Pesticides, la machine à scandale.

— Par Florent Grabin, Association PUMA —

Depuis 1945, la France a connu de nombreux scandales sanitaires :

  • le scandale du Distilbène, un traitement ayant provoqué des malformations génitales chez les enfants ;

  • le scandale de l‘hormone de croissance, un dossier ayant causé la maladie de Creutzfeldt-Jakob et la mort de 111 personnes ;

  • le scandale du chlordécone, un insecticide favorisant le cancer de la prostate ;

  • le scandale du sang contaminé, à la suite de la distribution de lots sanguins infectés par le virus du SIDA ;

  • le scandale de l’amiante, utilisée en toute connaissance de sa dangerosité ;

  • le scandale de l’Isoméride, un coupe-faim engendrant de graves problèmes de santé ;

  • le scandale du Mediator, un médicament ayant causé des centaines de morts ;

  • le scandale de la Dépakine, un traitement ayant provoqué de graves handicaps chez les enfants.

Nous, P.U.M.A., avons dénoncé en 2007 le scandale de la chlordécone en compagnie du Cancérologue Dominique BELPOMME, qui nous a produit un rapport que différents services de l’État ont tenté de contredire scientifiquement. Pour toute réponse, de nombreuses personnes de notre oligarchie, dont des médecins et certains administratifs, lui ont offert un lynchage médiatique sans précédent dans notre Martinique. Ce Professeur de réputation mondiale ne méritait pas cet accueil, nous avons eu honte.

Il n’est pas inutile de vous dire que Dominique BELPOMME a été pendant longtemps persona non-grata en Martinique, quant à nous, tout a été tenté pour nous attribuer tous les qualificatifs. Après avoir été récupérés par des organisations locales pour faire de la politique, certains de ceux que nous avons présentés à ce cancérologue, nous ont trahis, puis tout a été fait avec des personnes en quête de lumière pour tenter de nous éloigner de la scène, mais nous sommes encore verticalement debout pour leur tenir tête.

Depuis, la machine s’est emballée, les révélations du Professeur BELPOMME, se sont avérées fondées, des Ministères ont débloqué des fonds pour tenter de comprendre scientifiquement la persistance de cette molécule dans nos sols et pourquoi elle générait autant de cancers. Le défilé des experts nationaux a commencé pour auditionner l’ensemble des intervenants dans la qualité sanitaire locale. Un premier plan fut mis en place du nom de  »Plan Chlordécone 1 »en 2008, puis le deuxième plan en 2010et aujourd’hui nous sommes sur le plan 3, l’ensemble financé à hauteur de plus d’un million d’euros.

À ce jour malgré nos nombreuses demandes aucun bilan financier ne nous a été présenté, ce qui nous autorise à nous poser les questions suivantes : Qui a utilisé cet argent ? À quoi a-t-il servi ? Qui en a bénéficié ?

Que de temps perdu…

Dans le rapport de Dominique BELPOMME, il est clairement indiqué que seule la toxicogénomique pourra nous informer sur le niveau de pesticides se trouvant dans la graisse de nos compatriotes. (Pratiquée à partir de cellules humaines cultivées en laboratoire, la toxicogénomique a reçu l’agrément du Parlement européen en juin 2007, elle est plus éthique et beaucoup moins onéreuse que les tests basés sur l’expérimentation animale).

Convaincu du professionnalisme de ce cancérologue, le Président de la Région Guadeloupe avait passé une commande pour un montant de 185 000 €, malheureusement, pour des raisons que nous ignorons, cette commande a été annulée ; concernant la Martinique, P.U.M.A. n’ayant jamais été en odeur de sainteté avec la présidence de l’époque, la réponse a été négative.

Constatant qu’il y avait une fixation sur la Chlordécone sans tenir compte des autres pesticides, nous avons toujours fait comprendre que, non seulement le protocole choisi n’aboutirait pas à de bons résultats, mais qu’il fallait élargir sur l’ensemble des molécules que nous avons tous ingérées à partir de l’eau du robinet. En effet, avant ce scandale la filtration se faisait sur des lits de sable, ce qui fait que tous les polluants chimique, n’étaient pas retirés.

Depuis, le Conseil Général a procédé à la modernisation de Vivé, la principale usine de traitement de l’eau de boisson, en installant des modules à haut niveau de performance, puis les autres usines ont opté pour l’introduction du charbon actif, afin de retirer les molécules chimiques de l’eau de boisson.

Inutile de vous dire que nos propositions ont toujours été contestées, tant dans les réunions que lors des échanges entre les services accompagnés des patentés du  »non à tout », qui sont de vrais ouvriers de la parole. Nous vous faisons grâce de toutes les étapes de mise à l’écart des différents scientifiques avec qui nous travaillons au niveau national, à terme on en arrivera à la fin de cette manne financière.

Ce qui est très inquiétant c’est que des personnes que nous avons présentées à Dominique BELPOMME se rendent à Paris, pour le voir et se servent de ses connaissances, sans jamais prononcer publiquement le nom de cet homme, à qui, pourtant, nous devons un très grand respect.

Un scandale peut en cacher un autre.

Ayant participé à différents séminaires sur la santé au niveau national, singulièrement ceux organisés par le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique fondé le 1er juin 1999 (CRIIGEN) c’est un groupe unique et international d’experts ayant une approche transdisciplinaire sur les bénéfices et les risques sur la santé humaine, animale, et des écosystèmes concernant l’utilisation du génie génétique et des xénobiotiques issus de la chimie industrielle.

Ces scientifiques, comme bien d’autres avec qui nous avons de bons rapports, ont toujours été mis à l’écart concernant ces plans avec une complicité interne très active. Lors d’une visite interministérielle, nous nous sommes retrouvés face à ces détracteurs qui réclamaient un module de recherche sur le cancer de la prostate en Martinique ; considérant que cela avait déjà été réalisé en Guadeloupe pour une valeur de 8 500 000 €, nous avons émis un avis défavorable en demandant de mettre cette somme sur un autre poste. Refusant ce mode opératoire qui aurait pu se terminer dans un pugilat, nous avons préféré quitter la salle de réunion afin d’éviter de nous salir le poing sur l’un des visages présents à cette réunion.

Considérant que le tout se décidait à Paris, nous nous sommes rendus au ministère de la Santé où nous avons été entendus par un groupe d’experts qui nous a suivis en annulant cette demande. Monsieur le Préfet de l’époque nous l’a confirmé lors d’une plénière du Groupe Régional Phytosanitaire, (GREPHY), mais l’entêtement de certains les a toujours poussés à tenter de reprendre la main.

C’est ainsi qu’est né le nouveau scandale médiatique de la chlordécone ; ayant une parfaite maîtrise de ce dossier nous avons décrypté tous les messages politiques que nos manipulateurs chevronnés ont lancés à l’opinion publique. Les petites mains ont continué l’opération pour passer le relais à nos politiques afin d’obtenir le déblocage des fonds, pour poursuivre la recherche sur le cancer de la prostate en Martinique.

Merci Madame la Ministre de la Santé.

Merci, Madame la Ministre, nous nous réjouissons de votre décision de retirer définitivement cette demande de financement qui finalement profite à des personnes appartenant à un petit groupe de copains. Nous ne pouvons que saluer votre démarche qui consiste à chercher la vérité scientifique, ceci ne peut se faire qu’avec des études indépendantes, car à ce jour, personne ne veut entendre que la molécule seule n’a pas les mêmes effets que le cocktail de tout ce que nous consommons venant de nos produits locaux et importés. Dans le même temps, nous devrons étudier les effets des adjuvants et autres composants de ces pesticides, sans oublier les médicaments qui nous sont prescrits par nos médecins.

Il est urgent de prendre en compte tous les efforts que nos agriculteurs ont consentis dans leur production, sans oublier ceux de l’Union des Groupements des Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique ; ce sont les seuls qui au niveau national ont retiré à plus de 75 % les intrants chimiques dans leur production, alors qu’au niveau national c’est le contraire qui se fait.

N’oublions pas que pour réparer les dégâts causés par ces produits chimiques, il nous faut planter sur des terres propres, donner la formation à nos médecins dans la médecine environnementale pour accompagner la population dans la détoxification avec des aliments dépourvus de tous pesticides.

Enfin nous demandons à nos politiques de tout mettre en œuvre pour que la norme de détection des organochlorés passe de 200µ à 20µ dans un premier temps, avant d’arriver au zéro pesticide Pour Une Martinique Autrement

 

Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN