Quand l’opéra dénonce les crimes contre l’humanité

— Par Alain Boeuf —

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Benjamin, dernière nuit, de Michel Tabachnick sur un livret de Régis Debray. —Photo : Stofleth—

Avec son festival annuel, l’Opéra national de Lyon ose la prise de risque avec des œuvres rares et une création.

Lyon, correspondance. Il y eut Claude de Thierry Escaich, sur un livret de Robert Badinter, et cette année Benjamin, dernière nuit, de Michel Tabachnik sur un livret de Régis Debray. Pour Serge Dorny, le directeur de la scène lyonnaise, si l’art divertit, également il questionne et « c’est essentiel dans notre civilisation menacée par le repli sur soi, l’intolérance et la violence ». Dans ce festival intitulé « Pour l’humanité », quatre œuvres sont en alternance à l’affiche, qui résonnent comme des voix de la liberté : violence des intégrismes et des religions sources de conflits, avec la Juive de Halévy, chants des ténèbres venus des camps de concentration d’où Viktor Ullmann (l’Empereur d’Atlantis) et Hans Kràsa (Brundibar) font entendre leurs voix et, comme pour enrichir le patrimoine de demain, la création mondiale de Benjamin, dernière nuit.

Ce drame lyrique relate la dernière nuit que passe Walter Benjamin, le grand philosophe allemand pourchassé par les nazis, dans un hôtel de Portbou, village frontalier de la Catalogne espagnole. Bien que proche de grands intellectuels de son temps, Brecht, Adorno, Koestler, Benjamin demeure un marginal. Tout au long de l’œuvre, le livret passe du temps présent à l’évocation onirique de ses diverses rencontres. Pour coller au plus près du texte de Régis Debray, Michel Tabachnik, sans chercher à écrire la plus pointue des musiques contemporaines, insère dans son écriture atonale un patchwork musical qui mêle citations de compositeurs, airs populaires, chants religieux ou musique militaire, superposant parfois différents styles, au gré des quatorze scènes…
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