Pharmaciens, notaires, huissiers, dentistes… un rapport s’en prend aux professions réglementées

dentiste-2Un rapport commandé par Pierre Moscovici alors qu’il était ministre de l’Economie s’étonne du niveau élevé des revenus de 37 professions réglementées, sans lien avec une prise de risque ou un haut niveau d’études.

Pharmaciens, notaires, huissiers⋅⋅⋅ un rapport s’en prend aux professions réglementées

Un rapport commandé par Pierre Moscovici alors qu’il était ministre de l’Economie s’étonne du niveau élevé des revenus de 37 professions réglementées, sans lien avec une prise de risque ou un haut niveau d’études⋅⋅

Pharmaciens, ambulanciers, notaires, huissiers⋅⋅ ⋅ces professions bénéficient-elles de rentes? Un rapport de Bercy analyse 37 professions et préconise des réformes pouvant faire baisser jusqu’à 20% leurs prix, rapporte ce lundi les Echos⋅

Le rapport sur les professions réglementées, dont le quotidien économique dit avoir obtenu copie, a été commandé à l’Inspection générale des Finances (IGF) par Pierre Moscovici lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances.

Le chiffre d’affaires cumulé de ces professions représentait 235 milliards d’euros en 2010. Leur bénéfice 42 milliards d’euros et leurs effectifs plus de 1 million de salariés. Leur valeur ajoutée équivaut à 6,4 % du PIB, affirment Les Echos sur leur site internet.

« Le rapport a d’abord cherché à savoir si ces professions bénéficiaient bien de rentes particulières. Si l’on en juge par leur niveau de rentabilité, la question ne fait pas de doute. Leur bénéfice net avant impôt représente en moyenne 19% de leur chiffre d’affaires, soit 2,4 fois la rentabilité constatée dans le reste de l’économie », écrit le journal.
Un revenu non proportionnel au niveau d’études

Sur 100 euros versés par le consommateur, un huissier de justice réalise en moyenne un bénéfice net de 43 euros et un greffier de tribunal de commerce pas moins de 44 euros, selon le journal. Un greffier de tribunal de commerce gagne en moyenne plus de 10 000 euros net par mois et un huissier, plus de 6000 euros, affirme le journal, ajoutant que le revenu n’est ni proportionnel au niveau d’études ni justifié par une prise de risque particulière. Les métiers concernés ont un taux de défaillance de 0,8% contre une moyenne nationale de 1,4%.

Sur 2000-2010, leur bénéfice a progressé de 46 % et leur valeur ajoutée de 53,7 %, alors que le Produit intérieur brut augmentait de 34,6 %. « Il est intéressant de noter que malgré ces très bons indicateurs sectoriels et en l’absence de toute concurrence internationale, les 37 professions concernées ont touché 1,7 milliard d’euros de crédit d’impôt compétitivité et emploi » (CICE), commente le journal. Le CICE doit représenter un total de 20 milliards d’euros par an lorsqu’il aura atteint sa vitesse de croisière.

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Pharmaciens, dentistes, kinés… le rapport qui veut tout changer

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DÉCRYPTAGE – Un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) préconise un big bang des métiers de la santé. Le détail profession par profession.

Des pharmaciens dans les grandes surfaces

« La mission n’a pas identifié de raison qui justifie l’interdiction faite aux commerçants, notamment dans la grande distribution, de commercialiser les médicaments à prescription médicale facultative », écrivent les inspecteurs de l’IGF. Une telle libéralisation est réclamée par plusieurs associations de consommateurs selon lesquelles, pour ces produits, « le rôle de conseil et de prévention joué par les pharmaciens est limité dans les faits ». La présence d’un pharmacien en grande surface est une option possible. Pour Isabelle Adenot, présidente du conseil national de l’ordre des pharmaciens, « une baisse du revenu des pharmaciens va entraîner la fermeture des officines fragiles et donc un recul du service public. Sans parler du danger sanitaire : la grande surface poussera forcément à la surconsommation de médicaments. Il n’est pas du tout évident que les Français y gagnent quelque chose, car les prix de l’automédication en France sont les plus bas d’Europe ».

Transparence sur les prothèses dentaires

« Dans la mesure où les chirurgiens-dentistes sont des professionnels de santé et non des commerçants, il y aurait une logique à ne pas leur faire jouer le rôle d’intermédiaire qu’ils jouent actuellement dans la vente aux patients des prothèses dentaires. » Également épinglée dans un récent rapport de la Cour des comptes, l’explosion des prix de ces prothèses est au cœur de l’argumentation de l’IGF. Deux causes principales à cette envolée : la recherche d’une compensation face à la stagnation des tarifs de soin devenus déficitaires et le manque de transparence de « la structure des coûts des soins prothétiques ». Deux options de réformes sont imaginées : réglementer le tarif de l’acte de conseil pour une prothèse comme celui de sa pose ; achat de la prothèse directement auprès du prothésiste par le patient ou communication au patient du prix d’achat de la prothèse.

Nouvelles missions pour les infirmiers et opticiens

Si le rapport de l’IGF préconise peu de changements dans l’exercice des médecins, généralistes ou spécialistes, il plaide néanmoins pour deux réformes majeures. Tout d’abord, « la délégation de certains actes complémentaires aux infirmiers » moins qualifiés et donc à moindre coût pour l’Assurance-maladie : « vaccin antigrippal » pour tous, « autres types de vaccins », renouvellement des « prescriptions de médicaments contre la douleur », perfusion et injection de médicaments analgésiques à domicile et plus seulement à l’hôpital. ­Deuxième axe, dans un contexte de pénurie d’ophtalmologistes en France, l’IGF souhaite rendre « plus aisée la prescription de lunettes correctrices par les opticiens », qui pourraient donc, à moindre coût, mesurer les défauts visuels. Les ophtalmos, qui perdraient leur monopole sur les lunettes, pourraient se concentrer sur le traitement des maladies de l’œil. « Nous ne sommes pas contre la délégation de tâches, mais à condition qu’elle soit dirigée vers les orthoptistes, qui, contrairement aux opticiens, ne sont pas des commerçants. La mesure a été testée cette année par le ministère de la Santé », commente Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France.

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