Ouvrons enfin le débat sur la fiscalité !

— Par Max Dorléans du G.R.S. —

Tous ces jours-ci, on entend assez régulièrement dans les médias, sur la question de la fiscalité qui a fini par s’inviter sur la place publique avec les « gilets jaunes », une chansonnette selon laquelle entre 40 et 50 % des ménages ne paient pas d’impôts.

Il s’agit, comme une partie non négligeable des affirmations qui nous sont assénées régulièrement, d’un mensonge.

Car tout un chacun/e, du chômeur au très riche paye au quotidien, dans chacun de ses actes élémentaires de consommation et achats de services, des impôts et des taxes. Des impôts indirects et taxes (TVA et autres impôts sur les produits genre carburants, tabac, assurances, boissons…) que l’on ne voit pas immédiatement en passant à la caisse, mais qui pèsent d’un poids autrement plus lourd pour celui qui gagne le SMIC ou qui touche une allocation de misère, que pour un Hayot ou un Parfait.

Ainsi, si un chômeur ou un allocataire du RSA ne paie effectivement pas d’impôt direct, eh bien ce dernier paye néanmoins en totalité environ 15% d’impôts sur ses revenus. Un pourcentage autrement plus important que celui payé par les fortunés.

Et si jusqu’aux années 1990, des salarié/es ne payaient pas d’impôts directs en raison de la faiblesse de leurs revenus, avec la CSG qui est un impôt (pré-affecté), chaque euro touché en contrepartie du travail, fait l’objet depuis, d’un impôt proportionnel sur les salaires !

Un impôt proportionnel, à différencier de l’impôt progressif qu’est l’impôt sur le revenu, qui faisait qu’à l’époque, plus on était riche, plus on payait d’impôt en proportion de son revenu avec l’existence de 14 tranches. Un impôt proportionnel que Sarkozy a torpillé, en réduisant le nombre de tranches (de 14, on passe à 5 tranches), et qui fait que le caractère proportionnel de celui a été considérablement réduit, avec notamment un taux maximum sur les tranches les plus élevées qui passe de 65% à 45 %.

Un impôt sur le revenu (direct) non acquitté par la partie des citoyens ayant les revenus les plus modestes, et dont le non-paiement est utilisé par l’élite et bien des médias en général, pour faire croire que les plus pauvres ne paient pas d’impôt.

Résultat des courses, le montant des recettes en provenance de la TVA (celui payé plein pot par tous et toutes) est deux fois supérieur au montant de l’impôt sur le revenu. Et, c’est sans parler des multiples niches fiscales (défiscalisation Outre-mer par exemple) qui permettent aux plus riches de réduire considérablement leur contribution aux recettes de l’Etat…

Alors ne nous laissons pas abuser, battons nous pour une véritable réforme de la fiscalité pour plus de justice fiscale, et au delà plus de justice sociale. Une absence de justice, une véritable injustice pointée par l’immense majorité des gilets jaunes avec la suppression par Macron de l’ISF (impôt sur la fortune), et sur laquelle se taisent les actuels et soi-disant opposants de droite (LR et Rassemblement national) et d’une certaine gauche à Macron. N’oublions pas que durant des décennies, aussi bien les gouvernements de droite que ceux de gauche n’ont rien eu à redire de cette iniquité fiscale avec laquelle ils ont fait sans jamais y trouver à redire.

Les gilets jaunes ont donc raison de ne pas lâcher le morceau, et d’appuyer autant que faire se peut sur la nécessaire réforme de la fiscalité à entreprendre. Avec deux idées fortes la concernant. D’abord que la fiscalité doit être fortement progressive en fonction du revenu et de la richesse (toutes formes comprises) possédée. Ensuite que celle-ci doit être compréhensible par tou/tes les citoyen/nes, une condition fondamentale pour qu’elle puisse donner lieu à un véritable débat démocratique, et pour une réappropriation citoyenne de l’impôt comme instrument de changement de leur quotidien actuel de plus en plus miséreux.

Max Dorléans (Groupe Révolution socialiste)