Pourquoi je participe à la marche Lumina Sophie, le 20 septembre.

— Par Steve GADET, écrivain et chrétien protestant —
lumina_sophie-3Si Jésus devait passer un peu de temps dans nos îles, je pense qu’il aurait cherché à savoir comment sont traités les plus vulnérables d’entre nous, celles et ceux qui ont moins de ressources pour faire face aux défis de la vie. La discrimination en fonction des origines, du sexe, de la race ou de la classe sociale ne serait pas passée inaperçue à ses yeux. L’écart grandissant entre les classes sociales ne passerait pas inaperçu à ses yeux. Dans l’un de ses enseignements les plus lumineux, cet homme, dont la vie a séparé l’histoire de l’humanité en deux, nous fait comprendre que le bien que nous faisons aux plus vulnérables, c’est comme si nous le faisions à lui personnellement. A travers « le plus petit de ses frères », Christ a cherché à faire comprendre au monde mais surtout à ceux qui, comme moi, croient en lui que nous ne pouvons pas nous détourner du sort des opprimés. La situation des personnes d’origine haïtienne en République dominicaine ne doit laisser aucun homme et aucune femme d’église indifférent. Ce terrorisme ethnique doit cesser et nous devons pousser ce cri ici aussi pour que celles et ceux qui y participent sachent que nous les voyons et que nous condamnons leurs actions. La violence ethnique en République dominicaine a donné un œil au beurre noir au pays donc je ne peux pas y aller pour me détendre.
L’histoire a montré que face aux injustices ethniques et raciales, le meilleur moyen de donner aux responsables l’envie de communiquer et de changer, c’est la douleur économique et la mauvaise publicité. Les groupes privilégiés renoncent rarement à leurs privilèges volontairement. L’église contemporaine doit prier mais le Seigneur ne va pas remplacer les actions organisées et la bonne volonté par la prière. L’injustice ne consiste pas seulement dans le fait de commettre des choses mauvaises mais elle inclus le fait de ne pas faire ce qu’il faut pour freiner le mal. Que ça soit au niveau local, au niveau régional, national ou au niveau international, nous sommes dans une époque particulièrement cruelle. La compassion doit nous pousser à mettre un pansement sur les blessures autrement dit faire ce qui est en notre pouvoir pour réduire l’impact de la douleur. Mais la justice est différente de la compassion. La justice doit nous pousser à chercher les causes des blessures et tout faire pour y mettre fin sans rajouter encore plus d’injustice. C’est pour toute ces raisons que je serai au départ de cette marche en solidarité et en résistance avec les descendants de Haïtiens en République dominicaine. Si les plus vulnérables d’entre nous ne sont pas encadrés, enseignés, défendus, responsabilisés, soignés et écoutés, le climat de paix auquel nous aspirons tous ne restera qu’un rêve lointain…
Steve GADET, écrivain et chrétien protestant.