galant.

 Par Jeannine Dion-Guérin*

De la Société des Poètes Français

 

 

Il y a, dans la chair des Haïtiens, une blessure ouverte indéfiniment empêchée de se refermer. Poétesse française et femme de cœur, Denise Bernhardt tente de s’en approcher en établissant avec les artistes, un dialogue à long cours sur le mode sensible qui lui appartient, grâce à un échange continu avec ces îliens, riches de courage et d’endurance.

En Haïti, « on parle dans la démence » et « c’est aussi simple que se laver les mains » dit Wébert Charles.

Or chacun possède sa propre « démence », qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, et le devoir de s’y atteler :

« Libérés de nos chaînes/ Et de la malédiction/ Du temps des Origines. » D. Bernhardt

C’est ce que tenteront W Charles , natif de Port-au-Prince et D B qu’une meilleure providence a fait naître à Cannes, par le biais de poèmes à quatre mains, publiés par le Vert-Galant, sous la forme d’un livre soigné et prometteur de résilience : « Que l’espérance demeure ».

Mais: « Comment fuir une île/ Quand tout chemin mène/ A notre isolement » ? W. Charles

Au fil des pages, les deux écrivains s’essayeront à résoudre tant leur propre énigme que celle plus complexe de nos « différences » dirait Senghor. Pour cela, ils s’appuient sur des mots qui rejoignent distance et océans, aux entités ravageuses ou non…

Et tant pis si: « J’attends à ne rien attendre du firmament » W.Ch.

Tant pis si: « L’amour est un fleuve qui va/ Insouciant de l’érosion des berges/  D.B et si : « Si la vie effrite nos espoirs de salpêtre » D.B, à chacun sa rive, à chacun son absence et le seul remède à cela: s’aimer et briser les distances puisque:

« Je n’ai plus que toi/ Mon cœur/ Pour rebroder ma vie/ A la frange des jours. »  D.B.

Bien heureusement pour les poètes: « Les mots sont le gardien/ des bruits de la terre. »  W.Ch.  et les auteurs de ce livre sensible et attentif à l’autre offrent des vers capables de rassurer tout monde porteur de séismes.

Deux belles voix réunies pour « SE » et « NOUS » séduire …

 

*Jeannine DION-GUERIN,

Grand Prix de Poésie  Léopold Sédar Senghor du Cénacle européen francophone.

Webert Charles est né à Port-au-Prince (Haïti). Economiste de formation, rédacteur à Legs et Littérature, poète, nouvelliste, il a signé avec la participation de Jean Watson Charles un recueil de poème Pour que la terre s’en souvienne aux éditions Bas de page (2010). Ses articles et poèmes sont parus dans le quotidien Le Nouvelliste, diverses revues électroniques et l’Anthologie des Jeunes Poètes d’Haïti (2008). Il vit à Delmas où il prépare son premier récit et un recueil de poèmes en créole.

Denise Bernhardt est née à Cannes (France). Elle devient enseignante en 1961 ; elle écrit des poèmes dès l’école primaire mais ce n’est qu’en 1997 qu’elle commence à publier. Elle a obtenu plus d’une dizaine de prix pour ses recueils de poèmes, parmi lesquels Le Prix Aragon de la Société des Poètes Français et le Grand Prix des Erotides. Elle est membre de la Société des Gens de Lettres, Sociétaire de la Société des Poètes Français, et  déléguée pour Haïti. Plusieurs de ses recueils ont été écrits à deux plumes.