Pour un respect absolu des droits de la défense

— Communiqué de la LDH Fédération de Guadeloupe—

Dans les systèmes judiciaires des pays démocratiques l’avocat ne peut être interrompu lorsqu’il plaide, encore moins être interdit d’intervenir. Les exceptions à ce principe ne concernent que les pays totalitaires où les juges sont des instruments aux mains du pouvoir.

La Présidente de la Cour d’Assises des mineurs de Basse Terre, en Guadeloupe, vient de s’illustrer, de fort belle manière, en piétinant ce principe sacré du respect absolu des droits de la défense et des garanties fondamentales reconnues à l’avocat dans l’exercice de sa mission de défense.

En interdisant, le 14 mai 2018, au Bâtonnier Roland ÉZELIN, de plaider en dernier dans une affaire criminelle, à la suite des plaidoiries de ses cinq confrères, au motif surprenant de l’heure tardive, la Présidente portait un coup fatal à la fonction de défense et faisait voler en éclats la liberté de parole reconnue à l’avocat, par la Constitution, par la Loi, par la Convention Européenne de Sauvegarde, et par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

La décision brutale et, à l’évidence, inappropriée de ce juge démontrait qu’il était possible, en Guadeloupe, de cadenasser la défense, sans aucun égard pour un ancien Bâtonnier et la collectivité des avocats, partenaires de justice. Empêcher le Bâtonnier Roland ÉZELIN d’assurer la défense de son client, apparaît comme une volonté d’humilier le barreau tout entier.

La Ligue des droits de l’Homme, soucieuse du respect des droits de la défense qui est un élément essentiel des droits de l’homme et du rôle essentiel de l’avocat dans la cité,

CONDAMNE avec la plus grande fermeté, la volonté de réduire au silence l’avocat, par celui dont la mission est de veiller, en toute circonstance, au plein exercice des droits de la défense et

ÉLÈVE LA PLUS ÉNERGIQUE PROTESTATION contre la manière dont le Bâtonnier Roland ÉZELIN a été éconduit lors de cette audience ;

DEMANDE aux autorités judiciaires de faire connaître les dispositions et directives qu’elles comptent prendre pour le respect des avocats guadeloupéens ;

INTERPELLE le Garde des Sceaux et le Conseil Supérieur de la Magistrature sur cet incident particulièrement déplorable qui porte atteinte à la fonction de défense.

 

LIGUE DES DROITS DE L’HOMME FÉDÉRATION DE LA GUADELOUPE

Maison de la Citoyenneté, 16 rue du Commandant Mortenol

– 97110 Pointe-à-Pitre